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pet trouver homme i jest turer à lui. Et laissa les mille chevaus mi woit amenez.

Du e Caidu ons ti me 1, et sa femme, furent moult courrouciez; car par ironioir, est. le vailet, gaaingnié leur fille, et le consist #chasenn, mi Tenst ene à femme, pour ce qu'il estoit tenu anche iomme; t. rec ce, estoit moult biaus jeunes homs, fors # preis # paisant . Or i' avint celle mesaventure.

Cr vous a fonte te a ille le roy Si sachiez que, depuis ce fait, noit, son pere, en aul fait d'armes qu'elle n'alast avecques lui. Etä la menoit volentiers, pour ce que il n'avoit chevalier avec lui nu "ant feist f'armes comme elle faisoit. Et aucune foiz se partoit iest son pers, et aicit en l'ost de ses ennemis, et prenoit un homme, par force. aussi legierement comme un oisel, et l'aportoit i won pere; et ce faisoit elle toutes fois, 5.

Er vous lairons atant de ce fait. Si vous conterons d'une grant bataile qui fu entre le roi Caidu et Argon le filz Abaga, le sire du Levant des Tartars; si comme vous orrez ci avant 22.

CHAPITRE CXCVII.

Cy dist comment Abaga enroia son filz en ost contre le roy Caïdu.

Abaga, le seigneur du Levant, tenoit maintes provinces et terres qui joingnoient au roy Caïdu. Et c'estoit vers l'«Arbre Seul », que le livre Alixandre appelle Arbre sec, duquel je vous ai conté ci arrieres. Et Abaga y envoia son filz Argon pour ce qu'il ne re

4 Ms. A. su, —- Ms. B. vaillant. — s Id, lui. t Ms. A. anemis.

* Eût voulu. - En avant, c'est-à dire ci-après.

(5) Ici se termine notre manuscrit C. par la rubrique suivante :

Explicit le Rommans du grant Kaan, de la cite de Cambalut,

Bertran Richart scripsit hoe.

CXCVII. — (1) Lö↳Ṣ) Abȧká ou Abågå-khan était le fils du second des Khans mongols de

Perse. Il avait succédé, en 1265, à Houlagou, son père, qui avait fait la conquête de cet empire. Il était né en 1234. Arrivé au trône, il épousa une princesse grecque, nommée Marie, fille de Michel Paléologue, que son père Houlagou avait demandée en mariage, et qui était arrivée trop tard, Houlagou étant mort dans l'intervalle.

ceust domage de ses hommes, et grant quantité de genz à cheval, de l'«< Arbre sec » jusques au flun de Jon (2). Et illec demouroit Ar

gon atout son ost. Or avint que le roy Caïdu assembla grant quan

tité de gens, et en fist chevetaine un sien frere qu'en appeloit Barac qui moult estoit preudoms et sages. Et envoia son ost avec son frere pour combatre contre Argon (3).

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(2) Ce flun de Jon, Djihoun, était, comme nous l'avons déjà fait remarquer, le fleuve Djihon »>, Amou-déria, et Oxus, qui prend sa source dans les monts situés entre l'empire chinois et le Turkistán, traverse la Boukharie du S.-E. au N.-O., et il se jette dans le lac Aral; mais il avait autrefois son embouchure dans la mer Caspienne.

Quant à l'Arbre sec, nous renvoyons le lecteur à ce que nous en avons dit dans ce Livre, au chapitre Xxxix, p. 95, note 2. Nous n'avons rien à rétracter de ce que nous y avons avancé. Ce que dit ici Marc Pol, que l'armée envoyée par Abȧgâ contre Khaïdou, sous la conduite de son fils Arghoun, occupa le territoire qui s'étendait, depuis l'Arbre sec jusqu'au fleuve Jon, ou Gihon, confirme de la manière la plus inattendue la détermination que nous avons faite alors de la véritable situation de l'Arbre sec, qu'aucun des commentateurs de Marc Pol n'a su reconnaître, aussi bien que le plus grand nombre des lieux qu'il a décrits.

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G: Barák, d'une part, et Läs Abáká ou Abâgâ, de l'autre, dont Marc Pol ne fixe pas la date, eut lieu en 1270 de notre ère. Voici comment elle est racontée par D'Ohsson (Hist. des Mongols, Amsterd., 1852 (1834), t. III, p. 430 et suiv.), d'après les historiens persans Rachided-din et Vassaf, contemporains de Marc Pol:

Les princes Caïdou, Mangou-timour et Borac, naguère ennemis (Borac n'était pas le frère, comme le dit Marc Pol, mais le cousin de Khaïdou), se réunirent au printemps de 1269 dans les prairies de Talas (à l'est du fleuve Sihoun) et de Coundjouc. Ils passèrent en fêtes les sept premiers jours; le huitième, ils parlèrent d'affaires. On arrêta dans ce Couriltaï (mot mongol qui signifie «< assemblée de princes de cette na

tion »), que Borac garderait les deux tiers de la Transoxiane; que le reste appartiendrait à Mangou-timour et à Caïdou; et comme Borac se plaignait de l'insuffisance de son territoire pour la subsistance de ses hordes, il fut convenu qu'au printemps suivant (en 1270), ce prince passerait le Djihoun, pour tenter la conquête du Khorassan, qui serait réuni à ses domaines. Caïdou, ennemi d'Abaca, avait applaudi à ce projet mis en avant par Borac, et, ne demandant pas mieux que de le voir occupé du côté de l'ouest, il lui promit des troupes pour l'exécution de son dessein. Les princes, considérant d'ailleurs que la Transoxiane était ruinée, que les champs étaient en grande partie incultes, s'engagèrent à n'habiter que les steppes et les montagnes, à ne pas lâcher leur bétail dans les terres ensemencées, à ne pas approcher des villes, à n'exiger des habitants aucune taxe extraordinaire. Ils jurèrent d'observer fidelement cette convention, et, suivant l'usage, ils mirent de l'or dans la boisson qu'ils burent pour confirmer ce serment.

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Mass'oud Bey fut chargé par les trois souvevains alliés de parcourir la Transoxiane, afin d'y réparer les maux de la guerre (que ces trois souverains s'étaient faite entre eux), de réunir les habitants dispersés, de donner des encouragements à l'agriculture; mais Borac ne lui laissa pas le temps d'avancer l'exécution de cette œuvre bienfaisante. Il renouvela ses extorsions, pillant les habitants et enlevant leurs chevaux et leur bétail pour son expédition en Perse. Enfin Mass'oud Bey lui représenta qu'il ruinait son pays pour une conquête incertaine, et que, s'il éprouvait des revers qui le forçassent à la retraite, il ne trouverait plus dans la Transoxiane les ressources dont il aurait besoin pour réparer les pertes de son armée. Irrité de ces avis, Borac fit appliquer à Mass'oud sept coups de bâton; mais, lorsque sa colère fut apaisée, il reconnut

Barac se parti atout son ost et tant erra qu'il vint jusques au flun de Jon; et furent près d'Argon a .x. (dix) milles. Quant Ar

que cet administrateur avait raison, et renonça

à ses mesures de violence.

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A la fin de l'année 1268, lorsque Borac eut conçu (pour la première fois) le projet de s'emparer du Khorassan, Mass'oud Bey avait été envoyé par lui et par Caïdou à la cour d'Abaca, qui passait l'hiver dans le Mazendéran, avec la mission apparente de reviser les comptes des revenus des domaines appartenant à ces deux princes, dans les États d'Abaca, et de resserrer les liens de l'amitié qui existait entre eux; mais avec l'ordre secret de se procurer les renseignements dont les deux princes avaient besoin, pour l'expédition qu'ils méditaient. Lorsque Mass'oud Bey fut près de la résidence d'Abaca, les généraux de ce prince et son visir Schems-ud-din allerent à sa rencontre; ce dernier, tout grand personnage qu'il était, mit pied à terre et baisa l'étrier de Mass'oud Bey, qui lui dit avec dédain : « C'est toi qui es le chef du Divan? ta renommée vaut mieux que ta personne. » Le vézir dissimula son ressentiment de cette apostrophe. Abaca fit revêtir l'ambassadeur de la tunique de TchinguizKhan, et le fit asseoir au-dessus de tous ses généraux, excepté le noyan (mot mongol qui signifie un chef de dix mille hommes, prince, grand émir) Ilga. I ordonna que l'état demandé par Mass'oud fût prêt au bout de huit jours. Mass'oud ne l'eut pas plutôt reçu qu'il partit. On apprit vingt-quatre heures après que des troupes s'étaient montrées sur l'autre rive du Djihoun. Abaca s'aperçut alors que cet ambassadeur n'était venu que pour observer; il fit courir après lui; mais Mass 'oud avait eu la précaution de placer à chaque relais un homme de confiance avec deux chevaux, et déjà il traversait le fleuve, lorsque les gens expédiés à sa poursuite atteignirent la rive du Djihoun. }}-- Rachid.

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(c'étaient sans doute ces princes qui furent convoqués, en 1280, au carrousel dont il est question dans le chapitre précédent). Ils devaient tous se réunir au-delà du Djihoun, et se tenir aux ordres de Borac. »

Après quelques défections des princes qui faisaient partie de l'armée commandée par ce dernier, il passa le Djihoun sur un pont de bateaux, établit son camp près de Merv, puis marcha sur le Khorassan dont il occupa la plus grande partie. Il prit ses quartiers à Talecan. Ses troupes occupèrent Nichabour et saccagèrent cette ville. Il fit lever de fortes contributions en argent, en armes et en bétail dans la province d'Hérat.

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Cependant Abaca, continue D'Ohsson (lieu cité, p. 442), était parti de l'Azerbaïdjan le 28 avril (de l'année 1270); c'était le temps de la moisson; il défendit sévèrement à ses troupes de toucher aux épis, « tant ce prince, ajoute Raschid, était juste ». Il fut joint à Schéroubaz, lieu que les Mongols appelaient Coungcour-oulang, par Meka-bey ('), ambassadeur de l'empereur Coubilaï qui avait été retenu par Borac, mais s'était évadé. Il put donner des renseignements sur la situation de l'armée ennemie. Abaca pressa sa marche. Son frère Boutchin, qui, après avoir été battu près de Hérat par l'avant-garde de Borac, s'était replié sur le Mazendéran, vint avec Argoun Aca et Hadjadj, sultan du Kerman, le trouver dans le Coumiss. Abaca s'avança vers Thous et encouragea ses troupes par des promesses et une distribution d'argent. Du Badghiss, il envoya un officier à Borac pour lui proposer la paix, lui offrant la cession des provinces de Ghaznin et de Kerman. Borac n'accepta pas cette proposition. Il demanda à son astrologue si la position des astres lui était propice; celui-ci lui ayant conseillé d'attendre encore un mois, Djélaïrtaï, qui s'aperçut de l'impression de cette réponse sur l'esprit de Borac, dit en bouillonnant de colère : « Eh! « que nous importe que les astres soient ou non propices? Attendrons-nous que l'ennemi vienne

(*) Nous serions très-porté à croire que ce Meka-bey était Marc Pol lui même; le nom de Méka étant celui de Mare pro noncé à la chinoise. Il dut d'ailleurs visiter le Khorassan a une époque quelconque de ses voyages, Voir la nole, p. 106-107.

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gon sot que Barac venoit sus lui, si s'appareilla moult bien et vint à l'encontre, atout son ost, en un champ où il mist ses tentes. Et que vous en diroie-je? Quant il furent bien appareilliez et d'une part et d'autre, si commencierent à sonner les grans nacaires, et

CXCVII. -Sut. -2 Avec toute son armée.

«< nous égorger dans nos camps? » Il fut donc arrêté qu'on livrerait bataille. »

Cette bataille eut lieu dans une vaste plaine, sur le bord de la rivière de Hérat. Abaca donna le commandement de l'aile droite à son frère Boutchin, auprès duquel il plaça le noyan Samagar; celui de l'aile gauche au prince Yschmout, qui avait sous lui les généraux Sounataï, Mingtour noyan, Bouroultaï, Abdoullah Aca et Argoun Aca. Ce dernier avait dans sa division les troupes du Kerman et du Fars, commandées par le sultan Hadjadj et l'Atabey Youssoufschah. Le noyan Abataï conduisait le centre.

«< Dès le commencement de l'action, le général Mourgaoul, combattant avec valeur, tomba percé d'une flèche. Craignant que sa mort ne décourageât les troupes, Djélaïrtaï demanda à Borac la permission de charger l'ennemi. Il fond sur l'aile gauche, la rompt, la met en déroute et la poursuit, avec un grand carnage, jusqu'à Pouschenk, à quatre lieues de Hérat. Cependant le centre et l'aile droite d'Abaca tenaient ferme. Ce prince ordonne à Yschmout de passer à la gauche pour rallier les fuyards. Dans l'ardeur de la poursuite, les escadrons du corps d'armée de Djélaïrtaï s'étaient mis en désordre; ce général ne put jamais les former en bataille; lorsqu'il revint, il se trouva coupé, et fut obligé de prendre la fuite. Mais la victoire n'en penchait pas moins du côté de Borac. Voyant les troupes d'Abaca repoussées, le noyan Sounataï, général àgé de quatre-vingt-dix ans, descendit de cheval et s'assit sur un tabouret au milieu du champ de bataille. « C'est le jour, dit-il aux officiers qui << l'entouraient, c'est le jour de reconnaître ce « que nous devons à Abaca. La victoire ou la Les troupes reviennent à la charge; elles font des prodiges de valeur; au troisième choc, elles rompent la ligne de Borac et mettent son armée en fuite. Entraîné dans la déroute générale, ce prince tomba de cheval. Il criait aux

a mort. "

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officiers qui passaient près de lui, dans leur fuite : Je suis Borac, votre souverain, donnez-moi un cheval. » La peur les rendaient sourds à sa voix. Enfin un cavalier qui le reconnut lui donna son cheval et lui demanda quelques flèches que Bo rac lui jeta, en partant comme un éclair. L'armée d'Abaca poursuivit les fuyards, ne donnant pas de quartier. Ils auraient presque tous péri, sans le courage et la présence d'esprit de Djélaïrtaï, qui les rallia et les poussa dans le désert d'Amou, protégeant leur retraite à la tête d'un corps d'armée qui faisait volte-face pour combattre et arrêter l'ennemi, lorsqu'il les serrait de trop près. Ce général sauva par cette manœuvre les débris de l'armée de Borac, qui purent repasser le Djihoun. Des soldats s'étaient réfu giés dans un Keoschk; Abaca y fit mettre le feu et tous périrent dans les flammes. » (D'Ohsson, lieu cité, p. 447-449, d'après Rachid-ed-dîn.)

Ce récit, dont nous avons retranché quelques parties pour le rendre moins long, s'accorde pour le fond avec celui de Marc Pol; mais il est beaucoup plus détaillé et plus savant. On voit que Rachid (comme lui-même d'ailleurs en prévient au commencement de sa grande histoire) avait eu à sa disposition les archives officielles de la cour mongole de Perse, dont il était grand vizir, et qu'il écrit en homme d'État, qui connaît les faits et qui ne recourt pas, comme Khondémir et autres historiens persans, à la recherche des métaphores, du pathos et des phrases alambiquées, pour dissimuler son ignorance. Il est infiniment à regretter que le grand ouvrage de cet éminent historien, le Djami-ut Tévarikh, « Collection d'Annales », ne soit pas complétement traduit (on n'en a donné jusqu'ici que de courts fragments); ce serait une mine inépuisable pour controler et compléter nos connaissances historiques et géographiques de l'Asie. Nous engageons nos lecteurs à comparer ces deux récits de la même bataille, qui ont chacun leur mérite.

de maintenant commença la bataille des uns aus autres, et s'entregetèrent tant de saietes3 que tout l'air en estoit couvers comme de pluie. Et tant y avoit là mors, d'hommes et de chevaus, d'une part et d'autre, que toute la terre en estoit couverte. Et tant dura la bataille que les gens Barac furent desconfiz des genz Argon 4. Et passerent le flun. Mais Argon et ses genz les occioient et malmenoient en fuiant tout à leur volenté. Si que en ceste maniere ala, ceste bataille, que Argon ot3 la victoire, et Barac fu desconfiz; et eschapa par la force de son bon cheval qui tost l'emporta.

Et depuis que je vous ai commencié d'Argon, si vous lairons de Caidu et de Barac son frere et vous conterons huimès d'Argon; comment il fist puis, et comment il fu seigneur puis la mort son pere.

CHAPITRE CXCVIII.

Comment Argon sot que son pere estoit mort puis la bataille, et se parti pour aler prendre la seignorie, si comme raison estoit.

Quant Argon ot vaincu celle bataille de Barac le frere Caïdu, et de son ost (1), si ne demoura pas grandement que il oï nouvelles que Abaga son pere estoit mors, de quoi il ot grant duel. Si s'appareilla atout son ost, et se mist au retour pour avoir la seignourie, si comme il devoit; mais il avoit à aler .XL. (quarante)

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CXCVIII. (1) On a vu, dans les notes du chapitre précédent, que Abaca, ou Abaga, commandait en personne ses troupes contre Borak; mais Argoun, son fils ainé, l'accompagnait sous le nom d'Argoun-Aca (aca, ou plutôt akha en mongol, signifiant frère aine). Il devait succéder immédiatement à son père Abaka, qui mourut le mercredi 1er avril 1282. Bar Hébræus, cité par D'Ohsson (lieu cité, t. III, p. 537), dit qu'Abaca avait le dimanche précédent, jour de Pàques, célébré cette fête avec les chrétiens, en assistant au service divin dans l'église de Hémé

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dan (Hamadan); que le lundi il dina chez un seigneur persan; que, dans la nuit du lundi au mardi, sa raison se troubla, qu'il vit des spectres dans l'air, et qu'il mourut vers l'aurore du mercredi 1er de nisan, qui répond au 20 de zoulhadjet (1er avril 1282). Il était âgé de quarantehuit ans et en avait régné dix-sept. Il laissa deux fils, Argoun et Kaïkhâtou (que Marc Pol, p. 31, nomme Chiato, voir la note à ce sujet), qui régnèrent l'un après l'autre sur le trône de Perse: Argoun, de 1284 à 1291; et Kaikhatou, de 1291 à 1295 de notre ère.

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