Slike strani
PDF
ePub

<< Puis que nous ne veons que Apostolle n'est faiz, nous voulons << retourner au grant Kaan; car trop avons des ores mais atendu, <«<et avons assez demouré'. » Et le Legat leur dist: « Puis que <«< vous voulez retourner, il me plaist" bien. » Si fist faire ses lettres, pour envoyer au grant Kaan, qui tesmoignoient comment les deux freres estoient bien venu pour accomplir son commandement'. Mais pour ce que Apostolle n'y avoit, ne l'avoient peu faire.

[ocr errors]

CHAPITRE XI.

i

Comment les deux freres et Marc avec eulx se partirent d'Acre.`

2

Quant les deux freres orent les lettres du Legat, il se partirent d'Acre pour retourner au grant Kaan, et s'en vindrent à Layas. Et quant il furent là venu, il ne demoura gaires que cestui Legat, dit devant, fu esleua à Pape en Acre. Et s'appeloit : « Pape Gregoire de Plaisance (1), » de quoi les deux freres orent 3 moult grant joie. Et sur ce, leur vint à Layas, de par le Legat, qui Papes estoit, un message qui leur dist, de par l'Apostolle, que il n'alassent plus avant ; ains 4 retournassent en Acre à lui maintenant 5. Et que [vous] en diroie je? Le Roy d'Armenie leur fist amener une gallée, aux deux freres messagés; et les envoia en Acre au Pape (2).

e

g

f Ms. B. Le ms. A. porte: trop avons des ores mes demoure, et avons assez atendu. Le Ms. C: trop avons huymez demoure et avons assez attendu. Ms. A. despuis, puisque.

h Id. plest. Mss. B. C. plaist.— i Ms. A. Le Ms. B. porte: tesmoingnoient.— į Mss. A. et B. Le Ms. C. porte sa besoingne. k Id. Ms. C ne povoit avoir.

XI.

Mss. A. et C. Le ms. B. porte: esleus.

f

b Id. Le ms. B. porte: alaissent.

- Ms. C. ne deussent aler avant. d Ms. C. e Ms. B. Les mss. A. et C. portent :

Ermenie. f Ms. C armer.

4 Pu. XI.

4 Mais.

-Eurent.

[ocr errors][merged small]

2 Guère, il ne se passa pas beaucoup de temps. 5 Près de lui aussitôt. 6 Galère. Le Ms. A. porte: galie.

XI. (1) Le Pape Grégoire X; né à Plaisance, comme le dit Marc Pol; élu Fape le 1er septembre 1271, pendant qu'il était légat de Clément IV en Palestine, et mort à Arezzo en 1276.

[blocks in formation]

CHAPITRE XII.

Comment les deux freres vindrent à l'Apostolle.

d

Et quant il furent venu en Acre moult honnouréement ", si alerent devant le Pape, et s'umclierent' moult vers lui. Le Pape les reçut à moult grant honneur, et leur fist moult grant joie et grant feste; et leur donna sa beneicon1. Apres leur donna deux freres prescheurs pour aler au grant Sire, pour fournir la besoigne. Et, sans faille, il estoient les plus sages clers', qui, à celui temps, feussent. L'un avoit nom frere Nicole des Vicence", et l'autre frere Guillaume de Triple (1). Et leur donna ses privileges et ses chartres de la Messagerie que il remandoit au grant Seigneur. Et quant il orent3 receu ce que il devoient, si pristrent 4 congie du Pape, et sa beneicon5; et se partirent tuit' quatre ensemble d'Acre; et avec euls Marc le filz à Messire Nicolas, et s'en alerent à Layas.

[ocr errors]

2

Et quant il furent là venu, adonc Bendocquedar, Sodam' de Babiloine, entra en Hermenie" avec " grant ost de Sarrasins, et fist

c Ms. A. d Le ms. C.

XII. - Ms. C. honnourablement. b Id. humelierent. aj. avecques eulz. e Mss. B. C. besoingne. — f Ms. C. clercs. Ms. A. Les mss. B. C, previleges.

sente.

le Ms. B. k Mss. A. et C. Bandorque dar.

Armenie.

n Ms. C. atout.

[merged small][ocr errors][merged small]

Arménie était Sis, et son port principal Layas ou Ayas, en italien Aiazzo, dont il a été question précédemment. Le père de Léon ou Lifon III s'appelait Mélik Moudjir-Haïthoum (Haython Ier) et fils de Constantin, roi de Sis. Il abdiqua en faveur de son fils pour se retirer dans un couvent, où il mourut peu de temps après. C'est un autre Haython, mais de la méme famille royale, qui écrivit l'histoire rédigée primitivement en français, sous sa dictée, par Nicole Falcon (et non Salcon, comme le soutient M. Brunet, dans la dernière édition de son Manuel du libraire), avant 1307, sous le titre de : Le Livre des Hys

g Ms. B. de Mer

[blocks in formation]

-m Mss. B. C.

[blocks in formation]
[merged small][ocr errors]

XII. — (1) La Bibliothèque de Berne possède un manuscrit de ce dernier, ayant pour titre : Guillaume Triple, du Couvent d'Acre : « Pe l'état des Sarrazins et de Mahomet, (No 280, ayant appartenu à Bongars, comme le ms. de Marc Pol, décrit par Sinner, Catalogus, etc., t. II, p. 455.) La Bibl. imp. de Paris en possède aussi deux manuscrits, mais rédigés en latin. Voir M. d'Avezac, Mém. de la Soc de Geographie, t. IV, p. 406.

moult grant damages par les contrées (2). Et furent, ces diz messagés, en grant aventure d'estre mort 6 ou pris; si que, quand les deux freres prescheurs virent ce, si orent moult grant paour d'aler avant. Il donnerent à Messire Nicolas et à Messire Maffe, toutes les chartres et touz les privileges que il avoient, et se partirent d'euls; et s'en alerent avec le Maistre du Temple.

CHAPITRE XIII.

Comment Messire Nicolas et Messire Maffe Pol, et Marc s'en alerent
au grant Kaan.

Et se mistrent les deux freres et Marc avec euls à la voie; et chevauchierent tant, et d'iver et d'esté, par leur journées que il furent venu au grant Kaan, qui adonc estoit en une cité qui avoit • Ms. C. dommages.—P Le Ms. C. ajoute : et distrent qu'ilz ne vouloient plus aler avant. 6 Mis à mort,

[blocks in formation]

(2) C'est le sultan Mamlouk Bibars, surnommé Bondokdari (« qui porte l'arbalète »), élevé au tróne en 1260, après avoir été acheté, comme tous les autres Mamlouks. (Voir M. Ét. Quatremère, Histoire des Sultans Mamlouks de l'Egypte, t. 1, p. 116 et suiv.). Béréké, Khân du Kiptchak, lui envoya en 1263 des Ambassadeurs pour lui demander des secours contre Houlagou, qui régnait en Perse. (Ib., p. 211 et suiv.)

Bibars, ou Bondokdari, est appelé par Marc Pol Sodan, ou Soudan, de Babiloine, parce que c'est ainsi que les écrivains occidentaux appelaient alors la ville du Caire, capitale des Soudans ou Sultans d'Égypte. L'historien Makrizi, traduit par M. Quatremère, parle de l'expédition de Bibars contre le roi d'Arménie ; mais il place cette expédition en l'an 673 de l'Hégire, c'est à-dire en 1274. « Le sultan, dit Makrizi, fit son entrée dans la ville de Sis (capitale de la petite Arménie) en ordre de bataille, et y célébra la fête solennelle (?). Il livra la place au pillage, démolit les palais du roi, ses helvédères et ses jardins..... Des troupes envoyées du côté de la mer s'emparèrent de plusieurs vaisseaux dont ils égorgerent les équipages. D'autres corps, expédiés dans les montagnes, massacraient ou fai

saient prisonniers les ennemis et recueillaient un nombreux butin. Des troupes s'étant dirigées

اياس) vers Ayas

avec l'article al: el

Ayas, d'où Layas), et trouvant cette ville aban

donnée, la livrèrent au pillage et aux flammes,
et tuèrent beaucoup de monde. Environ deux
mille hommes d'entre les habitants, Francs ou
Arméniens, s'étaient réfugiés sur des vaisseaux
qui furent tous engloutis sous les eaux de la
mer. On recueillit un butin incalculable.
(Hist. des Mamlouks, t. I, part. 2, p. 124-5.)

D

C'est de ce même Bondokdar qu'il est parlé dans les Chroniques de Saint-Denis, sous le nom de Bondodar, Soudan de Babiloine, ainsi que dans Haython, qui place l'envahissement de l'Arménie par le Sultan Boundoukdar à l'année 1270 de notre ère; ce qui s'accorde mieux avec le texte de Marc Pol. Les écrivains orientaux sont loin d'être toujours d'une grande exactitude dans les dates. Ceux dont s'est servi d'Ohsson (Histoire des Mongols, t. III, p. 464 et suiv.) placent cette seconde invasion de la petite Arménie à l'année 672 de l'hégire, ou 1273, la première ayant eu lieu l'an 664 (1266). Celle dont il est ici question fut la plus cruelle et la plus désastreuse pour l'Arménie.

b

d

[ocr errors]

nom Clemeinfu (1), qui moult estoit riche et grant. Et de ce que il trouverent en la voie, en alant et en retournant, ne vous ferons nous ores 2 mencion 3 pour ce que nous le vous conterons ça en avant, en ce notre livre tout apertement et par ordre. Et demourerent, au retourner ̊, bien trois ans et demy (2); et ce fu par les maus temps que temps que il orent et pour les granz froidures. Et si sachiez, par vérité, que quant le grant Kaan sot que Messires Nicolas et Messires Maffe Pol, ses Messagiers, retournoient, il envoia ses messagés encontre euls bien .xl. journées; et furent moult bien servi et honnouré par la voie, en alant et en retournant ', de tout ce que il savoient demander".

CHAPITRE XIV.

5

Comment Messire Nicolas et Messire Maffe Pol, et Marc, alerent devant le grant Kaan.

Et que vous en diroie je? Quant les deux freres et Marc furent venu en celle grant cité, si s'en alerent au maistre palais (1), là

[ocr errors]

XIII. a Mss. A. et C. Le ms. B. porte: venant. b Ms. A.- Mss. B. et C. au retour. d Ms. A. Mss. B.: mauvais. e Ms. A. Les mss. B. et C. messaiges. f Ms. A. Les mss. B. et C. venant. 5 Ms. C. commander.

[blocks in formation]

.4 Eurent. 5 Sut.

XIII. (1) C'est la ville que l'on nommait alors Kai-ping-fou. En 1263, selon les Fastes universels de l'empire chinois (Li-taï-ki-sse, K, 97,

fol. 9), on éleva la ville de T

[ocr errors]
[ocr errors]

Kai-ping-fou au rang de « résidence souveraine (Chang-tou). Cette ville, que Khoubilaï-Khân avait fait construire (et dont il sera souvent question par la suite), était située en Mongolie, au nord de la grande muraille, à 700 li ou 70 lieues de Péking. Elle fut, à cette époque, le chef-lieu du Lou, ou gouvernement de Changtou. Si l'on prononce le nom de cette ville à la manière mongole : Kai-bin ou Kai-min-fou, on voit que l'orthographe de notre ms. est assez exacte, quoique la première syllabe soit probablement altérée.

ou Chang-tou que les trois mois les plus chauds de l'été, c'est, sans aucun doute, à cette époque de l'année que les Poli y arrivèrent; ce devait. être dans l'été de 1274. Le P. Gerbillon, dans la relation de son voyage en Tartarie (Du Halde, t. IV, p. 309), dit avoir reconnu les restes de cette ville sur les bords de la rivière Chang-tou, portant le nom de cette ancienne résidence im périale, que le P. Visdelou (Supplément à la Bibl. orient. de d'Herbelot, p. 9) avait aussi reconnue et signalée longtemps avant Klaproth, qui se garde bien de les nommer.

(2) Cette durée du retour en Chine des Poli placerait leur départ de Venise vers le commencement de l'année 1271, ce qui concorde avec nos précédentes données.

XIV. (1) Cette circonstance ne laisse aucun Comme Khoubilaï ne passait à Kai-ping-fou doute sur le nom de la ville en question, comme

d

I

a

e

с

où il trouverent le Seigneur à moult grant compaignie de barons. Il s'agenoillierent devant lui et s'umilierent 1 (2) tant comme il porent. Le Seigneur les fist drecier en estant 3, et les reçut moult" honnorablement; et leur fist moult grant joie et grant feste; et leur demanda moult de leur estre 4, et comment il avoient puis fait ? Cil respondirent que il ont moult bien fait 5, puis que il l'ont trouvé sain et haitie 6. Adonc li presenterent les privileges et les chartres que il avoient de par l'Apostolle; desqueles il ot grant leesce'. Puis li donnerent le saint huille du Sepulcre; et fu moult alegre "; et l'ot moult chier. Et quant il vit Marc, qui estoit joenne bacheler', si demanda qui il estoit? « Sire, dist son pere Messire Nicolas, il est mon filz et vostre homme. Bien soit il venuz, dist le Seigneur *. Et pourquoy vous en feroie je lone compte '? Sachiez que il ot 9 à la Court du Seigneur moult grant feste de leur venue; et moult estoient servi et honorez de touz. Et demourerent à la Court avec les autres barons (3).

XIV.

[ocr errors]

g

b Mss. B. C. Ce mot

[blocks in formation]

f Ms. B. liesce; le ms. C. joye. —

—-- a Mss. A. et C. Le ms. B. porte : dreschier en aistre. manque dans le ms. A. e Ms. B. Les mss. A. et C. portent l'avoient. manque dans les mss. B. et C. Mss. B. C. la. h Mss. baceler.- - j Ms. C. fist.

XIV. - S'humilièrent.

Ms. B. dequoy. A. et C. Le ms. B. alegiez. k Id. fait le grand Sire.

-

2 Purent.

[ocr errors]

Ms. C. jeune bachelier. Ms. B.

- 1 Id. long conte.

[blocks in formation]

3 Les fit relever et se tenir debout. 4 De leur 5 Qu'ils étaient très-satisfaits. 8 L'eut; le tint à haut prix. · 9 Il y eut.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

on le verra plus loin, lorsque Marc Pol en fera la description.

(2) Ils se prosternèrent devant le grand Khan à la manière orientale chinoise, en s'humiliant, dans le sens de humi jacere, comme le dit naïvement notre texte. On peut voir la description de cette salutation, traduite du chinois, dans notre Histoire des relations politiques de la Chine avec les puissances occidentales, Paris, Didot, 1859, p. 209 et suiv.

(3) Le texte français publié par la Société de Géographie porte: « Il demorent en la Cort et avoient (ms. avoit) honor sor les autres baronz. >>

[ocr errors]

La version latine publiée par la même Société porte aussi fuerunt præ cunctis baronibus honorati,

Cette supériorité d'honneur accordée aux frères Poli, dès leur arrivée à la cour de Khoubilaï Khan, est peu vraisemblable; nos trois mss. ne l'expriment pas. Ils sont certainemeut plus rapprochés de la vérité. Le texte de Ramusio est aussi plus conforme à la vraisemblance; il porte: « Il gran Can l'ebbe (Marco Polo) molto a grato, « e fecelo scrivere tra gli altri suoi famigliari « onorati. » Voir Il Milione di Messer Marco Polo, de Baldelli Boni. T. II, p. 15.

« PrejšnjaNaprej »