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associé à Zeus tonnant, comme son inarticulé émanant de la colère du dieu, du bruit de son char emporté à travers le ciel la susdite croyance est peut être originaire de Thessalie; elle a pénétré certainement, en tout cas, dans le rite et le mythe thessaliens. Zeus, dieu du tonnerre mugissant, eut aussi une grande vogue au Nord-Ouest de l'Asie-Mineure; il a été le Brontaios du district de Cyzique, le Bronton du Nord et de l'Est de la Phrygie (1). On le servait en certains endroits de Phrygie avec des rites mystiques, probablement dérivés de Crète, et qu'on célébrait dans les cavernes. En Phrygie comme en Crète, le fidèle, assis sur le trône rocheux de son dieu, devait imiter lui-même le tonnerre de Zeus ressuscité : ce qu'ont parodié les Nuées d'Aristophane. « Le tambourin crétois et la lyre phrygienne avaient, nous dit M. A. B. Cook (2), transformé le tonnerre en quelque chose d'étrangement analogue à la musique ». Il faudrait ici songer tout au plus à certaine musique moderne, en ce cas.

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Jusqu'alors, c'est bien autour de Zeus « dieu du ciel sombre >> que se groupent les principales observations du livre, et si les questions accessoires rencontrées au passage n'ont point été évitées, au contraire, il était possible de reconnaître, en général, la voie suivie par l'auteur. Mais j'ai dû avertir ci-dessus que mon analyse n'avait commencé qu'à la p. 501 du livre; c'est dire qu'elle n'en retenait pas la moitié! Du début à la p. 500, bien d'autres sujets ont été abordés par M. A. B. Cook, et l'on ne peut pas prétendre que leur lien avec le

(1) Pour Nacoleia, cf. A. Lavagnini, Iscrizioni di Nacolea, Egyptus, III, 1925 (C. R. de Hiller von Gaertringen, Philol. Woch., no 18, 27 mars 1926, p. 329; cf. aussi Bull. corr. hellén., XEV, 1921, p. 557-558).

(2) P. 833-839; p. 852. Je ne suivrais pas volontiers l'auteur dans l'interprétation qu'il a cherché à établir de l'épithète Bromios « dieu du tonnerre mugissant »; p. 838, n. 7; le travail de M. R. Pettazzoni, I misteri, il rombo, p. 1-40, n'est pas ici mentionné, à tort.

principal de l'ouvrage apparaisse ou nécessaire, ou évident. On en jugera aisément ci-après.

Le point de départ de ce qu'il faut bien considérer comme une énorme digression préalable a été le culte de Zeus Kataibatès, dieu qui « descend » dans l'éclair (1). A propos des elysia et enelysia, M. A. B. Cook s'est demandé ce qu'il fallait penser de la croyance ancienne relative au diobletos, l'homme frappé par Zeus, considéré, quoique fracassé et brùlé, comme divinisé par la foudre (enelysios). De là, une étude fort longue sur le chemin élyséen, de la terre au ciel, sur la «< route de Zeus », ainsi que Pindare l'appelle, la Voie lactée, que les Pythagoriciens regardaient comme Voie des âmes et que Platon, pythagorisant, voyait un jour telle qu'une lumière droite, un pilier de clarté le long de l'axe de l'Univers. Cette métaphore a supposé, nous dit-on, une conception du ciel soutenu par une immense colonne, et c'est par là probablement qu'il faudrait expliquer des monuments même tardifs, comme la colonne de Mayence, les colonnes de Jupiter en Rhénanie, voire les grandes colonnes commémoratives de Rome et Byzance! L'hypothèse est hardie, et l'on peut craindre qu'elle ne paraisse discutable. M. A. B. Cook, fidèle à sa méthode discursive, ne relic pas moins aux colonnes célestes les dokana des Dioscures, par exemple, et le pilier agyieus de Grèce (2), et les piliers de Diane, en Italie. De plus, la présence du pilier-agyieus sur un omphalos à Byzance tourne bientôt sa pensée vers Delphes, où, à son sens, on toucherait « the very heart of greek religion (3) ». Les auteurs des découvertes du grand hiéron d'Apollon peuvent savoir gré à l'érudit de Cambridge de ce principe. Mais il est assez clair qu'à Delphes même, Zeus a eu moins de place qu'à Dodone ou Olympie; l'importance attribuée

(1) P. 13 sqq. Cf. ci-dessus, p. 71 (n. 4).

(2) Sur le culte d'Agyieus à Délos, cf. maintenant M. Bulard, Explor. archéol. Délos, IX, Revêtements peints à sujets religieux, p. 19-20. (3) P. 841.

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au pavlov phocidien dans le livre, dès lors, nous surprend un peu, si nous n'oublions pas trop . le titre. Il s'en faut d'ailleurs qu'on puisse être d'accord avec M. A. B. Cook sur toutes les observations que la religion delphique lui a inspirées. Son point de départ, assez chancelant, est l'omphalos (?) de poros découvert en 1913 dans les ruines du temple. Le savant anglais, qui n'a pas vu lui-même, semble-t-il, ce document (1), pense qu'il était la base d'un poteau-agyieus recouvrant... le cordon ombilical de Zeus; celui-ci gardé par les aigles, qui témoignaient de sa présence (2)! On s'élance de là pour voir déterminer toute la stratigraphie des

(1) Cf. Addenda, p. 1216. Le passage qui m'est attribué à cette place (Rev. archéol., 1920, I, p. 172?) passage où j'aurais cherché, paraît-il, « à discréditer l'omphalos », ne correspond à aucune de mes publications. Je puis donc porter assez allègrement le reproche que m'a valu cette référence fausse, et je n'ai pas à répondre à la lettre citée de M. C. T. Seltman (11 janv. 1923), où il est dit, non sans conviction vigoureuse : « It seems to me that the suggestion of its being a forgery can only be born of madness (sic), or malice». Je serais bien surpris que quelqu'un d'autre eût parlé de « faux »> en cette occasion. Jamais moi-même. Quant à la lecture de l'inscription (archaïque ?), je ne suis pas seul à penser qu'elle suscite toujours bien des réserves. C'est, depuis dix ans, l'avis, encore, d'un spécialiste (P. Roussel, R. Ét. Gr., XXVIII, 1915, p. 457; Rev. archéol., 1925, I, p. 49, n. 1). M. F. Courby distinguait peut-être l'E mystique, et sûrement le nom de la divinité Tž ». M. C. T. Seltmann, dans son séjour de quatre journées, a ratifié hardiment tout ce dont l'inventeur lui-même est le moins sùr; cf. la correction, dans les corrigenda du fasc. I: La Terrasse du temple, ad p. 76, avec les planches du t. II). L'E mystique de l'omphalos de poros est, d'ailleurs, en passe de faire fortune... en Amérique; cf. W. N. Bates, Americ. Journ, archaeol., XXIX, 1925, p. 239-246. (2) Cette singulière hypothèse n'est appuyée, à ma connaissance, par aucun texte ancien ; et les analogies qu'on peut signaler avec les superstitions de certaines parties de la Grèce moderne paraitront fort superficielles; pour la théorie, contraire à celle de M. A. B. Cook, des rapports de Dionysos avec l'omphalos, cf. les récentes observations, plus probantes, de Th. Homolle, Rev. Ét. gr., XXXII, 1919, p. 338 sq.; M. A. B. Cook ne paraît pas, sauf erreur, les avoir connues. Le pilier-agyieus de Delphes aurait été, d'une certaine façon, « doublé» (?) par le trépied delphique, (avec sa tige centrale?», nous assure-t-on. Cf. aussi, dans A. B. Cook, les observations présentées sur le «< chaudron » de l'apothéosis, qu'un mythe « orphique » plaçait à Delphes, et mettait en rapport avec la mort de Dionysos. Rien de tout cela ne paraît pouvoir être accepté sans maintes réserves,

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cultes du hiéron. D'abord les premiers venus: Zeus Aphèsios <«< celui qui permet de voler », et la Terre, Gé-Thémis, avec leurs symboles respectifs, les aigles, et l'omphalos. Puis Dionysos, apporté par une vague d'immigrants thraces, qui dirent comment leur dieu, mis à mort par les Titans, fut bouilli jadis dans le chaudron-trépied delphique, avant d'être enterré tout auprès, dans l'adyton. Finalement, Apollon se serait substitué quasiment à Dionysos, celui-ci gardant les mois d'hiver de l'année delphique. Le nouveau venu a été affilié à Zeus comme son prophète (1); il recueillit ainsi sur place tout le matériel sacré, y ajoutant, avant l'âge épique, son laurier (?) thessalien.

M. A. B. Cook ne s'est pas contenté de marquer cette filiation délicate. Il a voulu préciser les rapports de Zeus avec Dionysos et Apollon. Ceci nous vaut encore bien des « appendices». Et tout d'abord, sur la religion thraco-phrygienne, où l'on doit reconnaître un Dios, dieu du ciel, et, paraît-il, une déesse de la terre, Zémèlé, dont le fils aurait été Dios Nysos, ou Dios le Jeune, produit d'une renaissance culeuse (2).

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Je ne fais que mentionner comment de là, on nous transfère brusquement au culte d'Attis, aux triades anatoliennes, et même à l'étude des mystères cabiriques (3), qui donnent lieu à leur tour, à une discussion sur le caractère du double Zeus (Didymaios) et des Dioscures. Peut être revient-on plus près du sujet du livre avec les considérations présentées sur

(1) Si l'un était Aphèsios, l'autre était Aphètor.

(2) M. A. B. Cook ne cite nulle part l'étude si suggestive de M. P. Perdrizet: Cultes et mythes du Pangée, Annales de l'Est, XXIV, 1910; par contre, il est fâcheux qu'il conserve (p. 411, n. 6) dans le testament de la prêtresse de Thessalonique (Bull. corr. hellén., XXIV, 1900, p. 321 sqq.) la fausse lecture úz, dont nous avons fait justice (Ch. Avezou et Ch. Picard, Bull. corr. hellén., XXXVIH, 1911, p. 38 sqq.). Les renseignements anciens sur le caractère de Zémělé (cf. A. B. Cook, p. 299, n. 3) sont restés étrangement incertains, notons-le.

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le Zeus phrygien Tétraotos, et sur les Jupiter Ambisagrus et Dianus. Mais la parenté de Janus et de Jupiter a soulevé d'autres problèmes qui risqueraient d'entraîner fort loin, à la suite de l'auteur, notre curiosité vagabonde. A propos de Janus, représenté comme une voûte ou comme une arche reposant sur quatre piliers (indication du ciel), M. A. B. Cook a même esquissé, en passant, une nouvelle théorie « religieuse » sur les origines de l'arc romain (1); on ne peut dire qu'elle ait été ici plus attendue, en principe, que la bibliographie copieuse qui nous est fournie ailleurs sur les colonnes de Jupiter (2). Quand Janus, Jupiter plus ancien, eut des images, on en fit une divinité à double face, se tenant à côté de son arche; d'où l'étude de la représentation d'autres dieux, eux-mêmes à double figure. L'auteur a cru devoir examiner par exemple, en détail, le type de Virbius en tant que Dianus ou Janus, compagnon de Diane à Némi, et recouvert de feuilles de chêne, probablement parce que sa parèdre était déesse du chêne : ceci fournissait un moyen de nous rapprocher, par l'Artémis d'Éphèse et celle de Milet (3), d'Apollon qui risquait fort d'être oublié, en tout ce cycle.

aventureux...

Nous revenons pas, pourtant, à ce dieu, sans être passés par une nouvelle et complémentaire recherche sur les supports

(1) P. 354 sqq. Ce point de vue ne s'accorde pas avec celui de M. P. Nilsson, Bull. corr. hellén., XLIX, 1925, p. 143 sqq.

(2) La méthode du livre de M. A. B. Cook est de traiter intégralement, autant que possible, toutes les questions auxquelles il peut toucher; l'exposé doit son ampleur à ce procédé, qui, en lui-mème, ne serait pas blåmable.... dans un dictionnaire; la liste des « Abbreviations », qui occupe elle-même 21 pages, pouvait nous avertir d'emblée, au besoin, sur ce parti-pris; j'y ai trouvé mention de certaines de mes publications, dont je suis bien sûr qu'elles n'avaient, avec le culte de Zeus, qu'un rapport très distant.

(3) Pour l'Artémis au rameau, en Crète, en Macédoine, je signale, d'une part, la curieuse Dictynna au rameau, debout entre deux oiseaux d'eau, d'un nouveau vase du Lassithi (fouilles D. Levi), au Musée de Candie; et, par ailleurs, les nombreuses représentations de Bendis, sur les rochers de Philippes: Rev. hist. religions, LXXXVI, 1922, p. 117 sqq.

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