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sition la constellation de la Grande Ourse. Comme le satyre du poète image de l'Univers :

Sa poitrine terrible était pleine d'étoiles.

Serait-ce à cause de ce rôle créateur que pour les chrétiens Pératiques la Grande Ourse est le symbole de la création avant le Christ'?

Par sa situation', la Grande Ourse semble ne se coucher jamais, et les anciens avaient été frappés de ce phénomène. Elle est la seule, disent Homère et Virgile, qui ne se baigne jamais dans les eaux de l'Océan, et qui semble veiller éternellement dans le ciel*.

Arctos Oceani metuentes aequore tingi.

Remarquons l'analogie que présente le nouveau drapeau de Fiume avec le bouclier d'Achille, chef-d'œuvre d'Héphaistos, que décrit Homère. Suivant un symbolisme courant dans l'antiquité, le disque du bouclier est l'image du monde. Tout autour, roulent les eaux du fleuve Océan, étroite ceinture qui entoure la terre, et qui, ailleurs, est figuré par le serpent se mordant la queue'. Au centre, ce sont les astres, entre autres la Grande Ourse', « l'Ourse, qu'on nomme aussi le chariot, qui se tourne sans cesse vers Orion, et qui, seule, ne tombe point dans les eaux de l'Océan. »

On le voit, c'est dans le répertoire des croyances et des amulettes populaires, dans l'imagerie des astrologues modernes, fidèles héritiers de l'astrologie et de l'astronomie antiques, qu'il faut chercher l'origine des emblèmes nouveaux. Emprunt

1) V. Hugo, le Satyre.

2) Bouché-Leclercq, L'astrologie grecque, p. 609, note 1.

3) Cf. Arago, Astronomie populaire, carte, p. 321, I, p. 320.

4) Homère, Iliade, XVIII, 478 sq. (description du bouclier d'Achille); Virgile, Géorg., I, 246.

5) Iliade, I. c.; sur la reconstitution de ce bouclier, cf. Rev. arch., I, p. 139, note 1, référ.

6) lbid., p. 138 sq.

7) Cf. patère de Palestrine, patère de Boutae, ibid., p. 126, 136.

8) Cf. la reconstitution de Weniger, Festgabe Otto Blümmer, 1914, p. 16, pl.

ou coïncidence? Faut-il croire qu'une préoccupation à la fois érudite et mystique en a déterminé la genèse, puisqu'on a choisi, non pas des couleurs plus ou moins symboliques', mais des emblèmes célestes ayant un sens précis, qu'ils ont toujours eu depuis l'antiquité : éternité, puissance. Qui pourrait lutter contre de tels talismans protecteurs: Quis contra nos? Le

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poète a-t-il puisé sa documentation dans quelque grimoire, dans la superstition contemporaine? s'est-il informé auprès de quelques devineresses, qu'il aimait jadis à consulter? Peut-il cependant accorder grande créance à leurs avis, puisqu'il a contredit cette prédiction d'une Sibylle, qui le faisait mourir en 1909.?

1) Cf. le drapeau du royaume arabe du Hedjaz, créé lors de la guerre mondiale vert, blanc, noir. Le vert désigne l'ancien étendard des Alides et des Fatimites; le blanc, celui des Ommeyades; le noir celui des Abassides; une bande jaunâtre représente la dynastie hachimite du grand chérif; ainsi le drapeau royal du Hedjaz résume et symbolise par ses couleurs toutes les grandes dynasties de l'Islam arabe.

2) Ct. Voivenel, Littérature et folie, p. 388.

La vie contemporaine est un vaste champ d'études pour l'archéologue. Il ne lui est pas nécessaire de perdre sa rêverie dans le passé, puisque celui ci se retrouve dans le présent, avec ses images, ses pensées éternellement semblables, puisqu'il apparente la mentalité des hommes d'aujourd'hui, surtout quand ils sont poètes, artistes, êtres doués plus que d'autres d'imagination, de sensibilité, à celle des primitifs et des anciens, qui ont créé les mythes, les croyances, et les superstitions.

Genève, septembre 1920.

W. DEONNA.

LA CÉLÉBRATION DU « NATALIS INVICTI »

EN ORIENT

Nous avons récemment, à propos des relations de Dusarès et de Mithra, réuni quelques témoignages sur la célébration en Orient de la fête solaire du 25 décembre, que les calendriers romains désignent comme étant le Natalis Invicti'. Nous pouvons y ajouter aujourd'hui un passage plus ancien et plus précis que celui des auteurs arabes que nous avions cités. Il se trouve dans un opuscule si peu accessible qu'on ne sera pas surpris qu'il n'ait pas été mis encore à profit le traité syriaque de Thomas d'Édesse sur la Noël, publié en 1898 dans une dissertation de doctorat présentée à l'université de Washington'.

Thomas d'Édesse fut un contemporain de Mar Aba Ier, qui devint catholicos » des Nestoriens en 536'. Il, rencontra le futur patriarche à l'école d'Édesse, où il lui apprit le grec, et il l'accompagna à Constantinople, puis à Nisibis. Son activité se place donc dans la première moitié du vi° siècle sous le règne de Justin et celui de Justinien.

Dans son opuscule qui fait partie d'un recueil de « Causes des fêtes », Thomas met la date de la Nativité en rapport avec

1) Rev. hist. des religions. 1918, II, p. 209 ss.

2) Thomae Edesseni Tractatus de Nativitate Domini nostri lesu Christi. Textum syriacum edidit, notis illustravit, latine reddidit, Simon Joseph Carr, Romae, 1898.

3) Cf. Carr. l. c. p. 7 ss.; Duval, Littérature syriaque, p. 347; cf. p. 209. 4) Cf. Baumstark, Oriens christianus, I, 1901, p. 320 ss. `

celle de l'Incarnation', puis il ajoute je cite la traduction fidèle de M. Carr' « Hoc tempore dies, tempus lucis, deficit, et imminuitur usque ad horas novem, nor vero, imperium tenebrarum, longior fit et pervenit ad quindecim horas; et deinde incipit dies, regnum lucis (horas) sumere a nocte imperio tenebrarum. Après avoir donné une interprétation symbolique de ce fait, il continue: Sed et ethnici, adoratores elementorum', festum magnum hodie ubique quotannis celebrant, hac scilicet de causa, quia incipit sol vincere, regnumque eius magis se extendere. L'écrivain nestorien adresse alors à ces païens la critique, que, s'ils fêtent le solstice d'hiver, ils devraient fêter aussi le solstice d'été, car la variation de la durée des jours et des nuits et l'alternance des saisons sont nécessaires à la vie de la nature. « Oporteret igitur ethnicos errantes festum celebrare vel in utraque mutatione vel in neutra; quia lucrum aequale ex ambolus provenit, hoc est a Deo, qui ea ita ordinavit.

Illi ergo festum celebrabant, sicut dixi, Solis scilicet, qui incipit hoc tempore superare imperium tenebrarum, et iterum deficiet. Ecclesia vero sancta celebrat festum Nativitatis Christi, solis justitiae, qui incipit superare errorem et Satanam et nunquam deficiet. Cette opposition du soleil de justice au soleil matériel des païens est fréquemment répétée chez les auteurs chrétiens, notamment à propos de la Nativité. Ce qui est plus remarquable dans les paroles de l'auteur syriaque c'est d'abord l'affirmation qu'encore de son temps, c'est-à-dire au vi° siècle, «<les païens, adorateurs des éléments', célébraient chaque année une grande fête » le 25 décembre pour commémorer la victoire du Soleil. Ces païens sont non seulement les mages perses

1) Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, 2o éd., p. 253, et saint Augustin, Octoginta trés quaest., 56 (P. L. XL, p. 39).

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4) Cf. Mon, mystères de Mithra, I, p. 355 s.; cf. St Ambroise, Hexaemeron, IV, 1.

5) Cf. mes Religions orientales, 2e éd., p. 305 et p. 410 n. 14.

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