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de Tigeri", et alerent par un desert qui est loins .xvij. journées. Il ne trouverent ville ne chastel, fors seulement Tartars en leur P tentes qui venoient de leur bestes qui paissoient aux champs.

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■ Ms. B. Tigry. o Ms. A. iornees. Sihoun ou Sirr, ancien laxartes, qui se jette dans le lac de Kharism, aujourd'hui lac d'Aral. On ne sait comment expliquer une si étrange erreur. Car, du Sihoun pour arriver à Bokhara, il n'y avait plus que quelques journées de marche, tandis que Marc-Pol dit clairement qu'après avoir passé le grant flun Tigeri ou Tigry, ils traverserent un désert qui leur prit dix-sept jours de marche; ce qui ne peut s'entendre: du Sir-déria, ancien Jaxartes, à Boukhára; d'autant plus que Marc-Pol dit positivement que c'est immédiatement en partant d'Oukaka (située sur la rive droite du Volga) que les deux frères passèrent le fleuve en question. Cette seule considération aurait dû empêcher tous les commentateurs de prendre le Tigeri pour le Sihoun, qui en est très-éloigné. Ce qui a pu causer la méprise de Marsden, mère de toutes les autres, c'est que les textes de Marc-Pol, connus de lui, portaient tous que ce fleuve était l'un des quatre du Paradis terrestre. « E partendosi da quel luogo (Oucaca) « e andando più oltre, passarono il fiume Tigris, « che è uno de' quattro fiumi del Paradiso. >> (Ramusio). Le ms. latin de Berlin porte aussi : Qui est unus de quattuor fluminibus Paradi<< sii. » Mais le texte de Grynæus, reproduit par Müller, ne porte pas cette phrase, qui est évidemment une interpolation. Les deux anciennes rédactions, française et latine, publiées en 1824 par la Société de géographie de Paris, ne l'ont également pas. Ceux qui, depuis cette époque, ont publié des éditions de Marc Pol avec Notes ou Commentaires : le comte Baldelli Boni (1827); Hugh Murray (1844); Vincenzo Lazari (1847); Thomas Wright (1854); Éd. Charton (1855), auraient pu se dispenser de reproduire, en se l'appropriant, l'erreur pardonnable de Marsden. Nous donnons ici, comme échantillon, un exemple de la manière dont se font ordinairement les travaux d'érudition compilée :

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P Id. lor.

1818. W. Marsden. « The great river crossed by ours travellers... was evidently the Silun « otherwise named the Sirr.» The Travels of Marco Polo, p. 8, note 13.)

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1827. Baldelli Boni. « Ma il fiume che il « Polo chiama il Tigri, è il Gihon, Amou appel<< lato dai Tartari; Osso (Oxus) dagli Antichi. » (Il Milione di Messer Marco Polo, t. II, p. 7. Ici l'Oxus est substitué au Jaxartes, sans que ce soit plus conforme à la vérité.)

1844. H. Murray. «The travellers would << doubtless be not a little bewildered in this disas<< trous journey through an unknown country. » (Ils n'avaient pas encore fait cependant leur traversée de dix-sept journées dans le désert). « This certainly appears in their mistaking for << the Tigris a river which undoubtedly was the «Sirr or Sihon, the ancient Jaxartes.» (Travels of Marco Polo, p. 97.)

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M. A. Bürck, dans son édition allemande de Marc Pol (Leipsig, 1855), se borne à rapporter l'opinion de Marsden, qu'il semble adopter complétement. Ici, au moins, l'éditeur a la bonne foi de citer son autorité.

Depuis que cette Note a été écrite, j'ai trouvé la confirmation de l'opinion qui y est soutenue dans les Annales Minorum (t. VII, p. 256), où le frère Paschalis Victoriensis dit : « Cum jam ultra annum demoratus fuissem in prædicta Sarray (Sara de Marc Pol, de la carte catalane, Seray ou Saray d'Aboulféda) civitate Sarace<«< norum imperii Tartarorum, in Vicaria Aquilonari, ubi ante annum tertium quidam frater << noster Stephanus nomine fuit passus venerabile

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CHAPITRE III.

Comment les deux freres passerent un desert, et vindrent à la cité de Bocara.

a

il

Quant il orent passé cel desert, si vindrent à une cité qui est appellée Bocara (1), moult noble et grant. La province a aussi à nom Bocara (2). Et en estoit roys un qui avoit à nom Barac (3). La cité estoit la meilleur de toute Perse. Et quant il furent là venu, si ne porent plus aler avant, ne retorner arriere. Si que il demourerent en ladite cité de Bocara trois ans. Et endementiers b que sejournoient en celle cité, si vint messages d'Alau (4), le seigneur de levant, lesquelz aloient au grant Kaan, le Seigneur de touz les Tartars du monde (5). Et quant ces messages' virent ces deux freres, si orent merveille, pour ce que onques mais n'avoient veu III. a Ms. A. forme de Bourgogne. b Ms. A. Endemantières = pendant que. e Id. lesquiex. d Mss. B. et C. Le ms. A. porte partout Kaam. e Id. seignor.

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III.

1 Pour messagers; forme constatant l'ancienneté du manuscrit.

martyrium per Sarracenos. Inde ascendens in « quoddam navigium, cum Armenis, per fluvium, qui vocatur Tigris, per ripam maris « Vatuk nomine, usque Sarachuk deveni per « duodecim dietas, > etc. (Voir aussi Mosheim, Historia Tartarorum ecclesiastica, p. 194.)

Dans ce passage d'une lettre de 1342, époque peu éloignée de celle de Marc Pol, le frère Paschal appelle Tigris ou Tigre le fleuve sur lequel il s'embarque en quittant Saraï, située, comme on l'a déjà vu, sur les bords du Volga. La mer qu'il appelle Vatuk est la mer Caspienne, que l'on nommait alors la Mer de Baku; Sarachuk était une ville tartare, aujourd'hui détruite, et qui n'est plus qu'un avant-poste de Kossaks de l'Oural sous le nom de Saratchik (petit palais) dans le gouvernement d'Orembourg.

III. —(1) (1) },÷ Boukhárá ou Bokhárá, ville célèbre, capitale de la Boukharie, située à une lieue de la rive gauche du Zer-afchán, qui se perd dans un lac à quelque distance du fleuve appelé successivement Oxus, Weï, Djihoun, Amou, Amou-daria (selon la langue des populations qui occupaient la Boukharie), et qui se jette main

tenant dans le lac d'Aral. Long. 62° 35′; lat. 39° 45'.

(2) C'est la Boukharie, que l'on appelle improprement aujourd'hui Turkestan, «pays des Turks ou Turkomans. >>

(3) Borak-Khan, petit-fils de Djagatai, avait été placé par l'empereur Khoubilaï à la tête de l'Oulous de son grand-père, en 1265; il s'empara aussitôt du Turkestån, et régnait à Bokhârâ lorsque les deux frères Poli y arriverent. II mourut en 1270. Il était fils de Yissoun-toua, fils de Moa-tougan. Son apanage et ceux de ses frères étaient dans le pays de Tchaganian, au sudest de Samarkand et au nord du Badakchân.

(4) Houlagou, nommé déjà précédemment; la prononciation à l'italienne d'Alau—Alaou, se rapproche beaucoup de l'orthographe véritable. (Voir Ét. Quatremère, Histoire des Mongols, Collection orientale, t. I, seul paru; Abel-Rémusat, Expédition d'Houlagou, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. I, p. 171; Deguignes, Hisoire des Huns; d'Ohsson, Histoire des Mongols, t. III, p. 134, etc.)

(5) Khoubilai-Khan, fils de Toulouï. Voir ma Description de la Chine, t. I, p. 350 et suiv.

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nul Latin en cele terre. Si dirent aux' deux freres : « Seigneur, se << vous nous voulez croire, vous en aurez grant profit et grant <«< honneur. » Et ceux leur respondirent que il les orroient volentiers de quoi 2. « Si leur dirent les messages que li grant Kaan ne << vit onques nul Latin; et moult a grant desir de veoir en 3 aucun. « Et, pour ce, se vous voulez venir avecques nous et jusques à lui, sachiez, sanz faille 4, que il vous verra volentiers, et vous << fera grant honneur et grant bien; et pourrez venir avecques << nous seurement, sanz nul encombrier 5 de nulle gent. »

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CHAPITRE IV.

Comment les deux freres crurent les messagés pour aller au grant Kaan.

b

a

il

Quant les deux freres furent appareillie pour aler avec les messages, si se mirent à la voie avec les messages et chevauchierent un an entier par tramontaigne et par grec 2, avant que fussent là venu où estoit le Seigneur. Et, chevauchant, trouverent moult grans merveilles de diversités de choses, lesquelles nous ne conterons pas ore 3, pour ce que Messires Marc, qui toutes ces choses vit aussi, le vous contera en cest livre en avant 4 tout appertement 5.

CHAPITRE V.

Comment les deux freres vindrent au grant Kaan.

a

Quant les deux freres furent venu au grant Kaan, il les reçut à moult grant honneur, et leur fist moult grant feste et ot moult grant alegrece de leur venue, et leur demanda de maintes

b

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V.a Ms. B. Le ms. A. il. b Ms. C. Le ms. A porte alegance; le ms. B, allegence.

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choses premierement des Empereurs, et comment il maintiennent leur seigneurie et leur terre en justice; et comment il vont en bataille, et de tout leur afaires. Et après leur demanda des Roys et des princes et des autres barons (1).

CHAPITRE VI.

Comment le grant Kaan leur demanda encore du fait des Crestiens et proprement de l'Apostolle de Romme.

a

b

Et puis leur demanda du Pape et de l'Eglise, et tout le fait de Romme, et de toutes les coustumes des Latins. Et les deux freres lui en dirent la verité de chascune chose par soy, bien et ordeneement et sagement, si comme si comme" sages hommes que il estoient; car bien savoient la langue tatarese (1).

CHAPITRE VII.

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Comment le grant Kaan envoia les deux freres pour ses Messages au Pape.

Quant le Seigneur, qui Cublay Kaan (1) avoit à nom, Seigneur

c Mss. B et C.

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b Ms. B. Les mss. A. et C. portent : distrent. - Ms. B. or d Ms. A. coment. e Ms. A. Les mss. B. et C. tartaresse.

VI. Ms. A. leur. donneement.

V. -— (1) A l'époque dont il est ici question (1265), Michel Paléologue avait, deux ans auparavant, détrôné Baudouin, empereur de Constantinople. Saint Louis régnait en France, Henri III en Angleterre, Alphonse X en Castille, le pape Clément IV à Rome, et Ranieri Zeno était doge de Venise. Mais, comme il y avait cinq ans que les deux frères Poli avaient quitté Venise, ils devaient ignorer encore la révolution arrivée à Constantinople, laquelle avait fait passer l'empire d'Orient des mains d'un empereur français, soutenu par les Vénitiens, dans celles d'un Grec, appuyé par les Génois, ainsi que l'avènement du pape Clément IV, qui venait de succéder à Urbain IV.

Par le mot de barons, il faut entendre, dans Marc Pol, ces seigneurs féodaux du moyen âge, qui relevaient bien des empereurs et des rois, mais qui avaient cependant une espèce de souve

raineté sur une certaine étendue du pays qu'ils gouvernaient à leur manière.

VI. (1) Par langue tatarese, ou tartaresse comme disent les mss. B et C, il faut sans doute entendre la langue mêlée de persan, de turk, de tartare et de mongol, que l'on parlait alors à Bokhåra, où les deux frères Poli séjournèrent trois ans; ou la langue ouigoure, que le frère Paschal écrivait avoir apprise à Sara. (Lettre citée précédemment par extrait.)

VII. — (1) Khoubilai-Khản, quatrième fils de Toulouï et petit- fils de Gengis ou plutôt Dchinghis-Khán, succéda à son frère comme empereur de la Chine septentrionale ou du Kathay, et de toutes les possessions mongoles de l'Asie septentrionale, en 1259. Mangou-Khân mourut au mois d'août, sous les murs de Ho-tchéou, dans la province du Chen-si. Khoubilaï apprit la mort de son frère dans le Ho-nan, où son armée

d

des Tatars de tout le monde, et de toutes les provinces et regnes et regions de celle grandisme" partie du siecle, ot entendu tout le fait des Latins 2, si comme les deux freres lui avoient conté, si li plot moult. Si pensa en en soy soy meismes d'envoier les 3 en message à l'Apostolle. Si leur pria moult d'aler en ceste messagerie 5 avec un de ses barons. Et il lui respondirent que il feroient volentiers tout son commandement comme de leur Seigneur. Si envoia le Seigneur querre devant soi un de ses barons, qui avoit nom Cogatal, et lui dist qu'il s'appareillast, et qu'il vouloit que il alast avec les deux freres à l'Apostolle. Cilz li' respondi que il feroit son commandement à son povoir.

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Apres ce, le Seigneur fist faire ses chartres en langue tartoise' (2) pour envoyer au Pape, et les bailla aus" deux freres et à son baron; et leur " enchargea ce que il voult que il deussent

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- Le

VII. -a Ms. A. Les mss. B. et C. portent Tartars. b Mss. B. C. grandesime, ms. B. écrit toujours compte; le ms. A. reproduit alternativement les deux orthographes. d Ms. A. à. e Ms. A. leur. f Mss. B. C. voulentiers. g Ms. B. a tout.

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h Ms. B. Les mss. A. et C. portent que il veut que il voise. i Mss. B. C. Celui lui. - Ms. A. fère.- k Ms. B. lettres. — 1 Ms. C. turquoise. m Ms. B. aux. n Id. lor.

VII. - Eut.

rope.

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dence d'été de l'empereur Khoubilaï. Houlagou, frère puiné de ce dernier, et qui régnait en Perse, ainsi que les descendants de Djoutchi et de Djagatay, qui régnaient dans le Kiptchak et l'ancienne Sogdiane, envoyèrent leur adhésion à l'élection de Khoubilaï.

2 On doit entendre par ce mot toutes les nations catholiques de l'Eu3 Les pronoms relatifs, placés comme régimes directs à la suite du verbe, sont fréquents dans notre manuscrit. 4 Ou apostoille. C'est ainsi que le Pape est appelé souvent dans les écrivains français du moyen âge. 5 Mission, ambassade. Le Ms. B porte celle messaiĝerie. 6 - Quérir. 7 Vouloit. se trouvait alors, s'avançant vers le Hou-kouang pour conquérir cette dernière province. Mais s'il continua de faire la conquête de la Chine, il ne succéda pas immédiatement comme empereur à son frère Mangou, parce que ce successeur de vait être nommé à l'élection par tous les princes dchinghiskanides réunis en assemblée générale (kouriltai), selon l'ancien usage des tribus mongoles. Khoubilai, malgré les menées de son frère cadet Arik-Bouga, qui commandait dans la Mongolie, fut élu empereur souverain dehinghiskanide en été, à la 4a lune (le 4 juin 1260), par l'assemblée réunie à Kai-ping-fou, nouvelle ville construite par Khoubilaï à environ vingtdeux lieues au nord-est de la grande muraille, et qui fut plus tard appelée Chang-tou, rési

Aussitôt après son élection, Khoubilaï donna un nom à sa dynastie, qu'il appela Yuen, et ses années de règne Tchoung-toung. (Voir Li-taiki-sse, K. 97, fol. 1; Gaubil, Histoire de la dynastie mongole, p. 132; Mailla, Histoire générale de la Chine, t. IX, p. 282; d'Ohsson, Histoire des Mongols, t. II, p. 344; Chine, Univers pittoresque, p. 350 et suiv.)

(2) Par langue tartoise ou turquoise, il faut entendre la langue mongole, écrite en caractères

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