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les os, surtout les os du crâne, l'un des sièges par excellence de la vie. Aussi nous ne doutons pas que ce soit à dessein que les deux planchettes qui maintiennent la coiffure d'une indigène de l'Ougouba soient disposées de façon à former une croix'. On peut évidemment assigner uue fonction protectrice

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aux croix qui décorent les boucliers des guerriers Kanambous (Soudan central) et des guerriers Niam-Niams'. Les NiamNiams se tatouent d'ailleurs sur le ventre une espèce de cartouche qui figure à peu près une croix de Saint André*.

i) Stanley, A travers le Continent Mystérieux dans Tour du Monde, 1878, 2 sem., p. 94 et fig. 95, repr. pår Ansault, Album, fig. 169, p. 200.

2) Dr Barth, Voyage de découverte au centre de l'Afrique dans Tour du Monde, 1860, 2 sem., p. 220. Cf. Ansault, Album, fig. 213, p. 220.

3) Dr G. Schweinfurth, Au cœur de l'Afrique dans Tour du Monde, 1874, 2 sem., g., p. 213 repr. pår Ansault, Attam, fig. 229, p. 226, 4) Dr G. Schweinfurth, loc, cit., p. 212.

Dans l'Afrique du Sud nous pouvons signaler des séries de croix de Saint André sur des haches de guerre chez les indigènes du Lovalé (Zambèze). Mais nous avons mieux. L'explorateur V. L. Cameron a assisté à une cérémonie contre l'incendie exécutée par les féticheurs de Bihé (région de Benguela) dans laquelle la croix remplit précisément un rôle d'orientation rituelle caractéristique. Laissons-le parler :

« Au moment où le soleil allait se coucher le féticheur et son acolyte arrivèrent avec tous les éléments de l'incantation qui comprenaient une chèvre, une poule, un grand vase rempli d'eau, un panier contenant de l'argile, une balle faite avec des lambeaux d'écorce, de la boue et de la fiente, une sébile, des racines, des fragments de ramilles, une branche dépouillée de feuilles, une houe, des couteaux, une hache, de la terre de pipe, enfin une auge d'écorce au milieu de laquelle était fixé un bâton posé transversalement.

<< L'acolyte, un jeune garçon décoré de trois lignes blanches,la première descendait du front au bout du nez, la seconde traversait la lèvre supérieure, la troisième était au milieu de la poitrine l'acolyte alla s'asseoir sur l'auge, en face du midi; le féticheur s'assit de l'autre côté, et, lui tournant le dos, eut la figure au nord.

-

<«< Ainsi placés, ils se frottèrent réciproquement les bras, tandis que le magicien marmottait des paroles mystiques. Le frottement terminé, l'acolyte se leva et posa la branche effeuillée sur l'auge. Ensuite, l'homme et l'enfant écorcèrent les brindilles et les racines, mirent l'écorce dans la sébille, réduisirent en poudre et coupèrent les buchettes en très petits

morceaux.

la

« Après cette opération, le féticheur traça sur le sol, avec son pied, une croix dont l'un des bras désignait le couchant: il prit une poignée de la poudre d'écorce, en souffla une partie vers le soleil et le reste dans la direction contraire.

1) V. L. Cameron, A travers l'Afrique de Zanzibar à Benguela, P., 1876, fig., p. 409, repr. par Ansault, Album, fig. 232, p. 226,

45 « A la place où la croix avait été faite, on ouvrit alors une tranchée dans laquelle fut déposée l'auge magique. Le féticheur versa dans celle-ci une petite quantité d'eau et aspergea le sol, premièrement au nord, puis au midi. Il prit ensuite deux des racines qui avaient été pelées, cracha dessus, les déposa dans l'auge, chacune à un bout; et se plaçant en face de l'extrémité méridionale, ramassa quelques-uns des fragments de brindilles qu'il jeta dans l'auge. Il accomplit cette opération en croisant les bras, de telle sorte que les petits morceaux de bois contenus dans la main gauche fussent jetés au levant du bâton lié en travers de l'augette, et ceux de la main droite au couchant du même bâton.

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L'acolyte, placé au nord de l'auge, exécutait en même temps et strictement les mêmes actes. Puis tous deux allèrent se rasseoir, le féticheur à l'est, l'acolyte en face de lui. Une fois assis, ils prirent la poule, l'enfant tint les pattes et les ailes; le féticheur saisit la tête, qu'il frotta avec de l'argile blanche, et coupa la gorge du volatile, en ayant soin de faire tomber le sang dans l'auge et sur la barre transversale.

<< Quand la poule fut morte, le magicien la posa par terre, au midi de l'augette, où le sol avait été aspergé, et lui tourna la tête au levant. La même cérémonie eut lieu à l'égard de la chèvre, que deux assistants aidèrent à maintenir, et dont le cadavre, placé au nord, à l'endroit également bénit, regarda lecouchant.

« Après s'être lavé la figure avec de l'eau mêlée au sang des victimes, le magicien prit dans sa bouche un peu de cette eau ensanglantée et la projeta d'abord vers le soleil, puis du côté du levant. Il se frotta ensuite la poitrine et les mains avec de la poudre d'écorce, prise dans la sébille, et avec de l'eau du sacrifice. Son acolyte répétait tous ses actes.

<«< Une nouvelle quantité d'eau, tirée du vase apporté par le magicien, fut versée dans l'augette. Beaucoup d'hommes se lavèrent la figure avec cette eau et se frottèrent les mains avec la poudre d'écorce. Plusieurs de mes gens, bien que disciples de Mahomet, suivirent leur exemple.

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«L'augette fut retirée de la tranchée, on mit dans la sébille un peu de son contenu et le reste fut jeté dans la fosse, où l'on jeta également les petits morceaux de bois et les boules de fiente et d'argile.

« Le féticheur ayant couvert tout cela avec l'auge, planta la branche nue au levant de cette couverture. Enfin, il prit la sébille remplie d'eau lustrale, et faisant le tour du camp, il aspergea les huttes devant lesquelles il passait. La chèvre et la poale lui restèrent comme gratification.

<< Toute la cérémonie, évidemment, conclut Cameron, s'adressait au soleil qu'elle avait pour but de nous rendre propice' ».

Il est en effet vraisemblable que l'officiant s'adressait au soleil, fauteur indirect des incendies et visait à l'apaiser; mais par de là le soleil, ne visait-il pas aussi la force cosmique qui se manifeste dans le soleil sous forme de feu?

Afrique occidentale. — L'Afrique occidentale ne présente pas un moins vif interêt. Chez les Adoumas (Congo français) la croix est associée à des fétiches fort curieux. L'une d'elles est inscrite dans un cercle qui semble servir de couvercle à une outre, un autre vase, tout garni de fibres végétales est surmonté d'un trépied portant une tige terminée par un large cercle où s'inscrit une croix faciée décorée d'un nez et de deux yeux. Selon Savorgnan de Brazza les nègres conjureurs qui s'adressent à ces sortes de fétiches invoquent les crânes des ancêtres placés sans doute dans les vases que surmontent ces croix. La croix grecque figure sur le diadème de Dinah Salifou, roi des Nalous et des Bagas. Chez les Dahoméens qui

1) Commandant V. L. Cameron, A travers l'Afrique, trad. Loreau P., 1878, in-8°, p. 369-371.

2) Malheureusement nous n'avons aucun détail, Cf. Savorgnan de Brazza, Voyage dans l'Orient Africain dans Tour du Monde, 1887, 2° sem., p. 331, fig., p. 330, rep. dans Ansault, Album, tig. 74, p. 154.

3) Coffinières de Nordeck, Voyage au pays des Bagas et du Rio Nunez dans Tour du Monde, 1886, 1 sem., fig., p. 279 rep. par Ansault, Album, fig. 167, p. 200.

séjournèrent au Jardin d'Acclimatation, en 1891, on pouvait remarquer que le collier des femmes était orné d'une croix de coquillages et que les hommes portaient aussi la croix cousue

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sur leurs ceintures st sur les bandes qui se croisaient sur leur poitrine'. L'Histoire des voyages, de Prévost reproduit diverses espèces de croix que les nègres de la Côte d'Or portaient jadis.

1) Ansault (Abbé), Mémoire sur le culte de la Croix av. J.-Ch., P. 1891, in-8°, p. 100,

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