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P. ALFARIC, J. CAPART, J.-B. CHABOT, FR. CUMONT, E. DE FAYE, G. FOUCART, A. FOUCHER, MAURICE GOGUEL, H. HUBERT, ISRAEL LÉVI,

SYLVAIN LEVI, AD. LODS, FR. MACLER, M. MAUSS, A. MEILLET, P. MONCEAUX, EĎ. MONTET, A. MORET, P. OLTRAMARE, C. PIEPENBRING,

A REBELLIAU, SALOMON REINACH, P. SAINTYVES, J. TOUTAIN, A. VAN GENNEP ETC., ETC.

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HISTOIRES DYNASTIQUES

ET LÉGENDES RELIGIEUSES EN CHINE D'APRÈS UN LIVRE RÉCENT DE M. MARCEL GRANET (1)

Imaginez qu'on nous transporte brusquement dans un vieux palais de la Chine, où de tous côtés, sur les murs, au plafond, le long des corridors, nous n'apercevons que d'anciennes reproductions de scènes légendaires, de vieux textes, de vieilles chansons, des dictons populaires, tandis que sur des tables, à portée de notre main, se trouvent les œuvres classiques des historiens et toutes les chroniques. Notre guide, qui sait lire et traduire la langue chinoise, nous invite à oublier provisoirement ce que nous connaissons des autres civilisations et de leur passé, toutes les descriptions et toutes les théories des sociologues et des ethnographes, et à nous efforcer, simplement, de comprendre ces récits ou ces images de la Chine au moyen d'autres récits et d'autres images de la Chine. Il est évident qu'au début, nous perdrons pied. Nous allons nous égarer à travers d'étranges labyrinthes. Il nous faudra, que nous le veuillons ou non, revenir bien souvent sur nos pas. Nous aurons à nous accoutumer à des méthodes de raisonnement qui heurtent notre logique occidentale, et à charger

(1) Granet (Marcel). Danses et légendes de la Chine ancienne. Travaux de l'Année sociologique. (Paris, Alcan, 1926, 710 p., in-8°, en deux volumes).

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notre mémoire d'une quantité de noms de personnes et de lieux, et de détails bien singuliers. Après cela, si nous ne comprenons pas tout, si nous apercevons plus de problèmes que de solutions, du moins aurons-nous pris contact, un contact direct et vivant, avec tout un monde mystérieux, entièrement nouveau, étendu immensément dans le temps et dans l'espace. Nous nous serons plongés quelque temps au sein d'une civilisation faite d'institutions et de croyances étroitement enchevêtrées, qui se tiennent et s'éclairent l'une l'autre, et auxquelles on ne comprendrait plus rien si on les séparait. Tel est l'effort au prix duquel nous nous assimilerons petit à petit la substance de ce livre, et nous élèverons successivement aux points de vue les plus favorables pour distinguer quelques aspects du passé chinois le plus lointain.

Dans un livre précédent, intitulé « Fêtes et chansons anciennes de la Chine », M. Granet tentait de reconstituer les coutumes et croyances de la Chine rurale primitive, alors qu'il n'y avait pas de villes, et que les clans paysans, séparés l'un de l'autre la plus grande partie de l'année, ne se rapprochaient qu'aux fêtes du printemps et de l'automne, lors des joutes sexuelles où s'affrontaient les garçons et les filles, avant les épousailles (1). A présent, c'est l'apparition du régime urbain et féodal qu'il s'agit d'expliquer. Comment les villes et les seigneuries sont-elles nées ? Comment se fait-il que deux types de civilisation si différents, l'un villageois et paysan, l'autre urbain et seigneurial, se soient trouvés ainsi juxtaposés, et aient coexisté durant un temps si long?

Deux théories pourraient en rendre compte. La première, qui paraît sans doute la plus ingénieuse, et que M. Piganiol (2) a appliquée à l'explication des origines de Rome, et particulièrement

(1) C'est dans ces fêtes, qui obéissent au rythme de la vie paysanne, que, d'après M. Granet, toutes les croyances premières de la Chine se sont formées. Par exemple le Yin et le Yang, les deux principes cosmogoniques, l'un mâle, l'autre féminin, et qui réalisent l'harmonie du monde par leur concours, sont conçus par analogie avec les choeurs d'hommes et de femmes qui s'opposaient, sur le terrain des fêtes, les hommes du côté ensoleillé, les femmes du côté de l'ombre.

(2) Piganiol. Essai sur les origines de Rome, 1917.

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