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de critique et la résistance à l'illusion sont incomparablement plus rares chez les individus instruits ou avertis qu'on ne le croit d'ordinaire; et p. 671-684 des faits sont donnés montrant l'influence de la suggestion sur l'acceptation d'hypothèses scientifiques (cf. l'histoire du Système Métrique, de la Théorie des Glaciers, etc.)

En ce qui concerne la sorcellerie européenne, ses agents et ses actes, il a été déjà publié de nombreuses recherches d'ensemble (cf. notamment les œuvres de Hansen) ou monographiques. Le livre de M. Stoll est à la fois l'un et l'autre ; car on y trouve, outre une étude historique de la sorcellerie européenne, de nombreux documents nouveaux sur la sorcellerie en Suisse, l'auteur étant professeur de géographie et d'ethnologie à l'Université de Zurich. Ses explorations dans l'Amérique Centrale lui ont également fourni d'intéressantes observations. Mais dans la première partie, consacrée aux demi-civilisés, on regrette souvent un défaut d'information: ainsi le chamanisme sibérien n'est point présenté avec l'ampleur convenable, et ne sont point décrits les phénomènes psychopathologiques si caractéristiques des populations de la Sibérie (Bouriates, Tongouses, etc.) les ouvrages écrits en russe n'ayant pas été consultés; de même pour l'Afrique et l'Océanie il y aurait beaucoup à ajouter. Mais on ne doit pas chercher ici querelle à M. Stoll : telle quelle, sa collection de faits est déjà assez considérable pour autoriser les généralisations. Par contre on doit regretter que n'ait pas été consulté l'important livre de A. Lang (The Making of Religion, 2 éd., 1900) dont la première partie (cf. le compte-rendu de ce livre dans la Revue de l'Histoire des Religions, 1902, mars-avril, p. 232-235) est précisément consacrée aux phénomènes de suggestion et d'hypnotisme chez les demi-civilisés.

On jugera peut-être toutes ces critiques bien rigoureuses mais n'est-il pas agaçant au possible d'avoir devant soi une œuvre de premier ordre et de ne pouvoir presque l'utiliser faute de coordination vraiment méthodique des matières, faute, tout au moins, d'un index détaillé.

A. VAN GENNEP.

H. LING ROTH. Great Benin, Its Customs, Art and Horrors. 1 vol. Imp. 4° de 234 et xxn pages (tiré à 320 ex.); 275 ill. - Halifax, F. King and Sons, 1903.

Il n'est point trop tard, semble-t-il, pour signaler aux lecteurs de la Revue de l'Histoire des Religions cet important ouvrage sur le royaume du Bénin (rive droite du Niger).

Comme dans ses précédents ouvrages (sur les habitants de Bornéo, sur les Tasmaniens) l'auteur a assemblé tout les faits connus, dont quelques-uns tirés des ouvrages portugais anciens, auxquels il a ajouté des documents inédits communiqués par son frère, médecin de l'Expédition anglaise de 1897, et par

M. C. Punch qui vécut plus de vingt ans dans le Niger et dans le hinterland du Lagos.

C'est dire que cette monographie est de tout premier ordre. Dans ses XIX chapitres sont décrites toutes les manifestations de la vie sociale au Bénin, Les plus importants sont ceux qui traitent des fétiches et fêtes (ch. VI), des peines et des ordalies (ch. VII), du gouvernement (ch. VIII), de la vie de cour (ch. XI); tout particulièrement intéressants, parce qu'on y trouve décrits des objets conservés dans des musées régionaux anglais et dans des collections particulières. sont les ch. XVIII (sculptures sur ivoire et sur bois) et XIX (œuvres d'art en métal). On sait que la date de ces œuvres d'art, à bien des points de vue admirables, et l'origine de leurs motifs ont été l'objet de nombreuses discussions. On s'accorde, et H. Ling Roth est de cet avis, à regarder comme indigène leur technique (à la cire perdue) et comme influencés par le contact des Portugais les motifs d'ornementation.

Dans l'appendice V on trouvera en outre une excellente étude de M. C. Punch sur la propriété foncière et l'héritage en pays yoruba.

Les habitants du Bénin, du moins la classe inférieure, sont apparentés aux Yorubas et les coutumes locales, sur lesquelles les renseignements ne sont pas, après tout, bien détaillés, ne se comprennent que si on les compare aux coutumes des Yorubas proprement dits. C'est ainsi que le système des tabous semblerait au Bénin moins cohérent que sur la côte; de même la signification et la portée des fétiches spécialisés et des fêtes serait bien difficile à saisir si l'on n'avait des descriptions de faits analogues yorubas. D'autre part le système des classes paraît s'être developpé davantage au Bénin cela ressort du livre de M. Ling Roth et de l'extrait intéressant d'un rapport publié par Man, 1904, n° 23: Notes on the Form of Bini Government.

Les ouvrages antérieurs de l'auteur étaient remarquables par le luxe de l'impression et de l'illustration; celui-ci ne leur est en rien inférieur. Le service que rend M. Ling Roth à l'ethnographie est considérable : à défaut de la vaste encyclopédie, dont la publication n'est point encore près d'être entreprise, le seul moyen de préparer la synthèse est d'assembler sous forme de monographies où les documents sont donnés in-extenso les faits anciens et actuels.

A. VAN GENNEP.

TH. ACHELIS. Abriss der vergleichenden Religionswissenschaft. Leipzig. Göschen; 1 vol. petit in-8° de 163 pages. Prix: 80 pfennige.

M. le professeur Th. Achelis, de Brême, qui s'est déjà acquis tant de titres à la reconnaissance des amis de nos études, par le zèle infatigable qu'il a déployé afin de propager en Allemagne l'intérêt pour l'histoire générale des religions, dans le milieu universitaire et théologique assez réfractaire à l'introduction de cette nouvelle discipline dans le cadre des études régulières, a tenté dans

ce petit volume un nouvel effort pour vulgariser la science qui lui est chère. L'ouvrage fait partie de la Collection Göschen, qui compte actuellement plus de 200 volumes.

S'il est difficile de faire un Manuel d'Histoire des Religions, il est encore plus difficile de résumer en un tout petit volume un exposé à la fois populaire et scientifique de cette histoire complexe et immense. Cela exige non seulement des connaissances extrêmement étendues et variées, mais encore un don de composition et un talent de rédaction peu communs. L'esquisse tracée par M. Achelis répond assurément à la première de ces deux conditions. On se sent en présence d'un homme familiarisé avec les questions qu'il traite. Je doute qu'elle donne satisfaction à ceux qui réclament aussi la seconde. Le plan en est défectueux et l'exposition est confuse.

L'ouvrage se compose de trois parties: 1° les traits essentiels du développement de l'histoire religieuse; 2o les grandes lignes du développement des religions; 3° les principes de la science des religions. On voit tout de suite que la part de la philosophie de la religion a absorbé presque complètement celle de l'histoire de la religion. Il y a six pages sur les formes inférieures de la religion (fétichisme, chamanisme), cinq pages sur les formes supérieures polythéistes et six pages sur les religions éthiques. Tout le reste est consacré à des considérations sur les phénomènes de l'ordre religieux. Et cette phénoménologie est traitée à la fois dans le premier et dans le troisième chapitre, de telle sorte que l'auteur ne peut éviter les répétitions ni la dispersion de données qui se tiennent. Beaucoup de bonnes choses mal disposées, trop de considérations générales et pas assez d'histoire proprement dite, voilà l'impression que laisse la lecture de ce petit livre.

JEAN RÉVILLE.

CHRONIQUE

FRANCE

Nous avons déjà signalé à nos lecteurs le très réel intérêt que présentaient souvent pour nos études les analyses groupées sous les rubriques: Mémoire, imagination et opérations intellectuelles et Études cliniques sur les névroses dans la bibliographie synthétique publiée tous les deux mois par le Journal de Psychologie normale et pathologique (F. Alcan, éditeur).

Nous empruntons au fasc. de janvier-février (pp. 88-90) le compte-rendu par le Dr Pierre Roy d'un travail de M. U. Cerletti, récemment paru dans les Annali dell' Istituto psichiatrico della R. Univ. di Roma, et qui met en lumière un ensemble de faits curieux pour la démonologie du peuple slave. «< Dans la partie la plus septentrionale de la Russie d'Europe, en particulier dans le gouvernement d'Arkangel, sur les rives de la Petschora inférieure, habitent des Samoyèdes; les hommes s'occupent presque exclusivement de l'élevage des rennes, de la chasse et de la pêche; les femmes s'emploient aux travaux agricoles, négligés des hommes. L'instruction, très bornée et puisée uniquement dans les images des livres saints, favorise le développement de superstitions plus ou moins singulières. Pourtant les hommes sont intelligents et actifs et présentent, comme leurs femmes, un caractère vivace et expansif, qui contraste avec la tristesse renfermée et fataliste du reste de la population russe. Les conditions sanitaires sont satisfaisantes; mais depuis longtemps on observe dans cette population une forme morbide spéciale, caractérisée surtout par des accès convulsifs polymorphes et qu'on désigne sous le nom de Ikota ou Wistian, ce qui veut dire sanglot. L'Ikota frappe d'une manière presque exclusive la plupart des femmes mariées; chez les hommes, les enfants, les vieillards et les jeunes filles, elle s'observe d'une façon tout à fait exceptionnelle. Le plus souvent la jeune fille de la Basse-Petchora n'a présenté aucun trouble névropathique jusqu'à l'époque de son mariage, lorsque peu de temps après, ou d'ordinaire le jour même de ses noces, elle est prise d'une violente attaque convulsive. Les causes déterminantes des accès sont très variables: la vue d'une autre femme en proie aux convulsions, la simple vue d'une personne ou d'un objet déterminé, l'audition d'une certaine parole, l'aspiration de la fumée d'une cigarette... >>

L'auteur décrit ensuite les symptômes qui précèdent l'accès, puis l'accès lui

:

même qui se manifeste de façon plus ou moins violente, parfois même se réduit à l'émission de violents sanglots; parfois aussi « la femme tombe en extase et se met à prédire l'avenir, parlant au nom du démon qui l'a envahie ». D'ailleurs, «< ces manifestations morbides sont en rapport avec les superstitions dominant dans le pays l'affection surnaturelle est le fruit d'un artifice de sorcellerie; le démon pénètre dans le corps de sa victime, où il exerce ses maléfices, et l'affecte des divers symptômes de l'Ikota. Les sorciers peuvent donner toutes sortes de maladies, notamment la folie; mais l'Ikota se transmet surtout aux femmes mariées et le jour le plus propice est le jour des noces. Pour guérir, il faut l'action d'un autre sorcier, des pèlerinages, des prières. Mais, d'ordinaire, la possédée continue à présenter les mêmes accès jusqu'à un âge avancé. »

M. Cerletti compare cette endémie de possession démoniaque aux diverses épidémies névro-psychopathiques dont il donne une bibliographie assez complète et dont plusieurs relèvent de l'histoire des religions: épidémies des convulsionnaires, phénomènes choréiformes, danse de Saint-Guy, hallucinations et délires collectifs, maintes fois étudiées historiquement et pathologiquement depuis le livre de J. F. C. Hecker; Die grossen Volkskrankheiten des Mittelalters (Berlin, 1869). Le seul élément commun dans ces formes variées, conclut M. Cerletti, c'est l'imitation: toutes dérivent par l'hystérie, de la suggestion. Ainsi s'explique, dans le cas particulier de l'Ikota, « le développement de la maladie sous l'influence de l'idée superstitieuse, transmise par tradition orale de génération en génération et renforcée quotidiennement par l'action des prêtres et le spectacle terrifiant des accès de celles qu'on croit victimes des sorciers. A cette croyance, acceptée de tous, s'ajoute l'attention d'attente de la nouvelle épouse qui s'attend de moment en moment à la manifestation du maléfice ».

M. Paul Meyer a récemment publié, en y apportant quelques additions personnelles, une série de notices inédites dues à feu B. Hauréau (Notices des mss.. latins 583, 657, 1249, 2945, 2950, 3145, 3437, 3473, 3482, 3495, 3498, 3652, 3702, 3730 de la Bibliothèque nationale (Paris, Klincksieck, 1904; 51 p. in-4°, extrait des Notices et extraits des mss., t. XXXVIII). La plupart de ces notices intéressent d'une façon immédiate l'histoire de la pensée religieuse au moyen âge. Les auteurs mentionnés sont en effet : Absalon, abbé de SaintVictor; Adam de Saint-Victor; Alexandre de Halès; Alger de Liège; saint Ambroise; Anselme de Cantorbéry; saint Augustin; Augustin de Cantorbéry; Baudry de Bourgueil; Bérenger Frédol; saint Bernard; Boèce; Cicéron; Étienne Langton; Étienne d'Orvieto; Gébouin de Troyes; Geoffroy Babion; Golias; Grégoire le Grand; Guigues le Chartreux: Guillaume d'Auxerre; Guillaume Beaufet; Guillaume de Paris; Guillaume de Saint-Thierry; Hildebert de Lavardin; Hugues de Bovès; Hugues de Saint-Cher; Hugues de

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