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de riches marchandises et de richesses", qu'il ne va par tous les fluns et par toute la mer des Crestiens, et ne semble mie flun, mais mer. Et raconte ledit messire Marc Pol, qu'il oy dire à cellui qui pour le grant Kaan gardoit la droiture sur ce flun, que il passoit bien, amont le fleuve, chascun an .CC.M. (200,000) nefs', sans celles qui retournent, qui ne comptoient point. Si povez bien savoir que c'est grant chose'. Et a bien, sur ce flun, quatre cens grans citez, sans les villes et les chasteaux, qui toutes ont navires. Et sont, leurs nefs, faites ainsi comme je vous diray. Elles sont moult grans; si que chascune porte bien .xj.м. à .xij.м. (onze à douze milles) quintaux pesant'. Et si ont un arbre 3 seullement et une couverture 4.

Autre chose n'y a qui à conter face, et pour ce nous partirons, et vous dirons d'une cité qui a nom Cugui. Mais avant vous conterons d'une chose que je vous avoie oubliée à compter. Sachiez que ces nefs, qui vont amont ce flun", se font tirer, pour ce que l'aigue court trop fort; car autrement ne pourroient elles monter (4).

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h Ms. C. plus de navies et plus de chieres choses et de greigneur.—i La version latine de la S. G. porte (p. 422): Ego Marcus Paulus vidi in ista civitate plus quam quindecim « millia navium. » L'ancien texte italien: il Milione (p. 135), porte: Io vidi a questa città, per una volta, mille-cinquecento navi da portare mercatanzia. » — j Le ms. C ajoute : et va bien, ce flun, par plus de .xvii. provinces ; le texte français de la S. G. dit : « Cest flun ala por plus de seize provinces.» Ces leçons sont toutes deux fautives. — k Le ms. et l'édition cités portent .cc.; deus cens. 1 Ms. C. de poiz au compte de nostre pais.

-m Id. celles qui vont contre le cours de l'yaue (qui remontent le fleuve).

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(4) La manière de naviguer des Chinois, depuis l'époque de Marc Pol, n'a pas changé. On lit dans la Relation du Voyage de l'ambassade de la Compagnie des Indes orientales hollandaises vers l'empereur de la Chine, par Van Braam Houckgeest, édit. franç., Philadelphie, 17971798, in-4°, t. I, p. 313:- — « La manière de gouverner les bâtiments de transport en Chine est très-singulière, mais calculée sur la nature du passage qu'ils ont à faire. Six ou huit hommes les tirent à la cordelle, tandis que quatre autres marchent le long de la digue, à côté du

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yacht, portant deux ancres légères en bois, dont les câbles ou cordes sont attachées à des poteaux bien forts placés sur les gaillards; au commandement qu'en fait le pilote, on met ces ancres à terre pour que la proue ou la poupe soit rapprochée de la digue selon la direction que l'on veut que le bâtiment tienne dans sa course, el afin d'empêcher ainsi que le vent ou le courant ne le jette en travers.

« Leurs cordes de rotin, ou (pour parler plus exactement) de bambou, sont d'un grand avantage, parce qu'elles réunissent la légèreté et la

Et vous dy que la corde à quoy" on les tire a bien trois cens pas de lonc, et n'est d'autre chose que de cannes 5 ainsi faittes : ilz ont canne qui ont bien quinze pas de lonc"; et prennent ces cannes et les font fendre de lonc, et lient l'un aveuc l'autre, et en font leurs cordes si longues comme ilz veulent, et sont moult fortes.

CHAPITRE CXLVII.

Cy apres dist de la cité de Cuguy.

Cuguy (1) est une petite cité, [et est vers seloc']; et sont au grant Kaan; et ont monnoie de chartre; et est sur ce fleuve de

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Le ms. C. ajoute: si comme je vous ai dit autrefoiz en ce

CXLVII. a Ce chapitre manque dans le ms. A. .b Ms. C..

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5 De bambous.

solidité. D'autres cordages manqueraient, fussentils de la première ou de la seconde qualité, quand il faudrait maintenir le bâtiment dans le fil du courant. Les poteaux autour desquels ces cordes sont roulées sont les deux pièces de bois les plus pesantes du vaisseau, dont ils pénètrent la capacité. Il y en a aux deux côtés du gaillard.

Le mât est composé de deux pièces qui se réunissent à leur sommet, mais qui, détachées inférieurement l'une de l'autre, sont fixées dans des colliers de fer sur les deux bords du tillac; de sorte qu'on peut abaisser le mât en le renversant. En conséquence, il y a, au pied du mât, une autre pièce de bois aussi composée de deux morceaux également joints à leur sommet, où ils forment une fourche sur laquelle est posé un pa lan pour guinder ou coucher le mât; opération que ces moyens rendent très-facile.

La corde par laquelle on tire le navire est faite de l'écorce de bambou ; elle n'a que l'épaisseur du petit doigt, et cependant elle est trèsforte en même temps qu'elle est très-légère. De tout ce qui croît dans la vaste étendue de l'empire de la Chine, il n'est rien, sans contredit, dont l'utilité surpasse celle du bambou, qu'on emploie à tout, même comme nourriture. On ne

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- c Id. flum.

connaît presque rien à la Chine de ce qui a quelque usage, soit sur terre, soit sur l'eau, dans la composition duquel le bambou ne soit pas employé, ou à l'utilité duquel il ne soit pas associé. On en construit des maisons entières et tous les meubles qui la garnissent. Dans la navigation, c'est le bambou qui fournit, depuis la cordelle qui tire le frèle esquif jusqu'au câble qui, lié à l'ancre, fait la sécurité du plus gros vaisseau.

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Cet arbre, qui se propage avec une étonnante abondance, et qui croît avec une rapidité remarquable, dès qu'il a été placé dans un terrain favorable, mérite d'être considéré comme un des plus grands bienfaits que la nature ait accordés au sol de la Chine; aussi les Chinois en marquent-ils une vraie reconnaissance en en multipliant sans cesse le précieux usage. Je doute qu'aucun point du globe offre, dans le règne végétal, une substance qui ait une utilité aussi générale que celle du bambou, que ses qualités rendent bien supérieur à mon faible éloge.

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On nous pardonnera cette longue citation, qui donne une idée si juste des usages si nombreux auxquels les Chinois savent appliquer le bambou. Cet arbre si utile devrait bien exciter l'intérêt de notre « Société d'acclimatation

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CXLVII. — (1) Koua-tcheou, pe

vant dit. Et en ceste cité se recueillent grant quantité de blez, et de ris, qui se portent à la grant cité de Cambaluc, pour la court du grant Kaan; pour ce que de ceste contrée viennent li grain qui

tite ville de la province de Kiáng-sou, située au midi de Yang-tcheou (voir ch. CXLIII) sur la rive gauche du Kiáng, que, selon le texte français publié par la Société de Géographie (p. 165), on traverse pour se rendre de Caigui (Koua-tcheou) à Chinghianfu (Tching-kian fou) décrite dans le chapitre suivant.

Koua-tcheou n'est pas mentionnée dans la Section de Géographie de l'Histoire officielle de la dynastie mongole (Yuen sse), ni dans la Géographie impériale, comme étant une ville de trop peu d'importance; mais elle figure sur la carte du département de Yang-tcheou fou, de la même grande Géographie.

Van Braam (lieu cité précédemment, p. 329) parle ainsi de Koua-tcheou:

« Peu après notre départ, nous avons passé la ville de Koua- tcheou, située au nord du Kiang; elle a un rempart très-étendu, qui annonce cependant la caducité en plusieurs endroits. La digue se trouve précisément entre la ville et la rivière.

« Une demi-lieue plus loin, nous avons côtoyé une ile très-élevée composée de rochers, et pla

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cée vers la rive méridionale. Le côté occidental de l'ile va en pente; mais, à l'opposite, son bord est escarpé. Cette ile, appelée Kiang-tsang-tsi (lisez : Kin-chán, « montagne d'or », comme son nom est écrit sur les cartes chinoises), fut choisie par un des empereurs pour être un lieu de plaisance. On y a bâti en conséquence plusieurs édifices, qui, lorsqu'on vient de l'ouest, offrent un superbe spectacle, et ont l'aspect d'une petite ville. Tous les bâtiments du même côté ouest sont placés le long de la pente du rocher, et, pour ainsi dire, les uns au-dessus des autres, et construits en briques. Leurs toits sont couverts de tuiles vertes et jaunes vernissées; quelquesuns en ont cependant qui sont de couleur rouge ordinaire.

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d'en placer; et, comme il est perpendiculaire du côté de l'est, les beaux bâtiments de cette face, qui sont aussi les principaux édifices impériaux, sont construits sur une portion plane au pied du rocher. Le point par lequel on aborde dans l'ile étant au nord-est, on y a construit un large escalier de pierre, partant du bord de la rivière. Une balustrade aussi de pierre, destinée à la sûreté des personnes, règne sur le bord du chemin, qui luimême contourne l'île entière, et passe par-dessus des canaux voûtés, qui servent de conduits à l'eau des pluies. Dans d'autres points, où des fentes de diverses parties du roc interrompaient ce chemin, on les a maçonnées afin de le rendre uni et commode. Enfin, pour donner encore plus de sécurité aux passants, une autre balustrade borde à l'est le haut du rocher, au point où commence son escarpement. Sur ce sommet sont bâtis plusieurs superbes édifices. »

On ne peut méconnaître, dans cette description pittoresque, la petite cité et l'ile de roche dont parle Marc Pol dans ce chapitre. Cette même île est nommée dans la Géographie impériale (k. 37, fol. 7),

nommé: 金山寺

Kin chân, la

<< montague d'or ». Le Monastère bouddhique dont parle aussi Marc Pol, et qu'on y voit encore, est Kiu chân ssẻ, le « monastère de la montagne d'or ». Il fut fondé sous le règne de la dynastie Tçin (de 265 à 419 de notre ère). Il possède une cloche qui se fait entendre sur les deux rives du grand fleuve. Sous les Soung, on le nommait le « temple du dragon nageant ». L'empereur Khang-hi, la vingt-troisième année de son règne (en 1684), voyageant dans les provinces méridionales de la Chine, visita ce monastère, comme le porte une inscription placée à son entrée; c'est depuis cette célèbre visite que le rocher situé au milieu du fleuve a été nommé Kin chán, la << montagne d'or»; et le couvent bouddhique construit sur ce rocher: Kin chan ssé,« monastère de la montagne d'or » (Yuen sse, k. 46, fol. 24).

ont mestier pour la court du grant Kaan. Et si vous dy que li grans Sires a fait faire telles voies et telles ordonnances par yaues douces et par lacs, de ceste cité jusques à Cambaluc, par grans fossés qui vont de lieu en aultre'; si que les grans nefs toutes chargées peuvent aler de ceste cité de Cucuy jusques à la grant cité de Cambaluc (2). [Et aussi y peut aler par terre, car de ces

d Le ms. C. ajoute et se porte par engin, et non par mer, par flums et lacs. par e Id. le Seigneur a fait faire ces voies et ordonnées, de celle cité jusques à Cambalut; car il y a grans fosses et larges et parfondes, de l'un flum à l'autre, et de l'un lac à l'autre ; si que l'yaue est parmy les fossez; si que il semblent grans flums.

(2) L'histoire officielle de la dynastie mongole (Yuen sse) donne (k. 64-66) les renseignements les plus étendus et les plus minutieux sur les grands travaux de canalisation exécutés sous le règne de cette dynastie; un volume entier ne suffirait pas pour les reproduire. Il suffit d'ailleurs de savoir que ces grands travaux auxquels on avait employé forcément des millions d'hom mes, qui pour la plupart y périrent, furent entrepris en vue d'approvisionner de grains la capitale de l'Empire mongol, dont la population, comme encore aujourd'hui celle de Pé-king, tire presque tous ses moyens de subsistance des provinces méridionales de la Chine. Voici comment les historiens de la dynastie mongole exposent le fait (Yuen sse, k. 93, fol. 14 et sq):

La capitale des Yuen ayant été placée à Yen (Pé-king de nos jours), elle se trouvait extrêmement éloignée du Kiảng nán (« provinces situées au midi du cours inférieur du Kiang »), et cependant tous ceux qui, par leurs fonctions publiques, avaient la charge de pourvoir à la subsistance des populations, n'attendaient leurs ressources que du Kiáng-nan. Mais, depuis que le ministre Pě-yèn (voir les notes du ch. cxxxvIII) eut présenté le projet des « transports par mer » (hài-yun), et que lesprovinces du Kidng-nin eu rent été partagées en « transports du printemps »> et en transports d'été », il arriva, dans la capitale, en une seule année, jusqu'à trois millions et plus de mesures (*) de riz. »

tails les plus circonstanciés sur les mesures qui furent prises alors pour organiser ce service de transports, non-seulement par la voie de mer, mais encore par les fleuves et canaux déjà construits, et qui le furent par la suite. La ville de Yang-tcheou, dont Marc Pol fut trois ans gouverneur (voir ch. CXLIII), fut l'un des principaux centres de direction de ces mêmes transports (Yuen sse, k. 96, fol. 15). L'ordre fut donné à trois provinces ou grands gouvernements (Sing) de construire deux mille navires ou bâtiments de transports qui pussent naviguer dans les fleuves et canaux pour pouvoir transporter par cette voie les provisions qui n'étaient pas confiées à la voie de la mer.

Voici un tableau de la quantité annuelle de mesures, ou hectolitres de riz, déclarée avoir été livrée aux bâtiments de transports, et de la quantité arrivée à sa destination.

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fossez est la terre haulte que l'en va dessus, laquelle fu traite des fossez1 et est mise d'une part et d'autre.]

Et sachiez que à l'encontre de ceste cité de Cucuy, enmy le flun, a une isle de roche en laquelle il y a un moustier d'ydoles, où il y a bien deux cens frères idolastres". Et est ceste abbaye chief de maint aultre moustier d'idolastres" ainsi comme entre les crestiens un archevechiez 2.

[Or nous partirons de cy, et du flum, et vous dirons d'une cité qui a nom Chinghianfu.]

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f Ms. C. 8 Le même ms, ajoute : Et si y a aussi ou moustier grant quantité de ydoles. h Id. ydoles. Ms. C. archevesque.

CXLVII.

1 La terre extraite des fossés a servi à former des chaussées des deux côtés,

sur lesquelles on circule. -Archevêché.

Nous nous bornons ici aux années du règne de Khoubilaï-Khaân. On voit dans les Annales officielles (ib., fol. 18-20) que, sous le règne de ses successeurs, qui continuèrent à faire faire de grands travaux de canalisation, la quantité de riz et autres grains transportée par eau à la capitale, des provinces du Kiảng-nán, ne fait que s'accroître, comme sans doute aussi la population de la capitale. Ainsi,

En 1302, le chiffre est de 1,383,883 hectol. 1,659,491 id. 1,843,300 id. 2,464,204 id. 2,926,532 id. 3,021,585 id. 3,264,006 id. 3,375,784 id. 3,522,163 id,

1303, 1305,

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1309,

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1310,

1319,

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1320,

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1326, 1329,

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On voit par là quel mouvement de cabotage le transport annuel de telles quantités de provisions devait produire, et comme Marc Pol était bien instruit des faits qu'il nous raconte.

Le mouvement actuel du cabotage sur le grand canal est beaucoup plus considérable encore que du temps de Marc Pol. « Il est prouvé, dit Van « Braam (Voyage de l'ambassade, t. 1, p. 326), a que l'empereur a besoin de deux cent mille << hommes pour le transport du riz; et ces hom«mes, ainsi que leurs familles, sont entretenus * aux dépens de l'État. La quantité de riz en

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voyée annuellement à Pé-king est de plus de « sept cent cinquante millions de livres françai«ses, quantité vraiment étonnante. C'est avec a ce riz qu'on paye la plus grande partie de ceux « qui servent dans l'armée et ceux qui sont atta«chés à la cour. »

Il en était déjà de même sous les Mongols, du temps de Marc Pol.

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Van Braam ajoute : « Toutes les provinces où « l'on cultive du riz doivent délivrer leur contingent, ou dîme des agriculteurs, vers la pro« vince de Kiang-nan, où les bâtiments impé«<riaux viennent le charger. La province de Kouang-toung est la seule exempte de ce tri« but.

« C'est dans le Kiang-nan que sont construits << tous les navires destinés au transport du riz, << et principalement dans le district de Sou-tcheou fou. Il en est beaucoup qui sont très-bien peints, << et ornés de dorures et de sculptures. Ils ont de très-grandes voiles à leurs deux mâts, »

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