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légèrement. Qu'on passe en revue les interprétations données du membre de phrase τὸ μὴ ὑπὲρ 2 γέγραπται dans / Cor. 4, 6 et qu'on dise s'il y en a une seule qui violente moins le texte que la radiation de ces mots comme glose maladroite. Qu'on examine si dans II Cor. 11, 4 on peut trouver une interprétation naturelle sans rayer le mot xuôávete. On peut discuter à peu près toutes les conjectures, celles que nous venons de donner comme exemples aussi bien que les autres ; il n'est pas douteux qu'un grand nombre — peut-être la plupart de celles qui ont été proposées doive être rejeté. On peut insister sur l'extrême prudence avec laquelle il faut user de la restauration conjecturale. On peut discuter aussi la question de savoir si les conjectures peuvent être introduites dans le texte, accompagnées, cela va sans dire, d'un signe qui les rende immédiatement reconnaissables, ainsi que l'a fait Blass, ou bien si elles doivent seulement être proposées en note ainsi que l'ont fait Westcott et Hort', mais la prohibition absolue de la conjecture nous paraît être la survivance d'une conception périmée de l'inspiration de l'Écriture, une véritable idolâtrie de la lettre, l'adoration d'un fantôme, car ce Nouveau Testament tombé du ciel, dicté ou écrit par le Saint Esprit n'a jamais existé que dans l'imagination des théoriciens de la théopneustie*.

1) Voir p. 63 s.

2) Lagrange, Revue Biblique, 1900, p. 206; Heinrici, R. E3., t. XI, p. 130. 3) Ce n'est là qu'une question de pure forme, presque de typographie. Nous serions tentés d'approuver la solution que lui ont donnée Westcott et Hort et que préconise aussi G. Kruger, Lit. Zblt., 1899. 39, 1326 s. (cité par Nestle, Einf., p. 182, n. 2).

4) Une phrase de Kypke (citée par Blass, Acta Apost. ed. phil., p. 37, n. 2) In contextu librorum sucrorum vel unicum verbulum corruptionis accusare religio mihi fuit, montre bien qu'il y a, à la racine de la prohibition de la conjecture, une prémisse dogmatique. Comment pourrait-on, autrement. expliquer une attitude contradictoire comme celle de Burkitt qui, admettant la méthode conjecturale pour l'Ancien Testament, la rejette pour le Nouveau (E. B., 4980, cité par Nestle Einf. 3. p. 182. n. 2). On lira, en faveur de la méthode conjecturale, les remarques de Nestle (Einf.3, p. 192), de Kirsopp Lake, (Influence of

Une dernière remarque doit être faite. Ceux-là même qui prohibent le plus rigoureusement la conjecture et qui se refuseraient à admettre, dans un passage désespéré, une leçon qui ne serait recommandée que par la logique, le bon sens, la grammaire, les vraisemblances paléographiques, n'hésiteraient pas à accueillir cette même leçon sur l'autorité isolée d'un seul manuscrit. Et pourtant, n'est-il pas, dans bien des cas, possible et même probable que, dans ce manuscrit isolé, la leçon considérée ne soit, elle aussi, qu'une correction conjecturale? Quelle vraisemblance y a-t-il qu'un seul manuscrit, peut-être de date récente, ait pu, contre la grande masse de la tradition, conserver le texte original? Ainsi, quand les critiques préfèrent une leçon faiblement attestée mais satisfaisante, à une leçon plus fortement attestée mais qui ne présenterait pas de sens cohérent, ils font en somme de la critique conjecturale parce qu'ils décident, non à cause de l'autorité des manuscrits, mais pour des considérations de grammaire et de sens. Nous ne leur en faisons pas un grief, nous faisons seulement observer qu'agissant ainsi ils sont illogiques en prohibant la conjecture proprement dite.

MAURICE GOGUEL.

textual criticism on exegesis of New Testament, Oxford, 1904, p. 6). de Johannes Weiss (Die Aufgaben der neutestamentlichen Wissenchaft in der Gegenwart, Goettingen. 1908, p. 30), de Blass, (Acta Apost, ed. phil., p. 34, 37 s. Über die Tertkritik im Neuen Testament, Leipzig, 1904, p. 39).

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LA LÉGENDE « DE TRIBUS IMPOSTORIBUS »

ET SES ORIGINES ISLAMIQUES

Parmi les apologues où le moyen âge a aimé réunir, en une commune interdépendance, les trois monothéismes qui s'affrontent en Occident, Israël, la Chrétienté et l'Islam, il en est de conciliants comme la « parabole des trois Anneaux », si délicatement contée par Gaston Pâris1. D'autres sont plus amers, et le plus célèbre est celui des « Trois Imposteurs >>.

Le thème en est simple: le monde a été trompé par trois séducteurs, baratores, quilatores, Moïse, Jésus et Mohammed. C'est une ironie désenchantée de sceptique, formulant à l'avance, à leur égard, la théorie favorite de notre XVIe siècle sur l'origine des religions.

On a longuement étudié l'attribution de cette phrase ironique à l'empereur Frédéric II (+ 1250). Le pape Grégoire IX l'accusa formellement de l'avoir prononcée', mais Frédéric II nia l'avoir jamais dite. Elle courait de lèvre en lèvre de son temps, car elle est attribuée également à un chanoine de Tournai, Simon, un peu antérieur à Frédéric II3.

Je ne crois pas qu'on ait remarqué jusqu'ici que, dans sa forme même, cette phrase célèbre, mentionnant Mohammed

1) 9 mai 1884, à la Société des Etudes juives; cfr. Chauvin, Conte d'Abulafia, ap. « Wallonia », nov. 1900, nov. 1908.

2) D'Argentré Collect. judic. erroribus, 1724, I, 145 etc.

3) Epitre à l'archevêque de Mayence 1239.

4) Cfr. Huillard- Breholles, Hist, dinl., Frédéric II, V. 339.

5) Cantinpré, de Apibus, XLV, 5 (cit. Vigouroux).

sur un pied d'égalité avec Moïse et Jésus, décelait une origine non pas occidentale et chrétienne, mais orientale et islamique. C'est cette origine que nous allons établir.

Voici le premier texte où ce parallèle est posé. C'est un texte initiatique dû à une secte musulmane hétérodoxe, les Qarmates, dont la propagande secrète aboutit à la proclamation d'un khalifat dissident, celui des Fâtimites, à Mahdîyah (Tunisie), en 297/909 de notre ère. Cette secte avait sept' degrés d'initiation, avec, pour chaque degré, des instructions spéciales —. Le texte en question paraît nous donner les instructions remises aux adeptes du 7° grade, ta'sis'; il est intitulé « Risálat al siyásah wa'l balagh al akyat wa'l Namous al azam ». L'hérésiographe qui l'a publié le donne comme une circulaire confidentielle sur la méthode à suivre pour la propagande; envoyée par le premier Khalife fatimite 'Obaydallâh (+ 322/934) au chef des Qarmates du Bahreïn (golfe Persique), Aboû Tâhir' Solaymân-ibn al Hasan Jannâbî (+318/932), celui qui prit la Mekke et brisa la Ka'bah en 312/924.

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Malgré le cynisme de ce document, je le crois authentiquement qarmate, et, fût-il forgé, il nous reporte au plus tard à la fin du xe siècle, c'est-à-dire plus de deux siècles avant Frédéric II, pour l'éclosion de la légende des « Trois Imposteurs », car 'Abd al Qâhir Baghdâdî, l'éditeur, est mort en 429/1037, et paraît avoir copié son maître, Bâqillânî, mort en 403/1012:

1) Un peu plus tard, elle en eut 9.

2) Warraq, fihrist, 189, l. 10; Baghda lî, farq, 282; Ghazàlf, mostazhirí, éd. Goldziher, 40; Nizam al Molk, siyaset namá, trad., 286; cfr. Sacy, Druzes, I, 74*. 160.

3) Ce destinataire est bien hypothétique. Aboù Tàhir parait avoir considéré jusqu'à la fin le Khalife fârimite comme un usurpateur, bâtard ou imposteur, et avoir refusé de reconnaître en lui le mahdî qu'attendaient les Qarmates; d'autre part Goeje a fait remarquer, en ses Carmuthes de Bahrein, le poème où Aboù Tahir marque son respect pour Jésus, el dit attendre sa venue.

En voici le texte (Baghdadi, farg, éd.Badr, p. 281) :

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و ينبغي أن تحيط علما بمخاريق الانبياء و مناقضاتهم في اقوالهم

كعيسى بن مريم قال لليهود « لا ارفع شريعة موسى » ثم رفعها بتحريم السبت و اباح العمل فى السبت و ابدل قبلة موسى الاحد بدلاً من بخلاف جهتها ولهذا قتلته اليهود لما اختلفت كلمته

ساليه عن الروح فقال « الروح ولاتكن كصاحب الامة المنكوسة حين من امر ربي » لما لم يحضره جواب المسالة

و

لاتكن كموسى في دعواه التي لم يكن عليها برهان سوى الحزقة برهانا قال و الشعبذة و لما لم يجد المحق في زمانه عنده الحملة و قال لقومه « انا ربكم الا على » لاته

له « لمن اتخذت الها غيرى

كان صاحب الزمان في وقته

...

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<< Il convient que tu embrasses en ta science les prestidigitations des Prophètes et quelles ont été leurs contradictions en paroles. Ainsi de Jésus, fils de Marie, quand il dit aux Juifs : « Je n'abolirai pas la loi de Moïse » ; puis il l'abolit en faisant du dimanche un jour férié à la place du sabbat, et en autorisant à travailler le samedi; et en inversant l'orientation de prière fixée par Moïse. Ce qui le fit tuer par les Juifs quand il se fut contredit.

- Et ne sois pas comme le chef (= Mohammed) de la communauté malchanceuse, que l'on questionnait sur l'Esprit, et qui répondit « l'Esprit (vient) selon le commandement de mon Seigneur » (Qor. XVII, 87), parce qu'il ne savait que répondre.

Et ne sois pas comme Moïse en sa prédication, qu'il ne prouva que par le truc heureux et habile de sa prestidigitation. Celui qui détenait légitimement l'autorité de son temps ( =

= le

.(sic) « البلاد » Corr. de Goldziher. Le texte porte (1

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