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réelles dès qu'on leur adjoindra un double ». Or, l'examen des murs des tombes, montre que souvent on a gravé après coup, d'une main maladroite, des noms auprès de ces figures. « Ce sont, dit Maspero, de pauvres diables qui, désirant augmenter leur probabilité de survie, se sont enrôlés clandestinement parmi les clients du maître. En inscrivant leur nom auprès d'un des corps anonymes, ils lui ont attaché leur double et ils ont pris du service chez le défunt : désormais, et pourvu qu'on n'effaçât pas leur légende, ils s'acquittaient de la fonction que la figure représentait, ils en gagnaient le salaire, et ils recevaient de leur seigneur nouveau ce qui leur était nécessaire pour éviter l'anéantissement de leur être ».

L'usage des figurines en bois qui se généralise vers la fin de l'Ancien Empire est un exemple instinctif de la manière dont une idée religieuse, celle de la représentation de la vie d'outre-tombe sur les murs du tombeau, passe des hautes classes aux classes les plus inférieures. C'est, pour les petits, un procédé économique pour s'assurer après la mort non seulement la vie et la subsistance comme serviteurs du maître, mais bien une vie et une subsistance individuelles. On peut retrouver déjà à l'époque memphite les premières traces de cette évolution qui est entièrement terminée au Moyen Empire. A ce sujet Maspero esquisse une courte histoire des idées qui firent créer les statuettes et les scènes sculptées sur les murs du tombeau; il insiste en terminant sur ce fait qui finira peut-être un jour par être admis partout à force d'y insister, que les doctrines et les usages religieux de l'Égypte n'ont pas été plus immobiles que ceux de tout autre peuple. Dès qu'on y regarde de près, l'immobilité n'est qu'apparente et l'on entrevoit le moment où on pourra décrire nettement cette évolution progressive de la pensée religieuse égyptienne.

DIVINITÉS GRÉCO-ÉGYPTIENNES. RELIGION A L'ÉPOQUE GRECQUE ET ROMAINE. On aimera à trouver ici

quelques renseignements sur le fameux théâtre de marionnettes isiaques découvert par A. GAYET à Antinoé et qui a été l'objet de nombreux et enthousiastes articles dans la presse quotidienne. J'ai eu l'occasion de l'examiner lors de l'exposition de la Société française de fouilles archéologiques'; j'ai entendu la conférence donnée par Gayet au Cercle artistique de Bruxelles et j'ai en ce moment sous les yeux les photographies qui ont été publiées'. Il se peut que je me trompe, mais je tiens cependant à dire nettement mon avis à ce sujet il me semble que toute la partie en bois du théâtre et de la barque est moderne; l'instrument qui aurait servi à maintenir les fils pour faire manœuvrer les marionnettes n'est qu'un peigne à tisser comme on en trouve fréquemment dans les fouilles des sites de basse époque; la figurine centrale n'a rien qui permette de l'identifier à une Isis. Quant aux « panneaux ajourés qui semblent rappeler le souvenir des rives du Nil», il m'est impossible en toute bonne foi d'y voir autre chose que des fragments de décoration de coffrets; il en est de même d'ailleurs des Osiris, du perséa, du lotus et de l'épervier que je m'efforce en vain de reconnaître sur les photographies, bien que Gayet annonce pour ces dernières figures qu'elles sont plus facilement assimilables que les «< Osiris ». Gayet me permettra-t-il de le prier de publier pour les égyptologues la copie des inscriptions de Khelmis et de Glithias? Il serait utile d'avoir les textes que l'auteur transcrit : « ta shepsi hsikn Assar Antinou » (p. 16 du catalogue) et « Glithias on Slithias ta hest n outout n Assar Antinou » (p. 24). Les textes ont toujours été rares

1) Petit Palais des Champs-Elysées. Société française de fouilles archéologiques. Première exposition. Juin 1905. Catalogue sommaire. Paris [Leroux], 1905, 80, 55 pp.; les Acteurs des jeux olympiques d'Antinoé, dans la Renaissance latine, 15 octobre 1904, pp. 151-164; les dernières découvertes archéologiques faites en Égypte et le Théâtre de Marionnettes d'Antinoé, dans la Revue. Paris, 15 octobre 1904, pp. 420-430.

2) Chassaigne de Nerondes, le Théatre aux fouilles d'Antinoé, dans la Revue theatrale, juillet 1905; A Gayet, les Fouilles d'Antinoe, 1904-1905 dans la Nature, 12 août 1905, pp. 167-174 avec figures.

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dans les fouilles d'Antinoé et souvent Gayet a joué de malheur à cet égard. Ici « l'invocation à Isis (illisible) était ainsi faite au nom de Khelmis » (p. 16); une autre fois la sépulture était «< celle d'une femme dont le nom marqué sur le premier suaire, autant du moins qu'il m'a été possible de le déchiffrer, tant les fils servant à l'écrire étaient usés, m'a semblé être Euphemiâan (Catalogue 1900, p. 5). Pour Thaïs c'était <«< sur un enduit de stuc grossier, une inscription fort dégradée, tracée en rouge, et où il n'était guère possible de déchiffrer que le nom de atas» (Catalogue 1901, p. 17). Pour Leukyôné « les parois stuquées étaient recouvertes de peintures entièrement dégradées et d'inscriptions, au milieu desquelles le nom, isolé dans la niche de droite, était seul resté intact »> (Catalogue 1902, p. 30). Il y avait dans les pièces exposées au Petit Palais plusieurs objets curieux et qui auraient eu besoin d'être expliqués ainsi un vase en terre avec peintures de la XVIII° dynastie s'était égaré dans la tombe d'un conducteur de chars romain; une boucle d'oreilles en cornaline d'un type très fréquent à la XVIII dynastie était qualifiée boucle isiaque; un double vase de l'époque de la XVIII dynastie portait la troublante étiquette «< Vase double pour la libation de l'eau de l'inondation et de l'eau de l'Api1».

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A. MALLON' publie un petit bas-relief portant la figure d'un sphinx et appartenant au Collège de la Sainte Famille au Caire. Il fait connaître en même temps six monuments analogues du musée du Caire. Les sphinx marchent tous à droite, cinq d'entre eux foulent aux pieds un serpent, trois présentent une tête de crocodile émergeant de leur poitrine. Ces curieuses représentations appartiennent à l'époque

1) Voir pour ce type de vase dans une tombe inviolée de la XVIII• dynastie J. E. Quibell, a Tomb at Hawaret el Gurob, dans les Annales du Service des Antiquités de l'Egypte, II, 1901, pp. 141-143 et deux planches.

2) Alexis Mallon, Bas-relief de sphinx, dans la Revue archéologique, 4 série, V, pp. 169-179 avec 9 figures.

romaine et les monnaies permettent de les dater de la première moitié du 11° siècle de notre ère.

LA BIBLE ET L'ÉGYPTE. J. H. BREASTED1 a retrouvé sur la liste géographique de Sheshonk I à Karnak la plus ancienne mention d'Abraham en Égypte dans le nom d'une localité syrienne appelée « le champ d'Abram ».

Je ne puis que signaler en passant le livre de HERM. Jos. HEYES' sur la Bible et l'Égypte.

DESTRUCTION DU PAGANISME EN ÉGYPTE. A GAYET' donne en son style alambiqué des impressions d'Égypte qui, peut-être, satisferont le public de lecteurs oisifs, mais qui ne pourront manquer de déplaire à tous ceux qui chercheraient en son livre des documents nets et précis sur des sites peu connus de l'Égypte. L'auteur décrit les demeures des anachorètes et cherche le secret de leur mentalité dans le milieu ambiant et dans les souvenirs du passé antique. Il parle fréquemment de l'influence de la religion pharaonique sur les moines égyptiens. Je lis à la page 51, à propos d'une

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1) H. Breasted, The Earliest Occurence of the name of Abram dans l'American Journal of Semitic Languages and Litteratures, XXI, 1904, pp. 22-36 avec 3 figures.

2) Herm. Jos. Heyes, Bibel und Aegypten. Abraham und seine Nachkommen in Aegypten. 1 Theil. (Gen. Kap. 12-41). Münster, Aschendorf'sche Buchhandlung, 1904. Compte rendu par A. Moret, dans le Journal des Savants, nouvelle série, 3e année, 1905, pp. 571-572.

3) A. Gayet, Coins d'Egypte ignorés. Paris, Plon, 1905, 12, 303 pp.

4) En voici un exemple: p. 218: « Un autre problème, plus grave encore, vient se greffer sur cette question. Celui de l'adaptation des formes premières de l'imagination, à des formules qui leur seraient contraires; de la déformation de ces formules sous l'effet de cette irréductibilité et de la dégénérescence qu'elles détermineraient chez l'individu, sous l'action de l'ambiance » ou encore p. 211 « L'éternité radieuse de la dogmatique pharaonique se trouvait être l'envers de la mobilité douloureuse de la croyance évangélique ».

5) Par exemple: p. 217 : « Oui, cette vision des poissons, debout sur les eaux m'était apparue comme l'explication du mysticisme qui prévaut chez les ascètes d'Antinoé ».

beau) me dirait la magie, les pratiques des sciences restées, dans toute l'antiquité, maudites... Et cependant, malgré tout, l'impression se faisait irrésistible, que cette douce image, ces objets élégants s'étaient trouvés associés à une existence inquiète; qu'aux mains de cette enfant au fin visage, ce miroir avait servi à des cérémonies défendues, et s'était trouvé associé à des événements tragiques, dont sa glace, à l'étamage usé, avait conservé comme de glauques reflets. Oui, tout cela, j'en avais eu de suite la sensation... et j'attendais les controverses, bien décidé pour cette fois, à me mêler aux polémiques... Un hasard vint, juste à point, me préciser cette vision lointaine, non plus fugitive, extrême, mais avec une acuité intense de mirage. Et c'est elle que je voudrais transcrire fidèle, tant elle peint, de façon indélébile, ce monde de maléfices antiques, si peu connu, ou, pour mieux dire, si mal connu.

<< Intrigué par l'emploi des miroirs magiques, j'avais prié l'un des princes de l'occultisme de venir examiner celui de Myrithis et de me donner son avis... Déjà je désespérais de pouvoir étayer une interprétation documentée, à cette source irrécusable, quand, en se retirant, mon interlocuteur me dit: « Je vous enverrai M. X..., c'est l'un de mes meilleurs élèves. Nul ne l'égale en psychométrie, et vous n'aurez qu'à lui mettre en main chaque objet. Sa sensibilité nerveuse est telle qu'il voit tous les événements auxquels ceux-ci ont été mêlés. » M. X. explique d'abord son truc : « La cellule cérébrale vibre à raison de cinquante-quatre pulsations par seconde. A ce chiffre, la vision ne peut se ranimer. A des gens qui, comme moi, ont plus de cent pulsations cérébrales, il suffit d'appliquer un fragment quelconque sur le front, pour que la pensée s'identifie les atomes vivants sur les surfaces... » Puis vient la première vision... « Après quelques minutes de silence, je lui tendis le miroir, et anxieusement attendis. La première sensation me rassura vite. A peine avait-il pris ce miroir en main, que ses traits se contractèrent, un battement d'yeux convulsif trahit une émotion pro

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