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cest royaume pert 3 plus l'estoille de tramontaine, qui pert plus haute que l'yaue deux coutes 4 (2). Sachiez que de ce royaume de

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séparé, et sa maison au milieu de ce jardin. Le tout est entouré d'une enceinte de planches et le chemin passe à travers les jardins. Personne ne voyage dans ce pays avec une monture, et il n'y a de chevaux que chez le sultan. Le principal véhicule des habitants est un palanquin porté sur les épaules d'esclaves ou de mercenaires; ceux qui ne montent pas dans un palanquin, quels qu'ils soient, marchent à pied... Je n'ai pas vu de chemin plus sûr que celui-là; car les Hindous tuent l'homme qui a dérobé une noix. Aussi, quand quelque fruit tombe par terre personne ne le ramasse, jusqu'à ce que le propriétaire le

prenne...

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Il y a dans le Malabar douze sultans idolàtres (hindous), parmi lesquels il s'en trouve de puissants, dont l'armée s'élève à cinquante mille hommes, et de faibles, dont l'armée ne monte qu'à trois mille hommes. Mais il n'y a parmi eux aucune discorde, et le puissant ne convoite pas la conquête de ce que possède le faible. Entre les États de chacun d'eux, il y a une porte de bois sur laquelle est gravé le nom de celui dont le domaine commence en cet endroit. On l'appelle « la porte de sûreté » de N. Lorsqu'un musulman ou un idolâtre s'est enfui des États d'un de ces princes, à cause de quelque délit, et qu'il est arrivé à la porte de sûreté, d'un autre prince, il se trouve en sécurité, et celui qu'il fuit ne peut le prendre, quand bien même il serait puissant et disposerait de nombreuses armées.

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Les souverains de ce pays-là laissent leur royauté en héritage au fils de leur sœur, à l'exclusion de leurs propres enfants. Je n'ai vu personne qui agisse ainsi, excepté les Messoufah, porteurs du lithame (voile qui couvre la partie inférieure du visage). Lorsqu'un souverain du Malabar veut empêcher ses sujets d'acheter et de vendre, il donne ses ordres à un de ses esclaves, qui suspend aux boutiques un rameau d'arbre muni de ses feuilles. Personne ne vend ni n'achète tant que ces rameaux restent sur les boutiques.

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Ces observations curieuses d'un voyageur arabe, qui visita le Malabar environ cinquante ans seulement après Marc Pol, nous ont paru méri ter d'être rapportées ici. On voit qu'à cette époque (vers 1345), les États du Malabar au nombre de douze, étaient encore gouvernés par des princes ou Radjas hindous (qu'Ibn Batoutah appelle toujours «< idolâtres »»), et que les sultans mahométans de Dehli n'en avaient pas encore fait la conquête. On sait au surplus que cette contrée péninsulaire, défendue contre la conquète, du côté de l'est, par cette longue chaîne de montagnes qui n'offre à une armée envahissante que d'étroits passages, et lui oppose des obstacles naturels formidables, resta indépendante jusqu'en 1760, époque à laquelle elle fut attaquée et partiellement soumise par Haïder Aly, qui s'empara du Maissour (le Mysore). Son successeur Tippou sultan résolut de convertir de force toute la province au mahométisme. A cet effet, il l'envahit en 1788, avec une nombreuse armée, et força un grand nombre de brahmanes et de naïrs (délégués primitivement par les souverains pour percevoir les revenus de leurs États, et qui insensiblement s'étaient rendus indépendants) à se faire circoncire. Cette mesure révoltante occasionna une insurrection générale qui fut promptement étouffée par le sultan Tippou, lequel poursuivit les Râdjahs, et fit circoncire de force tous ceux qui lui tombèrent sous la main.

(2) On ne doit pas prendre à la rigueur les observations de Marc Pol sur la latitude qu'il indique de certains lieux par la hauteur de l'étoile polaire, parce que, de son temps, les navigateurs ne se servaient pas encore des méthodes et des instruments que l'on a inventés depuis. Si l'on se servait déjà de l'astrolabe et de la boussole, on ne connaissait pas la déclinaison de l'aiguille aimantéc. Nicolo de Conti, qui fit le voyage de l'Inde vers le milieu du quinzième siècle, dit, à propos de la navigation dans ces parages (Ramusio, t. I, fol. 379): « 1 naviga« tori dell' India si governano colle stelle del

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Melibar, et d'un autre qui a nom Gazurat, issent 5 chacun an, plus de cent nefs, lesquelles vont en cours sus chacune. Et demeurent tout l'esté; et mainnent avec eus leur femmes et leur enfans. Il s'assamblent .xx. (vingt) nefs ou .xxx. (trente) ensemble, de ces courseaus ; et vont cinq ou six milles l'une loins de l'autre ; si que il tiennent grant place de la mer, à ce que nulle nef de marchans n'y passent qu'il ne la prennent. Et maintenant que il voient aucuns voilles, si font feu ou fumées pour seignal 9, et là s'assemblent tuit ensemble; et la prennent et robent 10 touz les marcheans (3). Et puis les laissent aler et leur dient : «< Aler gaaignier, b Ms. B. affin. ―c Id. prendent.

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Ou trouve encore dans Ramusio (t. I, fol. 137 et suiv.) la citation d'un voyageur florentin qui avait accompagné Vasco de Gama lors de ses premieres navigations dans l'Inde, et où il est dit : « Li marinari di là (les mers de l'Inde) « non navigono colla tramontana, ma con certi quadranti di legno. » Et plus loin : « Navi«gono in quei mari senza bussolo, ma con certi « quadranti di legno, che per difficile cosa, e « massimo quando far nuvolo (quand le ciel est « nuageux) che non possono vedere le stelle. »

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Marc Pol d'ailleurs, comme l'a judicieusement fait observer Marsden (note 1388), n'a fait que s'exprimer ainsi qu'on avait alors l'habitude de le faire pour indiquer que tel lieu était plus ou moins éloigné de l'équateur, par la hauteur où l'on voyait l'étoile polaire au-dessus de l'horizon, et cette hauteur était exprimée en « pieds » ou en « coudées ». Cadamosto (dans Ramusio, vol. 1, p. 107) dit, comme Marc Pol: « Nelli giorni « che noi stemmo sopra la bocca di questo « fiume (parlant d'un lieu sur la côte d'Afrique), « non vedemmo più che una volta la tramontana, e ne pareva molto bassa sopra il mare; we però la convenivamo vedere con tempo

8 Corsaires. 9 Signal. -10 Pillent.

<< molto chiaro, e ne pareva sopra il mare l'al« tezza di una lancia. »

« C'est avec une corde à plusieurs nœuds que les pilotes indiens prennent hauteur, dit un missionnaire (Mémoires géographiques, etc., t. I, p. 203). Ils en mettent un bout entre leurs dents; et par le moyen d'un bois qui est enfilé dans la corde, ils observent facilement la queue de la petite Ourse, qui s'appelle communément l'étoile du nord (la tramontane) ou l'étoile polaire. »

(3) Ibn Batoutah, que nous avons déjà souvent cité, confirme encore ici le dire de Marc Pol: « Le sultan de Fåcanaour (ville du Malabar) est un idolâtre (Hindou) appelé Bâçadeo; il a environ trente vaisseaux de guerre, dont le commandant en chef est un musulman nommé Loûlâ. Celui-ci est un homme pervers, qui exerce le brigandage sur mer et dépouille les marchands. C'est la coutume en ce pays, que chaque vaisseau qui passe près d'une ville ne puisse se dispenser d'y jeter l'ancre, ni d'offrir à son prince un présent que l'on appelle le droit du port. Si quelque navire se dispense de cela, les habitants se mettent à sa poursuite sur leurs embarcations, le font entrer de force dans le port, lui imposent une double taxe, et l'empêchent de repartir aussi longtemps qu'il leur plaît. » (Trad. de MM. Defrémery et Sanguinetti, t. IV, p. 78.) La piraterie semble avoir toujours eu un grand attrait pour les Arabes.

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car par aventure il sera encore nostre. » Mais les marcheans le sevent orendroit ", et vont si appareillié et garni d'armes et de

genz, et atout si grant nef que il ne les doutent 12 point; se n'est 13 par aucune mesaventure qui leur vient aucune fois.

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Il a en ce regne grant quantité de poivre et de gingembre et de canelle, et de turbit et de nois d'Inde (4). Et si y fait on moult fins bouguerans (5) et beaux. Les nefs qui viennent du Levant leur

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(4) Il a déjà été trop souvent question dans ce livre du poivre, du gingembre et de la cannelle, pour qu'il soit nécessaire d'y revenir. Quant au turbit (le convolvulus indicus), voici ce qu'en dit Pierre Pomet, marchand épicier et droguiste, dans son bel ouvrage intitulé: Histoire générale des drogues, etc. (Paris, 1694, 1 vol. in-folio avec figures, 1e partie, p. 57): « Le turbith, que les Latins appellent turpethum, est la racine d'une plante rampante (dont il donne une très-belle gravure en tailledouce) le long des autres arbres, qui a ses feuilles et ses fleurs assez approchantes de celles de la guimauve, ainsi que le rapportent plusieurs auteurs, entre autres Garcie du Jardin, qui marque dans son Livre, à la page 232 de son second volume, ce qui suit :

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« Le turbith est une plante qui a sa racine d'une moyenne grosseur et longueur, ayant le pied épars sur la terre, comme le lierre; elle produit des feuilles et des fleurs semblables à la guymauve; la meilleure partie « de la plante est ce qu'il appelle le pied, et dit que toute cette plante n'a aucun goût «lorsqu'elle est récente, et qu'elle se trouve « aux environs de la mer, tant en Cambajette (Cambaeth ou Cambaye), Suratte, qu'en d'autres contrées des Grandes Indes. Il dit « encore qu'il s'en trouve à Goa, mais que les médecins du pays n'en font point d'état. » Antoine Colin, dans son Histoire des drogues, espiceries, etc. (Lyon, 1619), tirée principale ment, comme la citation précédente, du livre de Garcias de la Huerta, ou de Horto, botaniste

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(5) Le bougueran, comme il a déjà été dit plusieurs fois, est une étoffe de coton, empesée, fabriquée dans plusieurs provinces de l'Inde. C'est probablement de cette même étoffe, fabriquée dans celle de Calicut, sur la côte du Malabar où nous sommes maintenant, que nous est venu le mot de calicot, toile de coton imprimée que l'on nomme aussi indienne. Notre texte se garde bien de dire, comme celui de la Société de Géographie, et celui même de Ramusio, que les bouguerans en question sont des plus biaus de tout cest monde (p. 224); i più belli, e i più sottili, che si trovino al mondo (p. 444, éd. Bald. Boni); il y a là évidemment une grande exagération.

nportent arain -*- que il mettent en leur nef pour savoure 15. Et si

raportent encore draps à or, et cendaus 16, et soie et draps de wie: for et argent. gir des et autres espices soutilz, lesquelles il er endent, seinen nt: et puis achatent de celles que il ont, el ellent. Si me state pose qui ist 17 de ce royaume et va a chart province in Lim le envers ponent 19, les marque ru vit à Aden, celle (espicerie) va 1st pas de .x. (dix) nefs une de emer et Boult grant fait, si comme

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*aume e azurat, unsi comme vous porrez oir. Et

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ians le golfe Persique, à Aden, et de là à Alexandrie d'Egypte, en transit pour l'Europe, mede Ra- par la Méditerranée, n'équivalaient pas à la

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Sacsures preces de en Jarres des anges ines », le Le moitas je a Chine, grosse epiPes contrees de Ünde,

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ace lies asa pays etait alors gut, da er de Mare Pol dans les produits en épiThe idea 200e du Malabar, qui TO SADES NP As navires marchands

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zene partie de ceux qui étaient exportés en Chine, lequel est moult grant fait (économique), ajoute très-judicieusement Marc Pol, qui avait de a acquis la conviction de son temps (conviction acquise assurément par une longue expérience des faits) que la Chine était le plus grand marché du monde.

Cette observation très-remarquable de Marc Pol, que sur dix navires de commerce qui partaient de l'Inde et se dirigeaient ensuite au Levant ou en Chine, et au couchant à Aden et en Egypte, il n'y en avait pas un qui prît cette dernière direction, ne se trouve, à notre connaissance, que dans notre rédaction seule. Il en résulte indubitablement, selon nous, que cette rédaction a été revue, corrigée et augmentée par Marc Pol lui-même, parce qu'il était alors le seul Européen capable de faire l'observation consignée ici, sur l'importance du commerce de la Chine comparé à celui des autres nations.

sachiez que de ces royaumes il ne vous est conté fors de la maistre cité seulement; mais des autres citez et chasteaux, dont il a grant quantité, ne vous disons nous riens, pour ce que trop seroit lointainne chose à tout conter' (7).

CHAPITRE CLXXVIII.

Cy devise du royaume de Gazurat.

Gazurat (1) est un grant royaume; et sont ydolatres, et ont langages par eus (2). Et ont roy; et ne font treu à nullui. Et est vers j Toute la seconde partie de cet alinéa manque dans le ms. C.

(7) Marc Pol dit, en terminant ce chapitre, que, des royaumes situés sur la côte du Malabar, il n'a parlé que de la ville capitale, et n'a rien dit des autres, parce que le sujet l'aurait entraîné trop loin. Cela explique pourquoi il n'a pas nommé celles de Calicut (Kálikoúth) et de Cochin (Koutchi), les plus connues des Européens. Peut-être aussi Marc Pol ne les comprenait pas comme faisant partie du Malabar, lequel, à proprement parler, est borné au nord par le Kanara; à l'est par le Kourg, le Maïssour et Coimbatour; au sud, par le Travancore, et à l'ouest par la mer. Le royaume de Kalikut (ou de Samorin, du nom des rois qui régnaient dans cette contrée, et dont Marc Pol a parlé sous le nom de royaume de Lar, ch. CLXXII) et de Cochin (Kotchi), n'étaient pas ainsi nommés de son temps. Ce ne fut que lorsque les Portugais, sous la conduite de Vasco de Gama, s'établirent à Kalikut en 1498, et fondèrent ainsi le premier établissement des Européens dans les Indes; puis quelques années après, en 1503, quand l'amiral de la même nation, Albuquerque, eut obtenu, du Rådjah de Kotchi, la permission d'ériger un fort en cet endroit, le premier aussi que les Européens aient possédé dans les Indes, que les dénominations de royaumes de Samorin, ou Zamorin, et de « Cochin », prirent place dans la géographie européenne. Marc Pol ne pouvait donc pas en parler sous ces deux noms. Il s'accorde ainsi avec Aboulféda, historien et géographe arabe célèbre, son contem

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cui nomen sit ol Guzurat (le « Guzarat »); se«cundam esse 'l Manibar (le « Malabar »), præ«< cedenti ' Guzurat orientalem, ubi proveniat « piper quod crescat in arboribus racemiferis, ut « sunt racemi milii, et haud raro aliis arboribus implicari, ut vites. Tertiam Indiæ provinciam recensebat al Mabar (seu trajectum) cujus,

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<< initium incidat in locum, tribus aut quatuor diebus ab al Caulam in orientem remotum; hanc aiebat in oriente 'l Manibar esse. » (Trad. de Reiske, p. 270-271).

On voit que cette division du géographe ou voyageur arabe a beaucoup de ressemblance avec celle de Marc Pol. Le Maabar (en suivant l'ordre inverse d'Aboulféda, lequel ordre est celui de Marc Pol revenant de Chine, son point de départ),' se termine à trois journées à l'orient de Caulam (Coilum, Kiù-lân), qui le sépare du Malabar; Caulam n'étant compris ni dans l'un ni dans l'autre. Après le Malabar, ainsi limité de ce côté, vient le Guzarate, dans lequel nous allons entrer. Cette concordance remarquable du récit de notre voyageur avec le géographe arabe

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