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contre les méprises du lecteur. M. Bréhier est-il bien sûr de n'avoir point laissé un piège, encore, dans la phrase où il nous dit (p. 65) que, << dès le Iv' siècle apparaissent les images miraculeuses, exécutées aux temps évangéliques ou même non faites par la main d'un homme (achéiropoiètes) »; un simple renvoi au livre de Von Dobschütz, Christusbilder (1899), p. 40 et 55 aurait dégagé sa responsabilité. Je ne vois pas que, nous parlant de l'évolution du type du Christ (p. 70 et s.), il ait signalé l'influence de la représentation courante de Sérapis, pourtant très vraisemblable. A la p. 88, M. Bréhier semble attribuer à la définition du concile d'Ephèse, de 431, une influence décisive sur le développement du culte de la Vierge; si telle est bien sa pensée, je crois qu'il se méprend: c'est l'extension du monachisme ascétique qui explique ce développement. là. Est-il légitime de qualifier les gnostiques sabéens, dont l'influence semble capitale sur la formation de Mani, de « secte hérétique» (p. 121)? Leur religion parait tout autre chose qu'une simple hérésie chrétienne.

Je m'arrête le lecteur comprendra qu'il s'agit en tout cela de chicanes de spécialiste, qui n'ont pas, en soi, grande importance, d'autant plus qu'elles se rapportent à des questions où il est bien difficile d'être tout à fait « au courant si l'on est pas tout à fait << du métier ». De ce point de vue, il est juste de reconnaître que M. Bréhier reste fort au dessous de la moyenne d'erreurs communes aux savants « du dehors. »

L'ouvrage est très bien présenté, très bien imprimé, très richement illustré de 241 figures qui prouvent autant qu'elles ornent. Une abondante Bibliographie méthodique et un Index développé le complètent heureusement. L'auteur a songé à ceux qui travaillent, autant qu'à ceux qui lisent pour leur plaisir ; il doit en être remercié ; son livre rendra les plus précieux services.

1) Cf. Donehoo, Apoc. Life of Christ. p. 205.

CH. GUIGNEKERT.

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Dom R. HUGH CONNOLY, M. A. The so-called Egyptian Church Order and derived Documents (dans les Texts and Studies, Contributions to Biblical and Patristic Literature de J. Armitage Bobinson, vol. VIII, no 4), Cambridge (University Press), 1916, in-8°, xiv-197 pp.

Un recueil important de canons ecclésiastiques a été édité d'après une version éthiopienne dès 1691 par Job Ludolf (Commentarius ad historiam aethiopicam), puis d'après une version copte memphitique en 1848 par H. Tattam (The apostolical Constitutions or Canons of the Apostles), d'après une version copte sahidique en 1883, par Lagarde (Aegyptiaca) et en 1884, par U. Bouriant (Recueil de travaux relatifs a la philologie égyptienne, t. V et VI), d'après une version latine en 1900, par E. Hauler (Didascaliae apóstolorum fragmenta veronensia latina; accedunt Canonum qui dicuntur Apostolorum reliquiae), enfin d'après une version arabe en 1894, par G. Horner (The Statutes of the Apostles or Canones ecclesiastici). Mais les divers manuscrits dans lesquels il nous est arrivé se présentent comme des traductions d'un texte grec qu'on n'a pu encore retrouver.

Le recueil ne porte pas de titre. Comme il a été trouvé d'abord en Egypte, il est habituellement désigné sous le nom de Constitution ecclesiastique égyptienne. Mais rien dans son contenu ne justifie cette appellation et son origine est restée jusqu'ici mystérieuse. H. Achelis (Die Canones Hippolyti) le regardait comme un remaniement des Canons d'Hippolyte et comme la source principale du 8 livre des Constitutions Apostoliques. Au contraire F. X. Funk (Die apostolischen Constitutionen) le présentait comme une adaptation du 8 livre des Constitutions apostoliques et comme une source importante des Canons d'Hippolyte.

Un religieux anglais, Dom Connolly, s'attache à montrer par une comparaison minutieuse de ces divers écrits que la Constitution ecclésiastique égyptienne est plutôt la source commune des Canons d'Hippolyte et du 8 livre des Constitutions Apostoliques, comme aussi des Constitutions données par Hippolyte, qui constituent une édition abrégée de ce dernier livre, et du Testament de Notre Seigneur, qui se lit en tête de la même compilation. Puis il ajoute que

ce recueil, où ce n'est point le Christ qui intervient, ni aucun des apôtres, mais seulement un évêque parlant à des évêques, doit être regardé comme une œuvre d'Hippolyte à plus juste titre que les Canons d'Hippolyte ou que les Constitutions données par Hippolyte, dont le titre lui aura été certainement emprunté et s'explique par lui. Plus précisément, de la Préface, où l'auteur, ayant rappelé son ouvrage antérieur Sur les Charismes, annonce son intention d'exposer maintenant pour les chefs de l'Église la « tradition apostolique »>, et de la Conclusion, où il met en relief les avantages de cette même tradition, Dom Connoly conclut que l'écrit doit s'identifier avec la Tradition apostolique qu'on voit mentionnée à la suite du traité Sur les Charismes dans la liste des travaux d'Hippolyte et qu'on croyait perdue. Pour confirmer sa thèse, il relève entre cet ouvrage et d'autres textes du même auteur dont l'authenticité n'est pas contestée des ressemblances nombreuses et très précises.

La démonstration, dont il est inutile de faire ressortir l'intérêt, paraît concluante. Elle avait d'ailleurs été déjà esquissée dès 1910 par G. Schwartz dans une étude Uber die pseudo-apostolische Kirchesordnungen, dont les conclusions avaient été bien accueillies par les critiques, Dom Connoly ignorait cette publication. Son œuvre n'en est que plus méritoire et significative. On peut seulement regretter qu'il l'ait présentée sous une forme un peu étriquée et hâtive. Son exposé, très documenté et pénétrant, se présente comme une simple ébauche, ou, pour mieux dire, comme un recueil de notes. Il faut pour le lire s'armer de quelque patience, et, la lecture terminée, on se dit avec peine que le travail demanderait à être repris et élargi. Il faudrait, sans négliger les textes, entrer plus avant dans l'esprit du recueil, se faire une idée plus complète et plus approfondie de la pensée d'Hippolyte, étudier enfin le milieu romain qui l'a inspirée. Et il faudrait aussi dans cette œuvre de science un peu austère mettre un peu d'art, pour la rendre lisible.

PROSPER ALFARIC.

EDWARD G. BROWNE, Materials for the study of the Babi religion, compiled. Cambridge, University Press, 1918; 1 vol. in-8, XXIV-320 pages.

Un phénomène singulier, qui n'a pas manqué de frapper vivement les esprits attentifs, c'est de voir une religion nouvelle, née en Perse d'un cerveau iranien, destinée à renouveler le vieux fonds de croyances musulmanes sur lesquelles repose la vie intellectuelle de ce pays d'Asie, se répandre à travers le Nouveau-Monde et conquérir des adeptes en Amérique. La différence de langue et surtout d'instruction religieuse semblerait, au premier abord, offrir un obstacle insurmontable à un prosélytisme de ce genre. Il est vrai que le bibisme était devenu le béháïsme: d'une révolution dans l'isla misme, le continuateur du prophète de Chirâz avait constitué une doctrine de la paix universelle qui, par son vague, pouvait être admise par les croyants de toutes les religions.

A toute œuvre, il faut un ouvrier. Les Materials que vient de publier le savant professeur de Cambridge, M. Edw. G. Browne, qui a fait les plus louables efforts pour que le public européen pût se rendre compte des intéressants mouvements d'opinion créés en Orient par l'initiative du Bâb, et qui s'est acquis ainsi de véritables titres à la reconnaissance des savants et des chercheurs, vient de publier un volume permettant de répondre à la question qui se pose. Le protagoniste qui a tenté de convertir au béhâïsme les États-Unis de l'Amérique du Nord, et qui a réussi à grouper autour de lui un certain nombre de fidèles, s'appelle le Dr Ibrahim Georges Khaïroullah. C'est un Libanais: né à Bḥamdoûn, resté orphelin de père à l'âge de deux ans, il fut élevé au collège américain de Beyrouth, où il finit par prendre les grades qui le menèrent à l'obtention du diplôme de docteur en médecine. Il voyagea: comme beaucoup de Syriens, il se rendit d'abord en Égypte, et y fit la connaissance d'un Persan, Hadji 'Abd-oul-Kérim, originaire de Téhéran et partisan de Béhâ-oullah; celui-ci le mit au courant des nouvelles doctrines, et l'instruisit des dogmes de la religion béhâïe; mais l'esprit du docteur en médecine n'en fut pas illuminé tout d'un coup ses études scientifiques l'avaient peut-être conduit à se méfier d'un premier mouvement, et amené à réfléchir avant de

s'engager; toujours est-il qu'il s'écoula un laps de temps considé rable entre son arrivée en Égypte, qui eut lieu en 1872, et sa convertion définitive, qui ne se produisit qu'en 1890. Le temps ne fit rien. à l'affaire, et la réflexion ne diminua pas l'enthousiasme. Khaïroullah voyagea pour ses affaires du Caire il se rendit à Pétrograd et à Berlin, d'où il gagna New-York par la voie du Havre. Une fois débarqué en Amérique, la fièvre du prosélytisme s'empara de lui; il commença à prêcher selon ses convictions, et ne tarda pas à trouver un terrain favorable à Chicago d'abord, puis à Konosha dans le Wisconsin.

De même que les communautés juives dispersées par la diaspore dans le monde antique furent les premières visitées par les apôtres du Christ, Khaïroullah trouva en Amérique un certain nombre de Persans qui cristallisèrent autour d'eux les esprits ouverts à de nouveaux concepts théologiques; c'étaient Mirza Asad-oullah d'Ispahan qui fonda à Chicago une Maison de spiritualité, Mm QodsiyyaKhânim, venue étudier aux États-Unis; c'étaient aussi des Américains déjà convaincus, comme M. Sydney Sprague, qui avait dirigé à Téhéran l'école Tarbiyat. Les auditeurs de ces conférences, qui étaient deux cents à New-York, furent six cents à Chicago; on fonda un journal, qui parut tous les dix-neuf jours, pour être fidèle au nombre consacré per les révélations du Bâb.

Ce sont les documents mis au jour par la publication du savant professeur de Cambridge qui ont permis de se rendre compte de l'origine de ce mouvement, et surtout le premier d'entre eux; c'est une narration de l'histoire de Béhà-oullah, du schisme qui suivit sa mort, et de la propagande bâbie, due à la plume d'un Persan originaire de Qazwin, Mirza Mohammed Djawad, et traduite en anglais sur le manuscrit original. Le rapport des évènements est d'autant plus intéressant, parce qu'il semble véridique, que l'auteur a été mêlé de près aux incidents qui marquèrent l'expulsion de Perse des Bâbis: il était avec eux à Bagdad, il les suivit à Andrinople, il était sur le même paquebot qui transporta Béhâ-oullah de Gallipoli à Caiffa, en route pour Saint-Jean-d'Acre où il devait être interné par le gouvernement ottoman à la demande de la Perse; il resta dans le lieu d'exil du pontife jusqu'à la mort de celui-ci, le 28 mai 1892.

Le second de ces documents est une correspondance émanée d'une

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