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canoniques. L'auteur du IV Évangile a pu la connaître par ailleurs et même s'il a connu nos autres évangiles du Nouveau-Testament, comme il semble probable, il a écrit le sien justement parce qu'il trouvait ceux-ci et leurs congénères tout à fait insuffisants et terre à terre.

JEAN RÉVILLE.

CARLO PASCAL. Seneca. Catane, librairie Battiato, 1906, vi-87 pages.

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Dans une conférence faite en avril dernier, M. Pascal a entrepris de défendre Sénèque et de le réhabiliter, de montrer que les accusations de lâches compromissions et d'odieuses vilenies dirigées contre lui étaient calomnieuses, que le contraste qu'on prétend souvent relever, après Cassius Dion, entre ses doctrines et ses actes n'avait pas été aussi vif qu'on se plaît parfois à le dire : le jugement traditionnel doit être révisé; l'opinion commune, abandonnée et Seneca ci può comparire sotto una luce migliore (p. 6-7). C'est cette conférence que M. Pascal publie aujourd'hui (p. 3 à 31). Dans les quelques chapitres qu'il y a joints, l'auteur discute des points de détail et essaie de justifier Sénèque de sa pretesa viltà. Le fond de la thèse est celui-ci : les deux historiens qui ont discrédité le philosophe, Tacite et Cassius Dion, sont suspects; l'un et l'autre ont recueilli leurs insinuations et leurs griefs contre Sénèque dans les Histoires, aujourd'hui perdues, de Pline l'Ancien, qui avait lui-même pour source Publius Suilius, ennemi acharné de Sénèque, homme de caractère méprisable. Par malheur pour le maître de Néron, l'ouvrage de Fabius Rusticus, qui contenait sa défense et que Tacite a systématiquemeut écarté, a péri et nous n'entendons plus que la voix de ses détracteurs. Il faut donc se garder d'ajouter foi aux allégations de Tacite et de Dion et se prémunir contre leurs informations hostiles; en ce qui concerne Sénèque, il est nécessaire de critiquer leur récit, ici de le rejeter, là de ne l'accepter qu'avec réserves : en usant de ces précautions, on se convaincra, dit M. Pascal, que Seneca, se non fu un uomo moralmente perfetto, fu però in gran parte vittima di quella grande menzogna convenzionale, che si chiama la giustizia della storia (p. vii).

A. MERLIN.

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ALICE GARDNER. Theodore of Studium. His life and times, in-8° de XII-284 p., illustrations, appendices, index. Londres, 1905.

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Après les études de Hergenrother, de Schwarzlose, de Carl Thomas et de l'abbé Marin, miss Gardner présente en un volume d'agréable aspect, agrémenté de vues de Constantinople une étude complète sur la vie et l'œuvre du farouche défenseur de l'iconolâtrie. Elle retrace la vie du fameux abbé, son éducation, surveillée par des parents distingués, sa vocation monastique, puis

son activité fiévreuse, interrompue par trois exils et ses démêlés avec le pouvoir civil. L'auteur a bien mis en lumière le trait dominant de cette forte individualité qui met l'idéal monastique au-dessus de tout. Peut-être aurait-il été utile d'insister davantage sur l'organisation de la communauté de Studion et de marquer les différences entre la vie monacale du célèbre monastère et les autres règles monastiques de l'époque. L'auteur voit aussi avec raison en Théodore un partisan du rapprochement entre l'Orient et l'Occident; mais en ce qui concerne les rapports de Charlemagne et de l'impératrice Irène, il eût été nécessaire, pour aller au fond de la question, d'utiliser l'ouvrage de M. Kleinclausz sur l'Empire carolingien; de même, à propos de la controverse iconoclaste, le traité du patriarche Nicéphore, analysé par Anselme Banduri, l'aurait amenée à distinguer l'iconoclastie doctrinale ou religieuse de l'icono-. clastie pratique ou politique (v. à ce sujet D. Serruys, Les actes du concile iconoclaste de l'an 815 dans Mélanges d'archéologie et d'histoire, t. XXIII, p. 345. 351).

Un des chapitres les plus intéressants est celui consacré à la correspondance privée de Théodore. Ces lettres, où se reflètent son enthousiasme, son souci d'attirer à lui les hésitants et d'encourager ses frères aux pratiques ascétiques, contiennent aussi de curieux détails sur les mœurs de l'époque et les relations sociales à Byzance. C'est ce même enthousiasme qui lui a inspiré ces hymnes et ces canons, qui sont parmi les plus beaux de la liturgie byzantine.

L'auteur montre enfin la place importante qu'occupe l'abbé de Studion dans la calligraphie, son souci de copier ou de faire copier en minuscules ces nombreux manuscrits dont plusieurs sont aujourd'hui dispersés dans les bibliothèques.

Si parfois la documentation laisse à désirer, ce livre n'en reste pas moins intéressant et - c'est là son originalité nous révèle tous les côtés de la vie de cet ascète passionné, qui, au milieu des vicissitudes d'une vie troublée, n'a pas cessé de répandre ses idées, de chanter et d'écrire.

J. EBERSOLT.

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Moïse SCHWAB. Rapport sur les inscriptions hébraïques de la France. Paris, 1905, in-8°, 260 pages (forme le fascicule 3 du t. XII des Nouvelles archives des missions scientifiques et littéraires, choix de rapports et instructions publié sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique et des beaux-arts).

En 1897, le Congrès des sociétés savantes tenu à Paris, inscrivait au programme de la section d'archéologie : « Rechercher les épitaphes, inscriptions de synagogues, graffites, en langue et en écriture hébraïques, qui n'ont pas encore été signalés, ou imparfaitement publiés jusqu'à présent ».

Cet appel ne fut pas entendu. Il en avait été de même de pareilles invites adressées par l'Académie des Inscriptions, antérieurement à 1897.

M. Schwab, bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale, a bien voulu mettre au service de la science sa profonde connaissance de l'hébreu pour recueillir, publier et rééditer les textes monumentaux. épars sur le sol français, et en constituer un Corpus appelé à rendre les plus grands services à l'onomastique hébraïque médiévale.

Dans une introduction hien documentée, M. S. passe en revue les différents endroits d'Europe possédant des inscriptions hébraïques : Rome, Naples, Venise, Trieste, Bâle, Zurich, Ulm, etc.

Il observe très justement que la Bible est très sobre de renseignements sur l'usage des anciens Hébreux d'ériger des pierres tumulaires à leurs morts. Jacob plaça une pierre tumulaire sur le tombeau de Rachel. Absalon fut enseveli <«< sous un monceau de pierres » par les gens de Joab. Avec Ézéchiel et les auteurs de la décadence apparaît le terme de signe, 73, pour désigner un monument sépulcral.

L'exemple des Egyptiens, des Assyriens, des Phéniciens, ne pousse pas les anciens Hébreux à orner leurs chambres sépulcrales de motifs ornementaux ou de simples inscriptions. Ce n'est qu'au moyen âge que les Juifs se décident à imiter leurs contemporains et à faire graver des pierres pour perpétuer le nom et la mémoire de leurs morts.

M. S. termine l'introduction de son livre par une digression sur quelques coupes à inscriptions magiques, dont deux sont conservées au Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale; sept autres sont au Louvre, une chez M. Feuardent et deux à Cannes.

L'ouvrage lui-même comprend trois chapitres. Dans le premier, l'auteur s'occupe des inscriptions du haut moyen âge en France et débute par l'inscription de Narbonne, du vii° siècle; il commente ensuite les textes d'Auch, d'Arles, de Vienne-en-Dauphiné, de Hammam-Lif.

La deuxième période, renfermée dans le chapitre II, contient les textes du XIIe au XIVe siècle. C'est le morceau de résistance du livre, tant par la quantité des textes publiés que par la riche moisson de noms propres juifs qui viennent enrichir l'onomastique hébraïque de cette époque.

Le chapitre III s'occupe de la Renaissance et des temps modernes. Le lecteur passe successivement de Bretagne à Constantine, à Alger et à Tlemcen.

L'ouvrage se termine par un appendice et un index alphabétique.

Les textes publiés par M. S. présentent une certaine monotonie. Les formules varient peu de l'une à l'autre. Néanmoins il était important de recueillir ces documents hébraïques de la France, qui, avec Rome, constituent la collection la plus riche et la plus ancienne du genre. M. S. ne redoutant pas les fatigues d'un long voyage a fait cette année pour l'Espagne ce qu'il avait fait précédemment pour la France. Il a rapporté de la péninsule ibérique des textes plus jeunes, plus variés de forme, plus riches d'inspiration poétique, qu'il se propose

également de publier. Puisse ce deuxième recueil d'inscriptions bientôt paraître et apporter sa nouvelle contribution aux études hébraïques en France!

F. MACLER.

FELICIAN GESS. - Akten und Briefe zur Kirchenpolitik Herzog Georg's von Sachsen. - Leipzig, Teubner, 1905, LXXXVIII-848 p. gr. in-8. Prix: 36 fr. 25.

La Commission royale d'histoire saxonne, à laquelle on doit déjà plusieurs volumes importants pour l'histoire de l'Allemagne au xvi siècle' vient de mettre au jour un nouveau recueil de pièces de dimensions respectables, les Documents et correspondances relatifs à la politique ecclésiastique du duc George de Saxe. Ce volume de plus de 900 pages, édité par M. Félicien Gess, n'est que le premier de l'ouvrage et sera suivi de deux autres.

De même que les électeurs de la branche ernestine de la maison de Wettin, Frédéric le Sage, Jean le Constant, Jean-Frédéric le Confesseur, ont été les représentants du lutheranisme naissant, triomphant puis vaincu, de même le duc George, de la branche albertine, a joué un certain rôle dans l'histoire du Saint-Empire comme dernier champion de l'Église catholique dans les domaines de sa maison. Le règne de George de Saxe commence, à vrai dire, dès l'année 1500. Mais M. Gess, l'éditeur de notre recueil, ne devant s'occuper que de la politique ecclésiastique de son personnage, n'avait aucun motif pour publier des documents antérieurs à l'année 1517, début de la grande crise religieuse. On trouvera d'ailleurs dans son introduction, três consciencieuse et très détaillée, tous les renseignements désirables sur l'état religieux et moral des populations et du clergé régulier et séculier du pays, au commencement du xvi° siècle et à l'avènement du duc. Cette introduction divisée en quatre chapitres, nous raconte successivement la grande visitation des couvents ordonnée par le duc, la tentative sérieuse de réforme monastique, que fit le duc George à la suite de cette enquête; puis elle nous expose la situation des territoires saxons au point de vue de la juridiction ecclésiastique, des abus criants qui en résultaient, la conduite des prêtres séculiers. Elle entre dans le détail de la politique suivie par le souverain dans la question du trafic des indulgences et les longues querelles engagées avec le clergé thuringien sur les subsides que réclamait ce dernier.

Avec quelle patience couronnée de succès M. Gess a exploité les archives de Dresde, de Leipzig, de Weimar, de Marbourg, etc., on peut en juger, en

1) Notamment les curieux rapports de Jean von der Planitz à son maître sur le Reichsregiment de Nuremberg (1521-1523) et la correspondance de l'électeur Maurice de Saxe (vol. I-II) éditée par M. E. Brandenburg.

2) Un détail curieux à relever, c'est le nombre de curés qui tenaient alors des débits de vin et de bière.

constatant que le premier tome de son recueil, si volumineux, n'embrasse pourtant qu'une période de sept années (1517-1524). Peut-être plus d'un de ses lecteurs trouvera-t-il même qu'on lui fournit des matériaux, bien au delà du nécessaire, pour étudier les convictions individuelles et les, mesures administratives d'un prince, d'ordre secondaire après tout. Mais il ne faut point oublier que la Commission royale poursuit un but régional, dans une certaine mesure, et que beaucoup de ces pièces, sans intérêt majeur pour l'histoire générale de l'Allemagne, seront très utiles aux travailleurs qui s'occupent de l'histoire locale. On comprend donc fort bien que le gouvernement saxon, ayant accordé des fonds pour le dépouillement des archives, ait préféré que ce dépouillement fût intensif; on a même reproduit ici certains documents déjà mis au jour, mais trop mal édités ou comme perdus dans des ouvrages rares ou des revues peu répandues.

C'est un total de 772 pièces que nous fournit M. Gess. Naturellement il ne peut être question d'énumérer ici tous les documents (lettres princières ou épiscopales, rapports administratifs, enquêtes, suppliques, procès-verbaux, etc., qui présentent, soit au point des idées, soit à celui des mœurs, un intérêt plus considérable. Je me bornerai à citer quelques-unes des pièces qui m'ont paru les plus caractéristiques, en ce qu'elles témoignent de la spontanéité du mouvement des populations vers la Réforme, qui, malgré les ordres sévères du duc et les efforts de ses fonctionnaires, se produit d'assez bonne heure sur certains points tout au moins des territoires albertins. Ainsi, p. 217-226, le rapport du bailli Barthélemy Prassler envoyé à Doebeln, en décembre 1521, pour enquêter, de concert avec le sire Thomas von der Heyde, sur les faits et gestes de Jacques Seidel, curé de Glashütte, «< grand martinien ». P. 253-255, M. G. nous communique un curieux poème satirique, composé à Dresde même, capitale du duché, par un nommé Job Weissbrot, dès janvier 1522. P. 258-259,

je relève, comme curieux tout au moins au point de vue des mœurs, le langage à la fois insolent et obscène dont usent les commères de Dresde, le jour de la fête des Trois Rois 1522, à l'égard du clergé catholique. - P. 304-306, on trouvera une supplique de Luc Leder, curé d'Oschatz, adressée à l'évêque Jean de Meissen, au mois d'avril de cette même année, pour lui dépeindre les avanies coutinuelles et les insultes auxquelles il est exposé, de jour et de nuit, de la part des bourgeois de la localité, sans que le Magistrat consente à le protéger. - P. 348, je relève la plainte du curé Hasner, de Delitzsch, contre son maître d'école Zymber, qui, « à la grande honte du clergé » se permet de faire des prêches au cimetière de la commune (1er septembre 1522). — En 1524 une pétition de cent cinq bourgeois de Leipzig ose réclamer au Magistrat la nomination d'André Bodenschatz, prédicant à tendances novatrices, à l'une des cures de la ville (p. 628). Mais le duc fait savoir aux impétrants qu'ils doivent laisser le choix de leurs prédicateurs à ceux qui y sont appelés par les lois canoniques. et s'appliquer, pour leur compte, « à vivre chrétiennement et non à la luthérienne » (p. 648). On pourrait citer encore, comme documents suggestifs, le

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