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CHAPITRE CAGY

Cy dul de pluseurs batalles que fut le rog Colón rendre les osts
de grast Kaan son once.

Or avint et fu voir que on temps mi oclay, deax cens soixante seize ans de Crist et de sa incarnation 1, que ce roy Caidu, et un autre qui avoit nom Jesudar, qui estoit son cousin, assemblerent une grant quantité de gent, et rent ost, et alerent sus * deux barons du grant Kaan ; et si estoient aussi ses neveus', car il furent t..z de Sygatay 2 qui fu crestiens baptisiez, et fu frere charnel au grand Cublay Kaan. L'un avoit nom Cybai, et l'autre Cyban. Et que vous diroie je?

Caidou atout son ost, qui bien furent .kx.m. soixante mille à cheval, se combati contre ces deux barons du grant Kaan, qui avoient aussi grant ost, de plus de .lx.m. soixante mille hommes à cheval. Et y ot2 grant bataille. Mais en la fin furent desconfist cil dui barons; et orent la victoire, Caidu et ses gens. Et furent mort d'une part et d'autre moult de gent. Mais les deux barens freres eschaperent par force de' bons chevaus. Et le roy Caidu s'en re

CXCIV. — Le ms. A. porte mCC.LXVI, au lieu de m2?.CC.LXXVI, que nous avons cru devoir retab ir. Le ms. B. porte: mi.cc. 1260. Le texte franç, de la S. G. porte: 1266. Les autres textes on redactions ne renferment pas ce chapitre. — ↳ Ms. B. sur. — e Id. nep.eur. — Ms. A. Le ms. B. porte quarante. — Mss, A. et B. On dirait que ces mots sont ici au duel neutre, qui ne s'est pas conserve dans notre langue. — f Ces deux mots marquent dans le ms. B.

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(*, Ce chapitre tout entier, ainsi que le suivant, manquent dans le ms. C. Ils forment la seconde partie du chapitre cxcviu, et le chapitre cxcix du texte français publié par la Société de Geographie de Paris.

CXCIV. 1, Notre ns. A porte, comme nous l'avons dit ci-dessus en note, le millésime de MIL. CC. LXVI; mais nous croyons que c'est une erreur de copiste, pour MIL. CC. LXXVI, laquelle date s'accorde avec celle des Annales chinoises.

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2 Dchagatai, Tchagatai ou Djaghatai, ainsi qu'on écrit ordinairement ce nom voir ci-dessus. C'était le second fils de Dchinghis-Khaân voir aussi à ce sujet la note 3, page 184), comme Khoubilai était son quatrième fils. Khaidon et khoubilai-Khaán étaient done cousins germains. C'est ce que Marc Pol appelle freres charnels », parce que leur degré de parenté ne lui était pas exactement connu. On disait aussi anciennement cosin fraireur pour consin germain; et charnel ami signifiait parent.

torna à grant joie en sa terre; et demoura bien deux ans en paix, qu'il ne fist nulle guerre au grant Kaan.

[<< Or avint que, à chief de deus anz, le roy Caïdu assembla un grant ost, si que bien furent une grandissme gent d'hommes à cheval. Il savoit que, à Caracoron, estoit le filz au grant Kaan ] qui avoit nom Nomagan (3). Et avec lui estoit Jeorge qui estoit filz du

8 Cette phrase entre crochets est tirée, avec quelques modifications de l'orthographe, du texte de la S. G., pour combler une lacune qui existe ici dans nos mss. A. et B., les seuls qui, avec la rédaction susdite, contiennent ce chapitre.

(3) Voici comment cette première guerre, entre Khaïdou et les troupes de Khoubilaï-Khaân, est racontée par Mailla, d'après les Annales chinoises (Histoire générale de la Chine, t. IX, p. 389):

« Une révolte dans le Nord, qui menaçoit d'enlever à Houpilaï-han toute la Tartarie, avoit forcé ce prince de rappeler ses troupes (occupées alors à achever la conquête du midi de la Chine). Le même prince Haïtou (Khaïdou), neveu de Houpilaï-han, autrefois exilé par Mengko-han pour avoir été attaché au parti de Shiramoun (Chélimen), s'étoit formé un État considérable dans les pays d'Olimali (Almaligh) et avoit gagné les chefs des hordes établies au nord-est du Turfan, et à l'ouest et au nord des monts Altai, avec le secours desquels il faisoit des courses dans toute la Tartarie. En 1275, Houpilaï-han lui opposa son fils Nanmouhan (le Nomagan de Marc Pol), prince de Pě-ping (« le Nord pacifié », nom donné alors aux contrées dans lesquelles se trouvait située Almaligh), qu'il établit gouverneur d'Almaligh, et à qui il donna des forces considérables, commandées par le ministre Ngan-tong (nom qui se prononce aussi An-toung, le Hantoum des historiens persans), excellent capitaine; mais Haïtou, ayant su gagner depuis le prince Siliki, fils de Mengko-han, celui-ci, joignant ses forces à celles de ses alliés, battit les troupes de Nanmou-han, fit ce prince prisonnier, ainsi que Ngan-toung, et de là marcha avec une armée considérable au nord de Holin (Karakorum).

« Houpilaï-han se reposa sur Péyen du soin d'éteindre cette révolte. Ce dernier rencontra l'ennemi retranché près de la rivière Oualouhoan

(Orgon), et il s'attacha à lui couper les vivres de toutes parts. Cette manœuvre produisit l'effet qu'il s'en promettait; Siliki, craignant d'être affamé dans son camp, lui présenta la bataille; on se battit jusqu'au soleil couchant avec un avantage égal de part et d'autre, lorsque Péyen, profitant en habile homme d'une faute que fit Siliki, le rompit enfin, et le poussa si vivement qu'il le mit en fuite. Liting, Tartare Niutche, et l'un des généraux en qui Péyen avait le plus de confiance, prit et tua Siliki; de là il passa la rivière de Tamir, à l'ouest, et défit plusieurs corps de cette armée, commandée par les officiers des princes Haïtou et Toua. Le prince Totemour, qui s'étoit retranché entre la source du Toula et la rivière d'Onon, fut entièrement défait par le général Toutouha, descendant de l'un des rois du Kintcha, qui commandoit un corps de troupes de sa nation au service des Mongous.

Le P. de Mailla, tout en puisant les éléments de sa grande Histoire dans les Annales chinoises, est moins exact dans son récit que Marc Pol. En effet, par un artifice très-commun chez les historiens, il a groupé des faits qui se sont passés à plusieurs années de distance, tandis que Marc Pol a bien eu soin de les distinguer. Au surplus, voici comment ces faits sont rapportés dans les «Fastes universels de la Chine » (Li tai ki sse nien p'iao, k. 97, fol. 29 vo): « 12e année tchi-youan (1275 de notre ère), 2o lune, l'empereur (Khoubilai) ordonne à son fils, le prince Na-mon-han, d'aller prendre le commandement de la frontière du Nord, avec 'Antoung, ayant les fonctions actives d'administrateur général de toutes les affaires civiles et militaires (hing seng yoúen ssé).

filz Prestre Jehan (4). Et ces deux barons avoient aussi moult grant gent à cheval. Et quant le roy Caïdu fu appareilliez, si se

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Le petit-fils de Tai-thsoung (Ogodai) avait dit : « 'Hai-tou (Khaïdou) habite dans les con trées du Nord; depuis Ting-thsoung (Gouyouk-khan) jusqu'à ce moment, il ne s'est pas passé de jour sans qu'il n'ait cherché à faire usage contre nous des lances et des boucliers. >> Sur cela, un édit impérial appela Na-mou'han, des princes du sang, à prendre le commandement de la garde de la frontière (du Nord), et 'An-toung, l'administration générale (de cette même frontière). »

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Deux ans après, en 1277, on lit dans les mêmes Fastes universels » (1b., k. 97, fol. 53): « En automne, à la 7 lune, l'un des princes du sang, Si-li-ki (fils de Mangou-Khan, nommé Schiréki par les historiens persans), s'était révolté et avait enlevé violemment Na-mou-'han, prince du « Nord pacifié » (Pě-ping-wáng), ainsi que 'An-toung. L'empereur envoya Pě-yen pour punir les rebelles et pacifier les populations.

« Si-li-ki avait enlevé avec violence le prince de Pe-p'ing, sur le territoire de 'Ali-ma-li; il avait emmené, enchaîné à sa suite, le ministre de la gauche (ministre assesseur : yeòu tching siảng) 'An-thoung, ayant pour complices dans sa rébellion plusieurs princes du sang, et il les envoya à 'Haï-tou pour obtenir ses bonnes grâces. ‘Haïtou ne voulut pas les recevoir; mais il s'avança aussitôt avec son armée jusqu'au nord de la ville de Ho-lin (Karakorum). L'empereur ordonna immédiatement à Pé-yen d'aller avec une armée pour s'opposer à sa marche. Pě-yèn avec ses troupes le rencontra près du fleuve Orgon, et lui livra bataille près de cette rivière où il l'avait acculé. Siang-tě-mi-ji (un de ses généraux), qui s'était tenu à l'écart pour attendre et surprendre l'ennemi, acheva sa déroute. Si-li-ki se sauva et mourut ensuite. »>

Les mêmes faits sont rapportés aux mêmes dates, avec les mêmes termes, dans le Sou Thoung kian kang mou (k. 22, fo 4, et k. 22, f° 40, v°).

Les deux expéditions contre Khaïdou sont ici bien distinguées, comme dans Marc Pol; seule ment notre historien fait diriger la seconde par Namougan, tandis qu'elle le fut en réalité par le célèbre et habile général Pě-yèn, auquel Khou

«

bilaï-Khaân dut en grande partie la conquête de la Chine méridionale sur les Soung, comme on a pu le voir aux ch. CXXXVIII-CXLVII de ce livre. On y lit même à la page 457, dans une note traduite par nous du chinois, « qu'à la septième « lune de l'année 1275, Pě-yèn fut nommé mi«nistre d'État de la gauche; qu'il fut mandé à Chang-tou, en Mongolie, par Khoubilaï, pour « être envoyé, dans le Nord, contre ‘Hai-tou; a mais que Pě-yèn avait alors prié l'empereur « de le laisser dans le Midi, à la tête de son « armée. » Il était alors demandé pour la première expédition contre Khaidou. Ce ne fut qu'après qu'il eut pris Lin-ngan (Hang-tchéoufou), la capitale des Soung, qu'il se rendit au désir de l'empereur (voir p. 461, n.), et qu'il fut chargé par lui de la seconde expédition contre Khaidou.

(4) Nous voyons avec surprise reparaître ici un nom célèbre dans le moyen âge, époque à laquelle on plaçait généralement le souverain qui le portait, dans l'Inde, en Abyssinie, partout enfin où il n'était pas. Il a déjà été souvent question de lui dans ce Livre (voir les chap. LXIII à LXVIII, et surtout le chap. LXXVIII). Ici, c'est son petit-fils, nommé Jeorge ou George, qui revient incidemment sur la scène de l'histoire, sans aucune autre intention évidemment, de la part de Marc Pol, que celle de raconter fidèlement ce qu'il en sait.

Il nous avait déjà dit, au chap. LXXIII, p. 208 et suivantes, que les descendants du Prestre Jean régnaient au pays de Tanduc, et que, de son temps, en était roi un de ses descendants nommé Jorge, à titre de vassal du grand Khaân. C'est ce même George que nous retrouvons ici, allant avec les généraux de Khoubilaï-Khaan combattre Khaïdou. Quoiqu'il se fût, comme son ancêtre, converti à la religion nestorienne (voir précédemment, p. 219, la lettre de Jean de MonteCorvino, adressée au pape Clément V), et que, selon plusieurs historiens, Khaidou, comme Nayan (voir chap. LXXVIII, p. 247), eût aussi adopté cette religion, alors très-répandue en Asie, le prince George, dont les domaines apanagers étaient dans la Mongolie, ne pouvait

mist à la voie et issi 3 de son regne 4. Et tant ala par ses journées, sans aventure trouver, que il fu pres à Caracoron, là où le filz du grant Kaan, et le nouveau" Prestre Jehan estoient atout grant ost, qui l'atendoient. Car bien avoient seu que Caïdu leur venoit sus atout grant gent. Si que il s'appareillierent comme vaillans hommes, et de riens ne furent esbahiz, et avoient plus de .lx.m. ' (soixante mille) hommes à cheval bien appareilliez. Et quant il sorent 5

que

le roy Caïdu et sa gent leur estoient si près, si alerent à l'encontre vaillamment. Et furent près au roy Caïdu entour dix milles ; et illec mistrent leur tentes et firent leur champ 7. Leurs ennemis qui bien estoient plus, d'autre part, .lx.m. (soixante mille) hommes à cheval, s'appareillierent. Et quant il furent bien appareilliez et d'une part et d'autre, si fist chascun six eschielles' de son ost 8. Il estoient chascun, et d'une part et d'autre, bien appareilliez d'armes, d'espées, de maces9 et d'escus", et d'ars, et de saiettes 1o, et d'autres armes" à leur maniere. Et sachiez que les Tartars ont tel usage que quant il vont en ost, si portent chascun un arc et .lx. (soixante) saiettes; les .xxx. (trente) sont soutilz à petiz fers aigus, qui sont pour passer et pour chacier de loins; et les autres .xxx. (trente) grosses et à grans fers et larges, que il gietent quant il sont de

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h Ms. A. nouviau.— i Ms. B. quarante.— ¡ Id, lui. k Ms. A. leur anemis. 1 Ms. A. escielles = colonnes ou corps de troupes. m Ce mot manque dans le ms, B. = bou

-

-

cliers. n Ms. B. armeures. o Ms. A. agus. P Ms. B. Jectent.

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se refuser à marcher contre Khaïdou, sans paraître un rebelle aux yeux de Khoubilaï Khaan. On pourra objecter que ce nom de George n'est pas cité par les historiens orientaux qui ont fait le récit de l'expédition. Mais cette objection n'aurait aucune valeur, car, d'abord, tous les noms des chefs et généraux qui firent partie de l'expédition en question sont loin d'être cités (il y en a à peine quelques-uns); ensuite le descendant du Prestre Jehan ne devait porter le nom de George que parmi les chrétiens, et il peut, ou il aurait pu figurer dans l'histoire de l'expédition

Légères.

5 Surent. 6 Ils s'approchèrent.

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-

-9 Massues. -10 D'arcs

sous son nom indigène qui nous est inconnu, ou être simplement compris sous la dénomination générique de « prince du sang » (tchoù wảng), qui est donnée par les historiens chinois à plusieurs princes qui en faisaient partie. Il se pourrait même que le général tartare, cité, nous ne savons d'après quelle autorité, par Mailla, dans le passage rapporté précédemment, et qu'il nomme Niutche, fût le même que le Jeorge de Marc Pol; car ce nom de Niutche peut se lire aussi en chinois Jou-tche, ce qui serait une transcription assez exacte du mot Jeorge.

près; qu'il taillent les chieres 12 et les bras, et les cordes des ars, et s'entrefont 13 grant domage. Et ce font il par commandement chascun. Et puis ont les masses et les espées et les lances, de quoi il s'entrefont grant domages aussi.

Et quant il furent andeus 14 bien appareilliez, il commencierent les nacaires 15 à sonner grandement, de chascune part un; car tel est leur usage, que nul ost n'assembleroit 16 jusques atant que le grant nacaire sonne. Et quant les nacaires commencierent à sonner, si commença adonc la bataille moult grant, moult aspre, et moult fiere; et couroient felonnessement 17 les uns sus les autres. Si que il en morut tant, et d'une part et d'autre, que de male eure 18 fu celle bataille commenciée, pour chascune des deux parties; car la terre estoit toute couverte de gens mors et de navrés 19, et de chevaus aussi. Si y avoit si grant cri et si grant tempeste que l'en n'y oïst pas Dieu tonnant 20. Et sans faille, le roy Caïdu y fist moult proesces de son corps 2, et moult confortoit sa gent. Et d'autre part aussi le fils du grant Kaan et le neveu de Prestre Jehan ne firent pas mains de lui 22. Car il se prouverent moult vaillamment ès grans presses 23, et faisoient tant d'armes, et si bien conseilloient leur genz, que c'estoit une merveilles.

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Et que vous en diroie je? Sachiez que celle bataille dura tant qu'elle fu' une des plus aspres qui oncques fust entre Tartars. Et moult s'efforçoit, chacune des deux parties, de metre l'une l'autre à desconfiture. Mais tout ce ne valoit riens; et dura ainsi la bataille

jusque au vespre 24 que l'une ne l'autre ne pot 25 aler à desconfi

ture. Mais tout ce ne valoit rien; ne nulz ne savoit laquelle partie en avoit la meilleur (5).

q Ms. C. prouesches. - Ms. B. nepveu.

12 Chairs. 13 Se font mutuellement. trompes de guerre. 16 Ne s'assemblerait.

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14 Tous deux, de ambo duo. 15 Grandes — 17 Méchamment, avec toutes sortes de ruses. 19 Blessés. -20 Que l'on n'y eût pas entendu Dieu tonnant.21 De sa personne. 22 Moins que lui. 23 Ils donnèrent des preuves de leur vaillance dans les grandes mélées. 24 Soir. 25 Put.

18 Heure.

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