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principale l'amour paternel de Dieu, son pardon gratuit accordé à toutes les âmes humbles et repentantes. Concernant cette question et d'autres, Jésus s'est surtout inspiré des principes essentiellement éthiques des plus grands prophètes d'Israël, impliquant une transformation du cœur et de la vie. Il n'a cependant pas considéré toute l'humanité comme une masse de perdition, mais a distingué entre bons et méchants, justes et injustes. Il a attribué aux hommes en général une certaine force et liberté morales. D'autre part, la notion de la foi n'a nullement joué, dans son enseignement authentique, un rôle aussi grand que dans la théologie apostolique.

Le chapitre suivant est consacré à l'idée évangélique de Dieu. A ce sujet, Jésus se sépare grandement du courant de la théologie juive de son temps, dominée par des spéculations transcendantes, qui se perdaient dans les nues et étaient tout à fait inaccessibles au peuple. De là la nécessité de nombreux intermédiaires entre le monde et Dieu. Jésus a grandement corrigé ce courant spéculatif, en faisant de Dieu un vrai Père, dont les fidèles sont les enfants, ayant libre accès auprès de lui. Sous ce rapport, la prédication de Jésus atteignit son point culminant. Tandis que le monde juif se sentait en quelque sorte abandonné de Dieu ou se croyait séparé de lui par une multitude d'anges et de démons, Jésus lui montrait Dieu tout près, dans la belle nature et dans le cours de l'histoire sainte.

Dans un nouveau chapitre, l'auteur fait voir Jésus n'a pas que pu suivre une voie toute unie dans son ministère, mais s'est heurté bientôt et toujours plus à une vive opposition des principaux chefs de son peuple. Un certain désaccord existait d'ailleurs, dès le début, entre sa tendance idéale et le gros du peuple, surtout avide de merveilleux et de la réalisation de ses rêves terrestres. Dans la suite, il dut constater que son ministère n'avait pas produit les résultats attendus et prononça des paroles très sévères contre les villes qui n'en avaient pas profité, la semence de l'Evangile étant tombé sur un terrain aride. Aussi arriva-t-il à la conviction qu'un petit nombre d'hommes seulement entrerait par la porte étroite du salut. Les chefs du peuple finirent même par lui faire la plus vive opposition. Il s'était d'ailleurs permis toutes sortes de libertés touchant l'observation du sabbat, la pureté lévitique et d'autres pratiques traditionnelles. D'un autre côté, il put constater chez plusieurs païens de

belles qualités, qui formaient un vrai contraste avec la conduite de la plupart des Juifs. A partir d'un certain moment, il fut même hanté par l'idée que des persécutions et la mort même pourraient l'atteindre. Sous ces impressions, il souleva devant ses disciples la question de sa messianité, tandis qu'il s'était d'abord conduit comme un simple prophète. Il semble avoir fait entendre plus tard qu'il se considérait comme le Fils de l'homme, annoncé par Daniel et devant venir sur les nuées des cieux, pour établir le royaume de Dieu. D'autre part, on mit aussi dans la bouche de Jésus des traits de la théologie apostolique, en particulier la prédiction de sa mort rédemptrice, alors que, la veille de sa mort, il eut au contraire un moment l'idée de se défendre contre ses agresseurs, comme Luc nous l'apprend dans une parole sûrement authentique (Luc XXII, 36. 38).

Au dernier siècle, on a souvent cherché à exposer une véritable Vie de Jésus. Maintenant on y renonce généralement dans les milieux compétents, la critique biblique récente ayant mis en évidence combien tous nos Evangiles laissent à désirer au point de vue historique. Ainsi, après avoir exercé son ministère presque exclusivement en Galilée, Jésus se rendit une fois du côté de Tyr et de Sydon, puis dans la région de Césarée de Philippe, mais sans y déployer son activité habituelle. Nous apprenons simplement que, dans cette dernière contrée, il souleva auprès de ses disciples la question de sa messianité. Puis il traversa la Galilée, sans vouloir être connu. Enfin il se rendit sur les frontières de la Judée par la Pérée et passa par Jérico, pour se rendre à Jérusalem, quelques jours avant la fête de Pâque. La bonne nouvelle ayant été répandue en Galilée, il fallait en effet la porter aussi à Jérusalem, conçu de tout temps par le judaïsme comme le centre du Royaume de Dieu. Ne perdons pas de vue que Jésus a promis à ses disciples que, lorsque le Fils de l'homme siègera sur son trône, eux occuperont également des sièges, pour juger les douze tribus d'Israël. Aussi est-ce dans cette perspective que Jésus se rendit à Jérusalem et non en vue d'y mourir pour le salut du monde. Il voulait évidemment y prêcher l'Evangile aux foules habituelles de pèlerins et célébrer la Pàque avec ses disciples. Mais commençant par chasser de la cour du temple les vendeurs et les acheteurs, il se conduisit en révolutionnaire et ne fit qu'augmenter l'opposition des chefs du peuple contre

lui. Par suite, ces derniers, après une série de discussions avec lui, où ils eurent généralement le dessous, finirent par le faire con

damner à mort.

L'auteur de ce livre, ayant été pendant longtemps un collaborateur assidu de la Revue de l'Histoire des Religions, trahit aussi sa tendance universaliste dans le dernier chapitre de son livre, où il établit un parallèle fort digne d'attention entre Jésus, d'un côté, l'antique sage chinois Laotsé et Epictète, de l'autre. Il est évidemment désirable que l'histoire des religions mette bien et toujours plus en lumière qu'à côté des grandes divergences doctrinales et rituelles qui existaient entre les nombreuses religions de la terre, il y a également entre beaucoup d'entre elles des concordances multiples, profondes et bienfaisantes, qui pourront et devront finalement rapprocher les hommes et les peuples, dans l'intérêt supérieur de tout le monde.

P. CHARLES.

HEADLAM (Rt. Rev. Arthur C.), Jesus Christ in History and Faith, Being the William Belden Noble Lectures delivered in Harvard University 1924, London, J. Murray, 1925, 1 vol. in-12 de xvIII232 P. Prix 6 sch.

M. Arthur C. Headlam, évêque des Gloucester, bien connu des exégètes pour l'excellent commentaire de l'épitre aux Romains qu'en collaboration avec W. Sanday il a donné dans l'International Critical Commentary, a été chargé par l'Université de Harvard de donner en 1924 les William Belden Noble Lectures. L'objet que s'est proposé le fondateur de ces conférences est d'étendre « l'influence de Jésus, le Chemin, la Vérité et la Vie ». Le sujet des conférences peut être choisi dans les domaines les plus divers: << philosophic, art, poésie, sciences naturelles, économie politique, sociologie, éthique, histoire civile et ecclésiastique, aussi bien que théologie ».

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Les conférences du Rev. Headlam répondent bien à ce programme de culture générale mise au service de la culture proprement religieuse. L'auteur en effet s'est proposé de donner une réponse à ces deux questions: Que savons-nous de Jésus? Quelle interpré

tation convient-il de donner de sa personne? Nous n'avons dans cette Revue qu'à donner une idée des vues développées par M. Healdam sur le problème d'histoire. Mais, à vrai dire, la critique et la théologie de l'auteur ne peuvent pas être complètement séparées l'une de l'autre. On s'en convainc aisément en lisant la sixième conférence (p. 159-180) qui traite de la résurrection et de la naissance surnaturelle. L'auteur y soutient que la vie du Christ dépasse dans tous les sens l'expérience humaine. Il y a là une thèse que ne sauraient admettre ceux qui, comme nous, pensent que quelle que puisse être la position religieuse et théologique personnelle de chacun, les questions de fait ne doivent et ne peuvent pas être traitées par d'autres méthodes que celles de la critique et de l'histoire.

Les vues qu'expose M. H. représentent à peu près les résultats moyens auquels a abouti la critique du XIXe siècle. Nous ne pouvons ni les exposer ni les critiquer en détail. Nous nous bornerons à dire qu'à notre avis M. H. fait preuve d'une confiance excessive à l'égard de la valeur de la tradition évangélique prise en bloc, surce qui concerne le plan de Marc. Il faut aussi regretter qu'il n'ait tenu. aucun compte des thèses développées par la formgeschichtliche Schule. Quel que soit le jugement qu'il faille finalement porter à leur sujet, il est vraiment inconcevable qu'un livre publié en 1925 puisse les ignorer complètement.

tout en

Maurice GOGUEL.

FRANZ ROLF SCHRÖDER.

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Germanentum und Hellenismus, Germanische Bibliothek, Irg. von Wilhelm Streitberg. II Abt. vol. XVII, p. VII+ 160. Heidelberg, 1924.

Le travail intéressant de M. Schröder apporte une contribution importante à l'étude des origines des religions germaniques. M. Schröder soutient la thèse de l'influence hellénistique; il faut convenir qu'il l'étaye d'arguments nouveaux et, parfois, réellement frappants. Ainsi, il insiste beaucoup de force sur le rôle des nombres dans l'Edda : 18 chants magiques, 36 questions, 72 lettres dans certains versets magiques. Enfin, le Grimnismal dans un passage (23) généralement négligé jusqu'ici-parle des 540 portes de la Walhall et des 800 Einherjer passant par chacune de ces portes. Or, 540X800432.000

Einherjer, un nombre qui serait absolument inexplicable si nous ne savions pas qu'il joue un grand rôle dans l'astronomie et la cosmologie babyloniennes, étant celui des années du cycle cosmique, de la grande année », de l'Aïon. Le rapprochement est en effet fort suggestif. Selon M. Schröder la mystique des nombres si répandue dans le monde hellénistique a été connue par les Goths à l'époque de leur habitat sur les rives de la Mer Noire, où ils ne pouvaient pas ne pas entrer en rapports forts étroits avec le monde grec et les royaumes hellénistes du Pont. Combien cette influence fut profonde prouvent entre autre les runes, dérivées incontestablement de l'alphabet grec, et même plus précisément encore de la cursive grecque. C'est du Pont que la civilisation germanique s'est étendue vers le nord, où elle aurait connue une période brillante vers le vie siècle, c'est à dire avant l'époque des vikings, et avant le contact avec l'occident christianisé. L'époque des Vikings n'est, selon M. Schröder, qu'un « moyen âge, une période de déclin et d'éclipse, de l'isolement relatif, par comparaison à celle qui l'a précédée, lorsque des liens étroits s'étaient établis entre le monde. germanique et les civilisations de la Méditerannée et de l'Orient.

Ceci étant admis M. Schröder croit pouvoir expliquer le mythe de la Walhall ainsi que celui de Baldr non pas par des influences chrétiennes qui auraient recouvert des croyances plus grossières et plus primitives des Germains, ni par une simple imitation ou réception d'un mythe de l'Asie Mineure, comme l'affirmait Gustav Neckel, mais par une superposition, à une époque préchrétienne de deux couches différentes. Un simple dieu de la végétation, Baldr, serait, sous l'influence des religions des mystères du syncrétisme hellénistique, devenu, comme tant d'autres, un dieu du salut et de l'immortalité. Baldr est « le Seigneur, de même que Freir. Mais Freir, plus ancien, est Adon tandis que Baldr est zptos. Nous retrouvons ainsi dans les deux grandes figures du panthéon germanique les mêmes divinités sémitiques qui, sous des noms divers avaient conquis le monde occidental aux premiers siècles de notre ère. M. Schröder croit pouvoir établir l'influence plus particulière des mystères d'Isis sur la formation de la mythologie germanique. Il retrouve Seth dans Loki le rusé, et Isis elle-même paradoxalement dans l'épouse fidèle de ce dernier. On voit, espérons-nous, même par notre analyse nécessairement brève et succincte l'intérêt du travail

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