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(qyás). Pour les principes de leur doctrine, ils se rencontrent avec les Motazélites (1) —`rejet de la vision et de l'anthropomorphisme, création du Coran, adventicité des attributs d'action et de pouvoir, excepté en une seule chose: les auteurs de péchés capitaux en enfer; en effet, selon les Motazélites, le grand pécheur qui quitte ce bas-monde sans s'être repenti demeure éternellement dans l'enfer et le châtiment; mais les Chiites déclarent qu'il n'y reste pas et qu'au contraire il est possible que Dieu lui fasse miséricorde et le fasse sortir de l'enfer, de par sa grâce et sa miséricorde. Tels sont les principes de la doctrine chiite.

Les Chiites forment cirq fractions (2).

La première fraction compte les partisans de Zaïd ibn Ali (3) : celui-ci se révolta à l'époque des Omayyades, fut fait prisonnier et mis à mort; son fils Yahya bin Zaïd s'enfuit en Khorassan, fut lui aussi fait prisonnier, et fut mis à mort à Kouzkônân (4) par ordre de Naçr ibn Sayyâr (5); son tombeau se trouve à Azgouwaïh. Voici le fondement de leur doctrine: après Ali, Hasan et Hosaïn, il convient que tout Alide qui est impeccable revendique l'imâmat; il faut qu'il fasse partie des descendants d'Ali, qu'il soit vertueux et impeccable. Les Zaïdites forment cinq sectes les Moghîrites, partisans d'un homme qui avait pour surnom Atsir et pour nom al-Moghira bin Saïd; les Djaroudites, partisans d'Abou-Zyad (6); les Dzakîrites, partisans de Dzakir ibn Çafwân; les Khachabites, partisans de Carhât at-Tabari et dont les armes, lorsqu'ils apparurent, étaient de bois (7); les Khalafites, partisans de Khalaf ibn Abd aç-Çamad.

La deuxième fraction des Chiites (8) comprend les Kaïsanites,

(1) Id., p. 188 sq.

(2) Id., p, 180 sq. et p. 285 n. 75,

(3) Sur la doctrine zaïdite, cf, surtout Zaïd ibn Ali, Corpus juris (ed. Griffini).

(4) Lire Djouzdjân (Yaqout, s, v. Anbir, Djouzdjân),

(5) Tabari (ed. Leyde, II, 1770); Yaqout, s. v. Bochtaniqân).

(6) Lire Abou'l-Djâroud Zyâd (Baghdâdi, p. 31, n. 1).

(7) Cf. Maqdisi (o. c., V, p. 140 et n. 4) et supra p. 45 n. 5.

(8) Cette partie traduite par E. Blochet, avec quelques coupures (Messianisme p. 148 sqq.).

partisans de Kaïsân, affranchi de Ali bin Abou-Thalib; leur doctrine est la suivante: après Hasan et Hosaïn, l'imâmat revient à Mohammed ibn Ali, celui qu'on appelle « le fils de la Hanéfite» (1) parce que sa mère s'appelait Hanifa ; ils disent que Mohammed ibn Ali est vivant et immortel et qu'il demeure caché dans une crevasse du (mont) Radhwa (2) jusqu'à ce qu'il en sorte, le moment venu, pour prendre possession du monde et faire régner éternellement la justice. Ils forment quatre sectes : les Mokhtârites, partisans de Mokhtâr ibn Obaïd at-Tsaqafi; les [158] Karbites, partisans d'Abou-Karb ad-Dharîr; les Ishâqites, partisans d'Ishaq ibn Omar; les Harbites, partisans de Abdallah bin Harb.

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La troisième fraction des Chiites est formée des ultras (Ghâliye); c'est parmi les Chiites la secte la plus vile, car ce sont de purs impies; ils appartiennent au groupe de ces hommes dont l'un vint dire à Ali « O Ali le Très-haut (ya Ali'l-a'lâ), salut à toi! » Ali le fit brûler puis déclara : « Deux sont perdus : celui qui dépasse les bornes en amour, celui qui calomnie par haine ». Ils forment neuf sectes les Kâmilites, partisans d'Abou-Kâmil; les Sabâïtes, partisans d'Abdallah bin Sabâ; les Mançourites, partisans d'Abou-Mançour al-Idjli; les Ghorâbites qui déclarent que Ali ressemblait à un corbeau; les Barta'ites (3), partisans de Barta' bin Younis; les Yaqoubites, partisans de Mohammad ibn Yaqoub, qui déclarent que Ali vient en tout temps dans ce monde au centre d'un nuage; les Ismaïlites, partisans d'Ismaïl ibn Ali; les Azdarites qui déclarent que Ali, père de Hasan et de Hosaïn, n'est pas Ali, mais un homme appelé Ali l'Azdarite; Ali l'imâm n'a pas d'enfants parce qu'il est le Créateur que la terre leur emplisse la bouche! Au sujet de Notre-Seigneur Ali bin Abou-Thâlib, j'ai entendu dire ceci à l'époque où je me trouvais à Koufa, un vieil Alide y professait

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(1) Cf. Huart (Arabes, II, p. 323), Fakhri (trad, Amar, p, 228 sq.), Maqdisi (o. c., index). Sa mère s'appelait en réalité Khaula.

(2) Cf. Yaqout (Modjam, s. v.), Maqdisi (o. c., V, p. 134 sq.).

(3) Lire probablement Bazighites (ut supra) et Bazigh.

sa croyance influa

cette doctrine et signait : « Tel l'Azdarite » ; je me trouvais à Koufa lorsque cet Alide mourut; étant donné qu'il était un Alide bien connu et respectable on l'enterra auprès du tombeau de l'Emir des Croyants Ali; la nuit même, une mauvaise odeur s'exala de sa tombe, de sorte que les gens s'attroupèrent au tombeau; les gens et les enfants de cet Alide, cette nuit-là, ouvrirent son tombeau, allèrent jusqu'à vingt coudées de profondeur et l'inhumèrent une seconde fois; le jour suivant, la mauvaise odeur augmenta encore; les gens s'attroupèrent au tombeau et s'ameutèrent; enfin, la nuit suivante, les enfants de l'Alide l'enlevèrent à la dérobée et l'emportèrent où ils voulurent sur son état de sorte qu'après sa mort il fut ainsi deshonoré. Quatrième fraction des Chiites (1). -Le fond de leur doctrine est, extérieurement, de suivre et d'aimer Ali; mais, intérieurement, c'est la pure impiété (2). Cette fraction parut en Egypte [159]. Il y avait un homme appelé Ibn Maïmoun Qaddah, un autre nommé Isa Djahâr-Lakhtân et un autre nommé Dindân; tous trois étaient impies et hérétiques, avaient lié amitié et se réunissaient pour manger et boire. Ibn Maïmoun Qaddâh déclara un jour : « J'en ai assez de la religion de Mahomet; je n'ai pas de troupes pour faire la guerre à ses sectateurs; de même, je manque de ressources; mais, en ruse et en astuce, j'ai tant de puissance que, si

(1) C'est la secte des Ismaéliens (ou Bâtiniens, nommés infra p. 60). Sur leur doctrine, cf. Encycl. Islam (Ismailiya), Guyard (Fragments, p. 18 sqq.), Maqdisi (o. c., V, p. 140 sq.), Goldziher (Streitschrift, p. 12 et 43 sqq) et la. note de Schefer, p. 177 sqq.

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(2) Cf. l'appréciation analogue de Ghazali (Streitschrift, texte arabe, no, 6). Il est à peine besoin d'ajouter que l'Ismaélisme ne naquit pas en Egypte. Abdallah bin Maïmoun (cf. Encycl. Islam) agit en Mésopotamie et en Syrie; c'est son petit-fils Saïd qui passa en Egypte avant de se déclarer mahdi. — Sur Dindân, compagnon d'Abdallah, cf. De-Goeje (Carmathes, p. 15 2). Quant à Isa Djahâr-lakhtân, il semble qu'il y ait une confusion; cf. en effet Quatremère (Mém. sur les Fatimides, in J. A., 1836, II, p. 136): « Abdallah, sous le règne de Mamoun, s'étant lié avec Ishak ben Ibrahim ben Mosab, tous deux prirent les armes... Au nombre de leurs sectateurs se trouvait un homme appelé Mohammed, fils de Hosaïn, petit-fils de Djihan-Bakhtår et surnommé Didan (Dindân), possesseur d'une grande fortune ».

et n.

quelqu'un m'aidait, je mettrais sens dessus dessous la religion de Mahomet »>. Isa Djahâr-Lakhtân répondit: << J'ai beaucoup de richesses je les dépenserai dans ce but, et sans regret ». Et ils établirent une convention à ce sujet. Ibn Maïmoun avait un fils d'une fort jolie figure et si renommé pour sa beauté qu'on faisait avec lui des abominations. Ibn Maïmoun se prétendait médecin et thaumaturge; il mit à son fils des cheveux longs comme en portent les Alides (1), Isà donna de l'argent; de cette manière, ils organisèrent pour ce garçon des moyens et des apprêts de vie somptueuse, et ils répandirent la nouvelle qu'il était Alide et qu'ils étaient ses serviteurs. Ils l'amenèrent en Egypte, en grande pompe, ne s'asseyant pas en sa présence et lui adressant la parole avec respect et vénération. Ils ne laissèrent personne l'approcher jusqu'à ce que ses affaires se fussent élevées. Alors ils rendirent publique leur doctrine, en disant : << La loi divine a un sens littéral et une signification ésotérique; le sens littéral, c'est ce à quoi les musulmans se sont attachés et ce qu'ils croient; pour toute chose, il y a une signification ésotérique; cette signification, le Prophète la connut et ne la révéla qu'à Ali; Ali en fit part à ses enfants, ses partisans et ses familiers; quiconque a connu ce sens ésotérique a trouvé le repos contre la peine de la soumission et de la dévotion à Dieu ». Ils disent que le Prophète est le nâtiq (celui qui parle) (2); ils appellent Ali asâs (base). Entre eux, ils emploient des termes et des mots conventionnels (3) ainsi ils appellent le 'aql (la raison) : çâbiq (préexistant) et aussi avval (primordial) (4) et ils disent qu'elle a existé la première; ils appellent le nafs (l'âme): tâlî (ce qui suit) et aussi tsani (second), voulant dire ainsi que le nafs a procédé du 'aql et que le nafs a fait apparaître toutes choses en ce monde.

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(1) Cf. Djâmi (Béhâristan, trad. Massé, p. 144).

(2) Cf. Guyard (Fragments, p. 188 sq. et 336, n. 5), Goldziher (Dogme, p. 202 sq.), Sacy (Druses, introd. p. 103 sqq.).

(3) Sur les algab des Bâtiniens, cf. Hammer (J. A., 1825, VI, p. 332), Goldziher (Streitschrift, p. 36 sq.). Syaset-Nameh (trad, Schefer, p, 290 sq.). (4) Cf. Guyard (Fragments, p. 295, n. 13).

Ils commentent ainsi ce verset coranique : << Par le figuier, par l'olivier, par le mont Sinaï »> (XCV, 1): la figue représente le 'aql qui est tout pulpe; le nafs, c'est l'olivier qui est tout entier subtilité alliée à consistance comme l'olive avec son noyau`—;

le mont Sinaï, c'est le nâtiq, c'est-à-dire Mahomet qui paraissait extérieurement une montagne rude et parlait aux créatures avec le glaive [160] mais contenait intérieurement bien des choses, de même que la montagne qui renferme des pierres précieuses; la «< région sûre » (Coran, XCV, 3), c'est le asâs, c'est-à-dire Ali grâce à qui le commentaire de la Loi est devenu clair et grâce à qui les hommes se sont trouvés à l'abri du mal; c'est ainsi qu'ils ont interprété allégoriquement les quatre fleuves du Paradis (1). Toute leur intention, c'est d'abolir la Loi; aussi, que la malédiction divine soit sur eux ! Ils disent encore que le Prophète est le père des Croyants et que Ali est leur mère, étant donné que le Prophète a pénétré dans Ali sous forme de science et de connaissance, de sorte qu'à eux deux ils ont donné naissance à la science ésotérique. Ils disent que, la première chose qui a existé, c'est le monde du 'aql; ensuite apparut le monde du nafs, et alors toutes les créatures existèrent; l'être humain a pris vie par un nafs particulier et, lorsqu'il meurt, cette particule retourne à son tout. Lorsqu'on leur demande de quelle chose est sorti le monde du 'aql, ils répondent qu'il s'est manifesté par ordre ; lorsqu'on leur demande par ordre de qui il s'est manifesté, ils répondent « Nous n'en savons rien; du reste, nous n'avons pas pouvoir de comprendre la divinité créatrice; nous ne disons ni qu'elle existe ni qu'elle n'existe pas ». Mais ceux qui approfondissent l'unité divine disent qu'ils croient au deuxième terme, c'est-à-dire que Dieu n'existe pas. « Et Allah le Très-Haut est bien au-dessus de ce qu'ils disent! » (Coran, XVII, 45). Par cette voie, ils firent sortir de leur religion les musulmans, après avoir parlé sans cesse de Coran et de tradition prophétique : lorsque vous y regardez attentivement, ils nient le miracle de la

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(1) Coran, LV, 50; LXXVI, 18; CVIII.

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