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The New Testament in the Apostolic Fathers. — Oxford. Clarendon Press; 1905; 1 vol. gr. in-8° de v et 144 p. Prix: 6 sh..

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Voilà un livre vraiment pratique comme les Anglais savent en publier et les Universités ou sociétés savantes anglaises en faire les frais. L'étude des citations du Nouveau Testament dans les écrits des Pères apostoliques ne date pas d'aujourd'hui. Il n'y a guère d'édition de ces écrits. - et elles sont nombreuses où les citations, positives ou supposées, ne soient mentionnées en note, en marge ou dans des indices spéciaux. Mais une étude méthodique et en quelque sorte statistique de ces citations, si importantes pour la critique littéraire des écrits qui ont formé plus tard le Nouveau Testament, une étude où elles soient classées d'après des principes communs en catégories répondant à leur plus ou moins grande valeur comme témoignages littéraires, et distribuées ensuite en tableaux d'ensemble, manquait encore. C'est ce que nous offre ici la Oxford Society of historical theology.

Elle a nommé un comité d'hommes compétents. Celui-ci a distribué la tâche entre quelques-uns de ses membres les plus autorisés : l'épluchage de l'Épître de Barnabas a été confié à M. J. V. Bartlet, de Mansfield College; celui de la Didachê à M. Kirsop Lake, maintenant professeur à l'Université de Leyde; I Clément a été attribué à M. A. J. Carlyle, de University College; les Epîtres d'Ignace, à M. Inge, de Herford College; l'Epître de Polycarpe à M. P. V. M. Benecke, de Magdalen College; le Pasteur d'Hermas, à M. Drummond, de Manchester College; enfin MM. Bartlet, Carlyle et Benecke se sont partagé l'examen de la II Epître de Clément. Chacun de ces messieurs a soumis son travail personnel à la revision du Comité; ensuite chacun a rédigé sa portion et cette rédaction à son tour a été encore une fois revue en comité.

Pour chaque écrit des PP. apostoliques il y a d'abord une appréciation de la plus ou moins grande exactitude avec laquelle l'auteur cite les textes anciens que l'on peut contrôler, notamment l'Ancien Testament, de manière à se procurer un critère (standard of accuracy in quotation). Ensuite les citations à examiner sont étudiées à part pour chaque livre ou groupe de livres du Nouveau Testament et distribuées en catégories, désignées par la majuscule A, lorsqu'il n'y a pas de doute sur l'utilisation de ce livre par le Père apostolique, B, lorsqu'il y a grande probabilité d'usage direct, C, lorsque la probabilité est plus faible, D, lorsque le rapprochement est trop incertain pour autoriser une conclusion. Sup

posons maintenant un livre classé sous A ou sous B pour un des Pères apostoliques, p. ex. l'Épître de Paul aux Romains positivement reproduite par l'auteur de I Clément, xxxv. 5, 6 et par conséquent classée pour ce Père sous A; il peut y avoir dans ce même écrit d'autres passages, pour lesquels il est plus ou moins douteux qu'il y ait citation de la même Épitre aux Romains; le premier passage sera rangé dans la catégorie Aa, les autres respectivement dans les catégories Ab, Ac, Ad. On voit quel jeu de nuances est possible dans ce système. Enfin les passages, allégués ailleurs comme citations, mais qui n'ont pas paru mériter d'être retenus même comme possibles sous d, sont relégués à la fin de chaque paragraphe. De plus, lorsqu'il y a d'autres parallèles qui paraissent correspondre mieux que les passages allégués du N. T. à ce que l'on a pris pour une citation ou qui peuvent tout au moins être pris en considération au même titre, p. ex. chez Philon ou chez un autre des Pères apostoliques, ils sont mentionnés dans une troisième colonne. Pour ce qui concerne les Évangiles, non seulement il est fait une distinction formelle entre le IV Évangile et les trois synoptiques, mais encore entre chacun de ceux-ci et la tradition synoptique elle-même, qui a pu être représentée par d'autres écrits, analogues à ceux que nous possédons, sans être identiques. Partout les textes comparés sont imprimés en regard les uns des autres, en sorte que le contrôle est facile. Enfin les résultats obtenus sont résumés en deux tableaux le premier indiquant pour chacun des livres du N. T. la qualité des citations chez chacun des PP. apostoliques et mentionnant quel est celui qui, le premier, semble avoir eu connaissance de ce livre; le second, indiquant pour chacun des PP. apostoliques quels livres du N. T. il semble avoir utilisés et quel est le degré de vraisemblance de cette utilisation. Deux indices, l'un des passages du N. T. cités, l'autre des passages des PP. apostoliques examinés, terminent ce précieux livre.

Toutes les précautions ont donc été prises pour donner à ce travail délicat la plus grande précision possible. En général les auteurs ont fait preuve d'une grande circonspection. Ils n'ont pas cédé au penchant de la plupart des éditeurs des PP. apostoliques et d'un trop grand nombre de théologiens, qui s'empressent de considérer comme citation au moins indirecte tout passage offrant la moindre analogie verbale avec un texte du Nouveau Testament. Assurément il ne faut pas s'attendre à trouver dans ces premiers écrits chrétiens non canoniques la précision de citations que l'on constate chez les auteurs ultérieurs. D'une part les écrivains reproduisent de mémoire les passages dont ils font usage et,

d'autre part surtout, il n'y a pas encore de livre sacré chrétien; les écrits qui sont devenus plus tard partie intégrante du N. T., ne sont encore que des écrits privés, qui n'ont pas revêtu l'autorité de la parole divine ou inspirée. Quand on voit avec quelle liberté ces premiers écrivains chrétiens citent l'Ancien Testament, qui est cependant pour eux Parole de Dieu, il n'y a pas lieu de s'étonner qu'ils usent d'une liberté encore plus grande à l'égard d'écrits, dont certains passages flottent dans leur mémoire, sans qu'ils aient le plus souvent l'intention expresse de les «< citer ». N'oublions pas enfin, que dans bien des cas le texte du N. T. tel que nous le lisons maintenant a subi des modifications.

On s'explique ainsi que de nombreux éditeurs ou commentateurs des PP. apostoliques aient cru reconnaître des réminiscences d'écrits classés plus tard dans le N. T., là où il n'y a en réalité que de vagues analogies de forme ou de fond. Il convient d'opérer avec beaucoup plus de prudence. En fait le vocabulaire propre à la première littérature chrétienne est assez restreint; le cercle d'idées dans lequel se meuvent les divers écrivains est assez limité. Ils écrivent la langue commune et sont donc amenés naturellement à se servir de termes semblables à ceux qu'ont employés les auteurs des livres devenus plus tard canoniques, sans qu'il y ait nécessairement emprunt à ces auteurs.

La liste des passages qui peuvent être considérés comme des citations incontestables est donc très restreinte. Si nous regardons le premier des deux tableaux placés à la fin du volume, nous constatons combien la lettre A y est rare. L'Epitre aux Romains est certainement citée dans I Clément; la re Ep. de Paul aux Corinthiens de même par Clément, par Ignace et par Polycarpe; l'Epître aux Hébreux par Clément; la 1er Ep. de Pierre, par Polycarpe. Les lettres B et C sont beaucoup plus fréquentes; c'est ici, en effet, que le jugement des critiques garde nécessairement, malgré toutes les précautions prises, un caractère subjectif. Chaque cas doit être discuté en particulier. Ainsi M. Inge range dans la catégorie Bb l'Épître d'Ignace aux Romains, vii. 2, et Ev. de Jean, iv, 10, 14, à cause de l'usage commun de l'expression op ov. Je ne saurais voir ici une allusion au IVe Évangile. La comparaison du Logos avec une source ou avec de l'eau vive se trouve déjà chez Philon; elle n'est donc pas nécessairement johannique. Le contexte ne correspond pas du tout aux passages visés du IVe Évangile. Comme, d'autre part, les Épîtres d'Ignace ne font jamais appel à cet Évangile, quoique par leur notion du Christianisme et par leur origine géographique elles dussent être en constante relation avec lui, si Ignace l'avait connu, il me

paraît qu'il n'y a aucune raison de voir ici une citation même indirecte de l'Évangile dit johannique. Par contre il range sous Bb le passage de PÉp. d'Ignace aux Smyrniens, I. 1; βεβαπτισμένον ὑπὸ Ἰωάννου, ἵνα πληρωθῇ πᾶσα δικαιοσύνη ὑπ' αὐτοῦ rapproché de Matthieu, III. 15. Il me semble qu'il y a ici plus qu'un rapprochement vraisemblable, une réminiscence certaine. La cause assignée par le premier évangéliste au baptême du Christ lui est si particulière, que je n'hésiterais pas à ranger ce passage dans la catégorie A. Le récit du baptême, en effet, chez Matthieu, sous cette forme, semble bien être du rédacteur lui-même de l'Évangile et non d'une de ses sources.

Ces deux exemples suffiront à marquer les différences d'appréciation qui se présentent fréquemment en pareille matière. Le grand avantage du livre publié par la Société de théologie historique d'Oxford, c'est de mettre chacun à même de contrôler son œuvre. Je ne saurais trop recommander l'usage de ce livre aux étudiants qui veulent se familiariser avec la genèse de la première littérature chrétienne. Le petit nombre des citations les édifiera sur le peu d'autorité dont jouissaient auprès de ces premiers écrivains chrétiens les auteurs qu'une tradition dix-huit fois séculaire fait considérer comme infaillibles par beaucoup de chrétiens modernes. Et d'autre part, le grand nombre des réminiscences qui emportent l'adhésion d'esprits non prévenus, les mettra en garde contre les fantaisies d'une critique qui renvoie pêle-mêle tous les écrits du N. T. à une époque tellement tardive, que l'on trouve des traces de leur utilisation avant même la date assignée à leur composition.

JEAN REVILLE.

HANS LIETZMANN. Apollinaris, von Laodicea und seine Schule. Texte und Untersuchungen, I. - Tubingue, Mohr, 1904; 1 vol. gr. in-8° de xvi et 323 p. Prix 9 m.

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L'histoire d'Apollinaire de Laodicée et des Apollinaristes est un des chapitres les plus intéressants, mais aussi des plus embrouillés et des plus incomplets, de la grande controverse trinitaire. Les écrits d'Apollinaire, en effet, ont été systématiquement détruits par les orthodoxes, parce que sa doctrine, qui avait la prétention d'être orthodoxe, leur paraissait plus dangereuse que celle des Ariens ou d'autres hérétiques dé

finitivement vaincus. A l'exception d'une Paraphrase des Psaumes aucun de ses ouvrages ne nous est parvenu directement sous son nom. Et cependant il fut un écrivain extrêmement fécond et d'un talent notoire. C'est lui qui, pour répondre à l'édit par lequel l'empereur Julien interdit aux chrétiens d'expliquer les œuvres des grands écrivains de l'antiquité grecque, imagina de composer à l'usage des chrétiens toute une littérature poétique et dramatique dont les sujets étaient puisés dans la Bible. Cette tentative n'eut guère de succès; la courte durée de la réaction païenne inaugurée par Julien la rendit inutile, puisque l'accès de la littérature classique fut bientôt rendu aux professeurs et aux étudiants chrétiens. Elle n'en témoigne pas moins des capacités littéraires du jeune Apollinaire.

De nombreux passages de ses écrits exégétiques ont trouvé un refuge dans les Catenae, refuge longtemps inviolé où l'érudition moderne est allée les relancer. D'autres fragments de ses œuvres peuvent se reconstituer d'après les écrits de ses adversaires. Enfin et surtout un certain nombre de ses ouvrages se sont conservés sous le nom d'auteurs orthodoxes, sous le couvert desquels ils furent propagés par des disciples plus soucieux de répandre la vérité que de respecter la propriété littėraire. Il y a donc un travail très délicat et très complexe de critique littéraire à accomplir avant de pouvoir écrire l'histoire d'Apollinaire et de l'Apollinarisme.

M. Hans Lietzmann, privat-docent à l'Université de Bonn, s'est attelé à cette tâche depuis une dizaine d'années. C'est en 1896 qu'il y fut incité par l'annonce que la Société des Sciences de Göttingen mettait au concours l'étude et la publication des œuvres d'Apollinaire. En 1899 une ébauche de son travail fut couronnée. Le présent volume est le premier de la rédaction définitive, tandis que la Société de Göttingen publie dans ses mémoires de la Philol. hist. Klasse (nouvelle série, VII, 4), les traductions syriaques conservées de textes apollinaristes avec leur reconstruction grecque et un index syro-grec. « Dans ce premier volume, nous dit-il p. vIII, je me suis proposé de retracer d'après les sources l'histoire ecclésiastique (kirchenpolitisch) de l'Apollinarisme et de constituer une base philologique pour mes recherches ultérieures sur les traités dogmatiques » c'est-à-dire de préciser la valeur de la tradition manuscrite des écrits ou fragments d'écrits qui peuvent être revendiqués pour Apollinaire et de peser les raisons qui militent en faveur de cette attribution. M. Lietzmann avait à se garder non seulement d'un scepticisme excessif, mais plus encore peut-être des entrai

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