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Autre chose n'y a qui à conter face. Si vous dirons avant d'un autre regne qui a nom Quesivacuran.

est l'origine du titre de Soumenat donné à Siva. Le culte de Siva, continue Al-Byrouny, était très-répandu dans les contrées situées au midi et à l'ouest de l'Indus, et l'on voyait dans beaucoup de temples le linga exposé à la vénération du peuple. Mais le linga de Soumenat jouissait d'un crédit beaucoup plus grand; tous les jours on lui offrait de l'eau du Gange et des fleurs de Cachemire. Cette figure, dans l'opinion des Indiens, guérissait les maladies chroniques et les autres maux pour lesquels il n'existe pas de remède naturel. Une circonstance qui augmenta l'affluence des étrangers, ce fut la position de Soumenat. Cette ville servait de point de relâche aux navires qui se rendaient de Sofala, sur les côtes d'Afrique, dans la Chine. Lorsque Mahmoud le Gaznévide prit Soumenat (en 1024), la pierre fut mise en pièces; Mahmoud fit enlever la partie supérieure, et l'emporta à Gazna, sa capitale. On en fit deux morceaux; un morceau fut placé dans le maydan (l'hippodrome) de Gazna, avec l'idole de Taneser, et l'autre morceau servit de marchepied à l'entrée de la grande mosquée.

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L'historien persan de l'Inde mahométane, Férichtah, donne plus de détails sur cette expédition de Mahmoud de Ghaznah. Il dit (d'après le colonel Briggs, trad. angl., t. I, p. 69) que

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Mahmoud, ayant atteint Somnat après une marche facile, pendant laquelle il n'avait rencontré aucune opposition, vit des fortifications sur une étroite péninsule, battue de trois côtés par la mer, et sur les murs crénelés desquelles apparaissait une grande multitude de gens armés; ceuxci, faisant faire un signal à un héraut d'approcher, ils lui signifièrent que leur grande idole, Somnat, avait attiré là les Mahometans pour les anéantir en un instant et venger ainsi la destruction qu'ils avaient faite des dieux de l'Inde. Le lendemain matin, les troupes mahométanes, s'avançant près des murs, commencèrent l'assaut. Les créneaux furent en un instant nettoyés de monde par les archers, et les Hindous, étonnés et découragés, se précipitèrent en foule dans le temple, et, se prosternant en pleurs devant leur idole, implorèrent son assistance. Les mahomé

tans, ayant saisi l'opportunité, appliquèrent aussitôt leurs échelles et escaladèrent les murs en criant de toutes leurs forces : Allahakbar, « Dieu est très-grand ! » Les Hindous, poussés par le désespoir, retournèrent à la défense de leurs fortifications, et firent une si vigoureuse résistance que les mahométans, ne pouvant conserver leur position et accablés de fatigue, reculèrent de tous les côtés, et furent enfin obligés de se retirer. » Pendant deux jours consécutifs les assauts furent renouvelés de la part des troupes de Mahmoud, et toujours sans succès. Le troisième jour, des troupes hindoues, conduites par des princes indiens, étant venues au secours de la place, Mahmoud leur présenta la bataille, qui s'engagea avec une grande fureur de part et d'autre. Les troupes musulmanes pliaient devant les nouveaux renforts des troupes hindoues, lorsque Mahmoud, s'en étant aperçu, sauta en bas de son cheval, se prosterna le front contre terre en invoquant Allah. Il remonta ensuite à cheval, et, prenant par la main un de ses généraux, Circassien d'origine, Aboul-Hassan, ils marchèrent tous deux à l'ennemi. Cette action électrisa les troupes mahométanes, qui s'élancèrent à la suite de leur chef, enfoncèrent les lignes de l'armée ennemie, et laissèrent cinq mille Hindous morts sur le champ de bataille.

Mahmoud entra dans Somnat, que les troupes hindoues avaient abandonné après la perte de la bataille. « En approchant du temple, dit Férichtah, il vit un édifice superbe bâti en pierres artistement taillées. Sa voûte élevée était supportée par cinquante-six colonnes curieusement sculptées et ornées de pierres précieuses. Dans le centre de l'édifice était Somnat (Sóma-náťha), une idole de pierre de quinze pieds de hauteur, dont six étaient engagés dans le sol. Le sultan, s'approchant de l'idole et élevant sa massue, lui abattit le nez. I ordonna que l'on partageȧt l'idole en deux fragments, envoyés ensuite à Ghaznah, afin que l'une des parties fût placée à l'entrée de la mosquée, pour être constamment foulée aux pieds, et l'autre dans la cour de son propre palais. »

Parmi les dépouilles du temple, dit le méme

CHAPITRE CLXXXII.

Cy dist du royaume de Quesivacuran.

soi".

Quesivacuran (1) est un royaume; et a roy, et langage par Et sont ydolatres et vivent de marchandises et d'ars; car il vivent

CLXXXII. - a Ms. B. eulx.

historien, était une chaîne d'or pesant 200 mann (ou environ 400 livres), qui était fixée par un anneau au sommet du temple; cette chaîne supportait une grosse cloche dont on se servait pour appeler le peuple aux cérémonies du culte. Outre 2,000 brâhmanes, qui officiaient comme prêtres, il appartenait aussi au temple 500 danseuses, 300 musiciens, et 300 barbiers pour raser les dévots, afin qu'on leur permit d'entrer dans le sanctuaire. Le sultan Mahmoud trouva dans le temple une plus grande quantité de joyaux et d'or, croit-on, qu'on en ait jamais vu dans le trésor d'aucun souverain. On rapporte que ce temple n'était éclairé d'aucune lumière, excepté par une seule lampe suspendue au milieu de l'enceinte, et dont les rayons de lumière, réfléchis par les joyaux et les pierres précieuses, répandaient une scintillante lueur dans tout l'édifice. Outre la grande idole ci-dessus mentionnée, il y en avait dans le temple quelques milliers d'autres petites, en or ou en argent, de diverses formes et dimensions.

Ce que Férichtah ne rapporte pas, c'est que Mahmoud le Ghaznévide fit transporter aussi à Ghaznah les célèbres portes du temple de Sômanâth, lesquelles portes, en bois de sandal, trèsartistement travaillées, étaient recouvertes de métaux précieux. Par une destinée singulière, ces mêmes portes furent reprises à Ghaznah (où elles formaient l'entrée du tombeau de Mahmoud), plus de huit siècles après leur enlèvement du temple de Sómanåth, et rapportées dans l'Inde en 1842, par les Anglais, à la suite de leur désastre dans l'Afghanistan. Elles furent alors portées en triomphe par ordre du nouveau gouverneur de l'Inde (lord Ellenborough, aujourd'hui, décembre 1863, pair d'Angleterre), du Pendjab, sur la frontière du Caboul, jusqu'à Sómanâth, où elles furent rétablies à leur ancienne place, à la grande satisfaction des nom

breux sectateurs du culte sivaïte. On peut voir une représentation figurée de ces mêmes portes dans le n° 134 du Journal of the Asiatic Society of Bengal; Calcutta, 1843, ainsi que le Rapport du comité qui avait été formé pour rendre compte de l'état de ces mêmes portes au gouverneur de l'Inde.

(2) C'est là précisément un des caractères du sivaïsme, beaucoup plus matériel et grossier que le brahmanisme primitif et le vichnouisme, et qui était, comme on l'a vu ci-dessus, spécialement pratiqué à Somanàth.

CLXXXII. — (1) Les commentateurs de Marc Pol ont été fort embarrassés pour savoir où placer ce royaume. Marsden, le premier de tous (et à peu près le seul, les autres ne faisant guère que de le copier ou le critiquer maladroitement, en proposant des rectifications plus erronées encore), Marsden, disons-nous, ne sachant où placer le pays en question, s'adressa au major Rennell, qui lui répondit que, pour lui, il n'était pas douteux que le pays cherché ne fût KidgMakran, la Gédrosie des anciens (note 1415).

C'était sortir de l'Inde, contrairement aux indications de Marc Pol, et aller chercher sous le 26 degré de latitude N. un pays qui se trouvait placé sous le 23.

Ce pays, que nos mss. nomment Quesivacouran, d'une manière très distincte et non douteuse, quoique les éditeurs du texte français de la Société de Géographie aient imprimé (p. 550) Quesmacouran (le i étant nettement accentué, le v seulement dans l'écriture gothique de ces mêmes mss., pouvant se prendre à volonté pour un u, un v ou un n), est celui que Ptolémée nomme Kávět ou Kávět xóàños, « le golfe de Kanthi », qui dans Férichtah est appelé

Ketch ou Katch, nom identique, le 0, théta, grec ayant eu anciennement à peu près la pro

Autre chose n'y a qui à conter face. Si vous dirons avant d'un autre regne qui a nom Quesivacuran.

est l'origine du titre de Soumenat donné à Siva. Le culte de Siva, continue Al-Byrouny, était très-répandu dans les contrées situées au midi et à l'ouest de l'Indus, et l'on voyait dans beaucoup de temples le linga exposé à la vénération du peuple. Mais le linga de Soumenat jouissait d'un crédit beaucoup plus grand; tous les jours on lui offrait de l'eau du Gange et des fleurs de Cachemire. Cette figure, dans l'opinion des Indiens, guérissait les maladies chroniques et les autres maux pour lesquels il n'existe pas de remède naturel. Une circonstance qui augmenta l'affluence des étrangers, ce fut la position de Soumenat. Cette ville servait de point de relâche aux navires qui se rendaient de Sofala, sur les côtes d'Afrique, dans la Chine. Lorsque Mahmoud le Gaznévide prit Soumenat (en 1024), la pierre fut mise en pièces; Mahmoud fit enlever la partie supérieure, et l'emporta à Gazna, sa capitale. On en fit deux morceaux; un morceau fut placé dans le maydan (l'hippodrome) de Gazna, avec l'idole de Taneser, et l'autre morceau servit de marchepied à l'entrée de la grande mosquée.

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L'historien persan de l'Inde mahométane, Férichtah, donne plus de détails sur cette expédition de Mahmoud de Ghaznah. Il dit (d'après le colonel Briggs, trad. angl., t. I, p. 69) que « Mahmoud, ayant atteint Somnat après une marche facile, pendant laquelle il n'avait rencontré aucune opposition, vit des fortifications sur une étroite péninsule, battue de trois côtés par la mer, et sur les murs crénelés desquelles apparaissait une grande multitude de gens armés; ceuxci, faisant faire un signal à un héraut d'approcher, ils lui signifièrent que leur grande idole, Somnat, avait attiré là les Mahométans pour les anéantir en un instant et venger ainsi la destruction qu'ils avaient faite des dieux de l'Inde. Le lendemain matin, les troupes mahométanes, s'avançant près des murs, commencèrent l'assaut. Les créneaux furent en un instant nettoyés de monde par les archers, et les Hindous, étonnés et découragés, se précipitèrent en foule dans le temple, et, se prosternant en pleurs devant leur idole, implorèrent son assistance. Les mahomé

tans, ayant saisi l'opportunité, appliquèrent aussitôt leurs échelles et escaladèrent les murs en criant de toutes leurs forces: Allahakbar, « Dieu est très-grand! » Les Hindous, poussés par le désespoir, retournèrent à la défense de leurs fortifications, et firent une si vigoureuse résistance que les mahométans, ne pouvant conserver leur position et accablés de fatigue, reculèrent de tous les côtés, et furent enfin obligés de se retirer. »> Pendant deux jours consécutifs les assauts furent renouvelés de la part des troupes de Mahmoud, et toujours sans succès. Le troisième jour, des troupes hindoues, conduites par des princes indiens, étant venues au secours de la place, Mahmoud leur présenta la bataille, qui s'engagea avec une grande fureur de part et d'autre. Les troupes musulmanes pliaient devant les nouveaux renforts des troupes hindoues, lorsque Mahmoud, s'en étant aperçu, sauta en bas de son cheval, se prosterna le front contre terre en invoquant Allah. Il remonta ensuite à cheval, et, prenant par la main un de ses généraux, Circassien d'origine, Aboul-Hassan, ils marchèrent tous deux à l'ennemi. Cette action électrisa les troupes mahométanes, qui s'élancèrent à la suite de leur chef, enfoncèrent les lignes de l'armée ennemie, et laissèrent cinq mille Hindous morts sur le champ de bataille.

Mahmoud entra dans Somnat, que les troupes hindoues avaient abandonné après la perte de la bataille. «En approchant du temple, dit Férichtah, il vit un édifice superbe bâti en pierres artistement taillées. Sa voûte élevée était supportée par cinquante-six colonnes curieusement sculptées et ornées de pierres précieuses. Dans le centre de l'édifice était Somnat (Sóma-náťha), une idole de pierre de quinze pieds de hauteur, dont six étaient engagés dans le sol. Le sultan, s'approchant de l'idole et élevant sa massue, lui abattit le nez. Il ordonna que l'on partageât l'idole en deux fragments, envoyés ensuite à Ghaznah, afin que l'une des parties fût placée à l'entrée de la mosquée, pour être constamment foulée aux pieds, et l'autre dans la cour de son propre palais.

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Parmi les dépouilles du temple, dit le méme

CHAPITRE CLXXXII.

Cy dist du royaume de Quesivacuran.

Quesivacuran (1) est un royaume; et a roy, et langage par

soi'.

Et sont ydolatres et vivent de marchandises et d'ars; car il vivent

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historien, était une chaîne d'or pesant 200 mann (ou environ 400 livres), qui était fixée par un anneau au sommet du temple; cette chaîne supportait une grosse cloche dont on se servait pour appeler le peuple aux cérémonies du culte. Outre 2,000 brâhmanes, qui officiaient comme prêtres, il appartenait aussi au temple 500 danseuses, 300 musiciens, et 300 barbiers pour raser les dévots, afin qu'on leur permit d'entrer dans le sanctuaire. Le sultan Mahmoud trouva dans le temple une plus grande quantité de joyaux et d'or, croit-on, qu'on en ait jamais vu dans le trésor d'aucun souverain. On rapporte que ce temple n'était éclairé d'aucune lumière, excepté par une seule lampe suspendue au milieu de l'enceinte, et dont les rayons de lumière, réfléchis par les joyaux et les pierres précieuses, répandaient une scintillante lueur dans tout l'édifice. Outre la grande idole ci-dessus mentionnée, il y en avait dans le temple quelques milliers d'autres petites, en or ou en argent, de diverses formes et dimensions.

Ce que Férichtah ne rapporte pas, c'est que Mahmoud le Ghaznévide fit transporter aussi à Ghaznah les célèbres portes du temple de Sómanáth, lesquelles portes, en bois de sandal, trèsartistement travaillées, étaient recouvertes de métaux précieux. Par une destinée singulière, ces mêmes portes furent reprises à Ghaznah (où elles formaient l'entrée du tombeau de Mahmoud), plus de huit siècles après leur enlèvement du temple de Sómanâth, et rapportées dans l'Inde en 1842, par les Anglais, à la suite de leur désastre dans l'Afghanistan. Elles furent alors portées en triomphe par ordre du nouveau gouverneur de l'Inde (lord Ellenborough, aujourd'hui, décembre 1863, pair d'Angleterre), du Pendjab, sur la frontière du Caboul, jusqu'à Somanath, où elles furent rétablies à leur ancune place, à la grande satisfaction des nom

breux sectateurs du culte sivaïte. On peut voir une représentation figurée de ces mêmes portes dans le n° 134 du Journal of the Asiatic Society of Bengal; Calcutta, 1843, ainsi que le Rapport du comité qui avait été formé pour rendre compte de l'état de ces mêmes portes au gouverneur de l'Inde.

(2) C'est là précisément un des caractères du sivaïsme, beaucoup plus matériel et grossier que le brahmanisme primitif et le vichnouisme, et qui était, comme on l'a vu ci-dessus, spécialement pratiqué à Sómanȧth.

CLXXXII. — (1) Les commentateurs de Marc Pol ont été fort embarrassés pour savoir où placer ce royaume. Marsden, le premier de tous (et à peu près le seul, les autres ne faisant guère que de le copier ou le critiquer maladroite- . ment, en proposant des rectifications plus erronées encore), Marsden, disons-nous, ne sachant où placer le pays en question, s'adressa au major Rennell, qui lui répondit que, pour lui, il n'était pas douteux que le pays cherché ne fût KidgMakran, la Gédrosie des anciens (note 1415).

C'était sortir de l'Inde, contrairement aux indications de Marc Pol, et aller chercher sous le 26° degré de latitude N. un pays qui se trouvait placé sous le 23o.

Ce pays, que nos mss. nomment Quesivacouran, d'une manière très distincte et non douteuse, quoique les éditeurs du texte français de la Société de Géographie aient imprimé (p. 550) Quesmacouran (le i étant nettement accentué, le v seulement dans l'écriture gothique de ces mêmes mss., pouvant se prendre à volonté pour un u, un v ou un n), est celui que Ptolemée nomme Κάνθι ou Κάνθι κόλπος, « le golfe de Kanthi », qui dans Férichtah est appelé

Ketch ou Katch, nom identique, le 0, théta, grec ayant eu anciennement à peu près la pro

Autre chose n'y a qui à conter face. Si vous dirons avant d'un autre regne qui a nom Quesivacuran.

est l'origine du titre de Soumenat donné à Siva. Le culte de Siva, continue Al-Byrouny, était très-répandu dans les contrées situées au midi et à l'ouest de l'Indus, et l'on voyait dans beaucoup de temples le linga exposé à la vénération du peuple. Mais le linga de Soumenat jouissait d'un crédit beaucoup plus grand; tous les jours on lui offrait de l'eau du Gange et des fleurs de Cachemire. Cette figure, dans l'opinion des Indiens, guérissait les maladies chroniques et les autres maux pour lesquels il n'existe pas de remède naturel. Une circonstance qui augmenta l'affluence des étrangers, ce fut la position de Soumenat. Cette ville servait de point de relâche aux navires qui se rendaient de Sofala, sur les côtes d'Afrique, dans la Chine. Lorsque Mahmoud le Gaznévide prit Soumenat (en 1024), la pierre fut mise en pièces; Mahmoud fit enlever la partie supérieure, et l'emporta à Gazna, sa capitale. On en fit deux morceaux; un morceau fut placé dans le maydan (l'hippodrome) de Gazna, avec l'idole de Taneser, et l'autre morceau servit de marchepied à l'entrée de la grande mosquée. »

L'historien persan de l'Inde mahométane, Férichtah, donne plus de détails sur cette expédition de Mahmoud de Ghaznah. Il dit (d'après le colonel Briggs, trad. angl., t. I, p. 69) que

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« Mahmoud, ayant atteint Somnat après une marche facile, pendant laquelle il n'avait rencontré aucune opposition, vit des fortifications sur une étroite péninsule, battue de trois côtés par la mer, et sur les murs crénelés desquelles apparaissait une grande multitude de gens armés ; ceuxci, faisant faire un signal à un héraut d'approcher, ils lui signifièrent que leur grande idole, Somnat, avait attiré là les Mahométans pour les anéantir en un instant et venger ainsi la destruction qu'ils avaient faite des dieux de l'Inde. Le lendemain matin, les troupes mahométanes, s'avançant près des murs, commencèrent l'assaut. Les créneaux furent en un instant nettoyés de monde par les archers, et les Hindous, étonnés et découragés, se précipitèrent en foule dans le temple, et, se prosternant en p idole, implorèrent son assi

tans, ayant saisi l'opportunité, appliquèrent aussitôt leurs échelles et escaladèrent les murs en criant de toutes leurs forces: Allahakbar, « Dieu est très-grand! » Les Hindous, poussés par le désespoir, retournèrent à la défense de leurs fortifications, et firent une si vigoureuse résistance que les mahométans, ne pouvant conserver leur position et accablés de fatigue, reculèrent de tous les côtés, et furent enfin obligés de se retirer. » Pendant deux jours consécutifs les assauts furent renouvelés de la part des troupes de Mahmoud, et toujours sans succès. Le troisième jour, des troupes hindoues, conduites par des princes indiens, étant venues au secours de la place, Mahmoud leur présenta la bataille, qui s'engagea avec une grande fureur de part et d'autre. Les troupes musulmanes pliaient devant les nouveaux renforts des troupes hindoues, lorsque Mahmoud, s'en étant aperçu, sauta en bas de son cheval, se prosterna le front contre terre en invoquant Allah. Il remonta ensuite à cheval, et, prenant par la main un de ses généraux, Circassien d'origine, Aboul-Hassan, ils marchèrent tous deux à l'ennemi. Cette action électrisa les troupes mahométanes, qui s'élancèrent à la suite de leur chef, enfoncèrent les lignes de l'armée ennemie, et laissèrent cinq mille Hindous morts sur le champ de bataille.

Mahmoud entra dans Somnat, que les troupes hindoues avaient abandonné après la perte de la bataille. «En approchant du temple, dit Férichtah, il vit un édifice superbe bâti en pierres artistement taillées. Sa voûte élevée était supportée par cinquante-six colonnes curieusement sculptées et ornées de pierres précieuses. Dans le centre de l'édifice était Somnat (Sóma-náťka), une idole de pierre de quinze pieds de hauteur, dont six étaient engagés dans le sol. Le sultan, s'approchant de l'idole et élevant sa massue, lui abattit le nez. Il ordonna que l'on partageât l'idole en deux fragments, envoyés ensuite à Ghaznah, afin que l'une des parties fût placée à l'entrée de la mosquée, pour être constamment foulée aux pieds, et l'autre dans la cour de son propre palais.

Parmi les dépouilles du temple, dit le méme

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