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حكاية عجيبة ولما كنت بصين كلان سمعت أن بها شيخا كبيرا قد انان على مايتى سنة وانه لا ياكل ولا يشرب ولا يُحدث ولا يباشر النساء مع قوته التامة وأنه ساكن في غار بخارجها يتعبد فيه فتوجهت الى الغار فرايته على بابه وهو نحيف شديد للحمرة عليه اثر العبادة ولا لحية له فسلمت عليه فامسك يدى وشمها وقال للترجمان هذا من طرف الدنيا كما نحن من طرفها الآخر ثم قال لى لقد رايت عجبا أتذكر يـوم قدومك الجزيرة التي فيها الكنيسـة والـرجــل الذي كان جالسا بين الاصنام واعطاك عشرة دنانير من الذهب فقلت نعم فقال انا هو فقبلت يده وفكر ساعة ثم دخل الغـار فـلم

ANECDOTE ÉTONNANTE.

Lors de mon séjour à Sîn-calân j'entendis dire qu'il y avait dans cette ville un cheïkh très-âgé, ayant dépassé deux cents ans; qu'il ne mangeait pas, ni ne buvait, qu'il ne s'adonnait pas au libertinage, ni n'avait aucun rapport avec les femmes, quoique ses forces fussent intactes; qu'il habitait dans une caverne, à l'extérieur de la ville, où il se livrait à la dévotion. Je me rendis à cette grotte, et je le vis à la porte; il était maigre, très-rouge, ou cuivré, portait sur lui les traces des exercices de piété, et n'avait point de barbe. Après que je l'eus salué, il me prit la main, la flaira et dit à l'interprète : « Celui-ci est d'une extrémité du monde, comme nous sommes de l'autre bout. » Alors il me dit : « Tu as été témoin d'un miracle; te souviens-tu du jour de ton arrivée dans l'ile où il y avait un temple, et de l'homme assis entre les idoles, lequel t'a donné dix pièces d'or? » Je répondis: « Oui, bien. » Il reprit : « Cet homme, c'est moi. » Je baisai sa main, le cheïkh réfléchit un certain temps, puis il entra dans la caverne et ne revint plus vers nous. On au

يخرج الينا وكانه ظهر منه الندم على ما تكلم به فتعجـمنـا ودخلنا الغار عليه فلم نجده ووجدنا بعض اصحابه ومعه جملة الكاغد فقال هذه ضيافتكم فانصرفوا فقلنا له بوالشت من ننتظر الرجل فقال لو اقتم عشر سنين لم تروه فان عادته اذا إطلع احد على سر من اسرارة لا يراه بعده ولا تحسب انه غاب عنك بل هو حاضر معك فعجبت من ذلك وانصرفت فاعلمت القاضي وشيخ الاسلام واوحـد الـديـن السـنـجـاري بقضيته فقالوا كذلك عادته مع من ياتى اليه من الغرباء ولا يعلم أحد ما ينتحله من الاديان والذى ظننتموه احد اصحابه هو هو واخبروني أنّه كان غاب عن هذه البلاد نحو خمسين

rait dit qu'il éprouvait du regret de ce qu'il avait raconté. Nous fûmes téméraires, nous entrâmes dans la grotte pour le surprendre; mais nous ne le trouvâmes pas. Nous vîmes un de ses compagnons qui tenait quelques béouâlicht de papier (billets de banque, au singulier bâlicht), et qui nous dit: Voici pour votre repas d'hospitalité, allez-vous-en. » Nous lui répondîmes: Nous voulons attendre le personnage. ▸ Il reprit : « Quand même vous resteriez en ce lieu dix ans, vous ne le verriez pas. Or c'est son habitude de ne plus se laisser voir jamais par l'individu qui a connu un de ses secrets. » Il ajouta : « Ne pense pas qu'il soit absent; au contraire, il est ici présent avec toi.

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Je fus surpris de tout cela, et je partis; je racontai son histoire au kâdhi, au cheikh de l'islamisme et à Aouhad eddîn de Sindjâr. Ils dirent : « C'est là sa manière d'agir avec les étrangers qui vont le visiter; personne ne sait quelle religion il professe, et celui que vous avez cru être un de ses compagnons, c'était le cheïkh même. » Ils m'apprirent que ce personnage avait quitté cette contrée-là pendant cinquante

يوم

سنة ثم قدم عليها منذ سنة وكان السلاطين والامراء والكبراء یاتونه زائرين فيعطيهم التحف على اقدارهم وياتيه الفقراء كل فيعطى لكل احد على قدرة وليس فى الغار الذي هو به ما يقع عليه البصر وانّه يُحدّث عن السنين الماضية ويذكر النبي صلى الله عليه وسلّم ويقول لو كنت معه لنصرته ويذكر الخليفتين عمر بن الخطاب وعلى بن ابى طالب باحسن الذكر ويثني عليهما ويلعن يزيد بن معاوية ويقع في معاوية وحدّثونى عنه بامور كثيرة واخبرني اوحد الدين السنجاري قال دخلت عليه بالغار فاخذ بيدى فخيل لي اني في قصر عظيم وانه قاعد

années environ, et qu'il y était retourné depuis un an; que les rois, les commandants et les grands vont le visiter, et qu'il leur fait des cadeaux dignes de leur rang; que tous les jours les fakîrs, ou les religieux pauvres viennent le voir, et reçoivent de lui des dons proportionnés au mérite de chacun d'eux, bien que la grotte dans laquelle il demeure ne renferme absolument rien. Ils me racontèrent encore que ce personnage fait des récits sur les temps passés, qu'il parle du prophète Mahomet et qu'il dit à ce propos: Si j'eusse été avec lui, je l'aurais secouru. » Il cite avec vénération les deux califes: 'Omar, fils d'Alkhatthâb, et 'Aly, fils d'Aboû Thâlib, et il en fait un grand éloge. Au contraire, il maudit Yazîd, fils de Mo'âouiyah, et condamne le même Mo'âouiyah. Les personnes ci-dessus nommées me racontèrent beaucoup d'autres choses touchant ce cheïkh.

Aouhad eddîn de Sindjâr m'a rapporté à ce sujet ce qui suit : « J'allai le voir une fois, me dit-il, dans la caverne, et il prit ma main. Aussitôt je m'imaginai être dans un immense château, où le cheïkh était assis sur un trône; il me semblait

فيه على سرير وفوق راسه تاج وعن جانبيه الوصائف الحسان والفواكه تتساقط في انهار هنالك وتخيلت اني اخذت تفاحة لاكلها فاذا انا بالغار وبين يديه وهو يضحك منى واصابني مرض شدید لازمنی شهورًا فلم أعد اليه واهل تلك البلاد يعتقدون انه مسلم لاكن لم يره احد يصلى واما الصيام فهو صائم ابدا وقال لى القاضي ذكرت له الصلاة ) في بعض الايام فقال لى اتدرى انت ما اصنع ان صلاتي غير صلاتك وأخـبـاره كلّـهـا لقائه سافرت راجعا الى مدينة غريبة وفى اليوم الثاني من الزيتون وبعد وصولى اليها بايام جاء امـر القـان بوصولى الى

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que sur sa tête il portait une couronne, qu'à ses deux côtés étaient de belles servantes, et que des fruits tombaient sans cesse dans des canaux qui se voyaient dans cet endroit. Je me figurais que je prenais une pomme pour la manger; et voici que je m'aperçois que je suis dans la grotte, et que je vois le cheikh devant moi, riant et se moquant de ma personne. J'en fis une forte maladie qui me dura plusieurs mois, et je ne retournai plus rendre visite à cet homme extraordi

naire. »

Les habitants de ce pays-là croient que ce cheïkh est musulman; mais personne ne l'a jamais vu prier. Pour ce qui est de l'abstinence des aliments, on peut dire qu'il est toujours à jeun. Le kâdhi m'a raconté ceci: «Un jour, dit-il, je lui parlai de la prière, et il me répondit : « Est-ce que tu « sais, toi, ce que je fais? Certes, ma prière diffère de la tienne. » Toutes les circonstances qui regardent cet homme sont étranges.

Le lendemain de mon entrevue avec ce cheikh je partis pour retourner à la ville de Zeïtoûn, et, quelques jours après que j'y fus arrivé, on reçut un ordre du kân portant que

حضرته على البر والكرامة ان شئت في النهر وإلا ففي البر فاخترت السفر فى النهر فجهزوا لى مركبا حسنا من المراكب المعدة لركوب الامراء وبعث الامير معنا اصحابه ووجه لنا الامير والقاضى والتجار المسلمون أَزوادًا كثيرة () وسرنا في الضيافة نتغدى بقرية ونتعشى باخرى فوصلنا بعد سفر عشرة أيام الى مدينة تتجنغو وضبط اسمها بفتح القاف وسكون النون وفتح الجيم وسكون النون الآخر وضمّ الفاء وواو مدينة كبيرة حسنة في بسيط أفيح والبساتين تحدقة بها فكانها غُوطة دمشق وعند وصولنا خرج الينا القاضي وشيخ الاسلام والتجار ومعهم الاعلام والطبول والابواق والانغار واهل الطرب

j'eusse à me rendre dans sa capitale, défrayé de tout, et bien honoré. Il me laissait libre de voyager, soit par eau, soit par terre; je préférai m'embarquer sur le fleuve. On disposa pour moi un joli navire, un de ceux qui servent à transporter les commandants; l'émîr fit partir avec moi ses compagnons, et me fournit beaucoup de vivres; le kâdhi et les négociants musulmans m'envoyèrent aussi des provisions nombreuses. Nous voyageâmes comme hôtes du sultan, nous dînions dans un village, nous soupions dans un autre; et, après un trajet de dix jours, nous arrivâmes à Kandjenfoû. C'est une belle et grande cité, dans une plaine immense, entourée par des jardins; on dirait la campagne (Ghoûthah) qui avoisine la ville de Damas.

A notre arrivée, sortirent pour nous recevoir, le kâdhi, le cheikh de l'islamisme et les marchands; ils avaient des drapeaux, des tambours, des cors et des trompettes; les musiciens les accompagnaient. Ils nous amenèrent des chevaux,

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