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royaumes, mais orendroit est suspost au grant Kaan. » Aujourd'hui même cette ville de Kâchghar, située à plus de 42 degrés de longitude à l'ouest de Pé-king, appartient encore à l'empire chinois. Puis de là il fait une excursion à Samarkand (1), ville qui était alors soumise à Kaïdou, neveu de Khoubilaï-Khaân, appartenant à la branche d'Ogodaï, l'un des fils de Dchinghis-Khaan. Marc Pol rapporte ici, sur les chrétiens de Samarkand, une de ces histoires merveilleuses, comme il nous en a déjà racontées, à propos de Baudas ou Baghdâd (2), et qui doivent être classées parmi les choses, dont il nous dit, dans son Prologue, que, n'ayant pas été vues, mais entendues, elles sont rapportées dans son livre, non comme vues, mais comme entendues. De Samarkand, Marc Pol nous ramène à Yarkand, où il nous dit qu'il y avait des chrétiens Nestoriens et des Jacobites. Puis il parle de Khotân, où croissent la vigne et le coton; de Pein ou Paï, dans la rivière de laquelle on trouve le jaspe; de Kharachar, qu'il nomme Siarciam (3), et dans les ri vières de laquelle contrée toute sablonneuse on trouve aussi la calcédoine et le jaspe dont il se fait un grand commerce en Chine. Il arrive ensuite à la cité de Lop, près du lac de ce nom, située à l'entrée du grand désert, « qui est appelé, dit-il, le grand désert de Lop (4) », mais nommé Gobi « désert » par les Mongols, et Cha-mo « sables mouvants » par les Chinois. On mettait alors un mois à le traverser dans sa partie la moins large.

Après avoir décrit les particularités de ce désert, Marc Pol nous conduit à la ville de Saciou (Cha-tcheou), dans la province de Tangkout (5), sur les habitants de laquelle il nous donne de curieux détails. Vient ensuite celle de Camul (6) ou 'Hamil, dont le territoire, situé entre le grand et le petit désert, sert de passage aux caravanes qui suivent la route du nord (thián chân pẻ lou) et à celles qui suivent la route du midi (thiân chân nấn lou). De ‘Hamil, Marc Pol nous transporte dans la province de Chingin-talas (7) (Saï-yin-ta-la), située au nord des monts Célestes (thián-chân), et faisant aujourd'hui partie du gouvernement d'Ouroumtsi, dans la Dzoungarie chinoise, dépendant de la province actuelle de Kan-sou.

De la province de Chingin-talas, Marc Pol nous ramène à celle de Suctur (Sou-tcheou), située à dix journées à l'est-nord-est de la précédente; puis il nous conduit à la ville de Campicion (8) (Kan-tcheou), « moult grant cité et

(1) Chap. LI, p. 136 et suiv.

(2) Chap. XXV, p. 52 et suiv.

(3) Chap. LV, p. 146. (4) Chap. LVI, p. 149.

(5) V. le ch. LVII, p. 152, n. 2, et p. 162,n. 1.

(6) Chap. LVII, p. 156.

(7) Chap. LIX, p. 159.
(8) Chap. LXI, p. 165,

noble, qui est dans le Tangut meismes. « La population, de son temps, était composée d'idolâtres, de Sarrasins et de chrétiens; ces derniers y avaient trois grandes églises; et les idolâtres, c'est-à-dire les bouddhistes, y avaient «< maint moustier et maintes abbaies. » C'est dans cette ville, qui est comme située à l'entrée de la Chine proprement dite, en y arrivant par les routes de l'ouest, que Marc Pol séjourna un an avec son oncle Maffe Pol: « Et si demourèrent en ceste cité, ledit messire Maffe et Marc Pol, bien un an en légation (1). :

Après avoir passé par la ville d'Ezanar ou Ezina (1-tsi-naï), située à l'entrée du grand désert (en venant de Chine), Marc Pol nous fait traverser ce désert pour nous conduire à Caracorum, ville célèbre alors, et qui fut le premier siége de la puissance mongole, d'où elle s'élança à la conquête de la plus grande partie de l'Asie. C'est dans cette ville de Caracorum (2) que

(1) Chap. LXI, p. 169.

(2) La situation géographique de cette ancienne ville n'a pas encore été déterminée jusqu'ici d'une manière satisfaisante. M. Abel Rémusat, dans ses Recherches sur la ville de KaraKorum (Paris, 1825, 58 pages in-40), a réuni toutes les autorités qu'il a pu découvrir dans les historiens et géographes chinois pour fixer d'une manière à peu près certaine le véritable empla cement de l'ancienne capitale des tribus mongoles; et il est parvenu, tout en rectifiant les erreurs de ses devanciers, à restreindre considérablement les limites dans lesquelles cet emplacement devait être circonscrit. « Le résultat gé◄néral (dit-il, p. 55) des passages que j'ai ras« semblés sur Ho-lin (Kara-Korum), les itinéaraires, la carte de la Tartarie, les descriptions • géographiques, la marche des troupes, tout << enfin nous montre cette ville à une assez a grande distance des frontières chinoises, au a nord du désert, au midi de la Sélinga, sur la • Tive septentrionale de l'Orkhon, à l'ouest du a pays des Mongols et à l'orient des monts Altaï. « Une détermination plus précise ne peut être a que conjecturale, à moins qu'on n'acquière de nouveaux renseignements.

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Depuis que nous avons rédigé les notes du chapitre de Marc Pol sur Caracorum (p. 171) nous avons pu nous procurrr plusieurs ouvrages chinois, parmi lesquels il s'en est trouvé qui nous ont mis à même de déterminer d'une manière précise l'ancien territoire de cette ville. Voici

comment. Lors de l'avènement de Woutsoung à l'empire (en 1309), il fut ordonné de changer le nom de Ho-lin, qui n'était que la transcription du mot turk ou mongol Korin ou Korum (qui signifie « ville » et Kara « noir » ), et qui fut changé en celui de Ho-ning, qui veut dire en chinois paix et concorde.

Or, nous avons trouvé dans l'ouvrage chinois intitulé: Li taï ti li tchi ( a Dictionnaire de géographie historique de Li Tchao-lo, édition de 1837, K. 10, fo 13 v°) la notice suivante :

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Ho-ning; du temps des Yuen (Mongols), « c'était un département de premier ordre (lou), dépendant du grand Gouvernement (Sìng) du « Nord des montagnes (ling-pě). Aujour«d'hui c'est le territoire qui a les monts 'Hang« 'ai des Khalkhas à l'est et qui est situé entre « les rivières Orkhon et Tamir. »

Ce territoire est placé dans une grande carte en huit feuilles de l'Empire chinois, publiée récemment à Pé-king, entre les 45° 30′ et 46° 30′ de latitude nord, et entre les 12° et 14° de longitude ouest de Pé-king, ou 100° 7' et 102° 7′ du méridien de Paris. Il est probable qu'il ne reste aucuns vestiges de l'ancienne capitale mongole, car il n'y en a pas de signalés sur les cartes chinoises. C'est donc une pure supposition que de donner à cette ville une position géographique précise et déterminée. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'elle ne devait pas être éloignée de la rivière ou fleuve Orkhon, ainsi qu'il résulte d'un passage de Rachid-ed-din (voir la

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royaumes, mais orendroit est suspost au grant Kaan. » Aujourd'hui même cette ville de Kâchghar, située à plus de 42 degrés de longitude à l'ouest de Pé-king, appartient encore à l'empire chinois. Puis de là il fait une excursion à Samarkand (1), ville qui était alors soumise à Kaïdou, neveu de Khoubilaï-Khaân, appartenant à la branche d'Ogodaï, l'un des fils de Dchinghis-Khaan. Marc Pol rapporte ici, sur les chrétiens de Samarkand, une de ces histoires merveilleuses, comme il nous en a déjà racontées, à propos de Baudas ou Baghdâd (2), et qui doivent être classées parmi les choses, dont il nous dit, dans son Prologue, que, n'ayant pas été vues, mais entendues, elles sont rapportées dans son livre, non comme vues, mais comme entendues. De Samarkand, Marc Pol nous ramène à Yarkand, où il nous dit qu'il y avait des chrétiens Nestoriens et des Jacobites. Puis il parle de Khotân, où croissent la vigne et le coton; de Pein ou Paï, dans la rivière de laquelle on trouve le jaspe; de Kharachar, qu'il nomme Siarciam (3), et dans les ri vières de laquelle contrée toute sablonneuse on trouve aussi la calcédoine. et le jaspe dont il se fait un grand commerce en Chine. Il arrive ensuite à la cité de Lop, près du lac de ce nom, située à l'entrée du grand désert, « qui est appelé, dit-il, le grand désert de Lop (4) », mais nommé Gobi « désert >> par les Mongols, et Chä-mo « sables mouvants » par les Chinois. On mettait alors un mois à le traverser dans sa partie la moins large.

Après avoir décrit les particularités de ce désert, Marc Pol nous conduit à la ville de Saciou (Cha-tcheou), dans la province de Tangkout (5), sur les habitants de laquelle il nous donne de curieux détails. Vient ensuite celle de Camul (6) ou 'Hamil, dont le territoire, situé entre le grand et le petit désert, sert de passage aux caravanes qui suivent la route du nord (thián chân pe lou) et à celles qui suivent la route du midi (thiẩn chán nán lou). De 'Hamil, Marc Pol nous transporte dans la province de Chingin-talas (7) (Saï-yin-ta-la), située au nord des monts Célestes (thián-chân), et faisant aujourd'hui partie du gouvernement d'Ouroumtsi, dans la Dzoungarie chinoise, dépendant de la province actuelle de Kan-sou.

De la province de Chingin-talas, Marc Pol nous ramène à celle de Suctur (Soŭ-tcheou), située à dix journées à l'est-nord-est de la précédente; puis il nous conduit à la ville de Campicion (8) (Kan-tcheou), « moult grant cité et

(1) Chap. LI, p. 136 et suiv.
(2) Chap. xxv, p. 52 et suiv.

(3) Chap. LV,

p. 146.

(4) Chap. LVI, p. 149.

(5) V. le ch. LVI, p. 152, n. 2, et p. 162,n. 1.

(6) Chap. LVII, p. 156.

(7) Chap. LIX, p. 159.

(8) Chap. LXI, p. 165,

y

noble, qui est dans le Tangut meismes. « La population, de son temps, était composée d'idolâtres, de Sarrasins et de chrétiens; ces derniers avaient trois grandes églises; et les idolâtres, c'est-à-dire les bouddhistes, y avaient « maint moustier et maintes abbaies. » C'est dans cette ville, qui est comme située à l'entrée de la Chine proprement dite, en y arrivant par les routes de l'ouest, que Marc Pol séjourna un an avec son oncle Maffe Pol: « Et si demourèrent en ceste cité, ledit messire Maffe et Marc Pol, bien un an en légation (1).

. »

Après avoir passé par la ville d'Ezanar ou Ezina (1-tsi-naï), située à l'entrée du grand désert (en venant de Chine), Marc Pol nous fait traverser ce désert pour nous conduire à Caracorum, ville célèbre alors, et qui fut le premier siége de la puissance mongole, d'où elle s'élança à la conquête de la plus grande partie de l'Asie. C'est dans cette ville de Caracorum (2) que

(1) Chap. LXI, p. 169.

(2) La situation géographique de cette ancienne ville n'a pas encore été déterminée jusqu'ici d'une manière satisfaisante. M. Abel Rémusat, dans ses Recherches sur la ville de KaraKorum (Paris, 1825, 58 pages in-4o), a réuni toutes les autorités qu'il a pu découvrir dans les historiens et géographes chinois pour fixer d'une manière à peu près certaine le véritable empla cement de l'ancienne capitale des tribus mongoles; et il est parvenu, tout en rectifiant les erreurs de ses devanciers, à restreindre considérablement les limites dans lesquelles cet emplacement devait être circonscrit. « Le résultat gé« néral (dit-il, p. 55) des passages que j'ai ras« semblés sur Ho-lin (Kara-Korum), les itiné«raires, la carte de la Tartarie, les descriptions • géographiques, la marche des troupes, tout « enfin nous montre cette ville à une assez a grande distance des frontières chinoises, au a nord du désert, au midi de la Sélinga, sur la rive septentrionale de l'Orkhon, à l'ouest du pays des Mongols et à l'orient des monts Altaï. « Une détermination plus précise ne peut être a que conjecturale, à moins qu'on n'acquière a de nouveaux renseignements. »

Depuis que nous avons rédigé les notes du cha pitre de Marc Pol sur Caracorum (p. 171) nous avons pu nous procurrr plusieurs ouvrages chinois, parmi lesquels il s'en est trouvé qui nous ont mis à même de déterminer d'une manière précise l'ancien territoire de cette ville. Voici

comment. Lors de l'avénement de Woutsoung à l'empire (en 1309), il fut ordonné de changer le nom de Ho-lin, qui n'était que la transcription du mot turk ou mongol Korin ou Korum (qui signifie « ville » et Kara « noir »), et qui fut changé en celui de Ho-ning, qui veut dire en chinois paix et concorde.

Or, nous avons trouvé dans l'ouvrage chinois intitulé : Li tai ti li tchi ( « Dictionnaire de géographie historique de Li Tchao-lo, édition de 1837, K. 10, fo 13 v°) la notice suivante :

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Hó-ning; du temps des Yuen (Mongols), « c'était un département de premier ordre (lou), dépendant du grand Gouvernement (Sing) du

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« Nord des montagnes (ling-pě). — Aujour«d'hui c'est le territoire qui a les monts 'Hang«'aï des Khalkhas à l'est et qui est situé entre « les rivières Orkhon et Tamir. »

Ce territoire est placé dans une grande carte en huit feuilles de l'Empire chinois, publiée récemment à Pé-king, entre les 45° 30′ et 46° 30′ de latitude nord, et entre les 12° et 14° de longitude ouest de Pé-king, ou 100° 7' et 102° 7′ du méridien de Paris. Il est probable qu'il ne reste aucuns vestiges de l'ancienne capitale mongole, car il n'y en a pas de signalés sur les cartes chinoises. C'est donc une pure supposition que de donner à cette ville une position géographique précise et déterminée. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'elle ne devait pas être éloignée de la rivière ou fleuve Orkhon, ainsi qu'il résulte d'un passage de Rachid-ed-din (voir la

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royaumes, mais orendroit est suspost au grant Kaan.» Aujourd'hui même cette ville de Kâchghar, située à plus de 42 degrés de longitude à l'ouest de Pé-king, appartient encore à l'empire chinois. Puis de là il fait une excursion à Samarkand (1), ville qui était alors soumise à Kaïdou, neveu de Khoubilaï-Khaân, appartenant à la branche d'Ogodaï, l'un des fils de Dchinghis-Khaan. Marc Pol rapporte ici, sur les chrétiens de Samarkand, une de ces histoires merveilleuses, comme il nous en a déjà racontées, à prode Baudas ou Baghdâd (2), et qui doivent être classées parmi les choses, · pos dont il nous dit, dans son Prologue, que, n'ayant pas été vues, mais entendues, elles sont rapportées dans son livre, non comme vues, mais comme entendues. De Samarkand, Marc Pol nous ramène à Yarkand, où il nous dit qu'il y avait des chrétiens Nestoriens et des Jacobites. Puis il parle de Khotân, où croissent la vigne et le coton; de Pein ou Paï, dans la rivière de laquelle on trouve le jaspe; de Kharachar, qu'il nomme Siarciam (3), et dans les ri vières de laquelle contrée toute sablonneuse on trouve aussi la calcédoine et le jaspe dont il se fait un grand commerce en Chine. Il arrive ensuite à la cité de Lop, près du lac de ce nom, située à l'entrée du grand désert, « qui est appelé, dit-il, le grand désert de Lop (4) », mais nommé Gobi « désert › par les Mongols, et Cha-mo «sables mouvants» par les Chinois. On mettait alors un mois à le traverser dans sa partie la moins large.

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Après avoir décrit les particularités de ce désert, Marc Pol nous conduit à la ville de Saciou (Cha-tcheou), dans la province de Tangkout (5), sur les habitants de laquelle il nous donne de curieux détails. Vient ensuite celle de Camul (6) ou 'Hamil, dont le territoire, situé entre le grand et le petit désert, sert de passage aux caravanes qui suivent la route du nord (thiẩn chân pe lou) et à celles qui suivent la route du midi (thián chán nân lou). De 'Hamil, Marc Pol nous transporte dans la province de Chingin-talas (7) (Saï-yin-ta-la), située au nord des monts Célestes (thián-chân), et faisant aujourd'hui partie du gouvernement d'Ouroumtsi, dans la Dzoungarie chinoise, dépendant de la province actuelle de Kan-sou.

De la province de Chingin-talas, Marc Pol nous ramène à celle de Suctur (Soŭ-tcheou), située à dix journées à l'est-nord-est de la précédente; puis il nous conduit à la ville de Campicion (8) (Kan-tcheou), « moult grant cité et

(1) Chap. LI, p. 136 et suiv.

(2) Chap. xxv, p. 52 et suiv.

(3) Chap. LV, p. 146. (4) Chap. LVI, p. 149.

(5) V. le ch. LVI, p. 152, n. 2, et p. 162,n. 1.

(6) Chap. LVIII, p. 156.

(7) Chap. LIX, p. 159.

(8) Chap. LXI, p. 165,

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