PAUL SEBILLOT. France ». La Mer et les Eaux douces. T. II de « Le Folk-Lore de La Faune et la Flore. T. III de « Le Folk Lore de France ». Ibidem, pp. 541, 18 francs. Il a été exposé ici (Revue de l'Histoire des Religions, 1905, nov.-déc. pp. 407413) quelle est l'importance considérable de l'œuvre entreprise par M. Sébillot : ce sera proprement une encyclopédie folk-lorique de la France et des pays de langue française. Avec une régularité étonnante, les tomes paraissent, plus compacts à mesure, et cela non seulement parce que les sujets sont plus riches mais que maints chercheurs isolés fournissent à l'auteur des documents nouveaux, parce qu'ils comprennent le lien de ce qu'ils ont observé avec l'ensemble. Ainsi les volumes de M. Sébillot ne sont pas seulement des recueils de faits déjà publiés; ils contiennent encore beaucoup d'inédit et commencent, avant même la fin de la publication du tout, à servir de guide pour des enquêtes nouvelles. La méthode suivie pour le deuxième volume est exactement celle du premier : viennent d'abord les légendes sur le fait étudié, puis les idées encore courantes dans le peuple, enfin les gestes traditionnels (coutumes, rites, observances de tout ordre). Le troisième volume par contre, qui traite des animaux et des plantes, diffère de tous ceux qui ont paru précédemment sur le même sujet (Gubernatis, Rolland, etc.) par un arrangement tout autre des matières. Au lieu de traiter chaque animal et chaque plante isolément, M. Sébillot a réuni les sujets et les épisodes d'après leurs affinités. Le livre premier se subdivise donc en sept chapitres mammifères sauvages, mammifères domestiques, oiseaux sauvages, oiseaux domestiques, reptiles, insectes et poissons; et le livre second en deux chapitres, astres et plantes. Le chapitre sur les animaux domestiques, par exemple, est formé de douze paragraphes: 1. Origines création dualiste; modifications légendaires; les chiens et les chats; pourquoi les chiens se plaisent; particularités des chats. 2. Les amours et la naissance; moyens d'assurer la fécondité; incantations; pratiques à la naissance. 3. Le lait; procédés pour l'augmenter; les sorcières et les moyens de s'en préserver; le pouvoir du lait; le beurre maléficié. 4. Erreurs et préjugés; particularités réelles ou supposées; le langage des bêtes; animaux nobles ou méprisés; noms en rapport avec cette idée. 5. Présages et rencontres augures divers; animaux de couleur noire; les cris; pronostics météorologiques; les bêtes et la chance; les songes. 6. L'homme et ses bêtes; prévenances à leur égard; les bêtes, la religion et les saints; la domestication et le dressage; les bêtes achetées ou vendues; rareté des traitements cruels. 7. Les lutins de l'étable ou de la pâture: leurs noms; l'embrouillement des crins; préservatifs; malices des lutins. 8. Lutins et esprits sous forme animale: animaux trompeurs; se faisant porter; rôdant pour mal faire; les gardiens de trésors. 9. La sorcellerie; les sabbats de chats; les chats noirs; magie et talismans; fascinations et sorcelages; la force prise aux animaux; les chiens charmés. 10. Maladies et médecine chair dangereuse; emploi médical de parties solides ou liquides; les guérisseurs et les bêtes; procédés divers de prophylaxie ou de guérison. 11. La rage et les bêtes prophylaxie; patrons des chiens fous; amulettes préservatrices. 12. Contes et légendes métamorphoses dans les contes; métamorphoses de personnes réelles; animaux loups-garous; le diable et les sorciers; revenants sous formes animales; femmes accouchant d'animaux; contes merveilleux; récits comiques. On voit que chaque paragraphe constitue un tout; et en consultant le paragraphe correspondant des autres chapitres on obtient une notion exacte d'un cycle déterminé de représentations populaires. Les documents utilisés sont pour la majeure partie modernes. Cependant M. Sébillot a dépouillé aussi une littérature considérable plus ancienne, depuis la masse énorme des chansons de geste et des romans de chevalerie jusqu'aux écrivains secondaires et petits poètes des xvII et xvm siècles. Il est mème remarquable combien ce dépouillement a peu donné de matériaux d'un caractère proprement folk-lorique. Ce n'est que rarement que M. Sébillot a fait appel à la comparaison avec des coutumes et des croyances étrangères et à mon sens il a eu pleinement raison. Pour être scientifiquement utile, la juxtaposition des parallèles doit être complète; ou bien, mais seulement dans une étude théorique, elle doit servir à montrer que telle représentation ou que tel geste à première vue étranges ou aberrants ne sont pas isolés, ni propres au groupement dont on s'occupe; et dans ce cas il suffira souvent d'utiliser quelques cas typiques, bien caractérisés. Mais dans une encyclopédie du genre de celle que M. Sébillot se propose d'édifier, l'emploi de la comparaison alourdit le volume sans satisfaire aux nécessités de la théorie. Les croyances populaires françaises actuelles fournissent d'ailleurs moins à la théorie qu'on ne s'y serait attendu presque pas de traces de totémisme, fort peu de vestiges de zoolâtrie vraie ou de dendrolâtrie; quelques cas assez intéressants d'interdictions religieuses; des formes plutôt modernes de culte des eaux; des pratiques magiques d'un mécanisme simple; très peu de vestiges de cultes agraires; mais surtout des croyances et des pratiques de détail sans lien bien net avec un ou plusieurs systèmes magico-religieux déterminés. Cependant, parmi celles qui semblent se rattacher à un cycle mythologique caractérisé, je citerai les opinions sur la création dualiste de nombre d'animaux et de plantes, opinions qui proviennent probablement des apocryphes, lesquels ont christianisé des points de vue existant encore sous leur forme primitive dans le nord de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. Sur nombre d'autres points, encore, les deux nouveaux volumes de M. Sébillot fournissent un matériel d'études considérables: et l'on ne peut que souhaiter de voir paraître bientôt le quatrième volume, qui traitera de l'Homme, et qui se terminera par un index développé. A. VAN GENNEP. CHRONIQUE FRANCE Enseignement de l'histoire religieuse à Paris. Dans la précédente chronique nous avons reproduit le programme des conférences qui se font cette annee (1906-1907) à la Section les Sciences religieuses de l'Ecole pratique des Hautes Etudes. Suivant l'habitude de la Revue nous signalerons egalement les cours et conferences qui, dans les autres Écoles ou Facultés, se rapportent à nos etudes. I. Au College de France. M. Jacques Flach continue l'étude comparée iu Code a Hammourabi et des lois mosaiques. M. A. Le Chatelier étudie le domaine actuel de Is.am et sa formation. M. G. Benadile etudie es representations figurées dans les Mastabas ie l'Ancien Empire. M. Ph. Berger explique des textes relatifs aux premiers prophètes. M. R. Dussaud expose les Mythes et cuites syriens et leur diffusion en Phénicie, en Palestine et dans les milieux gréco-romains. D M. Rubens Duval explique le Traité de la Misenna intitulé « Aboda Zara » le cuite idolâtrique) et des extraits des Targoums. M. Chavannes étudie des textes relatifs à la Montagne sainte de l'Orient ou T'ai chan. M. Jullian -tudie les sculptures gano-romaines découvertes dans les limites des anciens dioceses de Paris et de Meaux, et la vie religieuse et economique de la Gaule d'après .es sculptures. M. Sylvain Levi continue l'étude du Sutralamkara. M. Lejeat explique des textes rengieux mexicains et étudie la magie, l'astrologie et la sorcellerie dans l'antiquité mexicaine, specialement au Mexique et au Pérou. 11. A la Facuite des Lettres. M. Séaules étudie les methodes philosopuiques et l'idée de Dieu methodes subjectives). M. Picavel expose l'histoire generale et comparée des philosopmes du moyen-âge, du 1 au viie siècie. M. Durkheim trante de la religion et de ses origines. M. Luchaire expose les rapports de la Papaute avec l'Église sous le pontificat d Innocent ill. M. Mále étudie l'interprétation de l'Évangile par les artistes français du moyen-âge. M. Diehl traite de la papauté depuis l'avènement de Grégoire le Grand jusqu'à l'an 800. M. Debidour expose l'histoire de l'Édit de Nantes et du protestantisme en France au XVIe siècle et l'histoire documentaire des rappports entre l'Église catholique et l'État en France de 1516 à 1789. M. Rebelliau fait l'histoire des idées religieuses en France pendant le premier quart du xvine siècle. M. Guignebert expose l'histoire générale de l'Église chrétienne au ne et au ine siècle. M. V. Henry traite de l'exégèse mythologique appliquée à des textes du Rig-Véda. D'autre part, la liste des cours et conférences créés à la Faculté des Lettres, après la suppression des Facultés de théologie protestantes, telle que nous l'avons donnée dans notre précédente Chronique, a été complétée par la création d'un cours d'Hébreu et de langues sémitiques, dont a été chargé M. Ad. Lods. III. A l'École des Hautes-Etudes, section des Sciences historiques et philologiques. M. Desrousseaux expose des recherches de Mythologie et étudie les Dionysiaques de Nonnus. M. Héron de Villefosse examine les Inscriptions religieuses de la Gaule. M. Mayer Lambert explique le livre de la Genèse et le livre des Psaumes. M. Hartwig Derenbourg explique des morceaux choisis du « Livre des Deux Jardins » de Abou Schâma. M. Clermont-Ganneau expose l'archéologie hébraïque. M. Isidore Lévy étudie les débuts de l'histoire d'Israël. M. Moret explique des textes égyptiens relatifs aux fondations religieuses et étudie le grand papyrus Harris. IV. A l'École du Louvre. — M. E. Revillout étudie les apocryphes du Nouveau Testament écrits en copte et explique divers textes hiératiques et hieroglyphiques. Nous reproduisons ici le programme pour 1906-1907 des Conférences dominicales du Musée Guimet. Nous avons plaisir à en relater une fois de plus le succès toujours croissant. 1906, 2 décembre. M. Ed. Naville. Les temples de Deir-el-Bahari. (Par exception le jeudi :) 6 décembre. M. A. Gayet. Le culte bachique à Antinoé. 9 décembre, M. H. Hamy. Croyances et pratiques religieuses des premiers Mexicains. 16 décembre. M. de Milloué. La religion primitive de la Chine. |