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dynasties royales et de la maison de T'sin... sont imaginées de manière à présenter l'Ancêtre Fondateur comme descendant d'un souverain à la cinquième génération (souche comprise) ».

De ces thèmes et de ces cadres ou schémas chronologiques, les premiers représentent plutôt la pensée vivante et à demi primitive, la pensée plus ancienne, et les seconds, la pensée artificielle des écoles de lettrés, plus récente, mais traditionnelle aussi à sa manière. La mémoire collective reconstruit les faits passés à l'aide de cadres qui datent d'époques successives, en s'appuyant sur des traditions plus où moins anciennes, comme sur autant de plans différents.

C'est bien là ce dont le livre de M. Granet, et la méthode qu'il a dû appliquer, donnent une impression très vive. Mais il y a plus. Si, désespérant d'atteindre les faits tels qu'ils ont dû se passer, nous prenons pour objet d'étude ces thèmes et ces schèmes déformateurs, qui, eux du moins, ont existé et répondent à des réalités, alors on est tenté d'attribuer plus de foi aux thèmes les plus anciens, ou qui nous paraissent tels. Le mythe pas identique à l'histoire, mais le mythe est encore plus près de la réalité historique que l'interprétation du mythe, qui en a été donnée beaucoup plus tard.

n'est

Terminons sur cet exemple, et sur ces remarques critiques, qui. éclairent bien, nous semble-t-il, ce que nous venons d'indiquer : Lorsque, aux débuts de l'ère impériale, la doctrine dite confucéenne commença à s'opposer résolument à la doctrine dite taoïste, le mot d'ordre fut de pourchasser dans les œuvres tout ce que l'on appela dès lors fables taoïstes. Rien de plus instructif, sur ce point, que la biographie de Confucius. Confucius est un saint. Il est un saint parce qu'il a, non pas accompli des miracles, mais manifesté un Pouvoir Princier s'étendant aux hommes comme aux choses. Cependant, lisez sa vie : c'est une vie de Maître d'Ecole, abondant en vérités moyennes. Quelques anecdotes, il est vrai, le montrent doué d'une faculté surhumaine de divination ou d'une perspicacité extraordinaire en matière de prodiges. On en conclut que le biographe a emprunté ces fables à

des recueils non orthodoxes, où on les retrouve en effet, et que l'on déclare entachés d'esprit taoïste ». Et l'on cite une maxime du Louen Yu: « Le Maître ne discourait pas sur les prodiges, les tours de force, les actes de rébellion et les êtres surnaturels ». Mais, objecte M. Granet, ce précepte est très postérieur à Confucius. Rien ne prouve que, de son temps, on s'en soit inspiré. Il est dès lors tout à fait possible, et même très vraisemblable que c'est parce qu'on a adopté ce précepte, et à partir du moment où on s'en est pénétré, qu'on a éliminé de la vie du Saint les anecdotes édifiantes « qu'il est étonnant, après tout, de retrouver en si petit nombre ». Rien, si ce n'est un rationalisme de lettrés étroits et moralistes, ne nous oblige d'admettre que les fables taoïstes soient des interpolations. Pourquoi n'y point voir au contraire les derniers vestiges d'une pensée contemporaine de Confucius? Le Confucius qu'elles nous représentent n'est pas, si l'on veut, Confucius tel qu'il a réellement été, tel qu'il a vécu, tel qu'il s'est manifesté aux témoins les plus immédiats de ses actes et de ses gestes; c'est du moins Confucius tel que se le représentaient ceux qui vécurent très près de lui dans le temps, et dans un milieu beaucoup plus semblable à celui où il a pensé, parlé, et agi, que les milieux orthodoxes où on a rédigé bien plus tard son histoire officielle.

Ainsi un peu de critique écartait des mythes. Une critique plus poussée nous y ramène. Ne sont-ils pas, après tout, les vestiges les plus authentiques de ces temps lointains où l'on n'écrivait pas l'histoire, et les seules traces encore visibles qui se soient conservées jusqu'à nous de ces sociétés millénaires?

Maurice HALBWACHS.

L'EXPOSÉ DES RELIGIONS

PAR ABOU'L MAÂLI

Charles Schefer, dans sa Chrestomathie persane (tome premier). a donné dans une notice jointe au texte de l'Exposé des religions (Kitâb bayân-il-adyân) une biographie de l'imâm Abou'l-Maâli Mohammad ibn Obaïd-Allah qui termina ce livre, sans doute à Ghazna, en 1092 (485 de l'Hégire).

La littérature arabe compte plusieurs ouvrages exclusivement consacrés aux religions, sans parler de ceux qui n'en traitent que partiellement. Il suffira de nommer les Kitâb al-milal wa'n-nihal (livre des sectes philosophiques et religieuses) de Ibn Hazm (mort en 1064) et de Chahrastani (mort en 1153). Quant à la littérature persane, on cite surtout le Tabeirat al-'awamm de Mortaza (première moitié du septième siècle de l'Hégire, lith. Téhéran, 1304) et le tardif Dabistân al-madâhib; mais l'Exposé des religions d'Abou'l-Maâli est, selon Schefer, « peut-être le plus ancien des traités écrits en persan sur les diverses religions ». Il n'a donc pas semblé inutile d'en donner une traduction complète.

Henri MASSÉ.

que Sa majesté

[133] Nous devons rendre grâces à Dieu soit glorifiée ! que Sa faveur s'étende à tous ! au sujet de ce qu'Il nous a fait connaître de son essence, et parce qu'Il a rendu évidente pour nos cœurs la voie qui conduit à Sa connais

sance, si bien que nous avons reconnu qu'Il est doué d'attributs parfaits; en effet, Sa grandeur est illimitée; Il est l'alpha et l'oméga; Il n'a ni commencement ni fin; chercher comme Il est, comment Il est et où Il se trouve, cela est inadmissible à Son sujet; c'est Lui qui créa l'eau, le feu, la terre et l'air, qui forma ce qui est inhabité et habité (1); Il n'est ni immobile ni en mouvement; c'est Lui qui choisit et qui envoie les prophètes, particulièrement la plus excellente des créatures: Mahomet qu'Allah prie sur lui et lui donne le salut! lui qu'Allah élut, choisit, exalta; Mahomet qui guida les humains vers la vérité, qui ordonna tout ce qui est juste et droit, qui enseigna à son peuple la voie de la vérité et de l'islam, qui alluma le flambeau (de la foi) dans tous les cœurs; aussi, qu'Allah lui accorde ses bénédictions et sa paix, de même qu'à sa famille.

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Ainsi parle l'auteur de ce livre, le maître, le très illustre descendant du Prophète, l'imam savant Abou'l Maali Mohammad bin Obaïd-ollah bin Ali bin al-Hassan bin al-Hosain bin Djaafar bin Obaïd-ollah bin al-Hosain bin Ali bin Abou-Thâlib-qu'Allah soit satisfait d'eux et les couvre de sa miséricorde !

Après la soumission et l'obéissance à Dieu tout-puissant et à son prophète qu'Allah lui accorde ses bénédictions et sa paix ! après la pratique des prescriptions et de la loi divines, rien n'est plus nécessaire en ce monde que l'obéissance à ceux qui possèdent l'autorité : Allah tout-puissant les a élus parmi les hommes et leur a fait prendre le pouvoir sur ses propres serviteurs, afin qu'ils maintiennent dans la justice et la droiture les créatures d'Allah et qu'ils écartent des faibles la main des puissants voici ce qui prouve la rectitude de cette conception: Allah toutpuissant, dans son noble et glorieux livre, a rappelé qu'il fallait leur obéir en même temps qu'à lui-même et à son prophète

Et

qu'Allah lui accorde sa paix! et cela par ces augustes paroles : « Obéissez à Allah, obéissez à son envoyé et à ceux d'entre vous qui possèdent l'autorité » (Coran IV, 62).

(1) Cf. S. Guyard (J. A., 1877, I, p. 332).

Il faut savoir ceci aux monarques des temps passés, depuis qu'Allah lui accorde sa paix !

l'époque de notre père Adam jusqu'à nos jours on apporta nombre de présents, d'objets précieux et rares qui, tous, se sont anéantis; jamais ils ne furent ni ne sont mentionnés. Toutefois les ouvrages savants et sages composés à leur propos [134], ou les bons vers composés à leur louange ont subsisté et ont eu cours sur les lèvres des hommes. Ces princes ont quitté ce bas-monde, et leur nom est, pour ce motif, resté vivant au milieu des créatures.

Parmi toutes les choses demandées à Dieu tout-puissant par Abraham que la paix divine soit sur lui il y avait celle-ci : que son souvenir se maintint parmi les hommes; c'est la parole divine« Etablis pour moi la langue de la véracité jusqu'à la fin des temps>> (Coran XXVI, 84) et « la langue de la véracité », cela signifie « l'éloge parfait ». ». Dieu tout-puissant exauça sa prière et ordonna de mentionner quotidiennement Abraham dans les cinq prières, par exemple: « Je prie et j'invoque la bénédiction divine sur Abraham et sa famille; tu es digne d'éloges et glorieux. »

:

Nous voici arrivés au but. Dans l'assemblée royale, l'entretien tomba sur l'explication des religions et rites païens et musulmans et sur le sens d'une parole prononcée par le Prophète qu'Allah lui accorde la paix ! << Mon peuple, après moi, se divisera en soixante-treize sectes qui, toutes, iront en enfer à l'exception d'une seule (1) ». Ces soixante-treize sectes, quelles sont-elles? quel nom, quelle opinion à chacune d'elles ? par quel moyen réfuter chacune d'entre elles, de façon à déclarer erronées les opinions d'une secte et reconnaitre l'égarement de ses partisans? ainsi le groupe des sunnites appréciera à sa valeur la grâce de Dieu tout-puissant dont l'assistance et la protection les ont préservés de telles erreurs; ils reconnaîtront alors ce bien fait,

(1) Cf. Goldziher, Dogme et loi de l'Islam (trad. Arin), p. 157 et n. 1.

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