Slike strani
PDF
ePub

lui demaudai la permission d'admettre en tiers le Comte de Bombelles, qui a été antérieurement attaché à sa personne en qualité de Chambellan, qu'il honore de sa bienveillance et qui est d ailleurs destiné à accompagner ce Prince à Lisbonne, où il déployera le caractère de Ministre Plénipotentiaire et Envoyé Extraordinaire de Sa Majesté l'Empereur.-L'Infant y ayant consenti, nous eumes ensemble la conversation dont je vais vous rendre un compte succinct, mais

exact.

Je commençai par représenter à l'Infant, que nous avions perdu jusqu'ici un tems utile et précieux; qu'en Europe, et nommément en Portugal et en Angleterre, on ne saurait à quelle cause attribuer le retard prolongé qu'éprouvait son départ, que je ne pouvais me permettre de garder à cet égard plus long-tems le silence, surtout vis-à-vis du Cabinet Britannique, qui s'était si franchement réuni à l'Autriche dans les intérêts de l'Infant, et dont il était lui-même personnellement si intéressé à se concilier la bienveillance et l'appui. Je reproduisis alors à ce Prince les argumens et les considérations les plus propres à l'ébranler; je lui déclarai sans réserve que, dans sa position il n'avait que deux partis à prendre; ou celui de se décider à faire venir sur-lechamp un Vaisseau de guerre Portugais en Angleterre, où il se rendrait directement de son côté, pour s'y embarquer le plustot possible; ou celui d'attendre à Vienne les décisions ultérieures de l'Empereur Dom Pedro, auquel les Cabinets de Vienne et de Londres seraient dans le cas de faire part des motifs qui auraient engagé l'Infant à ne pas se soumettre sur le champ à ses ordres; j'ajoutai que, s'il se décidait pour la première alternative, j'était pret à expédier un Courier à Londres pour en informer le Gouvernement Britannique, et que, sans vouloir me permettre de préjuger ses décisions, je ne doutais point, qu'il ne se prêtât volontiers à seconder à cet égard ses désirs; je finis par rappeler à l'Infant le prix que mettrait l'Empereur à lui voir suivre avec confiance ses conseils qui lui avaient été jusqu'ici si utiles, et je ne lui dissimulai point, que Sa Majesté étoit profondément affectée de la résistance qu'il leur opposait.

Je ne tardai point à m'apercevoir que j'avois eu le bonheur de faire sur l'Infant une impression profonde; il était visiblement ébranlé, et, après quelques instans de réflexion, il céda enfin aux conseils de l'amitié et de la raison. Dès ce moment la conversation de l'Infant devint vive et animée, il s'exprima envers moi avec autant de franchise et de naturel, qu'il avait mis jusques là de reserve dans ses réIl me dit, qu'il était prêt à se rendre en Angleterre, pour s'y ponses. embarquer le plustôt possible sur un Vaisseau Portugais, qu'il donnerait en conséquence les ordres nécessaires, et qu'il me priait d'écrire de mon côté en Angleterre et en Portugal pour en presser l'exécution; qu'il croyait devoir à la Nation Portugaise et se devoir à lui même

de ne pas rentrer dans sa Patrie sous un autre Pavillon que sous le Pavillon Portugais. Dans le courant de cette conversation, il ne disconvint pas qu'il avait redouté de passer par l'Angleterre, parcequ'il savait qu'on y avait eu contre Lui de fortes préventions, et qu'il craignait d'y être mal reçu: il commença ensuite, spontanément, à me parler avec chaleur de la ligne de conduite qu'il se proposait de suivre à son arrivée à Lisbonne, et je fus surpris, je l'avoue, de la rectitude des principes et de la sagesse des vues qu'il me développa, avec un ordre et une clarté remarquables. La manière dont l'Infant s'est expliqué vis-à-vis de moi dans cette circonstance, ne me permet pas de douter, qu'il est dans les meilleures dispositions, et qu'il est non-seulement fermement résolu à maintenir la Charte, mais qu'il en sent même l'importance et la nécessité. En me quittant, il me pria de porter ses dernières déterminations à la connaissance de l'Empereur, ce que je m'empressai de faire, et il me demanda ensuite de vouloir bien m'oc cuper avec MM. les Ministres Portugais de toutes les dispositions relatives à son départ, ce que nous venons de faire, et ce dont j'aurai l'honneur de vous entretenir dans une Dépêche dont M. de Neumana sera porteur.

Tel est mon Prince, le récit fidèle de ce qui s'est passé ici avec l'Infant, depuis le moment de l'arrivée de M. de Villa Real; si la résistance, qu'il nous a opposée dans le principe, est regrettable sous le rapport surtout de la perte de tems qu'elle a entraînée, elle a d'un autre côté l'avantage de nous offrir une véritable garantie de la sin cérité des intentions de ce jeune Prince, qui n'a cédé que par conviction, et qui, du moment où il a été convaincu, a manifesté les dispositions les plus favorables, et les principes les plus conformes à nos vœux. C'est par un sentiment d'amour propre national peut-être exagéré, mais louable en lui-même, qu'il a tenu fortement à arriver à Lisbonne sur un Vaisseau Portugais, et sous ce rapport sa résistance est excusable. J'ai au reste mis tous mes soins à rassurer entièrement l'Infant sur la manière dont il serait reçu en Angleterre. Je lui ai promis que l'Empereur le recommanderais particulièrement à la bienveillance personnelle du Roi, et Sa Majesté m'a effectivement donné l'ordre de charger expressément Votre Altesse de mettre tous ses soins à préparer à ce jeune Prince un accueil favorable et bienveillant, tant de la part du Roi, que de celle de son Gouvernement.

Votre Altesse est autorisée à communiquer la présente Dépêche, sans aucune réserve, à M. le Principal Secrétaire d'Etat.

S. A. Monsr. Le Prince Esterhazy.

Recevez, &c.

METTERNICH.

(Sub-Enclosure B.)-PROTOCOLE.--Vienne, 20 Octobre, 1827.

De la part de
l'Autriche.

M. le Prince de
Metternich.

M. le Comte de
Lebzeltern.

M. le Chevalier

de Neumann.

M. le Comte Henri

de Bombelles.

PRESENTS:

De la part de
l'Angleterre.

M. l'Ambassadeur
d'Angleterre.

De la part de Son Altesse Royale l'Infant Dom Miguel:

M. le Baron de

Villa Secca.

M. le Comte de

Villa Real.

MESSIEURS les Plénipotentiaires Portugais ayant prié M. le Prince de Metternich de vouloir bien réunir une Seconde Conférence pour recevoir la communication des Lettres que Son Altesse Royale l'Infant avait écrites, et signées la veille, pour Sa Majesté l'Empereur Dom Pedro, son auguste Frère; pour Sa Majesté le Roi d'Angleterre ; et pour Son Altesse Royale l'Infante, Dona Maria Isabella, Régente du Portugal; dans lesquelles Lettres l'Infant, conformément à l'opinion du Cabinet de Vienne, prend la double qualité de Lieutenant et de Régent du Royaume, et le Prince de Metternich s'étant empressé de réunir la Conférence chez lui le 20 Octobre, selon le désir de MM. les Plénipotentiaires Portugais, ces Messieurs ont fait lecture des trois Lettres ci-dessus mentionnées, et en ont déposé au Protocole les Copies et les Traductions. On a payé généralement un juste tribut d'éloges à la sagesse, à la loyauté et à la rectitude de principes qui ont présidé à leur rédaction. Il a toutefois été observé que la Lettre de l'Infant à l'Empereur Dom Pedro, ne renfermait aucune réserve de ses droits personnels; qu'à Londres cependant ont avait pensé, que cette réserve serait désirable. Mais M. le Prince de Metternich a répondu: que l'Infant s'étant déjà explicitement réservé tous ses droits dans la Lettre qu'il a écrite à l'Empereur Dom Pedro, son Frère, en lui envoyant son serment à la Charte Portugaise, une seconde réserve seroit aujourd'hui superflue; qu'il étoit toutefois très naturel qu'en Portugal on attachât une haute valeur à cette question, qui se lie nécessairement à celles de la confirmation de l'Acte d'Abdication de l'Empereur Dom Pedro, de l'envoi de la jeune Reine Maria da Gloria en Portugal, et de la séparation totale et définitive des deux Couronnes: qu'on pouvait être au reste parfaitement tranquille à cet égard, vû que l'Autriche et l'Angleterre étaient pénétrées de l'importance de ne pas laisser plus long temps indécises des questions d'un si haut intérêt pour la tranquillité intérieure du Portugal, et que ces deux Puissances étaient déterminées à réunir leurs soins et leurs efforts pour en presser et en obtenir la décision à Rio Janeiro.

Les explications fournies sur cet objet par M. le Prince de Metternich ayant été trouvés pleinement satisfaisantes, on a reconnu que la réserve en question serait inutile.

MM. les Plénipotentiaires Portugais ont annoncé ensuite à Monsieur l'Ambassadeur d'Angleterre, que l'Infant avait prévenu les vœux de son Gouvernement en se décidant spontanément à adresser une seconde Lettre confidentielle et affectueuse à l'Infante, sa Sœur, pour la rassurer sur son avenir. Ces Messieurs ont ajouté, que l'Infant s'était également décidé à écrire, par duplicata, à l'Infante, sa Sœur ; que toutes ces Lettres étaient prêtes, signées et cachetées, qu'il ne leur restait par conséquent qu'à prier M. le Prince de Metternich de vouloir bien en presser l'expédition par la voie de Londres et de Madrid. M. le Prince de Metternich a donné l'assurance positive que ces deux expéditions partiraient dans le plus bref délai possible, et il a en conséquence engagé MM. de Villa Secca et de Villa Real à lui envoyer dans la journée de demain les Lettres de Son Altesse Royale ainsi que les Dépêches dont ces Messieurs pourraient désirer vouloir les accompagner.

MM. les Plénipotentiaires Portugais ont enfin observé, que l'appui franc et loyal qu'ils avaient constamment rencontré dans M. le Marquis de Rezende, pour toutes les questions relatives tant au départ de l'Infant qu'à la direction et à l'accélération du voyage de ce Prince, les avaient engagés à le tenir sommairement au courant de leurs transactions, et à le sonder sur le désir qu'il pourrait peut être avoir d'assister aux Conférences destinées à en consacrer le résultat; mais que M. l'Envoyé du Brésil leur avait répondu qu'il avait satisfait aux instructious de l'Empereur, Son Maître, en faisant connaitre franchement à l'Infant les intentions de son auguste Frère relativement à son départ et à son voyage; mais que, n'étant pas spécialement autorisé à prendre part aux Affaires du Portugal, ainsi qu'il l'avait annoncé dans une des réunions confidentielles antérieures, il avait préféré de ne point assister aux Conférences qui y étaient relatives.

En suite de cette déclaration il a été convenu de ne point inviter Monsieur le Marquis de Rezende à assister à la présente Séance, d'en clore le Protocole, de le soumettre, ainsi que celui de la Séance précédente, à la signature de Messieurs les Représentans d'Autriche, d'Angleterre, et de Portugal, de conserver les deux Protocoles originaux dans les archives de la Chancellerie de Cour et d'Etat à Vienne, mais d'en délivrer des Copies légalisées à Monsieur l'Ambassadeur d'Angleterre et à MM. les Plénipotentiaires Portugais.

METTERNICH.

LEBZELTERN.

NEUMANN.

H. DE BOMBELLES.

H. WELLESLEY.

CONDE DE VILLA-REAL
BARAO DE VILLA-SECCÀ.

(Annex 1 to Sub-Enclosure B.)-(Traduction.)

S. A. Royale Mgr. l'Infant Dom Miguel à S. M. P'Empereur du Brésil. Sire,

Vienne, le 19 Octobre, 1827. J'AI reçu le Décret que Votre Majesté Impériale et Royale Trèsfidèle a daigné m'adresser, en date du 3 Juillet, par lequel Votre

Majesté a bien voulu me nommer Son Lieutenant et Régent des Royaumes de Portugal, des Algarves, et de leurs Dépendances; et en me conformant aux déterminations souveraines de Votre Majesté, je m'occupai aussitot de faire les dispositions nécessaires pour me rendre à Lisbonne, afin de remplir les vues sages et paternelles de Votre Majesté, en gouvernant et régissant les dits Royaumes, conformément à la Charte Constitutionnelle que Votre Majesté a octroyée à la Nation Portugaise.

Tous mes efforts tendront au maintien des Institutions qui régissent le Portugal, et à contribuer, autant qu'il sera en mon pouvoir, à la conservation de la tranquillité publique dans ce Pays, en m'opposant à ce qu'elle soit troublée par des Factions, quelle que sit leur origine; Factions qui n'auront jamais mon appui.

Que le Ciel conserve les jours précieux de Votre Majesté, &c. S. M. Empereur du Brésil. L'INFANT DOM MIGUEL.

(Annex 2 to Sub-Enclosure B.)-(Traduction.)

Son Altesse Royale Mgr. Infant Dom Miguel à Son Altesse Royale Mde. l'Infante Régente du Portugal.

Ma chère Sœur, Vienne, le 19 Octobre, 1827. QUOIQUE je doive supposer, que vous êtes déjà informée de la résolution prise par Notre Auguste Frère et Roi, de me nommer Son Lieutenant et Régent des Royaumes de Portugal et des Algarves, et de leurs Dépendances, pour les gouverner conformément à ce qui se trouve prescrit dans la Charte Constitutionnelle, donnée par Notre Auguste Frère à la Nation Portugaise, je ne saurais toutefois me dispenser de vous annoncer, que j'ai reçu le Décret du 3 Juillet, de l'Année courante, en vertu duquel je me trouve pleinement autorisé à prendre possession de la Régence des susdits Royaumes.

Déterminé à maintenir intactes les Lois du Royaume et les Institutions octroyées légalement par Notre Auguste Frère, et que nous avons tous juré de maintenir et de faire observer, et de régir par elles les susdits Royaumes, ils convient que je déclare ainsi, afin que vous veuillez bien, ma chère Sœur, donner à cette déclaration solennelle la publicité requise, et que vous fassiez connaitre en même tems la ferme intention dans laquelle je me trouve de comprimer les Factions qui, sous quelque prétexte que ce soif, tendraient à troubler la tranquillité publique en Portugal; désirant que les erreurs et fautes passées qui auraient pu être commises, soient livrées à un entier oubli, et que la concorde et un esprit parfait de conciliation succèdent aux agitations déplorables qui ont désuni une Nation célébre dans les fastes de l'histoire, par ses vertus, sa valeur, sa loyauté et son dévouement à ses Princes.

Afin d'exécuter les intentions Royales de Notre Auguste Frère, je me dispose à retourner en Portugal, et je vous demande, ma chère Sœur, que sans aucune perte de tems vous fassiez préparer et partir pour le

« PrejšnjaNaprej »