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<< absolument impossible »; d'abord parce que le Livre de l'Alliance est beaucoup plus simple; or « personne ne peut extraire d'un ouvrage compliqué comme celui-ci (le Code de Hammourabi) les principes juridiques dominants, sans qu'on retrouve (dans la copie) des traces de la complication (du modèle) » ; en second lieu parce que certaines des dispositions du Livre de l'Alliance sont plus antiques par leur forme et leur contenu que celles de Hammourabi. La démonstration « mathématique » donnée par M. Müller à l'appui de cette seconde thèse n'est peut-être pas aussi probante qu'il le croit; mais l'observation n'en est pas moins juste et aurait pu être étayée par de nombreux exemples. D'où vient donc la similitude des deux codes? Suffira-t-il d'admettre que le droit babylonien et le droit israélite sont issus indépendamment d'un même droit coutumier? M. Müller ne le pense pas; il croit, en effet, pouvoir démontrer qu'entre les deux codes il y a, dans la forme et spécialement dans l'ordre des lois, des ressemblances telles qu'il faut statuer une parenté littéraire. Il soutient donc qu'il a existé un archétype, probablement écrit, dont il croit pouvoir reconstituer le plan jusque dans le détail, et dont Babyloniens et Israélites n'auraient modifié l'ordre et la rédaction que pour satisfaire aux exigences d'un état social transformé, pour tenir compte, par exemple, de la division des hommes en classes (fonctionnaires, prêtres, militaires, hommes libres, affranchis et esclaves). Des groupes de lois entièrement nouveaux auraient été intercalés aux endroits où ils paraissaient appelés par l'association des idées. D'après M. Müller, l'ordre ainsi que l'esprit de ce code sémitique primitif ont été beaucoup mieux conservés dans le Livre de l'Alliance que dans le recueil compliqué du roi babylonien.

La partie la plus curieuse peut-être de la brochure est celle où M. Müller entreprend d'établir qu'il y a un rapport de dépendance tout semblable entre ce vieux code sémitique et la 7e table de la Loi des XII Tables, que, en particulier, l'ordre des diverses dispositions législatives, ainsi que certains détails caractéristiques des antiques lois romaines concordent d'une façon surprenante avec l'archetype que l'auteur a restitué d'après l'Exode et le Code de Hammourabi. Les influences sémitiques se seraient exercées sur le droit romain par l'intermédiaire des législations helléniques.

La démonstration de M. Müller est menée avec une rare virtuosité; ses conjectures sont d'une remarquable ingéniosité et éclairent plus d'un détail de la législation babylonienne d'un jour très vif. Mais cet élégant échafaudage d'hypothèses nous paraît bien fragile pour étayer

une assertion aussi hasardée que l'existence de ce code sémitique conjectural, de nationalité et de date inconnues. L'auteur s'appuie surtout sur la concordance du Code de Hammourabi avec le Livre de l'Alliance dans l'ordre des lois; mais pour obtenir cette concordance, il faut commencer par admettre tant de transpositions de la part des législateurs babyloniens ou israélites que le doute sur la réalité de cette concordance envahit l'esprit du lecteur. Songez que, dans le livre actuel de l'Exode, il n'y a pas deux groupes de lois qui se suivent dans le même ordre que les groupes correspondants dans le code de Hammourabi.

On ne peut, d'autre part, que féliciter l'auteur d'avoir attiré l'attention sur les ressemblances qu'il y a entre le code babylonien et l'une des législations de l'antiquité non sémitique. Ce n'est sans doute qu'en élargissant encore l'enquête que l'on arrivera à reconnaître la véritable nature des rapports entre ce code et les autres recueils de lois sémitiques.

4. L'ouvrage de M. Stanley Cook n'est pas une simple brochure, comme ceux dont nous venons de parler, mais une étude approfondie, la plus complète et la plus solide que nous connaissions sur les rapports du Code de Hammourabi et des lois israélites.

La force du travail n'est pas dans le domaine philologique (l'auteur, qui n'est pas assyriologue, ne cite les textes cunéiformes que d'après les traductions), mais dans le domaine de l'histoire critique des idées et des institutions.

que

M. Stanley Cook ne s'est pas borné à discuter les points de ressemblance entre les codes cunéiforme et hébreux; après avoir rappelé ce l'on sait d'autre part sur Hammourabi et sur les rapports de la Babylonie et d'Israël, il a pris l'une après l'autre les différentes matières réglementées par le code babylonien: procédure, famille, esclaves et ouvriers, terre et agriculture, commerce, protection de la personne, et a essayé d'établir quelle a été sur ces divers points l'évolution des lois et des mœurs, tant à Babylone qu'en Israël. Il a pour cela largement utilisé les contrats cunéiformes et les textes historiques israélites. Il a de plus éclairé cette étude parallèle par une comparaison constante avec les coutumes de l'ancienne Arabie et de la Palestine actuelle, avec le code syro-romain du ve siècle après Jésus-Christ publié par Bruns et Sachau, avec les prescriptions talmudiques et les codes musulmans, et même occasionnellement avec les coutumes de peuples non sémitiques comme les anciens Égyptiens. Il ne serait pas exagéré de dire que l'auteur nous apporte une esquisse de l'histoire du droit sémitique.

Basées sur une aussi large enquête, les conclusions de M. Stanley Cook ne manquent pas, on en conviendra, d'autorité. Les voici, telles que l'auteur les formule lui-même; elles nous semblent aussi justes que mesurées :

« A quelle époque le code babylonien a-t-il été pour la première fois connu en Israël ? Ce point doit être regardé comme incertain. Si l'influence de la Babylonie en Canaan avait été très puissante avant l'entrée des Israélites ou même durant les règnes de David et de Salomon, nous nous attendrions à trouver les traces les plus claires de la connaissance du code dans la littérature ancienne. Ce n'est pourtant pas le cas..... Les parallèles qui ont été signalés portent sur l'identité de certaines des matières traitées, et sur l'emploi des mêmes principes. Mais les matières sont traitées dans des lignes différentes (ainsi, en particulier, dans les lois sur le boeuf vicieux) et les principes, par exemple le talion et l'ordalie, sont d'une nature trop générale pour que l'on puisse supposer qu'ils ont pris naissance en Babylonie. Une certaine similitude dans la structure des formules a aussi été observée, mais l'argument n'est pas décisif.

« Quand nous sommes descendus jusqu'au code deutéronomique, il nous a été encore impossible de découvrir des exemples indubitables d'emprunt. Grâce à l'étendue beaucoup plus grande de ce recueil de lois, de nouveaux parallèles avec le Code de Hammourabi se sont présentés et le cadre de ce code l'introduction historique ainsi que les bénédictions et les malédictions de la conclusion- supposent peut-être que le Code de Hammourabi n'était pas inconnu des scribes israélites du commencement du vie siècle.

« A l'époque de l'exil les Juifs ne peuvent pas avoir manqué de faire une connaissance approfondie avec le code babylonien et c'est à partir de cette période que les indices deviennent de plus en plus irréfragables. En premier lieu la tradition qui fait venir Abraham, leur père, d'Our des Chaldéens passe maintenant au premier plan. Hammourabi luimême doit trouver place dans l'histoire de l'antiquité hébraïque; il apparaît en conséquence comme un contemporain d'Abraham, uniquement, il est vrai, pour rehausser la gloire de ce dernier (Gea. 14).... Ce n'est qu'à partir de l'exil que nous trouvons des mots assyriens dans la terminologie commerciale et c'est dans la littérature de cette période que certains traits relatifs au culte et au rite commencent à trahir une ressemblance significative avec les usages babyloniens.

« Si l'on descend plus bas encore, la précision minutieuse de la légis

lation talmudique montre des signes de la connaissance de la bi babylonienne et l'origine babylonienne de la terminologie juridique marque très clairement. >>

Pour ce qui est des analogies que l'on observe entre l'ancien dra israélite et le droit babylonien, l'origine sémitique des deux système suffit, selon l'auteur, à les expliquer.

Adolphe LoDs.

JAMES HASTINGS. - A dictionary of the Bible, t. V. Extra-Volume, containing articles, indexes and maps. - Edimbourg. Clark. 1 vol. in-4 de XIII et 936 pages. Prix: 28 sh.

Dans la notice consacrée au quatrième et dernier volume de ce dic tionnaire de la Bible (Revue, t. XLVI, p. 273 et suiv.) nous annoncions la publication ultérieure d'un volume de supplément contenant les Indices et un certain nombre d'articles complémentaires. Nous nous attentendions à un court volume, contenant quelques articles oubliés à la première rédaction ou d'une venue trop attardée pour pouvoir occuper leur place dans l'ordre alphabétique sans arrêter la publication de l'ensemble. C'est là chose usuelle dans les ouvrages collectifs de ce genre. Quelle n'a pas été notre surprise en recevant, il y a quelques mois, un tome majestueux, de dimensions semblables aux précédents et contenant, en sus de deux cents pages d'Indices promis et de quatre belles cartes 1 Réseau des routes en Palestine; II. L'ancien Orient; III. Les routes principales de l'Empire romain; IV. L'Asie Mineure, vers l'an 50, trente-huit dissertations sur des sujets connexes à la science de la Bible proprement dite, dont quelques-unes feraient, en un autre format et en un texte moins compact, de véritables publications indépendantes. Il y a là des trésors de renseignements émanant le plus souvent des hommes les plus compétents. Sur une pareille variété de sujets il faut nous borner à une analyse sommaire, en suivant l'ordre alphabétique te qu'il est indiqué en tête du volume. Car chose curieuse et qui montre bien qu'il s'agit ici de dissertations plutôt que d'articles ordinaires de dictionnaire l'ordre alphabétique n'est pas observé dans la composition du volume; il débute par une étude relative au Sermon sur la Montagne et le travail de M. J. H. Ropes sur les Agrapha ne commence qu'à la p. 343.

-

M. J. H. Ropes était bien qualifié pour traiter avec mesure ce délicat

sujet des Agrapha, sur lequel on a dépensé tant d'érudition pour aboutir à de maigres résultats. - Les Évangiles apocryphes ont été traités par M. J. G. Tasker, de Birmingham. Le Code de Hammourabi est étudié par M. C. H. W. Johns, de Cambridge. Une courte notice sur les Concordances bibliques est due à M. H. A. Redpath, d'Oxford. M. Llewellyn J. M. Bebb s'est chargé des versions continentales de la Bible; assez exact en ce qui concerne les premières traductions partielles ou totales de la Bible en langue vulgaire au moyen-âge, où il s'est inspiré des travaux de Paul Meyer, de Samuel Berger et d'Édouard Reuss, il est très incomplet sur les versions françaises modernes ; il ne mentionne ni celle de Perret-Gentil pour l'A. T., ni celles de Rilliet et de Stapfer pour le N. T.; une simple lettre adressée à l'agent de la Société Biblique de Paris eût permis à l'auteur de se procurer sur ce point des renseignements exacts et utiles.

Sous le titre Development of doctrine in the apocryphal period M. Fairweather s'est efforcé de donner un exposé d'ensemble des doctrines juives à l'époque des apocryphes et des pseudepigraphes, - sujet délicat à traiter d'une façon satisfaisante, parce qu'il est difficile d'établir de l'unité là où il n'y en a pas. L'article sera probablement un de ceux qui seront le plus utilisés par les lecteurs du dictionnaire. Inutile de louer l'article Diaspora, par M. E. Schürer; c'est de premier ordre. M. J. F. Stenning, d'Oxford, traite du Diatessaron, de Tatien; il considère le texte du Syriacus Sinaïticus et celui du Syr. Curetonianus comme antérieurs au texte du Diatessaron; c'est là une question très importante pour la critique des évangiles.- La Didaché a été, à juste titre, admise dans ce Dictionnaire biblique; elle est étudiée par M. Vernon Bartlet d'une façon judicieuse; nous ne connaissons pas de meilleur résumé de la question.

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M. C. H. Turner, d'Oxford, parle des Commentaires patristiques grecs sur les Épîtres pauliniennes. Pourquoi n'y a-t-il rien sur les commentaires latins et pourquoi les écrits des Pères sur les autres livres de la Bible ont-ils été complètement laissés de côté? On n'en saisit pas la raison. Peut-être eùt-il mieux valu exclure tout à fait du Dictionnaire les commentaires des Pères. La connaissance de la Bible n'y eût rien perdu. M. Allan Menzies, de Saint-Andrews, a donné un exposé complet et utile de l'état de la science sur l'Evangile des Hébreux. M. H. S'-John Thackeray comble une lacune évidente du Dictionnaire par son étude sur l'historien Josèphe. M. Fr. Buhl, de Copenhagen, résume ce que nous savons sur l'état de la civilisation et sur l'his

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