Slike strani
PDF
ePub

que leur forme humaine, Sol, sans doute assimilé à Daniel1. Le soleil revêt l'aspect d'une rosace sur un crucifix carolingien'; le quatrefeuille céleste, que multiplie l'art gallo-romain', devient la croix chrétienne, et j'ai montré ailleurs que le trèfle à quatre talismanique a maintenu jusqu'à nos jours le vieux symbole de la fleur solaire. La rosace, seule ou inscrite dans le disque, est très fréquemment associée au disque rayonnant, sur une quantité de monuments antiques, et cette union se poursuit, à travers l'art romain et l'art des premiers siècles du moyen âge, jusque dans le mobilier populaire moderne de certains pays, par exemple de la Suisse'.

La fleur céleste peut aussi s'unir à la croix céleste. Une figurine de divinité assise gallo-romaine, une de ces déesses mères qui répand l'abondance, porte sur ses genoux, et entre ses pieds, des quatrefeuilles, comme elle porte ailleurs des fruits ou des enfants'; au revers, une croix cantonnée de quatre disques', inscrite dans un carré ", est formée, comme le carré lui-même, de feuilles, et de plus, deux quatrefeuilles sont posés sur ses branches horizontales. Cette fusion du végétal et de la croix a persisté dans les croyances populaires modernes, puisque, dans les fêtes de la Saint-Jean, on forme

1) Sur cette double interprétation, ibid., p. 185 sq. Les prototypes ornemen. taux, etc. Noter que ce personnage tient dans la main droite le fouet, qui est l'attribut caractéristique du Sol romain et de divers dieux solaires de l'antiquité; que parfois, dans l'art antique, Sol tient le fouet en levant les bras en geste de bénédiction, comme sur l'applique franque (ex. médaillon de Constantin, Mélanges Boissier, p. 50).

2) Cahier, Caractéristiques des Saints, I, p. 533, fig.

3) Cf. sur le vêtement du Dispater celtique, S. Reinach, Bronzes figurés, p. 181. 4) Rev. arch., 1883, I, p. 9.

5) La croyance au trèfle à quatre feuilles, Pages d'art, Genève, 1917.

6) Ex. tombeau de Palestine, ossuaires juifs, Comptes-rendus Acad. Inser. et Belles Lettres, 1905, p. 314, fig.; Rev. arch., 1904, II, p. 233-4, fig. 21; 1904, II, p. 93, etc.

7) Cf. mon article, Survivances ornementales dans le mobilier suisse, Archives suisses des traditions populaires, XXI, 1917, p. 185.

8) Tudot, Collection de figurines de la Gaule romaine, pl.

9) Sur le sens de la croix cantonnée de quatre disques, Rev. hist. des rel., 1915, LXXII, p. 82.

10) Le nombre quatre, le carré, sont symboles de la perfection chez les Celtes, Loth, Rev. des études anciennes, 1916, p. 282 sq.

des croix avec des trèfles à quatre talismaniques, et que le trèfle à quatre est considéré comme l'équivalent de la croix chrétienne 1.

3. Cette étroite union entre tête, disque, roue, croix, d'une part, et végétal de l'autre, apparaît encore sous une autre forme sur les reliefs de Dôle I et II. Sur le premier, le coq becquète deux tiges rigides surmontées d'une sorte de cylindre piqueté. M. Feuvrier les appelle des épis, bien que leur forme soit plutôt celle de la masselte à larges feuilles (Typha latifolia, masse d'eau, quenouille, canne de jonc), cette fleur du jonc au long cylindre brun et velouté, que l'on trouve dans les marais. Sur le relief II, quatre bandes, ponctuées sur leurs bords, seraient aussi des épis. Cette association des plantes et des symboles célestes est très fréquente dans l'art gallo-romain, et les figurines de terre cuite en offrent de nombreux exemples. On y voit la Vénus céleste, dispensatrice de la fécondité humaine et de la fertilité terrestre, portant un diadème étoilé ou une chevelure d'étoiles, entourée de signes de toutes sortes, disques simples ou crucifères, rosaces dans le disque, quatre feuilles, croix, croissants, etc., et s'enlevant sur un fond d'épis de blé ou d'autres végétaux, qui sont longues bandes verticales incisées de traits sur leurs bords, ayant une apparence analogue à ceux du relief de Dôle II'. La déesse humaine, Virgo Caelestis, et les symboles aniconiques des dieux lumineux, soleil et lune, s'associent donc au végétal que leur chaleur bienfaisante fait pousser, à la végétation dont ils sont la source, et c'est pourquoi, dans l'iconographie grecque, l'épi de blé accompagne aussi Apollon. Notons encore que sur le monument 1, les végétaux sont unis à la roue aux maillets; or le maillet est l'attribut de Sucellus, dieu céleste et chthonien qui fait croître et mûrir les moissons, et qui, pour celte raison, a pu être identifié à Silvain, porteur lui aussi du maillet'.

1) Pour plus de détails, cf. mon article sur La croyance au trèfle à quatre feuilles. Pages d'art, 1917.

2) Tudot, op. L., pl.

3) Dict. des ant., s. v. Apollon, p. 313.

4) Hubert, Rev. arch., 1915, I, p. 36.

5) Jullian, Emblèmes conjugués : roues et maillets, Rev. des ét, anciennes, 1918, p. 119 sq.

4. Le coq des monuments I et II a une apparence dont on ne connaît pas d'analogue dans l'art gallo-romain, dit M. S. Reinach, suivi par M. Toutain. Je n'en suis pas certain'. Et peut-on demander à cette grossière schématisation de l'animal d'avoir un style caractéristique? En revanche sa place dans l'ensemble n'a rien qui doive surprendre.

Il est souvent l'attribut du Mercure gallo romain, qui a été identifié à quelque divinité indigène de l'abondance, dont il a les attributs caractéristiques. Comme tel, si le coq becquète sur nos reliefs des épis, il tient un épi dans son bec sur une gemme' où il accompagne Mercure, lequel est d'une taille bien inférieure à lui; n'est-ce pas pour souligner que l'animal n'est pas un simple attribut du dieu humain, mais qu'il est supérieur en dignité à celui-ci, à qui il a été assimilé ? On a dit qu'il a été attribué à Mercure par la piété d'adorateurs qui le voyaient donné à d'autres dieux'. Mercure s'est sans doute fusionné avec quelque dieu cosmique de l'abondance dont le coq était l'emblème, car il est parfois lui aussi un dieu lumineux *.

1) Cf. Espérandieu, op. l., III, p. 197, n° 2133; V, p. 40, no 3584. — Sur le coq gaulois A. Maury, Les emblèmes de la France et le coq gaulois, 1904 ; Ducrocq, Le coq prétendu gaulois, Rev. génér. du droit, XXIV, 1900, p. 339 sq.; A. Carnoy, Celta-Gallus-Belga, Le Museon, 1913, XIV, nos 3-4; Blanchet, Rev. numismatique, 1903, Jullian. Hist. de la Gaule, II, p 349, note 4; le rôle du coq dans la religion gauloise est aujourd'hui attesté, et le rapprochement coq = Gallus, gaulois, ne date pas de la Renaissance, mais des Romains. « Et c'est pour cela, dit M. Jullian, que je ne m'indigne plus outre mesure contre le coq de nos monnaies et l'usage du coq comme emblème de la France ». Rev. des ét. anciennes, 1909, p. 405; 1910, p. 295.

2) Montfaucon, Antiquité expliquée, I, pl. LXXI; Dict. des ant, s. v. Mercurius, p. 1819.

3) Dict. des ant., I. c.

4) Ibid., p. 1802; Roscher, Lexikon, s. v Mercurius, p. 2831; cf. la feuille du lotus solaire, portée sur la tête par les Hermès gréco-romains, et qu'on retrouve dans les Mercures gallo-romains, Dict. des ant., s. v. Mercurius, p. 1821, note 26; 1822, note 19. Le sens de cet emblème, souvent discuté, et parfois pris pour une plum, est aujourd'hui bien défini; cf, en dernier lieu, Indicateur d'antiquités suisses, 19 6. p. 33, note 5, référ.; Foerster, Hermes mit Lotusblatt, Ron. Mitt., 1914, XXIV, p. 168 sq.; Rev. des ét. grecques, 1916, p. 93-9; Pazenstecher, Alex in teinische Studien, 1917, p. 47.

Par exemple, il a été identifié à Cissonius, qui doit avoir quelque parenté avec Mithra, Sol invictus 1.

Le coq accompagne sur les reliefs de Dôle I et II la roue aux maillets, et la fleur à huit pétales. Rien d'étonnant à cela, puisqu'il est lui-même attribut des dieux solaires', et parfois des dieux lunaires. Pour bien préciser son sens, sa crête porte sur le relief I une croix, signe dont il est inutile de rappeler la valeur céleste". Ce dernier détail est tout à fait dans les habitudes de l'art gaulois et de l'art gallo-romain, qui aiment à fusionner les symboles aniconiques et vivants du même être divin. Déjà, à l'époque de la Tène, la tête humaine e contourne ses cornes ou ses cheveux en S, et plus tard les figurines de terre cuite gallo-romaines montrent même procédé, ou assimilent la chevelure à des palmettes et à des étoiles'. Le bélier d'un chenet gallo-romain porte des croix à la place d'yeux, car lui-même est animal igné. Le cheval solaire, s'il pose la patte de devant sur le signe en S, tord ses membres en S, et termine ses pattes en disques, qui surmontent aussi les cornes des bovidés celtiques. Il y a là ce que l'on a pu appeler un «pléonasme graphique »". La Vénus céleste gallo-romaine a des seins constitués par des disques concentriques, parfois réunis par des croix, alors que le reste de son corps est constellé de croix, de disques, et de croissants". Ici la croix s'unit au coq de même essence, comme

1) Rev. hist. des rel., 1916, LXXIV, p. 97.

2) M. Feuvrier cite un autel de Nimes où le coq accompagne le maillet, op. l., p. 547, no 3.

3) Cumont, Mithra, I, p. 210, etc.; sur le symbolisme du coq, cf. réf. dans mon article L'épisode d'Aceste au V livre de l'Enéide, Rev. des ét, anciennes, 1917, p. 101 sq. Coq, attribut d'Apollon, Dict. des ant., s. v. Apollon, p. 317. 4) Gaz. arch., 1880, VI, p. 192; Dict. des Ant., s. v. Lunus, p. 1392 sq. 5) Rev. hist. des rel., 1915, LXXII, p. 39 sq.

6) Sur le sens de la tête humaine isolée, dans l'art de la Tène et des âges ultérieurs, Rev. hist. des rel., 1915, LXXII, p. 11 sq.

7) Rev. hist. des rel., 1915, LXXII, p. 31; Rev. des ét. anciennes, 1910, p. 25; Déchelette, Manuel, II, 3, p. 1511; Bertrand, La religion des Gaulois, p. 236, 243, 357, etc.

8) Rev. hist. des rel., 1915, LXXII, p. 17 sq., 19

sq.

9) Figurines d'Aphrodite gallo-romaine, Tudot, op. ., pl.; Blanchet, Mém,

Soc. nat. ant. de France, 1890, 51, pl. I, 1.

10) Rev. hist. des rel., 1915, LXXII, p. 31, ex.

11) Tudot, op. l., pl.; Blanchet, op. l., pl. I, 1, 6.

le triscèle se termine par des protomés de coq'. Un faussaire auraitil uni avec taut de discernement ces deux emblèmes semblables, en un procédé qui, s'il en est antique, n'est guère pratiqué par les modernes ?

5. Sur le relief I, les épis de blé sont non-seulement becquetés par le coq, mais mordus par un serpent, peu distinct il est vrai sur la phographie donnée par M. Feuvrier.

Antique emblème de la puissance fécondante et de la fertilité terrestre, le serpent est souvent associé aux végétaux, entre autres aux épis de blés. Du reste, s'il accompagne le coq solaire et le signe aniconique de la roue aux maillets, c'est qu'il revêt souvent la même signification. Son groupement avec l'oiseau est fréquent dans toute l'antiquité; il s'agit sans doute d'un mythe cosmique, connu pardivers peuples, qui met aux prises l'oiseau, aigle ', 1) Goblet d'Alviella, Migration des symboles, p. 76, 222.

2) Harrison, Themis, p. 277 sq.

3) Ibid.; Dict. des ant., s. v. Agathodaemon, p. 131.

4) M. S. Reinach ne connaît aucun moment où le serpent est associé au maillet, Bronzes figures, p. 197; sur une monnaie des Baléares, un dieu phénicien brandit un marteau, et il est accompagné du serpent. Perrot, Hist. Art, III, p. 417, fig. 287.

5) Oldham, The Sun and the Serpent, 1905; cf. Rev. hist. des rel., 1905, 52, p. 147. Ce sens explique sa fusion, en un assemblage monstrueux, avec d'autres types solaires, le serpent à tête de lion, souvent radié (Delatte, Etudes sur la magie grecque, Musée belge, 1914, p. 69; Eisler, Weltenmantel und Himmelszelt, II, p. 436, note 1, 510; Bulletin de Correspondance hellénique, 1913, p. 262); le serpent à tête de bélier, qu'aime l'art gallo-romain (Renel, Les religions de la Gaule avant le christianisme, p. 244; Déchelette, Rev. arch., 1898, 33, p. 260; 1884, 4, p. 293 sq., 301 sq.).

5) Thème commun à divers pays, Goblet d'Alviella, Migration des symboles, p. 23; on peut en suivre l'histoire de la Chaldée jusque dans l'art gréco-romain, Lenormant, Les origines de l'histoire (2), II, p. 228; id., Nouvelle galerie mythologique, p. 28 sq.; Chantepie de la, Saussaye, Manuel d'hist. des rel., p. 137, 166; Lagrange, Études sur les religions sémitiques (2), p. 389; en Grèce, où, dit Bréal, ce serait le souvenir du combat de Zeus contre son ennemi en forme de dragon (Mélanges de mythologie et de linguistique, p. 68) ou plutôt la lutte de l'aigle solaire (sur ce sens, Rev. hist, des rel., 1915, LXXII, p. 114 sq.), contre le serpent chthonien; Rev. hist, des rel., 1896, XXXIV, p. 358; 1910, 61, p. 135, 159, 140; Festschrift f. O. Benndorf, p. 292, note; Fouilles de Delphes, V, p. 43; Weinreich, Antike Heilungswunder, p. 163, 166; Rev. arch., 1895, 27, p. 301; dans la mythologie védique, de Gubernatis, Mythologie zoologique, trad. Regnaud,[I, 1874, p. 192; au Mexique, où le thème symbolise

« PrejšnjaNaprej »