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l'application sérieuse des réformes et d'en contrôler l'exécution.

Cette commission serait présidée par un Herzégovinien chrétien, composée d'indigènes représentant fidèlement les deux religions du pays: ils seraient élus dès que l'armistice aurait suspendu les hostilités.

3o A l'effet d'éviter toute collision, le conseil serait donné à Constantinople de concentrer les troupes turques, au moins jusqu'à l'apaisement des esprits, sur quelques points à convenir.

4o Les Chrétiens garderaient les armes comme les Musulmans.

5o Les Consuls ou Délégués des Puissances exerceraient leur surveillance sur l'application des réformes en général et sur les faits relatifs au repatriement en particulier.

Si, avec l'appui bienveillant et chaleureux des Grandes Puissances et à la faveur de l'armistice, un arrangement pouvait être conclu sur ces bases et mis immédiatement en oeuvre par la rentrée des réfugiés et l'élection de la commission mixte, un pas considérable aurait été fait vers la pacification.

Si cependant l'armistice s'écoulait sans que les efforts des Puissances réussissent à atteindre le but qu'elles ont en vue, les trois Cours Impériales sont d'avis qu'il deviendrait nécessaire d'ajouter à leur action diplomatique la sanction d'une entente, en vue des mesures efficaces qui paraitraient réclamées dans l'intérêt de la paix générale, pour arrêter le mal et en empêcher le développement.

4. SERBIE.

Lettre adressée, le 22 juin 1876, par le Prince Milan au Grand - vizir pour annoncer l'entrée des troupes serbes dans les provinces turques.

Oesterr. Rothbuch, 1878 Nr. 512.

Altesse !

Belgrade, le 10/22 juin 1876.

Dans mon télégramme du 27 mai j'avais fait part à Votre Altesse de la résolution que j'avais prise d'envoyer à Constantinople un délégué spécial chargé d'échanger avec la Sublime Porte des explications franches et loyales, destinées à établir une entente durable entre le Gouvernement Impérial et la Serbie.

Votre Altesse n'a pas cru devoir m'encourager dans ce projet par Son télégramme responsif en date du 31 mai, et d'autre part, tandis que je reçois de la Sublime Porte des assurances conciliantes, de grands mouvements de troupes Impériales ont lieu dans la direction des frontières de la

Serbie. Le projet d'Hussein Avni Pacha qui ne visait à rien moins qu'à livrer la Serbie en pillage à des hordes sauvages de bachibouzouks, de Tcherkesses, d'Albanais et même de Kurdes, qui devaient être appelés du fond de l'Asie, reçoit son commencement d'exécution. Ces bandes sanguinaires se rassemblent le long de nos frontières, prêtes à renouveler sur le territoire de la Principauté les scènes horribles dont la Bulgarie vient d'être le théâtre. A l'approche de ce danger j'ai dû renoncer au projet d'envoyer à Constantinople un commissaire spécial et, pour ne pas perdre de temps, m'adresser directement à Votre Altesse afin d'arriver à une entente que j'apelle de tous mes voeux.

C'est en vue de cette entente que je dois d'abord, Altesse, appeler Votre attention sur l'origine de cette conflagration que nous voyons prendre tous les jours de plus grandes proportions.

La population chrétienne de la Bosnie et de l'Herzégovine, poussée à bout par les violences des beys indigènes et les abus des organes administratifs, proteste périodiquement, les armes à la main, contre un état de choses reconnu généralement comme insupportable.

Chacun de ces mouvements, en portant la surexcitation dans les esprits, fournit un nouvel aliment au fanatisme des populations, impose de nouveaux devoirs à la Sublime Porte en l'obligeant à des mesures de répression et crée un nouveau péril pour la paix européenne.

Cette situation ne saurait convenir à personne, mais elle est préjudiciable surtout à la Principauté de Serbie à cause du voisinage de ces pays et des intérêts de tout genre qui se trouvent compromis.

Même aux époques de tranquillité parfaite le Gouvernement serbe avait continuellement motif de se plaindre à la Sublime Porte des entraves que les autorités de Bosnie mettent aux relations de toute nature que les Serbes entretiennent avec la population de ces provinces. Ceux de nos négociants, artisans ou agriculteurs qui s'y rendaient pour leurs af faires particulières, quoique munis de passeports réguliers, y étaient jetés en prison, maltraités, dépouillés, souvent même tués et tout cela sous des prétextes dont les autorités de Bosnie ne sont jamais parvenues à prouver la consistance.

Ces procédés dirigés contre la liberté, la fortune et la vie de nos ressortissants voyageant en Bosnie et en Herzégovine ont fini par réduire à des proportions insignifiantes le commerce de la Serbie autrefois assez actif dans ces contrées.

Mais ce n'est pas seulement sous ce rapport que la Serbie a à souffrir dès qu'un mouvement insurrectionnel vient à se manifester dans les provinces de l'Empire qui l'avoisinent. Le contre- coup moral qu'en ressent la population de la Principauté est toujours des plus fâcheux. Alors tous les intérêts se trouvent atteints à la fois, toutes les passions se déchaînent et mon Gouvernement se trouve réduit à une situation des plus critiques. Une multitude de réfugiés, dénués de tout, afflue dans la Principauté tombant à la charge des populations et de l'État; les agressions se multiplient à nos frontières; nos gardes sont tués; des bandes de pillards accompagnées souvent de troupes régulières, pénètrent jusque dans nos vil

lages, dévalisent les églises, assaillent à l'improviste les maisons isolées et emmènent le bétail, laissant après eux l'incendie et la mort. Ces incursions contraignent nos populations à prendre les armes pour la défense de leur vie et de leurs biens. Les travaux de la campagne sont abandonnés, le commerce cesse et le crédit disparaît.

De tout temps la Principauté a eu à lutter contre ces maux et contre d'autres encore; mais c'est surtout dans les dix derniers mois qui viennent de s'écouler, c'est à dire depuis le commencement de l'insurrection actuelle, que la Serbie a été mise à une dure épreuve.

La Sublime Porte a porté nos maux à leur comble en plaçant à nos frontières des corps d'observation qu'elle a continué à maintenir, bien que nos frontières soient entièrement dégarnies de troupes déjà depuis l'automne dernier. Cette attitude menaçante que rien ne justifie, vu le dévouement inébranlable que le Gouvernement et le peuple serbes lui ont témoigné de tout temps et même dans les circonstances les plus critiques. pour l'Empire, a d'une part blessé profondément le sentiment et de l'autre condamné la Serbie à des sacrifices énormes imposés par la nécessité de pourvoir à la défense du pays.

Sans être en guerre nous en subissons toutes les conséquences.

J'ai toujours professé le plus haut respect pour les décisions de la Sublime Porte et des Grandes Puissances. Aussi en les voyant s'occuper vivement de l'amélioration du sort des chrétiens, dont on reconnaît hautement la triste condition, quelque grandes que fussent les difficultés contre lesquelles je devais avoir à lutter à l'intérieur, je résolus d'attendre le résultat de leurs efforts, persuadé qu'avec la fin des souffrances des populations insurgées tarirait la source des maux qui accablent la Principauté.

L'attente générale a été malheureusement déçue. Les chrétiens ne trouvant pas de garanties suffisantes pour être rassurés sur leur sort futur, persistent dans la lutte et de leur côté les musulmans répondent aux intentions humaines de Sa Majesté Impériale le Sultan par une recrudescence inouïe de violences et de cruautés. L'armée Impériale elle-même continue à manifester des velléités belliqueuses à nos frontières.

Il est évident que cet état de choses ne saurait se prolonger davantage sans amener la ruine de la Principauté au double point de vue moral et matériel.

La gravité de cette situation m'a obligé d'examiner les moyens par lesquels je pourrais seconder la Porte dans ses efforts pour mettre un terme à cet état de choses. Ce n'est pas, Altesse, que je puisse croire un seul instant les forces dont dispose le Gouvernement Impérial insuffisantes pour atteindre le but qu'il se propose, mais peut-on s'abandonner à l'espoir que, momentanément domptée, l'insurrection ne renaîtra pas dans un avenir plus ou moins rapproché? Peut-on espérer que la répression par les armes fera disparaître les causes qui raniment périodiquement cette situation?

Des essais réitérés de réformes ne peuvent pénétrer dans la population. Elles se heurtent à l'écueil d'une bureaucratie qui, étrangère à la langue et aux moeurs du pays, finit toujours par aliéner à la Sublime Porte les sujets de Sa Majesté Impériale le Sultan. Par là l'insurrection se

constitue et reste à l'état de permanence dans les provinces de Bosnie et d'Herzégovine. C'est ainsi que la Sublime Porte, au lieu de voir se consolider sa puissance par l'introduction de bonnes réformes, est obligée de de s'épuiser incessament dans des mesures répressives et que la Serbie se trouve fatalement condamnée à subir cette situation ruineuse qui va en empirant depuis dix mois.

Telles sont, Altesse, les considérations qui m'ont porté à rechercher la voie par laquelle il me serait donné de seconder la Sublime Porte dans ses efforts pour soustraire à ces crises sans cesse renaissantes l'Empire dont la Principauté fait partie intégrante. Or, il semble qu'il y aurait un moyen propre à conduire à ce but.

Il consiste à mettre les forces de la Serbie au service des intérêts communs de l'Empire et de la Principauté.

L'armée serbe composée d'éléments de même nationalité que les populations insurgées, serait certainement reçue à bras ouverts par la grande majorité des habitants. Ceux-ci ne pourraient être en effet que sympathiques à la création d'un état de choses basé sur l'ordre et la justice et qui offrirait des garanties suffisantes que toutes les confessions seront placées sur le pied d'une parfaite égalité. Je me ferais un titre de gloire, Altesse, de contribuer à son établissement sans m'écarter du principe de conservation et d'intégrité de l'Empire.

Les avantages que l'Empire retirerait de cette combinaison sous les rapports financier, politique et militaire sont évidents.

Le peuple serbe, l'apôtre le plus zélé de l'intégrité de l'Empire ottoman, n'est pas sans comprendre la nécessité de mettre ses intérêts d'accord avec les intérêts généraux de l'Empire et les exigences de la politique européenne. En allant au-devant des voeux des Serbes la Sublime Porte les mettrait en état de propager dans l'Orient chrétien les principes de conservation, d'intégrité et d'indépendance de l'Orient à l'ombre du trône de Sa Majeste Impériale le Sultan et la Serbie deviendrait ainsi l'auxiliaire donné par la Providence à la Sublime Porte pour l'aider à la régénération de l'Orient lui-même.

Convaincu que la voie proposée est la plus sûre pour prévenir le retour des calamités qui affligent en ce moment les provinces insurgées et par contre-coup la Principauté, j'ai dû découvrir à Votre Altesse le fond de ma pensée. Les considérations que j'ai eu l'honneur de Lui exposer m'en ont fait un devoir impérieux et d'autre part je ne puis renoncer à la conviction qu'il entre dans les intentions généreuses de Sa Majesté le Sultan d'arrêter l'effusion du sang de Ses sujets et la dévastation de contrées qu'un de Ses voeux les plus chers est de rendre à la prospérité.

Je déclare donc à Votre Altesse que, dans le but de coopérer par l'emploi des forces militaires de la Principauté à l'établissement d'un état de choses favorable aux intérêts communs de l'Empire et de la Principauté, je suis résolu à donner suite à cet ordre d'idées. En conséquence je prie Votre Altesse de me faciliter la mission que j'entreprends en donNouv. Recueil Gén. 2o S. III.

· B.

nant aux autorités Impériales l'ordre de renvoyer dans leurs foyers les bandes de pillards et en enjoignant aux troupes Imperiales de ne pas mettre obstacle à mes efforts, pour me permettre de professer hautement, comme je le désire, le principe du maintien de l'intégrité de l'Empire.

Agréez etc.

5.

MONTÉNÉGRO.

Déclaration de guerre à la Turquie; en date du 2 juillet 1876.

Livre jaune.

Cettigné, le 2 juillet 1876. J'ai reçu, le 25 courant, le télégramme de Votre Altesse du même jour, et je la remercie des expressions obligeantes qu'il contient.

Je vois avec satisfaction que la Sublime Porte est disposée à apprécier avec plus de justice ma conduite dans les affaires herzégoviniennes; je regrette de ne pouvoir accueillir avec les mêmes sentiments les assurances que Votre Altesse me donne au sujet des mesures agressives et vexatoires dont je me plaignais dans ma dépêche du 13 courant.

Votre Altesse a été non-seulement mal informée, mais positivement trompée par les agents qui ont prétendu la renseigner, et qui désobéissent ouvertement à ses volontés. Le blocus, pour n'avoir pas été formellement notifié, n'existe pas moins dans toute sa rigueur; si, grâce à des raisons personnelles, on laisse passer quelques Monténégrins, on en repousse, d'autre part, un grand nombre à la frontière; ceux qui se rendent par le lac à Scutari sont empêchés de débarquer, ou expulsés; les localités du caïmakamlik d'Antivari leur sont également interdites. La sortie des vivres de toute nature est rigoureusement défendue, ce qui ne peut être motivé par la disette des grains, qui n'existe pas, d'autant plus que, si cette raison avait été vraie, la prohibition aurait été annoncée, comme le veulent l'usage et les bons rapports.

Ce ne sont pas, du reste, les subsistances seules dont la sortie est empêchée; il en est de même des animaux, des matières brutes, des objets manufacturés, de toutes les marchandises dont nos montagnards ont besoin et dont ils s'approvisionnent d'habitude en Albanie. Quant aux concentrations de forces, Votre Altesse a également reçu de faux rapports; pour n'en citer que deux exemples, cinq jours avant l'envoi de votre télégramme, un camp d'une brigade a été installé à une demi-heure de ma frontière, sur la rive occidentale du lac de Scutari; le jour même de sa date, un bataillon débarquait à Scutari.

En outre il ne peut échapper à Votre Altesse quelle signification stratégique nous devons donner à l'intention formellement exprimée d'exclure

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