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Pas d'impartialité non plus. Il est certain que les premières communautés chrétiennes ne furent pas toujours à l'abri des scandales; mais l'auteur en fait des foyers d'immoralité qu'entretenait, soit le mélange des sexes dans les agapes fraternelles, soit la facilité et la largeur du pardon chrétien. Les Juifs seuls détenaient le « record» de la vertu! Il est certain que les débuts du christianisme furent lents; mais ce n'est pas en rabaissant à plaisir les origines de la religion nouvelle que l'on grandira le rôle du judaïsme. Si le christianisme est partout dépeint sous son plus mauvais jour, son grand propagateur, l'apôtre Paul, est persiflé comme on persifle un pauvre diable d'utopiste qui s'est mis le doigt dans l'œil et dont les doctrines ont excité follement les incendiaires qui alimentèrent l'incendie de Rome sous Néron. L'auteur consacre bien des pages à saint Paul; dans son dernier chapitre, il lui adresse même longuement la parole en le tutoyant familièrement.

La phrase toujours prolixe, est tantôt dithyrambique, comme dans l'apologie du Talmud (p. 34), tantôt recherchée, ampoulée, émaillée de tournures archaïques, tantôt toute fleurie d'images plus ou moins poétiques et d'évocations sentimentales où domine le souvenir traditionnel des charmes de la femme orientale. En somme, le style sent la tribune, tout comme le livre, dans son ensemble, trahit le plaidoyer. On sent que M. Ottolenghi est avocat de profession.

Les sources enfin que l'auteur cite sont parfois d'une autorité scientifique douteuse. Pour ne citer qu'un exemple, Quo Vadis de Sinkiewicz est un beau roman, mais ne sera jamais un document que citeront les savants à l'appui de leurs opinions.

Il y a du bon, pourtant, dans les « Voix d'Orient », des pensées justes et, après tout, l'auteur a raison de revendiquer le rôle indéniable d'Israël et de l'Orient (Arabes) en Occident. Mais ces bonnes choses sont noyées dans une mer d'exagérations et d'inexactitudes.

TONY ANDRÉ.

Sinuthii archimandritae vita et opera omnia, edidit JOHANnes Leipoldt, adjuvante W. CRUM. Paris, Ch. Poussielgue; 1906 (Corpus Script. Christ. Orient., Scriptores Coptici; sér. II, tome II, fasc. 1). Prix : 5 fr. 50.

On sait le rôle important attribué à l'influence de l'abbé Snoudi dans l'histoire du monachisme égyptien. Les travaux de M. Amélineau, sur lesquels nous aurions des réserves à faire, ont largement contribué à le faire connaître chez nous, et une très remarquable étude de M. Leipoldt (Schenute von Atripe und die Entstehung des national ägyptischen Christentums), publiée à Leipzig en 1903 (Collection Harnack), a montré tout l'intérêt qui s'attache à l'étude de la vie et des œuvres de ce personnage. M. Leipoldt n'a cessé depuis lors de consacrer ses labeurs et sa science à la préparation d'une édition critique de tout ce qui

nous est parvenu des ouvrages du célèbre archimandrite. Il a la bonne fortune d'avoir à sa disposition, outre les manuscrits des bibliothèques publiques, un certain nombre de pièces importantes conservées dans des collections particulières et dont le monopole lui est réservé, de sorte qu'il peut se flatter d'être actuellement le seul orientaliste en mesure de donner une édition aussi complète que possible de ces ouvrages, qui n'occuperont pas moins de sept volumes du Corpus Scriptorum Christ, orient. La collaboration de M. Crum contribuera à la bonne exécution et à l'activité de cette édition. Le premier volume doit renfermer tous les documents relatifs à la vie de Snoudi. Le fascicule qui vient de paraître comprend tout d'abord la Vie de Snoudi, écrite en dialecte saïdique par son disciple et successeur, Besa, mais conservée seulement (à part quelques fragments sans importance) en dialecte bohaïrique, M. Amélineau avait déjà publié ce document (Monuments pour servir à l'hist. de l'Égypte chrétienne aux Ive et ve siècles); M. Leipoldt a tenu à noter en marge toutes les divergences entre ses lectures et celles du premier éditeur. Il y a, à notre avis, dans cette manière de procéder quelque chose d'excessif. L'édition d'un texte n'implique point l'obligation de rectifier les éditions antérieures. A la suite de ce document on trouve un fragment du Synaxaire (également en dialecte bohaïrique) où il est question de l'abbé Snoudi et de l'abbé Pidshimi; un fragment de l'histoire de l'eunuque Sisinnius; enfin quelques vers composés en l'honneur de Snoudi.

Tous ces documents sont édités avec un soin méticuleux et de manière à satisfaire aux exigences de la critique la plus rigoureuse. Ils sont imprimés avec un très élégant caractère cursif, nouvellement gravé par l'Imprimerie Nationale et employé pour la première fois dans cette publication.

La traduction latine de ce volume ne tardera pas à paraître.

J.-B. CHABOT.

A. SOUTER. A Study of Ambrosiaster (Vol. VII, n° 4 des Texts and Studies). Cambridge, 1905, 267 p., in-8°.

Je m'excuse d'abord du retard, d'ailleurs involontaire, que j'ai mis à parler de l'intéressant travail de M. Souter. La question qu'il agite est posée depuis longtemps il s'efforce, en effet, de refaire un état civil à ces mystérieux Commentaria in tredecim epistolas Beati Pauli qui, avant Erasme, étaient communément attribués à S. Ambroise (d'où leur nom, l'Ambrosiaster) et exercent, depuis tantôt quatre siècles, la sagacité des érudits. M. S., en examinant le problème à son tour, s'est placé surtout au point de vue philologique. Il développe ses intentions et son plan dans son Introduction. En somme, il retient trois points, dont l'examen forme la substance de son livre: 1° l'auteur des Commentaria est le même que celui des Quaestiones Veteris et Novi Testamenti; cette proposition, déjà admise par bon nombre d'érudits, est démontrée

par une minutieuse comparaison entre les deux écrits, quant à leur fonds, à leurs citations de l'Écriture, à leur style, à leur langue, à leur doctrine ; 2o cet auteur, qui n'est ni Ambroise, ni Ililaire de Poitiers, ni Hilaire de Rome, ni l'Espagnol Faustin, comme le soutint naguère Langen, ni même le Juif converti Isaac, comme le crut d'abord D. Morin, serait, suivant la seconde opinion du même, un certain Decimius Hilarianus Hilarius, notable laïque africain de la fin du ive et du début du ve siècle; 3° le texte biblique dont se sert l'Ambrosiaster n'est pas celui de la Vulgate, mais une version pré-hiéronymienne. M. S. lui consacre la dernière partie de son étude, qui constitue une bonne contribution à l'histoire de la Bible latine. L'ensemble du travail est une excellente introduction à une édition critique de l'Ambrosiaster et des Quaestiones. CH. GUIGNEBERT.

Dr WILH. ENGELKEMPER. Die religionsphilosophische Lehre Saadja Gaons über die hl. Schrift. Aus dem Kitâb al Amânât wal i'tiqâdât übersetzt und erklärt Münster, 1903. In-8°, vi-74 pages (forme le fasc. 4 du t. IV des Beiträge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters. Texte und Untersuchungen).

Il fut, au moyen âge, une époque où la philosophie religieuse, honnie par les chrétiens, persécutée par les mahométans, trouva un asile assuré chez les Juifs. Cette ère, qui s'ouvre au xe siècle, vit fleurir dans le sein du judaïsme des champions dévoués du libre examen, qui, ne redoutant ni les persécutions ni le bannissement, luttèrent pour la liberté de la pensée et préparèrent son avènement dans les siècles suivants.

Parmi ces soldats de la première heure, il faut citer Saadia, originaire de Fayoum en Égypte, gaón (= Excellence) de l'Académie de Sora en Mésopotamie (892-942). Ses œuvres ont déjà été l'objet de plusieurs travaux et de bonnes traductions, dus à des autorités scientifiques d'Europe; écrites premièrement en arabe, elles furent transcrites en hébreu, puis en allemand, en français, etc. Saadia, dont un des postulats peut se formuler ainsi : tout Israélite, non seulement a le droit, mais le devoir d'examiner ses croyances religieuses, assura à son nom une renommée durable par deux ouvrages qu'il composa à Fayoum, le Séfer Yesira en 931 et l'Amánát en 933. Si ce dernier le classe parmi les théologiens célèbres de son temps, le Séfer Yesira nous le révèle au contraire comme un parfait théosophe. Il s'occupa également de cosmographie, admettant que la terre est ronde et se livrant à des calculs sur la marche des astres, ce qui dénote chez lui un esprit encyclopédique, avide de connaître le plus possible.

Le Kitâb al-Amânât, titre que l'on traduit généralement par : Livre de la foi et de la science, est divisé en dix traités où l'auteur traite successivement les sujets suivants: Toutes les choses sont créées; le créateur des choses est Un;

sur le commandement et la défense; sur l'obéissance et la désobéissance; les bonnes et les mauvaises actions; sur l'existence de l'âme, la mort, et ce qui s'ensuit; la revivification des morts dans ce monde; la rédemption; la récompense et le châtiment dans l'autre vie; la meilleure manière de vivre sur cette terre.

Les deux premiers traités de l'Amânat ont été traduits de l'hébreu par Phil. Bloch, M. Engelkemper, en traduisant le troisième traité sur l'original arabe, complète l'œuvre commencée par ses devanciers. C'est un genre de travail qui se rapproche également du domaine de la philosophie et de celui de l'exégèse sacrée. M. E. fait précéder sa traduction d'une table analytique très détaillée où le lecteur peut déjà se faire une idée du contenu de l'ouvrage, et d'une introduction où sont passées en revue les différentes versions qui ont été données de l'ouvrage de Saadia.

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Le III traité le commandement et la défense (vom Gebot und Verbot) représente à lui seul un exposé systématique de la pensée de Saadia; l'auteur discute les questions capitales qui le placent au premier rang des exégètes et M. Engelkemper estime que l'on peut considérer ce traité, dont il donne une traduction annotée, comme une «< introduction systématique à l'étude de la Sainte Écriture »>.

F. MACLER.

N. TAMASSIA,

S. Francesco d'Assisi e la sua leggenda.
Verone, Fr. Drucker, 1906, 1 vol. in-12 de x1-217 pages.

Padoue et

M. N. Tamassia est surtout un canoniste, mais il possède des sources historiques du moyen âge une connaissance très étendue et très critique qui paraît à chaque page de ce petit volume et fait des notes de tel de ses chapitres (surtout du premier: S. Francesco e l'eta sua) un répertoire précieux pour l'histoire de la civilisation chrétienne aux x et xe siècles. Après tant d'autres et mieux que beaucoup d'autres M. N. T. eût donc pu écrire une histoire de saint François et de son temps pourtant cette histoire n'est dans ce livre que le prétexte d'une étude sur Thomas de Celano. Ce biographe du saint d'Assise avait eu fort à souffrir de la critique de M. P. Sabatier; M. N. T. reconnaît les plagiats que décèle un examen attentif de son œuvre, mais il s'attache à montrer en même temps l'historicité d'une grande partie de cette œuvre. et aussi (et c'est ce qui fait l'intérêt de ce livre plein d'idées) l'idéal monastique, le traditionnalisme qui se dégage du récit de Celano. Il a ajouté ou retranché dans la biographie de son maître afin d'en faire une sorte de figure accomplie du moine selon l'esprit des Pères du Désert et de saint Benoît. Cet art de Thomas de Celano, M. T. en rencontre le chef-d'œuvre dans le Speculum Perfectionis que constitue à ses yeux la seconde vie. M. P. a écrit sur « l'esprit de simplicité » antérieurement à saint François des pages élégantes et précises

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qui détruisent à jamais la légende qui fait du Poverello le premier « simpie qu'ait connu l'Eglise, et l'utilisation du sixième livre de Césaire de Heisterbach est une de ces idées historiques qui paraissent toutes naturelles mais qu'encore il fallait trouver.

P. ALPHANDERY.

J. G. FICHTE. — The Vocation of Man. Trad. par W. Smith, avec introduction biographique par E. Ritchie. Coll. des Philosophical Classics Religion of Science Library, no 69). - Chicago, Open Court publishing Company, 1906, in-12 de x-178 p.

M. W. Smith a déjà publié les œuvres les plus connues de Fichte en une traduction anglaise dont de nombreuses éditions n'ont pas épuisé le succès. I' donne aujourd'hui du traité Bestimmung des Menschen une traduction que precède une très brève notice biographique consacrée à Fichte par M. F. Ritchie. Peut-être les lecteurs de langue anglaise eussent-ils eu plus de profit à connaître dans son ensemble le traite Wissenschaftslehre dont A. C. Kraeger n'a donné, en 1868, qu'une traduction abrégée. En tout cas nos études eussent dû à MM. W. S. et R. une plus grande somme de reconnaissance s'ils s'étaient employés à nous donner de la Kritik aller Offenbarung ou mieux encore de l'Anweisung zum schgen Leben l'edition historique que ne pretend pas contenir le recueil des œuvres de Fichte publié par son fils Hermann. Dans The Vocation of Man, la critique du dogme est à une ou deux pages prèsabsente de la troisième partie (« la Croyance ») elle-même. D'ailleurs est-il bien sûr que ce dialogue occupe dans l'œuvre du philosophe de Berlin une place de premier rang et n'est-ce pas à sa belle forme littéraire, à son eloquence, à ses chaleureux appels au progrès que ce petit livre a dù d'être traduit en français avant toute autre œuvre de Fichte (1832, et de beneficier aujourd'hui d'une traduction anglaise aussi soignee et présentée dans une collection consacrée aux exquisita de la philosophie?

En tête de celte edition d'une œuvre accessoire de Fichte, M. E. Ritchie n'a entendu donner avec raison qu'un simple memento biographique et ses six ou sept pages preliminaires contiennent la plupart des faits essentiels de la vie du philosophe. Pourtant, sans prétentions exagérées, on eût peut-être éle en droit d'attendre une énumeration, même sommaire, de ses œuvres : seuls les Discours a la nation allemande sont cites, et si typique que soit cette œuvre, eile ne contient certainement pas toute la pensée de Fichte. De cette pensée il eût été possible aussi d'indiquer les influences directes qu'elle subit on qu'elle exerca; citer pour caractériser le milieu intellectuel dans lequel vécut Fichte à son arrivée à Berlin « Schelling, the Schlegels, Schleiermacher and other literary men » est d'une dangereuse brièvete.

P. ALPHANDERY.

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