Slike strani
PDF
ePub

brel', que on porte sur une lance en senefiance de grant seigneurie. Et encore que toute fois que il siet 17, il siet en chaiere 18 d'argent.

Et encore à ces grans seigneurs leur donne une table de jerfaus (8); et ce est à tres grans barons, par quoy il aient plaine seigneurie et baille comme lui meismes. Car quant celui veult envoier" messages en aucun lieu, si pourroit prendre les chevaus du meilleur qui y fust, et toute autre chose à sa volenté.

Or vous laisserons de ceste matiere et vous conterons des façons du grant Kaan et de sa contenance.

r Id. ombrel. — $ Ms. B. manque dans le ms. A. Le ms. C. porte doit il seoir. tMs. C. baillie, = autorité. u Id. voulsist mander.

[blocks in formation]

18 Chaire, siége en général.

Marc Pol, un autre en forme de grand éventail, ou d'étendard à queue (sur les bas-reliefs assyriens, comme en Chine, en Mongolie), était en public la marque distinctive des souverains, des princes et des princesses, ainsi que l'on peut s'en assurer en examinant les bas-reliefs découverts dans les ruines de Ninive et de Babylone, les peintures et les sculptures des anciens monuments des Pharaons. C'est en Chine seulement que l'on peut maintenant retrouver encore, dans ses formes vivantes, cette ancienne civilisation de l'Orient si différente de la nôtre.

Le texte français publié par la Société de Géographie porte paile, comme notre ms. C. au lieu de palieque, qui doit avoir la même signification. L'ancienne version latine, publiée par la même Société, porte : « Et isti qui habent istas nobiles << tabulas habent in mandatis quod semper « quando equitant debeant portare supra capita a sua unum pallium de auro, signum magni do« minii. »

(8) On peut conclure, de ce passage de Marc Pol, que, lorsque son père et lui reçurent de Khoubilaï-Khaan des tables d'or de commandement (chap. VIII et XVIII), ils étaient considérés par le souverain mongol comme des premiers personnages de son Empire. La princesse Cogatra qu'ils avaient été chargés par Khoubilaï de

conduire à Argoûn, Khan de Perse, et qui fut remise à Ghazan, son fils, les honora encore davantage, s'il était possible, en leur donnant ellemême quatre tables d'or de commandement (ch. XVIII) dont deux estoient de gerfaus, c'est-àdire avaient la figure d'un gerfaut représentée sur leur surface; une autre : la figure d'un lyon, et la quatrième : une inscription mongole ou persane, dans le genre de celle reproduite précédemment. Le gerfaut (gyro-falco) en sa qualité de noble bete de proie qui se laissait apprivoiser pour se livrer, comme ses maîtres, au noble plaisir de la chasse, était tenu en grande estime, au-dessus même du lion; c'était le plus grand honneur que l'on pût recevoir du souverain que de le porter sur ses insignes.

Il y a quelque analogie entre les tables d'or de commandement des Empereurs mongols, et les bulles d'or des empereurs de Constantinople et autres souverains du moyen âge, dont quelquesunes sont conservées dans les musées d'Europe. Ces bulles se délivraient aussi sur différentes matières. Il y en avait d'or, d'argent et de plomb, et elles furent employées par les princes souverains et les seigneurs de fiefs, par les papes et les hauts dignitaires de l'Église. Les bulles d'or servaient rarement et seulement dans les cas importants.

CHAPITRE LXXXI.

Ci devise de la façon au grant Kaan.

b

I

Le grant Kaan, Seigneur des Seigneurs, qui Cublay est appellez, est de telle façon. Il est de belle façon, ne petit ne grant; mais est de moienne grandesce. Il est chanus (1), de belle maniere, et est trop bien tailliez de touz membres. Et si a le vis blanc et vermeil; les yeux vairs, le nez bien fait et bien seant. Et a quatre femmes (2) lesquelles il tient toutesfois pour ses droites moulliers 2. Et le greigneur filz que il a de ces quatre femmes, doit estre par raison seigneur de l'empire : ce est quant le pere muert 3. Et sont

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]
[ocr errors]

Épouses légitimes.

LXXXI. (1) L'Encyclopédie chinoise pu bliée sous les Ming, et intitulée Sán thsaï thou hoei (jin we,'san kiouan, fol. 24), donne le portrait figuré de Chi-tsou (Khoubilaï-Khaân) qui répond assez bien à celui qu'en fait Marc Pol. Il est représenté les épaules très-larges, la figure pleine enfoncée dans ces mêmes épaules, ce qui n'est pas commun pour les portraits reproduits dans le même ouvrage. Son vêtement a aussi sur les épaules le dragon brodé à cinq griffes. L'ancienne version latine publiée par la Société de Géographie, dit : « Magnus kaan dominus domi<< norum, qui Cublay vocatur, est de pulcra magnitudine, non parvus nec magnus, sed est de « media statura. Ipse est incarnatus de pulcro << modo et habet membra bene proportionata; << habet vultum candidum et rubicundum sicut << rosa; habet oculos nigros et pulcros, nasum « habet bene factum et bene sedet in facie. » Selon Rachid-ed-din, cité par d'Ohsson (t. II, p. 475 n.), lorsque Khoubilaï - Khân vint au monde, Tchinguis-Khân (son grand-père) s'étonna qu'il fût brun, parce que tous ses enfants étaient blonds.

[ocr errors]

(2) Le P. Gaubil (Hist. des Mongous, p. 223, note), dit : « Houpilay épousa beaucoup de

[blocks in formation]

3 A la mort de son père.

« femmes, dont cinq portaient le titre d'impéra« trices (en chinois, hoáng-heou). » Selon d'Ohsson, qui suit de préférence les auteurs persans, il n'y eut que quatre femmes de Khoubilaï-Khaân qui eurent le rang d'impératrices (t. II, p. 501). Mais ici, c'est sur l'autorité de Marc Pol luimême, et non sur d'autres, qu'il s'appuie. Les historiens chinois que nous avons pu consulter ne nous ont fourni aucun éclaircissement à cet égard.

Il est bon de remarquer, toutefois, que les premières femmes ou impératrices, indépendamment des concubines, n'avaient pas le même rang. La première épousée était celle dont les fils étaient aptes à succéder au trône. Si elle n'en avait pas, c'étaient les fils de la seconde ; ainsi de suite. La première femme de Khoubilaï, ou la première impératrice (hoáng heou), était Djamboui-Khatoun,fille du noyan Iltchi, l'un des chefs de la tribu mongole des Houng-kie-le, ou Concourates, dont il eut quatre fils: Dordji, Tchenkin, Manggala et Noumougun. Et selon d'Ohsson (Ib.), Khoubilaï eut encore huit fils d'autres femmes: Couridaï, Hougatchi, vice-roi du pays de Caradjank; Oucouroudji, vice-roi du Tibet (après Manggala), Abadji, Geukdjou, Coutouctémour et Tougan.

d

appellées [ces quatre femmes] empereris ; mais chascune a puis son autre nom. Et chascune de ces quatre dames tient moult belle court et grant par soy. Car il n'y a nulles qui n'ait trois cens damoiseles belles et plaisans. Et il ont aussi mains vaillans escuiers, et mains autres hommes et femmes; si que chascune de ces dames a bien en sa court .x. mille personnes".

Toutes fois que le seigneur veult gesir 4 avec une de ces quatre femmes, si la fait venir en sa chambre; et tel fois vait à la chambre de lui (3). Il a encore maintes amies, et vous dirai en quel maniere. Il est voirs qu'il y a une generation 7 de Tatars qui sont appellez Ungeat' qui moult sont belles genz (4). Et chascun an li

6

d Ms. B. empereis; ms. C. esporaces.· Le ms. C. porte seulement mille. —f Id. Ungrac.

4 In cubiculo jacere.

5 Il va la trouver lui-même.

(3) Pour de li (d'elle). On dirait que Marc Pol ait été chambellan de Khoubilaï-Khaân, tant il se montre bien informé des détails les plus intimes de la cour de ce souverain. Il est vrai qu'il fut, comme il nous le dit lui-même dans son livre, au service de Khoubilaï pendant dix-sept ans, et que lui, son père et son oncle demeurèrent à la cour avec les autres barons (chap. XIV, p. 22). Il était donc en position d'être parfaitement informé.

(4) La tribu tatare ou mongole dont il est ici question a donné lieu aux suppositions les plus diverses des commentateurs et éditeurs de Marc Pol. Marsden (n. 527) dit « qu'il n'est guère douteux que la contrée nommée Ungut ne soit celle des Ouïghours, qui, du temps de Djengiz-khân, possédaient les pays de Tourfan et de Hami ou Kamil, et furent toujours considérés comme supérieurs, sous le rapport physique et sous le rapport intellectuel, aux autres nations de la Tartarie. » C'est là une pure hypothèse, fondée uniquement sur des apparences. Les autres, qui lisent fantivement Migrac, comme l'éditeur du texte français publié par la Société de Géographie (lequel éditeur a lu aussi Migrac dans nos propres mss. qui portent bien Ungeat, mss A et B; et Ungrac ou Ungrat, ms. C.), les autres, disonsnous, y voient, comme Baldelli Boni, après

[blocks in formation]

Deshauteraies, la tribu des Concourates, ou celle des Niu-tche, les Mandchoux actuels, habitant alors le pays de Ninguta (Bürck, p. 276). Vincenzo Lazari, qui a traduit en italien le ms. français de Berne, ayant lu Migrac, au lieu de Ungeat comme portent nos mss. de Paris, se borne à dire que tous les illustres commentateurs qui l'ont précédé, ayant suivi une fausse leçon, ont mis leur esprit à la torture pour expliquer leur texte fautif. Mais lui, qui croit avoir trouvé la bonne leçon, ne donne aucune explication à son égard.

[ocr errors]

Le passage suivant de Rachid-ed-din (Djamiet-tewarikh, « Collection d'histoires »), cité par d'Ohsson, dans son Histoire des Mongols (t. I, p. 84), et dans le nouveau Journal asiatique (t. IX, p. 526), sur la tribu des Oungout (la même que celle des Ungeat, le g étant prononcé dur), confirme de la manière la plus explicite les renseignements sur cette tribu donnés par Marc Pol. Du temps de Dchinghis-Khaân, et avant lui les peuples Oungout, avaient des troupes au service des) Altai khán ou souverains du Khataï (ceux de la dynastie des Kin ou d'or, « altaï », signifiant aussi or en mongol, comme altoun en turk moderne). C'est une nation indépendante qui ressemble aux Mongols, et qui comptait quatre mille tentes ou familles.

envoie on cent pucelles des plus belles de celle generation, et sont amenées au grant Kaan. Et il les fait garder à dames anciennes qui demeurent en son palais. Et les font dormir avec elles en un lit " pour savoir se elles ont bonne alaine 8, et se elles sont bien saines" de touz leur membres (5). Et celles qui sont belles et bonnes et Ms. C. Les mss. A. B. et les fait dormir en son lit. h Ms. C. se elles sont pucelles et

bien saines.

8 Haleine.

سد

تنقكوت de

« Pour garantir leur territoire des incursions des Mongols; Kéraïtes, Naïmans et autres tribus nomades, les souverains du Khataï, qui portèrent le surnom d'Altai-khán ou princes d'or (les rois d'or, dans Marc Pol, ch. cvi et cix), avaient fait construire une muraille ( sadd, mot arabe signifiant rempart) que les Mongols nomment Ongkou (et les Chinois tching, «< muraille fortifiée » comme celle qui forme l'enceinte des villes); de là tcháng tching, « la grande muraille », s'étendant depuis les bords de la mer de Djourdjeh (mer Jaune) jusqu'à la rivière Cará mourán (le Hoáng ho ou fleuve Jaune) qui forme la frontière de la Chine septentrionale (Khataï) et de la Chine méridionale (Tchin ou Mátchin), dont les sources se trouvent dans les pays Tangkout et Tebet, et n'est guéable en aucun lieu. Les souverains du Khataï confèrent la garde de cette muraille fortifiée aux Oungout, en leur accordant des subventions. Le chef de cette tribu, du temps de Tchinghis-khân, était nommé Alá kouch Tékin kori. Alá kouch était son nom, et Tékin kori son surnom ou titre. » D'Ohsson fait sur ce passage la remarque suivante: « Le nom de ce chef fait croire que les Oungoutes étaient un peuple de race turque; car alácouch est un nom propre turc, qui signifie oiseau bigarré; tikin est un titre affecté chez les Turcs aux chefs de hordes. Couri est la même appellation honorifique qui fut donnée à Témoutchin (il faut peut-être lire, au lieu de Couri, Cou-tse ou Fou-tse). En effet, Gaubil dit, d'après les historiens chinois, que Alaousse, chef des peuples appelés les blancs Tata, était de la race des anciens princes turcs (Hist. de la dynastie des Mongous, p. 10). »

Il ne paraît pas douteux que les Oungout n'aient été une tribu de race turque, car, dans sa notice sur les Tatar, le même historien persan, Rachid-ed-din, classe les Oungout parmi les tribus turques qui ont porté le nom de mongoles. « Les différentes branches des Turcs, dit-il (lieu cité, p. 524), se sont rendues célèbres << selon leurs différentes classes et noms. On les appelle tous Tatar; et ces différentes peupla« des se firent une gloire et un point d'honneur « qu'on les confondit avec les Tatar, et qu'on << les appelât de ce nom.

[ocr errors]
[ocr errors]
[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors]

« Leurs fils actuellement vivants s'imaginent << qu'ils avaient été autrefois connus sous le nom « de Mogols; mais il n'en avait pas été ainsi; « car dans les temps anciens les Mogols n'étaient « qu'un peuple nomade de Turcs. »

On comprend maintenant que la tribu des Oungout, de race turque, habitant depuis plusieurs siècles la chaîne de montagnes formant la frontière nord de la Chine, dont elle avait la garde contre les incursions des tribus de sang plus mélangé de Mongols, se soit conservée plus pure; et que Marc Pol ait pu dire d'elle : « Il est voirs (vrai) qu'il y a une génération (tribu) de Tatars qui sont appelez Ungeat, qui « moult sont belles genz. On comprend aussi que les empereurs mongols de la Chine fissent choisir parmi les plus belles femmes de cette tribu celles qu'ils destinaient à leur couche,

[ocr errors]

saines de toutes choses sont mises à servir le seigneur en ceste maniere que chascune trois jours et trois nuis six de ces damoiselles servent le seigneur en sa chambre, en son lit; et à tout ce qui li besoingne; et il en fait sa volenté. Et au chief de trois jours et de trois nuiz se partent, celles, et viennent autres six. Et ainsi tout l'an que chascun tiers jour et tierce nuit se changent de six en six damoiselles.

CHAPITRE LXXXII.

Ci devise des filz au grant Kaan.

a

b

Le seigneur si a de ces quatre siennes mouliers .xxij. filz masles; et le grant avoit nom Chingui pour l'amour au bon Chingui Kaan, le premier seigneur des Tatars. Et cestui Chingui, a Ms. B. avoit. b Id. iiij. (quatre); le ms. C. vingt-deux. — © Ms. B.

LXXXII.

comme les sultans de Constantinople, par tradition sans doute, ont longtemps recherché les belles Géorgiennes, autre tribu privilégiée, pour la même destination.

(5) Cet usage singulier existait encore au dix-septième siècle, dans le commencement du règne de la dynastie actuelle, car le P. Gab. de Magaillans, qui résida en Chine comme missionnaire jésuite, de l'année 1640 à l'année 1647, rapporte la même coutume dans sa Nouvelle Relation de la Chine (tr. française publiée chez Claude Barbin en 1688). On y lit à l'énumération des vingt palais de l'empereur dans l'enceinte de Pé-king (p. 330):

« Le septième palais, ou le quatrième oriental, s'appelle Yuen hoen tien, ou « palais des noces royales ». Quand le roy ou le prince héritier veulent épouser une femme, le Tribunal des cérémonies choisit à Pé-king des filles de quatorze ou quinze ans, les plus belles et les plus accomplies qu'on peut trouver, soit qu'elles soient filles de grands seigneurs ou de gens de basse naissance. Ce tribunal se sert pour cela de femmes âgées et de bonnes mœurs qui font choix des vingt qu'elles estiment les plus parfaites. Le tribunal en étant averti, les fait mettre dans des chaises bien fermées, et les fait porter par des eunuques

с

au palais, où, durant quelques jours, elles sont examinées par la reine-mère, ou, à son défaut, par la principale dame du palais, qui les visite et les fait courir, pour reconnaître si elles n'ont point de défaut ou de mauvaise odeur. Après divers examens, elle en choisit une qu'elle remet au roy ou au prince avec de grandes cérémonies, accompagnées de fêtes, de distributions de grâces et d'un pardon général pour tous les criminels de l'Empire, à la réserve des rebelles et des voleurs de grands chemins. On la couronne avec un grand appareil, et on lui donne en même temps beaucoup de titres et de revenus. Quant aux dix-neuf filles qui n'ont pas eu la fortune favorable, le roy les marie à des fils de grands seigneurs ; et s'il n'y en a pas assez pour toutes, il les renvoie à leurs parents avec des dots suffisantes pour les marier avantageusement. C'était là la coutume des rois chinois; mais à présent les empereurs tartares choisissent pour leur femme et pour reine la fille de quelqu'un des grands seigneurs qui ne sont pas du sang royal, ou de quelqu'un des roys des Tartares d'occident (des Mongols). »

Le texte de Ramusio a été augmenté de particularités qui ne se trouvent pas dans nos manuscrits.

« PrejšnjaNaprej »