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Melic, qui veut dire Roy (2). Et est souz le soudan de Querman. Il ont pluseurs citez et chasteaux ; et sont Sarrazins. Et si y a moult grant chaleur ; si que, pour ce, ont il ordené leur maisons avec ventieres pour recueillir le vent, car il metent la venterie 3 de la partie dont le vent vient ; et font descendre le vent en leurs maisons pour estre plus fres; car autrement ne peussent durer, pour la grant chaleur qui y est (3).

Autre chose ne vous conterai, pour ce que arrieres le vous avons conté ordenéement, et de ceste cité meismes de Curmos et de Querman aussi (4). Mais pour ce que nous alasmes par autres voies, si nous convient encore de retourner ci; mais desoresmais nous en departirons, et nous vous conterons de la grant Turquie, si comme vous pourrez ouïr. Mais avant vous dirai aucune chose 4 que b Cette phrase incidente manque dans le ms. B. - Ms. B. frois.

2 Ventilateurs.

(2)

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melik, comme on l'a déjà vu ci-dessus, signifie en effet « roi » en arabe et dans d'autres langues sémitiques; mais il se dit aussi de ceux qui possèdent un petit gouvernement, comme c'est ici le cas; ceux qui avaient de grandes possessions, ou de grands États, prenaient alors le titre de sultan, s'ils professaient la religion mahométane. Les premiers étaient généralement vassaux des seconds.

(3) On lit dans Chardin (Premier Voyage à Bander-Abassi, t. VIII, p. 509, éd. Langlès) : « Les maisons de Bander-Abassi (« Port d'Abbas, sur la mer d'Oman, au N. O. de l'île d'Ormuz ou Hormuz) sont toutes en plateforme, avec des tours à vent, pour avoir de l'air. Ces tours, qui sont au milieu ou aux côtés de la plate-forme, sont carrées, hautes de dix à quinze pieds, selon la chaleur du pays, car les plus hautes font le plus d'air, et de six à huit pieds de diamètre, divisées par dedans en quatre, six ou huit espaces, comme des tuyaux de cheminée, afin que l'air qui entre par le haut, se trouvant plus resserré, se fasse mieux sentir. On le reçoit en une ou plusieurs chambres, comme on le veut, en faisant que tous les tuyaux répondent

4 Quelque chose.

au milieu d'une chambre, ou qu'ils donnent dans les coins. Il faut observer que l'on s'en sert principalement pour les appartements des femmes, à cause qu'elles ne pourraient pas prendre le frais sur les plates-formes ou les terrasses, comme les hommes, sans les voir ou sans en être vues. On voit de ces tours à vent particulièrement aux maisons qui ne sont pas bâties sur le quai, comme n'étant pas si ouvertes à l'air. »

« Comme pendant le solstice d'été, dit Niebuhr (Voyage en Arabie, p. 6, éd. de Copenhague, 1776), le soleil est presque perpendiculairement au-dessus de l'Arabie, il y fait en général si chaud en juillet et en août, que, sans un cas de nécessité pressante, personne ne se met en route depuis les onze heures du matin jusqu'à trois heures de l'après-midi. Les Arabes travaillent rarement pendant ce temps-là; pour l'ordinaire, ils l'emploient à dormir dans un souterrain où le vent vient d'en haut par un tuyau pour faire circuler l'air; ce qui se pratique à Bagdad, dans l'ile de Charedsj, et peut-être en d'autres villes de ce pays. »

(4) Voir les chap. xxxiv, p. 72, et xxxvi, p. 84.

nous vous avons oublié à conter. Sachiez que quant l'en se part de la cité de Calatu, et l'en va entre ponent et maistre 5 .v. (cinq) cens milles, adonc treuve l'en la cité de Quis (5), de laquelle nous ne vous conterons pas ores ', pour ce que nous passerons briefment outre, pour retourner à nostre matiere de conter vous de la grant Turquie ; si comme vous pourrez entendre ci avant a.

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[LIVRE QUATRIÈME.]

FRAGMENTS HISTORIQUES (*).

CHAPITRE CXCIII.

Cy devise de la grant Turquie.

En la grant Turquie (1) a un roy qui est appellez Caidu. Et est neveu au grant Kaan; car il fu filz de Sigatay qui fu frère charnel

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(5) Voir le ch. XXIV, p. 47, n. 2.

(*) Après avoir décrit avec une admirable exactitude les mœurs et les coutumes des populations nombreuses et diverses qui habitaient alors depuis le 20° degré de latitude sud (Madagascar, ch. CLXXXV) jusqu'au 54° degré de latitude nord (la plaine de Bargou, à l'est du lac Baikal, aujourd'hui Bargouzinsk, ch. LXX); et depuis le 33 degré de longitude est (Layas en Arménie, ch. XII) jusqu'au 133° (le Japon, ch. CLVIII); après avoir, disons-nous, décrit principalement les mœurs et coutumes des populations nombreuses et diverses qui habitaient ces immenses régions, et dont la plupart étaient complétement inconnues à l'Europe de son temps, Marc Pol, se trouvant revenu à l'un de

ses points de départ, en rejoignant le trentesixième anneau (le xxxvie chap.) de cette longue chaîne de descriptions de peuples et de contrées qu'il nous a fait parcourir avec lui, se rappelle que sa tâche n'est pas encore finie, et que s'il n'a plus de pays nouveaux, de populations nouvelles à nous faire connaître, il reste encore dans ses souvenirs beaucoup d'anecdotes et de faits historiques qui pourraient nous intéresser. C'est pourquoi il recommence en quelque sorte une nouvelle série de chapitres, qui appartiennent plutôt à l'histoire qu'à la géographie, et que, pour cela même, nous avons intitulés : QUATRIÈME LIVRE, Fragments historiques, ces chapitres n'étant, en réalité, que des fragments qui ne sont plus écrits avec cette suite et cette

du' grant Kaan (2). Il a maintes cités et chasteaux, et est grant seigneur; et est aussi Tartar et ses gens; et sont bons hommes

b Ms. B. freres charnelz au.

méthode que l'on remarque dans tous les chapitres qui précèdent. Aussi presque tous les manuscrits de Marc Pol ne renferment-ils pas ces chapitres historiques et anecdotiques, ou n'en contiennent-ils qu'un très-petit nombre, soit parce que les copistes les trouvaient moins intéressants ou plus difficiles à comprendre que les autres, soit pour toute autre cause. C'est le manuscrit français publié par la Société de Géographie de Paris, en 1824, et un manuscrit italien encore inédit que possède la Bibliothèque impériale de Paris (no 10259) qui en renferment le plus grand nombre. Sur nos trois manuscrits, l'un (le ms. C) n'en contient que deux (nos chapitres cxci et cxcvi), et les deux autres (les mss. A et B) en contiennent six de plus, et les plus importants, qui sont donnés ici. On verra, à la lecture de ces chapitres, que Marc Pol était aussi bien informé des faits historiques contemporains qu'il raconte que les historiens les mieux instruits de ces mêmes faits.

CXCIII. — (1) Par la « Grande Turquie », il faut entendre cette contrée de l'Asie centrale que l'on nomme aujourd'hui «<le Turkistan » comprenant la Dzoungarie, le pays des Khirghis et celui des Khalkhas, entre 38° et 46° de latitude N., et entre 55° et 90° de longitude E. Pour employer les termes de Marc Pol (voir ciaprès), cette contrée « commence outre le flun « de Jon (le fleuve Gihon, ou Amou déria) et « dure vers tramontaine (le nord) jusques ès terres du grant Kaan. » Voir, au surplus, ce qui en a déjà été dit précédemment, p. 146.

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s'étendait sa domination et celle de ses descendants « l'empire Djaghatéen », ou Djaghatéenturki, parce que la langue qui y était parlée généralement était le turk oriental. Il est nécessaire de faire observer toutefois que Khaïdou n'était réellement pas le souverain du Turkistân proprement dit et de la Transoxiane, gouvernés par une autre branche de Dchaghataï, dont les souverains nominaux furent: 1° Dchaghataï, 2° Cara-Houlagou (1242); 3° Yissou-Mangou (1247); 4° la régence d'Argouna, veuve de CaraHoulagou (1252); 5° Algou (1260); 6o MobarekSchah (1266); 7° Borac (id.); 8° Nikpei (1270); 9° Touca-Timour (1272); 10° Doua; 11° Goundjouc (1306), etc. (Voir D'Ohsson, Histoire des Mongols, t. IV, tab. 2).

Borac (dont il a été question dans cette liste, no 7) avait été placé par Khoubilaï, dit D'Ohsson (lieu cite, t. II, p. 450), à la tête de l'Oulouss de Tchagataï, dont les domaines étaient situés à l'ouest de ceux de Caïdou. Ces deux princes voisins ne tardèrent pas à se faire la guerre. Ils se livrèrent bataille sur les bords du Sihoun. Borac dut la victoire à une embuscade et fit beaucoup de prisonniers et de butin; mais Caïdou, soutenu par Mangou-Temour, descendant de Djoutchi (lequel réguait dans le Descht-Kiptchak), qui envoya à son secours une armée commandée par son oncle Bergatchar, revint attaquer Borac et le vainquit dans une action meurtrière, après laquelle Borac se retira en Transoxiane. Il y rallia les débris de son armée, dont il répara les pertes aux dépens des paisibles habitants de Samarkand et de Bokhara; et il se préparait à renouveler la lutte, lorsqu'il reçut des propositions de paix de Caïdou, par l'organe de Kiptchak Ogoul, petit-fils d'Ogotaï, leur ami commun. Borac les accepta; il forma une étroite alliance avec Caïdou, et les deux princes devinrent anda (amis jurés en mongol).

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Carmes: car - set toerjoers en guerre. Et si vous à que ce roy Qual o se Foooques par avec "xco code lle praat Lac: mis toctes fois great guerre et a ja faltes de grass batalles encre Tost

grant Kaan. Ex la finele que I tot ensemble, si est que Calda Gemande as grand Kaan sa part de o aguest, que son pere Est, et que 1 devoit avoir. Et proprement demande part de la province du Catay et du Manzi 13. Et le grant Kaan 12* disoit que bien lui • Mt. 3. Le ms. £. pus a. — 4 14.

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« Cautos et Dona mterat a 1475, dans le papi tes (ruguri, aveg ine arnés de cent ame hommes, et iswegerent Macont tire sulgur da chef in wamerun as a capitale. Is vouaurent je former te s'anir avec eux catre Consua. Ce prace sy refusa et regst des secours qui le dégagerent. Vor Gantu, Husaire des Monges, p. it.

Obiage de defendre la frontere ocidentale de son empire. Coutumai y envoya, en 1975, se arnée commandre par Noamongor, qui avait sous

le miastre 1 Etat et general Hintocm, dewendiat de Mersul Gurladjon, frere de Nouzougan; Schiresi, £as de Mangon; Toctimour et d'autres princes du sang avec leurs troupes, aisaient partie de cette armée. Noumongan avait été nommé gouverneur du pays d'Almalig.

• Dans l'année 1211, Toctimour, mecontent de Coubliai, proposa a Schireki de le mettre sur le trone; et ce prince ayant accepte, ils ealeserent de nuit les deux fils de l'empereur CouLiiai, ainsi que le novan Hantoum. Ils livrerent les deux princes a Mangou-Temour, souverain de l'Oulonas de D'outchi, et le général Hantoum au prisce Caidou, leur mandant qu'ils embrassaient leur cause; ensuite ils entrainerent dans leur parti Sarban, fils de Tchagatai, et d'autres princes de cette branche, ainsi que de celle d'Ogotai. » (Ljami ul-Tevariki, « Recueil d'Annales, » par Rachid-ed-din.)

Cu ir auss dans Lumieme Izare in Lies Hopus a Tirana a Trav szcie. Tabute par V. Derivenery, dans le Isarea qutique de Tanner 1852 : « BorakKhan etat an prince emnu par sa tyrande et son auster, et tres-testers de s engurer des nclasses de ses sets. Z etut cesetée par sa brassure et son andace, et che par son courage et son organi... Aa commencement de son regne, des hostiutes et me guerre eurent lien, a deux reprises diferentes, entre isi et le prince Kaiton; mass exán, in paix fat concise, grace aux efforts de Kiptchas Oghoul, fils de Kazan, £s d'Ogodai. Borak-Khan ayant ensuite rassentie une armee numbreuse, út la conquête da Khoraran et même cele de Irak et de l'Azerbesijas, Tobyet de toutes ses pensées. Il trẻversa le fleuve Amouyeh Ana-deria, fleuve Anow, ou Hibon, engagea la bataile avec Abaka-Khan qui avait succedé à Holagon sur le trine de Ferse et se retira, après avoir essayé une défaite. Lorsqu'il fut de retour à Bokhara, il se fit musulman, et reçut le surnom de Ghaiatseddin. Quelques jours après, ayant été attaqué d'une hemiplegie, il se rendit pres de KhaidouKhan, a la fin de l'année 668 juillet-août 1270`, correspondant a l'an (mongol" du mouton. Il but un breuvage empoisonne et prit le chemin de l'autre monde. Son regue avait duré six ans. »

On voit, par ces citations tirees des historiens chinois et persans, que les faits racontés ici par Marc Pol sont en parfait accord avec ces mêmes historiens.

(3) Voir encore à ce sujet la note 2, p. 137, et la note 5, p. 241.

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vouloit donner sa part; mais que toutefois l'envoiroit querre 2 à sa court à ses conseus 3 '; que il y venist comme ses liges homs 5. Et Caïdu qui ne se fioit tant en son oncle, dist qu'il n'y iroit point; mais il li seroit bien obéissant là où il seroit à touz ses commandemens. Car il se doutoit pour ce que il s'etoit revelez pluseurs fois, que il ne le fist destruire. Si que, pour ce, estoit la discorde entr'eus, dont il sourdi grant guerre ; et en furent 8 pluseurs grans batailles, de l'ost de Caïdu roy à 9 l'ost du grant Kaan son oncle. Et sachiez grant Kaan tient tout l'an ses osts entour le regne de ce Caïdu, à ce que il ne li face domage en sa terre (4). Et il, pour tant, ne laisse que il n'entre 1o en la terre du grant Kaan; et s'est combatu contre ses anemis 11.

que le

Le grant roy Caïdu, si a grant povoir, et il le puet bien faire; car il puet bien mettre, en champ, ost 12 de .c.m. (cent mille) hommes à cheval, tous prudomes 13 et bien usez de guerre 14. Et si a aussi avec lui pluseurs barons du lignage de l'empire: c'est de Chinguis Kaan, qui fu le premier qui ot seigneurie, et qui conquesta une grant partie du monde ; si comme je vous ai conté ci arrieres apertement en ce livre (5).

Et sachiez que ceste grant Turquie est vers maistre 15, , quant l'en se part des Hormes. Elle commence outre le flun de Jon 16, et dure vers tramontaine jusques ès terre du grant Kaan.

Or nous partirons de ci, et vous conterai d'aucunes batailles des gens du roy Caïdu, contre les osts 17 du grant Kaan, si comme vous pourrez oïr.

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6 Craignait. Ms. B. doubtoit.

8 En résultèrent.

péche pas qu'il n'entre. 11 Il a combattu contre ses ennemis. - Une armée. 14 Expérimentés dans la guerre. 15 Nord-ouest.

lants, habiles. ou Djihon.

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17 Armées.

(4) A l'époque à laquelle Marc Pol rédigeait son livre (en 1298), Khaïdou vivait encore (il ne mourut qu'en 1301), mais Khoubilaï était mort

16 Le fleuve Gihon

depuis quatre ans ; ce que Marc Pol ignorait, car il les suppose tous les deux encore vivants.

(5) Voir les chap. LXIV à LXVIII, p. 175-184.

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