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consiste à adorer le feu, de même que celle des Arabes idolâtres, consiste à adorer les idoles; c'est ainsi que Dieu tout-puissant a relaté leurs paroles : <«< Nous ne les adorons qu'afin qu'ils nous rapprochent d'Allah» (Coran, XXXIX, 4). Les adorateurs du feu ont professé la même croyance pour quiconque, en Perse, est devenu le monarque de son temps, sous le règne duquel ont apparu de grandes choses, ils ont vu en lui quelque chose qu'ils ont nommé Farâizedi ou Ized fara. Dans la chronique de Maqdisi (1), il est rapporté ceci : il y a dans le Fars un pyrée (âtechgah) considéré comme très ancien et il s'y trouve un livre révélé par Zoroastre (Zardocht) et divisé en trois chapitres : zend, pâzend et avesta; ce livre commence par ces mots : « Ne doute pas du jour de la Résurrection; ne doute pas de l'existence de Dieu tout-puissant et de ses anges. »> (2).

Les Parsis Déris nomment la divinité suprême, en pehlvi : Khodây, Barkhodây, Khodâvend et déclarent que Khodây signifie ceci il existe par soi-même (bè-khod), personne ne l'a mis au monde et il est incréé (3).

Les philosophes grecs (4). -Les docteurs et les philosophes qu'on a appelés « colonnes de la sagesse », [137] ont dit que la divinité suprême constitue le Bien premier; ils ont dit en outre qu'elle était la dispensatrice de la raison; ils l'ont appelée aussi créatrice (c'est-à-dire celle qui fait apparaître les choses

(1) Schefer (notes, p. 140) a cru qu'il s'agissait du géographe arab Moqaddasi. M. Cl. Huart a démontré (J. A., 1901, XVIII, p. 19-20) qu'il faut lire Maqdisi, nom de l'auteur du Livre de la Création et de l'Histoire, et cite le passage de cet ouvrage (I, p. 56) auquel fait allusion Abou'l-Maâli. (2) M. Christensen (l. c., p. 211), après avoir rappelé le scns véritable des mots zend (commentaire de l'Avesta) et pazend (transcription des textes pehlvis en caractères avestiques) rétablit la citation (qui ne se trouve pas dans l'Avesta) telle qu'elle devrait être en pehlvi; il la rapproche de plusieurs passages du Mainyo-i-khard. M. Huart (Livre de la Création, 1, p. 56, n. 1) rapproche d'un fragment du Patêt les mots pehlvis cités (lire figoman-ham bihistè Hormuz o-Bichtȧspendan).

(3) Passage analogue, Maqdisi (Création, I, p. 57 et n. 3); sur le déri, cf. même ouvrage, III, p. 168, n. 1.

(4) Cf. Schefer (notes, p. 140).

créées). Il y a d'Abou'l-Hasan 'Ami (1) un ouvrage qu'il a intitulé: « Abad ala'l-abad »; il y rappelle ce qui suit: Galien ne fut nommé ni docteur ni philosophe parce qu'il déclara qu'il avait des doutes sur les qualités du Bien premier; on lui dit que quiconque avait des doutes au sujet des qualités de son propre créateur ne méritait pas le nom de docteur et de philosophe, qu'il s'occupait de la matière et de guérir les malades c'est pourquoi on l'appelait médecin. Abou'l-Khaïr ibn Khammâr, en son livre (2), a rapporté ce qui suit: Platon a composé un livre (3); il y dit : « Si nous déclarons que le Créateur est le Bien premier, étant donné que c'est lui qui a fait apparaître tout ce qui est bien et que c'est lui qui donne réellement, nous ne sommes pas éloignés de la vérité. Et cela après [avoir reconnu] que toute louange que nous accordons à Dieu, bien qu'elle soit grande, reste indigne de la grandeur de Dieu, du fait que nous sommes incapables, en raison de son omnipotence, de le louer dignement. On ne peut le percevoir par les sens; la raison n'en conçoit pas l'essence; de lui s'est manifesté ce qui s'est manifesté ; de lui dépend la conservation de ce qu'il a créé premièrement; il n'a ni commencement ni milieu ni fin; il n'a ni semblable ni égal. » Telle est l'opinion de Platon et de ses disciples au sujet de l'unité divine.

Quant à Aristote, il écrivit une lettre à Alexandre, à l'époque où celui-ci était parti en guerre contre Dârâ fils de Dârâ (Darius III); j'ai lu une copie de cette lettre dans la chronique

(1) Id. (p. 140-141).

(2) Id. (p. 141).

(3) « Livre intitulé Stitkin », ajoute Abou'l-Maâli. Aucun titre de dialogue de Platon ne correspond à ce mot. M. Emile Bréhìer m'a suggéré σtoixέtwoi; en effet, l'n final se confond facilement avec l's final dans l'écriture orientale. Du reste le passage cité (qui, pour le fond, rappelle le début du Timée) offre des analogies évidentes avec certains passages de la Στοιχειωσις Θεολογική de Proclus (qui composa en outre une Théologie selon Platon et commenta ce maitre) cf. Vacherot, Hist. critique de l'Ecole d'Alexandrie, II, 227 med., 229 med., 235 n. 3, 253 med., 374 n. 2; III, 87 n. 1-4, 100 et Die pseudoaristotelische Schrift uber das reine Gute bekannt unter dem Namen Liber de Causis (ed. Bardenhever, Fribourg, 1882), notamment p. 8, 65, 69, 76.

de Maqdisi (1); en voici le contenu : << O Alexandre! déclare. ceci à Dârâ: ne te glorifie pas de tes troupes, de tes armements. et de tes préparatifs, car je vais t'attaquer avec des troupes petites par le nombre mais grandes par la valeur, du fait que mon armée cherche assistance auprès d'un Créateur unique, sans commencement ni fin, sans semblable ni égal, dont la grandeur est impérissable; c'est un tout-puissant qui ignore la faiblesse, un monarque irrévocable, un être immortel; c'est à lui que je demande secours; à l'aide de cette armée déjà décrite, je vais me mesurer avec toi. >> Lorsqu'Aristote reçut la nouvelle de la victoire, il écrivit une autre lettre dans laquelle il rappela ce qui suit: O Alexandre! Cette assistance et cette victoire que tu as obtenues, considère qu'elles viennent, non de toi-même, mais bien de la faveur [138] divine; exprime donc ta reconnaissance envers le Créateur tout-puissant, en disant: La grâce et la faveur sont vraiment tiennes; je te confesse; je m'adresse à toi dans mes besoins; j'espère que tu m'exauceras, ô toi qui n'as pas de commencement, toi dont la grandeur est impérissable! tu es l'auteur de la création; du non-être tu as fait sortir l'être, ô fort qui ne deviendras jamais faible! ô puissant qui ne deviendras jamais incapable! ô sage inaccessible à l'aveuglement ! ô dispensateur de dons qui ne te montreras jamais avare! on ne t'éprouve ni ne te comprend; l'esprit des hommes est impuissant à connaître et à concevoir ta grandeur et ta majesté; nous n'arrivons pas à te rendre grâces de tes dons et de tes bienfaits. » Les Byzantins (Roum); les Coptes; les Abyssins (2). — Leur langue est le syriaque, car ils sont chrétiens pour la plupart. Le syriaque se rapproche de l'arabe. Le nom de Dieu tout-puissant est en leur langue : lâhâ rabb aqdasa (c'est à dire : Allah rabb qaddûs, Allah dieu très saint).

En langue hébraïque

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le nom

celle que parlent les Juifs de Dieu tout-puissant s'exprime par les mots : Ilûhim Adûnâï

(1) Cf. Cl. Huart (J. A., 1901, XVIII, p. 20).

(2) Cf. Schefer (notes, p. 142). Ce qui suit semble emprunté à Maqdisi (Création, I, p. 58 et n. 1).

ahiya chadâhiya (1). Et voici le commencement du Pentateuque : Berêchit bârâ Elôhim. Nul doute qu'ils confessent un créateur, bien que les opinions des Juifs et des Chrétiens comportent des divergences, ainsi que cela sera dit en sa place, s'il plaît à Dieu tout-puissant!

Les Turcs. Les Turcs nomment Dieu tout-puissant: Tangri, Bir Tangri (c'est à dire Dieu unique), Gueuk Tangri (c'est à dire Dieu du ciel). J'ai encore entendu dire qu'ils le nomment

Algh Bayât (c'est à dire le plus grand parmi les grands) (2). Les Hindous. Au dire de Maqdisi, les Hindous nomment Dieu tout-puissant: Sarachtya et Aït Mahadiv (3). L'astronome Abou-Rîhân (4), dans le livre qu'il a intitulé Ara’-ol-Hind, a relaté dans tous les sens les doctrines et rites des Hindous; dans le deuxième chapitre de ce livre, il a fait mémoire de ce paragraphe sur l'unité divine dont j'ai parlé. Il a dit : « Les Hindous possèdent un livre qu'ils nomment Bâtandjal; son auteur s'est exprimé sous forme de demandes et réponses. En voici un exemple : Demande. Quelle est cette divinité que, grâce à son assistance, tous parviennent à adorer?

Réponse. C'est celui vers qui se dirige toute espérance, de qui vient toute crainte; il est à l'écart des incertitudes et des conjectures, à l'abri des contradictions et des obscurités.

Demande. Outre ces attributs que tu as rappelés, n'en a-t-il pas d'autres ?

Réponse.

Si la grandeur réelle et la toute-puissance. Aucun lieu, [139] aucun moment n'existe sans lui ni ne peut le comprendre. Aucune ignorance ne peut le toucher.

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Cette divinité est-elle douée de la parole, ou non?

(1) Lire : « Elòhìm Adonâï, éhyê acher éhyê », cf. Maqdisi (o. c., I, p. 58 et u. 2 et 3).

(2) Lire Baligh Bayât et cf, un passage analogue in Maqdisi (I, p. 57, n. 5). (3) Cf. Maqdisi (ibid. et n. 4). Sarachtya semble correspondre à Srishtî. (Maqdisi donne: Chìtâ Vàbit).

(1) C'est Al-Birouni, auteur arabe d'un grand ouvrage sur l'Inde; cf. Brockelmann, Arab. Lit., I, 475; Cl. Huart, Litt. arabe, p. 299-300; Carra de Vaux, Penseurs de l'Islam, II, p. 75-87.

Réponse.

Elle a été, est et sera éternellement douée de la

parole. C'est elle qui dit à Abraham : « Salut ! » (1).

Demande. Si les paroles de la divinité sont pleines de science, alors que celles des savants en renferment autant, en quoi les paroles de la divinité diffèrent-elles de celles des autres paroles de savants? Réponse.

Les paroles des savants, tout en étant pleines de science, sont créées, du fait qu'ils ne savaient rien primitivement. et apprirent ensuite à parler. Par contre, Dieu tout-puissant a été, de toute éternité, doué de la parole; l'ignorance ne peut l'atteindre. Par conséquent, entre ces deux espèces de parole, il y a une grande différence et un intervalle considérable. »

Quant au nom des livres hindous qui traitent de la personne divine, Abou-Rihân [al-Bîrûnî] a cité dans son livre : Gita (Baghavad-gita), Baharat (Mahâbhârata), Bâsediv (Vasudeva) Sâng (Samkhya), Ardjuna (2). Ces cinq ouvrages traitent de tout ce que nous avons mentionné. Quelques Hindous ont donné à Dieu tout-puissant le nom de Insaqr (3) dont le sens est que Dieu n'a besoin de rien et donne généreusement.

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Les Zendjs. Bien que les Zendjs apparaissent parmi les hommes comme des bêtes sauvages et n'aient jamais travaillé qu'à s'égayer et à se réjouir, ils n'en ont pas moins confessé un créateur. Le nom de Dieu tout-puissant est en leur langue : Falkouy Halouy (4). Notre intention, en rappelant ces mots est

(1) Il s'agit de Brahma et non d'Abraham (Ibrahim); cf infra, p. 39, n. 2. Le passage est une citation abrégée du traité théosophique intitulé Patanjali (autre recension du Yoga Sutra, tr. Woods, Harvard, 1914); cf. Albiruni, trad. Sachau, II, p. 263).

(2) Nom de l'interlocuteur de Krichna dans la Baghavadgita.

(3) Christensen (l. c., p. 211): « Ce mot n'est pas, comme Schefer le suppose, une "corruption de Indra Çakra ou du mot akchara (immortel, dieu suprême). Il faut lire içvara, dénomination de Dieu qu'Abou'l-Maâli a pu trouver chez al-Birouni. »

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(4) Sur la religion des Zendjs, cf. Devic, Le pays des Zendjs, p. 138 sqq. Maklandjalou est le nom de Dieu », éerit Devic (p. 158) d'après Maçoudi. Cf, d'autre part Maqdisi (o. c., I, p. 57) : « Les Zendjs disent : Malakwi et Djalwi; on dit que cela signifie « le Seigneur suprême ».

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