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CHAPITRE CXXXIX.

Ci dit de la cité de Coguigangui.

Coguigangui si est une moult grant cité si comme je vous ai conté ça arriere (1), qui est à l'entrée de la province de Manzi'. Il sont idolastres et font ardoir les corps mors; et sont au grant Kaan. Il y a moult de navie1, si comme autrefoiz vous ai conté et dit qu'elle est sur le grand flun de Caramoran (2). Et si vous di que il en vient en ceste cité moult grant quantité de marchandises, pour ce que elle est le chief de regne de celle part (3). Car moult de cités font porter leur marchandises en ceste dite cité, pour ce que elle est sus ce flun; et s'en va 2 par maintes citez, là où l'en veut. Encore sachiez que l'en fait moult de sel en ceste cité qui en donne à plus de quarante autres citez, dont le grant Kaan a moult tres grans rentes (4).

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© Mss. A. C. ydres. d Mss. B. C. grant quantité. —

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CXXXIX. -Navires. 2. On s'en va de là.

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(1) 'Hoai-gan-fou. Voir ci-devant

(2) Le Hoang-ho, ou fleuve Jaune.

(3) Sous les Mongols du temps de Marc Pol, la ville de 'Hoai-gan était, comme nous l'avons déjà dit, un chef-lieu de «< circuit >> (loú), dépendant du gouvernement de Hő-nán (« midi du grand fleuve »). Ces Lou ou « Circuits » étaient des circonscriptions administratives d'une grande étendue, venant immédiatement après les Gouvernements ou Sing, au nombre de douze pour toute l'étendue de l'Empire mongol de Chine. C'est pourquoi Marc Pol dit que la ville de 'Hoai-gan-loù était le chef de règne de celle part, c'est-à-dire, de cette partie du gouvernement du Ho-nán. Elle n'est pas précisément située sur le fleuve Jaune, qui en est à une distance d'environ deux lieues, au nord-ouest; mais elle est reliée à ce grand fleuve par le « Canal impérial » qui la rend très-commerçante, et la met en communication avec les villes les plus populeuses de l'Empire.

a

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(4) La ville de ‘Hoaï-gan avait sous sa dépendance du temps des Mongols, et a encore aujourd'hui la ville chef-lieu de canton, nommée Yentching « la ville du Sel », située sur le fleuve Sinyang, qui a son embouchure à quelque distance dans la mer (lat. 33° 21′ 55′′; long. 117° 40′ 22′). Cette « ville du Sel » (Yen-tching) communique par des fleuves, des lacs et des canaux avec Hoai-gan et toutes les grandes villes de cette partie de l'Empire. C'est là le grand marché du Sel, que l'on nomme Yen kiảng poù, le « Marché du sel par les fleuves ».

Du temps des Mongols de Chine, il y avait une « Direction du sel pour les deux 'Hoai » (c'est-à-dire les provinces actuelles de Ho-nán et de Kiang-sou, comprenant les contrées situées au nord et au sud du fleuve Hoai ou Hoai-ho).

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En 1269, un délégué du président du ministère des finances, qui avait l'administration des transports par eaux, fut le premier chargé de cette « Direction ». De ce moment, jusqu'en 1277, les droits perçus par le gouvernement sur

Or vous ai dit de ceste cité; si vous dirons avant d'une autre cité, laquelle a à nom Pauchin.

CHAPITRE CXL.

Ci dit de la cité de Pauchin.

par

se

Quant l'en se part de Coguiganguy, si chevauche l'en louc b une journée, par une chauciée qui est à l'entrée du Manzi; et ceste chauciée est faite de moult belles pierres (1). Et de l'une

CXL. a Ms. C. Coyganguy,·

CXL. 1 Chaussée.

1

b Ms. B. la province; ms. C. seloc (sud-est).

le sel, ne furent pas inscrits sur les registres d'une manière fixe et déterminée. On peut seulement en conclure que la quantité exploitée fut réellement très-grande. Depuis cette dernière époque l'augmentation porta les produits jusqu'à 650,075 in.» (Yuen sse, k. 97, fol. 15.)

La même histoire officielle de la dynastie mongole de Chine nous donne (k. 94, fol. 14) le produit des salines des deux 'Hoai, et leur revenu pour l'État. «En 1276, il fut ordonné au directeur de l'enclos ou du parc au sel nommé Kiuma-li (ou Koumari) de suivre, pour la perception des droits, les anciens règlements des Soung, et de les appliquer. Chaque in de sel pesait 300 kin (180 kilogrammes, le kin composé de 16 onces chinoises, estimé à 600 grammes). Sou prix était de 8 liang (60 fr. environ) en papiermonnaie des années tchoung-thoung (1260-1264, voir ci-devant p. 319). En 1277, on établit une Direction générale des transports des deux Hoai », et on porta le poids du yìn, de 300 à 400 kin (240 kilogrammes). En 1279, les regis¬ tres officiels portent une vente de 587,623 yin. En 1281, il y eut une augmentation qui la porta à 800,000 yin. En 1289, il y eut une diminution de 150,000 in. En 1293, les populations de Siang-yang (ville importante de la province de Hou konung, dont il sera question au ch. CXLU) ayant changé leur genre de nourriture, et s'étant approvisionnées de sel à Yang-tcheou (voir chapitre CXLIII), l'augmentation de la vente fut de 8,200 yin.

Des détails semblables sont donnés pour toutes les autres provinces de l'Empire de Khoubilai Khaan. On voit que Marc Pol avait raison de dire que les droits sur le sel de 'Hoai-gan, c'està-dire, de sa juridiction comme chef-lieu de «< circuit », produisaient de très-grands revenus au grand Khaan. Ainsi, en 1281, à l'époque de Marc Pol, le montant de la vente fut de 800,000 gin, de 240 kilogrammes chacun, dont le prix, fixé à 60 fr. le in, donne une somme de 48 millions de francs pour les seules salines des deux Hoai. Aussi les historiens chinois disentils: « De toutes les branches de revenus de l'État, aucune n'est à comparer au sel pour les larges profits qu'il lui rapporte. » (Yuen sse, k. 94, fol. 8 vo.)

CXL. — (1) La chaussée dont il est ici question est celle du « Canal impérial » ( Yun-kó). L'histoire des Mongols entre dans beaucoup de détails, comme nous l'avons dit (ch. cxxxvII, note 2) sur la création, l'amélioration et l'entretien des cours d'eaux sous le règne de cette dynastie. On trouve (k. 65, fol. 14) des renseignements sur le « Canal impérial » ou « canal des transports» (Yun-ho) du nord de Yang-tcheon, où nous sommes maintenant. Il y est dit que temps des Soung, qui avaient précédé les Mongols, on avait employé des troupes à le nettoyer. Chi-tsou (Khoubilaï) reprit l'œuvre des Soung, et en consolida successivement les chaussées. C'est là précisément le travail que mentionne Marc Pol; car le Canal de transports qui part de

du

part et de l'autre de la chauciée, si a yaue; ne en la province l'en ne puet entrer, fors que par ceste chauciée. Au chief de ceste journée treuve l'en la cité de Pauchin (2) moult belle. Il sont ydres et font ardoir les corps mors et sont au grant Kaan; et leur monnoie est de chartres. Il vivent de marchandises et d'ars; et ont soie en grant habondance dont il font draz de soie à or assez, et de moult de manieres et de beaulx. [De chose de quoy l'en doit vivre ont il à grant planté©].

Autre chose n'y a à conter, et conterons d'une autre cité dite Caiu.

a

CHAPITRE CXLI.

Ci dist de la cité de Cayu.

Et quant l'en se part de la cité de Pauchin si chevauche l'en par seloc une journée; adonc si treuve l'en la cité de Cayu [qui est moult grant et noble '] (1). Et sont idolastres; et ont monnoie de charte, et sont au grant Kaan". Il vivent de marchandises et d'ars. [Et si ont grant habondance de toutes chosez de vivre. Ilz ont poisson oultre mesure, et ont chace de bestez et d'oyseaulx

e Ms. C. Ce passage manque dans les mss. A. B. CXLI. - Ms. A. Selau; ms. B. la chaucée. d Ms. C.

Yang-tcheou, dans la direction du nord, jus-
qu'au Hoang-ho, traverse le pays le plus maré-
cageux, et le plus rempli de lacs et d'eaux dor-
mantes de toute la Chine. C'est là aussi que les
travaux d'art pour l'endiguement et l'écoulement
des eaux, pour les utiliser au service des trans-
ports, ont été les plus longs et les plus coûteux.
(2)
Pao-ying, aujourd'hui chef-
lieu de canton (hien), dépendant du département
de Yang-tcheou, province de Kiang-sou (lat. 33°
15'; long. 117° 00'). Sous les Mongols, cette
ville portait également le nom de Pao-ying,
qu'elle avait reçu sous les Thâng, et était chef-
lieu de canton. En 1279, ce nom cependant
fut changé momentanément en celui de Gán-í,

qui convient au repos », et la ville fut élevée

b Ms. C. - Mss. A. C. ydres.

Kao-yeou, aujour

au rang de chef-lieu de département (foù). Mais
en 1283 elle redevint « chef-lieu de canton »>, dé-
pendant de Kao-yéou, alors chef-lieu de départe-
ment. Cette dernière ville est celle-là même dont
il va être question (Yuen sse, k. 59, fol. 22 v°.
- Tai thsing i thoung tchi, k. 49, fol. 4).
CXLI. — (1)
d'hui chef-lieu d'arrondissement (tcheou) du
même département que la ville précédente (lat.
32° 47'; long. 117°). En 1277, cette ville fut
élevée au rang de « Circuit » (lou); mais en 1284
elle fut réduite au rang de chef-lieu de départe-
ment (foù), dépendant du « Circuit » de Yang-
tcheou (Taï thsing i thoung tchi, k. 49, fol. 3 ;
Yuen sse, k. 59, fol. 22). Cette ville est située sur
le Canal impérial et près du grand lac de ce nom.

en grant quantité "]. Et sachiez que l'en auroit bien

cien gros d'argent trois bons faisans.

pour un Veni

Or nous partirons d'icy et irons avant ; et vous conterons d'une autre cité qui a nom Tiguy.

CHAPITRE CXLII.

Ci dist de la cité de Tiguy.

Quant l'en se part de la cité de Cayu, si chevauche l'en une journée par selouc, [tousjours trouvant casaus et champs et belles gaaingneries]. Et adonc treuve l'en la cité de Tiguy, qui n'est mie trop grant; [mais elle est moult plantureuse de trestoutes chosez "]. Et les gens sont idolastres, et ont monnoie de chartretes; [et sont au grant Kaan; et vivent d'ars et de marchandise; car il s'y fait moult marchandises. Et si ont navie assez dudit grant flum "]. Et sachiez que à la senestre partie, vers soleil levant, loing d'icy trois journées, est la mer occeanne. [Jusques à la cité, de toutez pars se fait sel en grant quantité; car il y a de moult bonnes salines "]. Et si y a une cité qui a nom Tinguy (2), qui est moult noble'. Et

e Ms. C.

e

CXLII. a Ms. C. b Ms. C. - d Ms. C. - Mss. A. C. ydres. -e Mss. A. B. Sigui; ms. C. Tiguy. Dans Grynæus et Ramusio Tingui. -f Ms. C. qui moult est grant et riche et noble.

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d'hui chef-lieu d'arrondissement du département de Yang-tcheou (lat. 32° 30′ 22′′; long. 117° 27′ 55′′). Sous les Mongols, en 1277, cette ville fut élevée au rang de « Circuit » (lou) ayant une administration générale importante. En 1284, sa dénomination fut changée en celle de tcheou, «< chef-lieu d'arrondissement », dépendant de Yang-tcheou loú (Yuen sse, k. 59, fol. 20). Elle commandait à deux cantons: Hai-ling (« plage de la mer »), et Jou-ko.

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une

long. 118° 21′ 10′′). Il a sous sa juridiction deux
cantons : Jou-kao et Tai-hing. Sous les Mongols,
en 1278, on l'érigea en « Circuit » (lou) avec un
administration générale. En 1284, cette ville
redevint chef-lieu d'arrondissement, dépendant
du « Circuit » de Yang-tcheou, et commandait
à deux cantons: Thsing-'hai (la << mer tran
quille »), et Haï-men (la « porte de la mer »).
Le commerce du poisson et du sel lui procurait
de grands profits. Les marchands pour en ache-
ter s'y rassemblaient en foule (Tai thsing i thoung
tchi, k. 55. — Yuen sse, k. 59, fol. 20).
C'est par incident que Marc Pol mentionne

(2) Toung-tcheou, aujourd'hui ici la ville de Thoung-tcheou, (dont le nom est

chef-lieu d'un arrondissement indépendant de la province de Kiang-sou (lat. 32° 03′ 40′′;

mal écrit dans les mss.), et comme faisant un grand commerce de sel. Elle n'est toutefois dis

en ceste cité a tant sel que toute la province en a assez. Et si vous di, pour certain, que le grant Kaan en reçoit grant rente". Il sont idolastres', et ont monnaie de charte.

Or nous partirons d'icy et retournerons à Tiguy, qui bien vous en ai dit et conté cy dessus. Si vous diray d'une autre cité qui a nom Janguy.

CHAPITRE CXLIII.

Cy dist de la cité de Janguy.

Quant l'en se part de Tiguy l'en chevauche une journée [par seloc']; et au chief de ceste journée treuve l'en la cité de Janguy" (1),

Ms. C. se fait tant de sel.

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h Id. en a si grant rente, et si merveilleusement est grande, que à paine le pourroit l'en croire, qui ne le verroit.· i Mss. A. C. ydres. CXLIII. a Ms. C. b Cette partie de phrase manque dans le ms. A.

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tante au sud du territoire de Tai-tcheou que de 90 li (environ 9 lieues); et la mer en est seule

ment éloignée au nord-est de 110 li (11 lieues).

揚州府

à la province de Tchi-li. » (Yuen sse, k. 59,

fol. 19.) Chaque année on voit un changement opéré dans son organisation administrative, que nous croyons inutile de rapporter ici. On y comp

CXLII. — (1) ‡¦ H Yang-tcheou tait une population de 249,466 familles et de

fou, aujourd'hui chef-lieu de département de la province de Kiang-sou (lat. 32o 26′ 32"; long. 117° 04′ 13"). Sous les Mongols ce fut un « cheflieu de Circuit » (Yang-tcheou loú) dépendant du grand gouvernement du Hő-nán (le « midi du Hoàng-h6 »), et du Kiing-pě (le « nord du Kiảng »). Toutefois, selon l'histoire officielle de la dynastie mongole (k. 59, fol. 19), dans les commencements de la treizième année tchi-youan (fin de 1275, commencement de 1276) on l'établit « chef-lieu d'un gouvernement particulier, relevant de Tai-tou (la capitale mongole: tchi tái toù toù fou). De plus on l'établit aussi « gouvernement général administratif de Kiáng hoaï, et autres lieux » (Kiáng hoai tèng tchoù hing tchoung tchou sing). Ce ne fut qu'en 1277, qu'il devint le « Circuit » de Yang-tcheou avec une administration générale (young-tcheou loú thoung koùan foù). En 1278, on y rattacha la « Direction de sûreté générale du Cercle de Hoaïtoung (de l'Orient du Hoai: Hoai-toung tao siouen wei sse). En 1282, cette « Direction de sûreté générale provinciale », avec l'administration générale de ce propre circuit, fut rattachée

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1,471,194 bouches, comprenant les femmes et les

enfants qui n'avaient pas encore atteint l'âge viril.

Nous avons voulu constater ces faits d'après l'histoire de la dynastie officielle mongole, parce qu'ils confirmeront indirectement ce que dit Marc Pol: que la ville de Janguy, ou Yingtcheou, était un des douze «< gouvernements » de l'Empire mongol (Sing) dont nous avons donné l'énumération précédemment (p. 333 et suiv.). Elle fut en effet, comme on l'a vu ci-dessus, érigée au commencement de 1276, en «< Chef-lieu d'un gouvernement particulier »>, ne relevant que du gouvernement central de la capitale ; puis ensuite, dans la même année, en « Chef-lieu du gouvernement général » (Sing) de Kiding-hoai et autres lieux; ce qui le constituait effectivement l'un des douze Sing, ou « gouvernements généraux » de l'Empire mongol de Chine. Quoique dans l'année 1277 on ait transféré ailleurs le « gouvernement général » de cette province, cette ville resta cependant le siége d'une grande administration exceptionnelle, qui comprit, en 1278, une « Direction de sûreté générale », laquelle relevait toujours du gouvernement central. On a

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