Slike strani
PDF
ePub

importance, puisque, dans l'esprit de l'auteur, le second volume doit pouvoir être lu indépendamment du premier.

Puisque nous en sommes aux questions de forme, disons encore qu'il nous paraît regrettable que M. C. ait chargé son récit de la vie de Paul de certains détails archéologiques, intéressants sans doute, mais inutiles ici, et qu'il ait essayé de dramatiser des situations dramatiques. par elles-mêmes, en y ajoutant des traits qu'il déclare lui-même hypothétiques, tels que le tremblement du neveu de Paul au moment où il est mis en présence du centurion (II, p. 285), ou les moqueries des matelots contre Paul au départ de Kaloï Limenes.

Nous avons signalé avec une entière franchise les points sur lesquels notre opinion n'est pas conforme à celle de M. C.; nous croyons avoir par là donné la meilleure preuve de l'importance que nous attribuons à son œuvre, et du très vif intérêt avec lequel nous l'avons étudiée. En terminant, nous tenons encore à relever les fortes qualités de notre auteur, son érudition solide et variée, sa critique saine et précise, son exactitude scrupuleuse. Il a créé une œuvre qui occupera dignement sa place dans la littérature déjà si riche sur Paul. Son livre restera une mine de renseignements précieux qu'aucun de ceux qui s'occuperont après lui du grand apôtre, n'aura le droit de négliger.

Maurice GOGUEL.

[merged small][ocr errors]

The Religion of Plutarch. - London, New-
York et Bombay, 1902.

Le livre publié sous ce titre par M. J. Oakesmith, est intéressant à plus d'un titre. Il est d'abord impossible de rester indifférent aux idées religieuses d'un homme comme Plutarque, à la fois érudit, historien, philosophe; mais la personnalité même de Plutarque, si originale qu'elle soit, passe bientôt ou second plan, et le problème à la fois historique et moral qu'étudie M. J. O. dépasse de beaucoup, par son ampleur et sa portée, les proportions d'une crise individuelle. Ce problème peut se poser en ces termes : comment, au second siècle de l'ère chrétienne, le conflit inévitable entre la raison philosophique et la religion traditionnelle ou sentimentale pouvait-il être résolu par un esprit à la fois très conservateur et très ouvert à toutes les idées, nourri du passé et cependant capable de reconnaitre qu'il y avait beaucoup

à rejeter de ce même passé? C'est à propos de Plutarque que M. J. O. pose cette antinomie; c'est dans les OEuvres morales de l'écrivain de Chéronée qu'il en cherche la solution; mais cet écrivain et ses œuvres ne constituent ici qu'un cas particulier d'une évolution générale.

Ce qui paraît appartenir en propre à Plutarque, c'est la volonté nettement marquée de trouver toujours un terrain de conciliation entre la raison et la tradition. Plutarque est, qu'il en ait eu conscience ou non, un monothéiste. Il conçoit Dieu comme un Être personnel, unique, éternel et doué d'une intelligence suprême; il le conçoit aussi comme une Providence, il voit en lui le Père et le Juge des hommes. Mais ce monothéisme, d'origine moins religieuse que philosophique, n'est-il pas en contradiction formelle avec les croyances traditionnelles et les cultes de la Grèce? Non. Car les divinités innombrables, dont l'imagination populaire, la poésie et les vieilles légendes grecques ont peuplé le monde, ne sont que des intermédiaires entre le vrai Dieu et les hommes. Ce sont des démons; seuls, ils sont responsables de tout ce que l'on peut trouver de laid, de bas ou de cruel dans la mythologie; ils sont en relations constantes avec les hommes, soit pour les inspirer et les protéger, soit au contraire pour les poursuivre. Aux yeux de Plutarque, la véritable religion doit se tenir à égale distance de la superstition et de l'athéisme; toutefois il est curieux de constater que Plutarque attaque plus violemment la superstition que la négation de toute divinité. C'est peut-être dans le passage suivant du traité De Iside et Osiride que se trouve exprimée le plus clairement l'opinion du moraliste : « Nous ne croyons pas qu'il y ait des dieux différents chez les différentes nations, qu'il y en ait de particuliers pour les Barbares et pour les Grecs, pour les peuples du Nord et pour ceux du Midi. Comme le soleil, la lune, le ciel, la terre et la mer sont communs à tous les hommes, quoique chaque nation leur donne des noms différents, de même cette raison suprême qui a formé l'univers, cette Providence unique qui le gouverne, ces génies secondaires qui en partagent avec elle l'administration, ont, chez les divers peuples, des noms et reçoivent des honneurs différents réglés par les lois. Les prêtres, qui célèbrent leurs cultes, les représentent par des symboles, les uns plus obscurs, les autres plus clairs, mais qui tous nous conduisent à la connaissance des choses divines. Mais cette route n'est pas sans danger; les uns, s'égarant du vrai chemin, sont tombés dans la superstition; les autres, en voulant éviter la superstition, se sont jetés aveuglément dans l'athéisme. Il faut que la raison et la philosophie nous servent de guides... >>

M. J. O. a su très habilement dégager des nombreux traités de Plutarque tout ce qui peut nous éclairer sur cette religion de l'écrivain, à la fois sentimentale, respectueuse du passé, philosophique et presque rationaliste. Le livre qu'il a écrit est d'une lecture agréable en même temps que d'une réelle valeur historique. Il s'adresse non seulement aux commentateurs et aux amis de Plutarque, mais aussi aux historiens de l'antiquité, pour qui l'évolution des idées et des croyances n'est pas moins importante à observer que la succession des phénomènes poli tiques, économiques et sociaux.

J. TOUTAIN

[ocr errors]

PAPADA POULOS-Kérameus. – Ο Ακάθιστος Ὕμνος, οἱ Ῥῶς καὶ πατριάρχης Φώτιος. Bibliothèque Marasli, Athènes 1903 (en russe moins deux appendices dans le Vizantijskij Vremenik, t. X, 1903. p. 357).

La célèbre hymne acathiste, que l'on chante debout une fois l'an pendant une vigile de carême, & xá0totos Suvos, aurait été composée, d'après la tradition de l'Église grecque, par le patriarche Serge, sous Héraclius, en 626, pour implorer le secours de la Vierge contre les Perses et les Avares qui assiégeaient Constantinople. Cette tradition, déjà mise en doute par M. Krumbacher et M. Gelzer (Gesch. Byz. Litt.', p. 672 et 961), est complètement ruinée par la présente étude.

L'attribution traditionnelle repose en effet sur le synaxaire inséré dans le Triodion, c'est-à-dire sur le commentaire qui est lu pendant la solennité. Ce synaxaire fut rédigé au xive siècle par Nicéphore Calliste Xanthopoulos. Xanthopoulos abrégea le texte original, contemporain des évènements. Mais ce texte, que l'on a ainsi perdu de vue (les deux rédactions dans Migne, t. 92, col. 1348 et suiv.), relate tout autre chose. Il rappelle que trois fois la Vierge délivra Constantinople, sous Héraclius (626; Perses et Avares), Constantin Pogonat (677; Avares) et Léon l'Isaurien (718; Arabes), et indique que la pannychis a un double objet 1° la remercier des anciens miracles; 2° lui en demander un nouveau pour écarter les périls présents. Il s'agit donc de périls qui mena cèrent Constantinople après Léon l'Isaurien (p. 23-27).

Or en 860 les Russes encore païens assiégèrent Constantinople et furent repoussés par un miracle de la Vierge, grâce à l'intervention de

Photius. Pendant les incursions et le siège, qui durèrent à peu près une année (p. 43-44), Photius prononça un sermon ressemblant beaucoup au synaxaire original de l'Acathiste. Il rappelle les bienfaits passés ; il fait allusion aux pannychis, aux processions, aux jeûnes, à tous les actes de pénitence accomplis par le peuple pour écarter le péril; il se termine par un appel à la Vierge conçu dans les mêmes termes que le dernier oixos de l'hymne (p. 30-38).

Après la délivrance, Photius prononça un second sermon à l'occasion d'une solennité d'action de grâce. Les trois premiers miracles étaient commémorés chacun par une fête spéciale, célébrée le jour anniversaire de la levée du siège : 7 août, 25 juin, 16 août. De même Photius décida que l'on fêterait la dispersion des Russes le 5 juin (p. 40). Mais en souvenir des longues angoisses, des vigiles et des jeûnes, de la pénitence libératrice, on institua une fête sans anniversaire, donc, une fête mobile; on la rattacha à une époque de pénitence, où vigiles et jeûnes fussent de mise, c'est-à-dire au carème. Le typicon de Photius laissait le choix du jour au Patriarche; une rédaction de 950-956 la fixa au samedi qui suit le milieu du carème (p. 38-39).

Comme au cours de ces épreuves on avait rendu grâce à la Vierge de ses anciens bienfaits pour en obtenir un nouveau, le pannychis de l'Acathiste, devint une solennité générale d'action de grâce pour toutes les délivrances miraculeuses de Constantinople. C'est ainsi que la définit le typicon de 950-956) : ἐκ τῶν ἅμα κατά καιρούς κυκλοσάντων αὐτὴν περσικῶν καὶ βαρβαρικῶν κινδύνων ἐλυτρώσατο (p. 39).

Ce caractère explique la confusion qui fit oublier son origine. Le siège de 626 est bien connu non seulement par la Chronique pascale et Pisidės, mais aussi par un synaxaire spécial, contemporain des évènements. Aucun ne mentionne l'Acathiste. Mais le synaxaire de l'Acathiste fait une large place au miracle de 626 et emprunte pour le décrire les phrases même de ce synaxaire spécial, jusqu'à celle qui fait allusion à la fète au 7 août (p. 19). Aussi lorsqu'un compilateur superficiel voulut donner au synaxaire de l'Acathiste un titre pour la commodité de la recherche, il ne retint qu'un seul des miracles, le premier et le plus éclatant : τοῦ παραδόξως γενομένου θαύματος ἡνίκα Πέρσαι καὶ βάρβαροι τὴν βασιλίδα ταύτην πολέμῳ περιεκύκλωσαν (p. 14). Puis, au XIIIe siècle, la Zuvos ypový attribua à Serge la composition de l'hymne (p. 8). Enfin au xiv, le synaxaire résumé de Xanthopoulos, en faussant complètement le sens de l'original, consacra l'erreur (p. 20).

A partir du xv les éditeurs de l'hymne l'attribuent à Serge (p. 9, note 1).

De même l'interpolateur de Georges le Moine, en s'aidant d'un emprunt au synaxaire de l'A cathiste, rattache arbitrairement l'origine de l'hymne au siège de 677 (p. 21).

Au xiie siècle Théodore Lascaris, en composant un sermon pour la fète de l'Acathiste, rappellait qu'elle avait été institué à l'occasion du siège de 860 (p. 46). Mais dès cette époque ce souvenir s'effaçait (p. 9). L'erreur trouva donc aisément créance.

M. Krumbacher (Byzantinische Zeitschrift, t. XIII, 1904, 252), a déjà porté sur cette belle étude un jugement autorisé : il est désormais prouvé que la date traditionnelle repose sur une simple confusion; mais il faudrait une étude plus approfondie de la langue et de la métrique pour établir que réellement l'hymne est postérieur à Romanos, à André de Crète, Jean Damascène, Théophane Graptos, qui semblent lui avoir fourni des rythmes ou des images.

G. MILLET.

« PrejšnjaNaprej »