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Notices Bibliographiques

Bulletin de l'Ecole Française d'Extrême-Orient. - Tome XXIV, 1924. Janv.-Juin, Hanoï, 1924 (p. 1-322); Juil.-Décembre (1925) (p. 325 à 685). Tome XXV, 1925. Janv.-Juin (p. 1-287).

L'étude par P. DEMIÉVILLE des Versions chinoises du Milindapanha dépasse par l'ampleur de l'érudition et la puissance du travail fourni, les dimensions normales d'un article de Revue savante, même de ce magnifique Bulletin qui depuis un quart de siècle a tant fait pour la science. Les conclusions qui résultent de la comparaison entre les versions chinoise et pâlie sont les suivantes : 10 le texte primitif comprenait une introduction présentant les lieux et les personnages, et le récit de la controverse; 2o des additions furent insérées dans la seconde partie de la controverse; des avadânas des deux héros, Ménandre et Nagasena, se glissèrent dans l'Introduction. D'où deux récensions, la chinoise (Ive siècle), sous deux formes inégalement complètes; et la pâlie, chargée d'interpolations; celle-ci, qui existait dès le ve siècle, s'accrut à Ceylan de quatre livres supplémentaires.

La traduction du texte chinois est extrêmement précieuse; elle apporte aux analystes de la pensée indienne, pour éclairer un document capital, maintes lumières. Malheureusement la critique des opinions religieuses et philosophiques n'est pas, chez Demiéville, d'ailleurs plus sinologue qu'indianiste égale à la science bibliographique, bien qu'il se fonde sur des motifs « d'ordre doctrinal » (74) pour risquer une interprétation générale de l'ouvrage. Cette interprétation tient en quelques mots : le contenu du Milindapanha paraît tout proche de celui des Nikayas, et par conséquent peut fort bien remonter à la fin du ne ou au cours du 1er siècle avant J.-C.. Quoi qu'en aient dit les Japonais, l'ouvrage n'est point mahâyâniste; en particulier Nagasena ne saurait être le personnage de ce nom, qui passe pour avoir composé le Trikyaçâstra. Nous nous reprocherions de ne pas signaler que l'érudition de P. Demiéville renouvelle, à l'occasion, plus t'un sujet accessoire: telle son interprétation du dharmakaya, qui touche au fond de la mentalité indienne, pour laquelle l'être ne se conçoit qu'à travers le verbe de l'enseignement; tel l'appendice sur

la << pensée unique » (qu'on aurait trouvée aussi dans la Bhagavad Gîtâ) et les doctrines de salut par la grâce.

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L'archéologie indo-chinoise domine dans la seconde partie du Bulletin de 1924 et dans la première de celui de 1925. En ce domaine règne la maîtrise de G. Coedès, qui poursuit ses << Etudes Cambodgiennes (époque du temple de Phimai, nouvelles inscriptions de Chantaboun) [1924, 345] et ouvre une vaste enquête sur l'histoire politique et religieuse du Laos occidental [1925, 1202]. L'histoire commence sur le haut Me Phing par l'installation des Mons indianisés et bouddhistes de Lavô, parmi leurs cousins encore sauvages, les Lavas (VIIIe siècle). D'où la création des villes de Lamphun et de Lampang, puis de longues guerres avec les Khmers. A la fin du XIIIe siècle débute la période thaie, qui s'étend jusqu'au commencement du xvie siècle; des relations s'établissent avec Ceylan, en particulier par l'intermédiaire du Pégou. Le Bouddhisme singhalais s'installe dans le pays (1re moitié du xve siècle); et sous son influence directe se rédige une littérature pâlie Laotienne, dont Coedès édite et traduit deux documents concernant l'histoire religieuse de la région jusqu'au début du xvIe siècle: le Câmadevivamsa de Bodhiramsi et la Jinakâlamálinî de Ratanapañña.

A propos des légendes de la Nâgi et de l'Apsaras, M. Goloubew examine un thème de folklore comparé celui des familles régnantes nées de serpents. L'aire géographique de cette légende s'étend de la France au Cambodge; que les Pallavas soient ou non d'origine parthe, toujours est-il qu'à cet égard leur tradition rappelle étrangement l'origine des Scythes, issus selon Hérodote de l'union d'Héraclès avec Echidna.

P. MASSON-OURSEL.

Louis ROUGIER. Celse ou le conflit de la civilisation antique et du christianisme primitif. T. I. de la collection Les maîtres de la pensée antichrétienne. Paris. Editions du Siècle, 1926. Un vol. in-8° carré de xxxIII-442 pages.

Ce nouvel ouvrage de l'auteur de la retentissante Scolastique est le frontispice d'une collection où, sous la direction de M. Rougier, seront étudiés les penseurs qui, de l'antiquité à nos jours, de Celse à Nietzsche et Rémy de Gourmont, ont médité et écrit en dehors du courant idéologique issu du fonds judéochrétien. Quelques-uns de ces penseurs ont délibérément dressé leurs positions en travers de ce courant: Celse partageait par avance l'idée de M. Rougier qu'« il n'est pas possible de concevoir deux sensibilités, deux optiques du monde et de la vie, deux hiérarchies de valeurs plus antithétiques que celles de l'hellénisme et du christianisme » Il eût dit probablement aussi que ce problème, cette antithèse « nous invitait à un péremptoire examen de conscience ». Il nous en a donné

le résultat en ce qui le concernait. M. Rougier nous le donne aussi en ce qui le concerne; l'auteur prend parti, certes, et quand nous arrivons à l'excellente traduction qu'il nous donne du Logos alethès, nous n'ignorons pas à qui, de Celse ou d'Origène, vont ses sympathies. Dans cet entraînant exposé du conflit helléno-sémitique, il s'agit parfois sous le nom de religion hellénique d'un polythéisme abstrait, paré de toutes les vertus, dépouillé des rudesses originelles comme des dégénérescences contemporaines des Sévères, un paganisme revu et corrigé par un collège de philosophes et d'artistes et, en regard, M. Rougier pose un christianisme (exactement un judéo-christianisme) tout hérissé, né de la collaboration d'Innocent III et de quelques talmudistes. Nulle part ne semble être admise la possibilité d'un accord de tendances ni même de faits, de réalités « culturelles »... Lisons cependant avec toute attention ce récit coloré de la bataille que se livrèrent autour de la Méditerranée les philosophies, les dogmes et les sensibilités. Bataille que reprit l'humanisme de la Renaissance, que reprendra peut-être celui d'aujourd'hui ou de demain.

P. A.

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P. MONCEAUX. Saint Martin. Récits de Sulpice Sévère, mis en français, avec une introduction. Paris, Payot, 1926, un vol. in-12 de 292 pages.

M. P. Monceaux veut bien, dans ce volume fort attrayant, faire participer le grand public aux résultats que la plus minutieuse critique a obtenus dans la retraite des laboratoires historiques. Libéralité peu commune, car bon nombre de savants reculent devant les difficultés d'adaptations de ce genre qui exige, outre une parfaite connaissance du sujet, un effort de constante mise au point. A égale distance de l'hagiographie de Lecoy de le Marche et de l'hypercritique du regretté H.-Ch. Babut, M. Monceaux donne, en une introduction de près de cent pages, toute une histoire de la légende martinienne, du culte du grand saint des Gaules, détermine sa place dans la littérature et l'art du Moyen age, relève les traces de sa popularité dans le folklore et la toponomastique de la France même la plus contemporaine.

Quant à la traduction de l'œuvre si séduisante du « Salluste Chrétien »>, on en mesurera toutes les qualités en la comparant à celle d'Herbert dans la collection Panckoucke: les Dialogues reprennent ici toute leur vie et leur éloquence familière; ils sont réellement < causés» devant le lecteur.

P. A.

Hans LIEBESCHÜTZ. - Fulgentius Metaforalis. Leipzig, B. G. Teubner, 1926. Un vol. in-8° de 140 p. et 32 planches.

M. Hans Liebeschütz donne aux Studien der, Bibliothek Warburg une édition avec d'abondants commentaires en introduction et en notes de l'œuvre d'un franciscain anglais du XIVe siècle, le Fulgentius Metaforalis. Ce titre dut tout de suite révéler aux érudits de son temps le sens de cet ouvrage : les Mythologiœ et (à un degré moindre) les Virgiliana Continentia de Planciade Fulgence ont fourni au Moyen âge latin un véritable manuel d'exégèse allégoriste des fables de l'antiquité classique. La vogue des Mythologic survécut longtemps au Moyen âge: il n'est pas impossible de retrouver aujourd'hui une somptueuse édition qu'en donna, en 1742, à Leyde et Amsterdam, Aug. V. Staveren dans ses Auctores Mythographi Latini. En en suivant l'influence entre le ve et le xve siècle, M. H. L. a écrit un précieux chapitre de l'histoire de la connaissance des religions antiques en Occident avant la Renaissance; il complète ce que Gruppe (Gesch. d. klass. Mythologie, 11 ssq., 14 ssq., 21 ssq. etc.) avait laissé entrevoir de l'action des livres de Fulgence sur l'humanisme médiéval latin.

Le Fulgentius Metaforalis ne couvre pas tout le terrain des Mythologia il ne traite que des allégories applicables à Saturne (Pru. dencia), Jupiter (Benevolencia), Junon (Memoria), Neptune (Intelligencia), Pluton (Providencia). Mais il montre (notamment dans ce dernier chapitre) que le principe Omnes dii gentium daemonia était alors interprété dans le sens le plus favorable à l'humanisme et aur néo-platonisme latins. On lira avec fruit ce court traité et ses notes pour restituer l'état d'esprit, à l'égard des mythes classiques, d'un Alain de Lille et surtout d'un Jean de Salisbury (v. en particulier l'erkurs II sur la Sophistenpolemik de J. de S.). - Une double série de reproductions de figures mythologiques tirées des mss. 1066 et Reg. lat. 1290 montrent l'importance de ces conceptions dans l'iconographie des « dieux en exil à la fin du Moyen âge.

H. VOLLMER.

P. A.

Eine deutsche Schulbibel des 15 Jahrhunderts. Historia Scholastica des Petrus Comestor, in deutschen Auszug mit lateinischen Paralleltext erstmalig herausgegeben von Prof. D. H. V. t. I: Genesis bis Ruth. Berlin. Weidmannsche Buchhan

dlung. 1925. Un vol. in-8° de xxx-368 pages, avec 4 pla nches

en héliogravure.

Il est presque incroyable que Pierre le Mangeur et son œuvre n 'aient jamais fait l'objet d'un travail d'ensemble, d'une thèse ni d'un cours. Richard Simon (Hist. crit. du Vieux Testament, 1685, p. 415 et Hist. crit. du Nouveau Testament, 1650, p. 320) rappelait la vogue,

universelle ou peu s'en faut, de l'Historia scholastica au Moyen âge. Les traductions et adaptations en sont nombreuses et les différences qu'elles marquent mériteraient d'être notées avec toute précision. Mais les sources du texte, dans ceux de ses éléments qui suivent la marche des faits bibliques et dans les incidentiae consacrées à des faits païens supposés synchroniques n'ont guère attiré l'attention que de rares savants parmi lesquels se distinguent M. M. Gaster et M. H. Vollmer La notice que ce dernier, dans le livre que nous avons entre les mains, consacre aux quelques notices trop rares que nous possédons sur le prêtre troyen Pierre le Mangeur, sur l'Historia Scholastica et la passionnante Quellenfrage qu'elle soulève comble provisoirement une grave lacune dans l'histoire de la transmission de la lettre et de la pensée bibliques au Moyen âge latin. M. H. V. traite notamment avec sagacité des rapports entre l'Historia Scholastica, les « Chroniques de Jerahmeel» signalées par Gaster (Londres, 1899) et les Antiquitates Biblicae du Pseudo-Philon (v. notamment, en exkurs, pp. 361-368). La traduction allemande de l'Historia dont M. H. V. donne la partie du texte correspondant à Genèse-Ruth, est une Schulbibel, en dialecte bavarois-autrichien, qui peut être datée de 1400 environ et qui nous est parvenue soit intégralement, soit en partie dans treize manuscrits. Les incidentiae si curieuses, notamment les ch. LXIII, LXIV, LXV, LXVII, LXXVI, etc. du texte de Pierre le Mangeur, sur les origines des peuples païens, ne figurent pas dans cette version uniquement destinée à apprendre l'« histoire sainte >> à l'enfance scolaire, mais l'intérêt du texte publié par M. H. V. n'en demeure pas moins très grand, les libertés que prend ce texte avec l'original sont souvent caractéristiques. Il est à souhaiter que le savant éditeur nous donne la partie de cette version qui correspond à la suite et à la fin de l'Historia Scholastica.

P. A.

P. SAINTYVES. — La Légende du Docteur Faust. Paris, Piazza, 1926. Un vol. in-12, de 194 pages, avec ornementation.

Ce petit livre se présente au public sous une forme pleine d'agrément et de facilité. En même temps, et cela ne surprendra aucun de ceux qui suivent les précieux travaux de M. Saintyves beaucoup de science y est contenue et qu'elle est distribuée selon un ordre fort ingénieux. Cette adaptation s'inspire des deux principaux textes supposés originaux sur la légende du Docteur Faust: la forme anonyme publiée par Spies à Francfort-sur-le-Mein en 1851, et la version prédicante» donnée par Widman à Hambourg en 1595. Mais l'une et l'autre étaient pleines de répétitions, d'absurdités, de contradictions; M. Saintyves a fait de la reconstitution et de l'organisation il a enrichi cette trame de données plus ou moins légendaires éparses dans les chroniqueurs et qui représentent sans doute

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