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sez surprenant que les stèles portant des scènes de chasse et de guerre, scènes qui rappellent la vie et les exploits des chefs, se soient précisément rencontrées au-dessus des tombes renfermant uniquement des squelettes d'hommes. On ne peut vraiment douter que ces stèles aient été retrouvées à la place où elles avaient été dressées après l'inhumation'. Dans une restauration, les stèles rejetées auraient dû être remplacées. Or, M. Perrot a nettement montré que les stèles sont d'une même époque et contemporaines des inhumations correspondantes; la décoration des stèles se retrouve sur les objets enfouis dans les fosses avec les cadavres'. On ne peut alléguer aucune raison valable pour reporter à plus tard l'érection du cercle de dalles, d'autant que cette hypothèse entraîne une série d'invraisemblances. Notons encore que la plupart des stèles offrent le même grain de pierre et proviennent de la même carrière que les dalles de l'enceinte.

Il faut donc admettre que le cercle de dalles a été construit lors de l'utilisation des tombes. S'il mord légèrement sur l'angle de deux d'entre elles, cela indique tout au plus qu'il est postérieur à ces deux tombes.

Dès lors, les rites d'inhumation se présentent sous un jour un peu différent. A une époque antérieure aux tombes à coupole et à la Porte aux lions, on enterrait les chefs avec des précautions minutieuses, le visage couvert de masques d'or destinés à assurer la conservation de la face, revêtus de leurs vêtements d'apparat, accompagnés de leurs armes et des objets les plus précieux dont l'usage continuait à leur être assuré. Nous verrons que, d'après la même con

1) Sinon, il faut supposer avec M. G. Perrot, l. c., p. 586, que ceux qui pratiquèrent la restauration savaient « où étaient les tombes dans les profondeurs du remblai » et qu'ils «< avaient même une certaine notion de ce que chacune d'elles contenait. >>

2) Perrot et Chipiez, l. c., p. 771: « Les stèles ont donc été sculptées et mises en place à mesure que se creusaient les tombes qui, d'abord séparées et pourvues chacune de son tertre isolé, ont fini par être réunies sous le grand tumulus commun que couronna le cercle de dalles. »

ception, on déposait dans la tombe des représentations de la demeure royale'. Les objets religieux ne manquent pas non plus. L'autel trouvé en place sur une fosse, les restes d'ossements contenus dans le remblai témoignent des sacrifices offerts aux morts. Il n'est pas douteux que le sacrifice humain était en usage. Cette pratique, attestée par les ossements humains trouvés dans le remblai au-dessus des fosses, s'est perpétuée durant toute l'époque mycénienne et l'épopée en a gardé le souvenir précis. Les chefs étaient inhumés dans un lieu sacré, dans un téménos délimité par le cercle de dalles; au-dessus des tombes qui ne sont pas orientées on dressait des stèles la face tournée vers l'ouest.

Le culte des ancêtres apparaît tout semblable au culte des dieux. On s'explique la valeur de l'enceinte de dalles quand on remarque que les Mycéniens consacraient au culte de la divinité des espaces découverts, délimités par des murs bas. On a déjà rapproché l'autel élevé sur les tombes de celui trouvé à l'entrée du palais de Tirynthe, autel qui se perpétue à l'époque homérique et qui est alors consacré à Zeus 'Epxetos à signification chtonienne. M. Karo a montré que les peintures des sarcophages de Palaeokastro et de Phaestos en Crète, où apparaît entre autres le symbole de la bipenne, attestent que le culte des morts était en relation avec l'adoration du dieu céleste à la bipenne. Du même coup s'expliquent, dans les tombes de l'acropole de Mycènes, la présence des bractées d'or figurant une tête de taureau surmontée de la bipenne'. La tradition littéraire qui donne Zeus comme ancêtre aux héros mycéniens, conserve l'écho de cette intimité des chefs-ancêtres avec le dieu.

1) Cf. plus bas, p. 42.

2) Aux exemples réunis dans Perrot et Chipiez, Hist. de l'Art., t. VI, p. 572573, il faut ajouter celui signalé par M. Vollgraff, BCH, 1904, p. 370: squelette humain devant l'entrée d'une tombe rupestre d'Argos, à hauteur du sommet de la porte, donc immolé lors de la fermeture définitive du tombeau.

3) Karo, Archiv f. Religionwiss., 1904, p. 131. A Palaeokastro, M. Bosanquet, BSA, IX, p. 340, a relevé un pithos contenant des ossements humains : le pithos portait gravée à l'extérieur une bipenne.

L'origine des tombes à coupole reste obscure. On sait seulement qu'elles furent érigées postérieurement aux tombes à fosse de l'acropole de Mycènes. On doit se demander 'maintenant si les tombes à coupole ne se rattachent pas au type des tombes creusées dans un téménos circulaire. Quand on voulut mettre les chefs ou les grands personnages dans un réduit plus sûr, des prescriptions rituelles peuvent avoir imposé le plan circulaire. Les architectes mycéniens résolurent le problème de retenue des terres par le procédé de l'encorbellement qu'ils appliquaient couramment dans les constructions. Il faut noter qu'à l'exemple du système de l'acropole de Mycènes, nombre de tombes à coupole, dans la Grèce continentale, conservent le principe de l'ensevelissement dans une fosse rectangulaire :

On peut résumer ces considérations ainsi qu'il suit :

1. Le tumulus, le túp60s, est étranger aux pratiques des Mycéniens.

2. Dans l'acropole de Mycènes, le cercle de dalles aussi bien que toutes les stèles sont contemporains des tombes à fosse. L'ensemble caractérise les rites funéraires d'une haute époque, antérieure à la construction de la Porte aux lions.

3. Le culte des ancêtres est semblable au culte des dieux. Le cercle de dalles constitue le plus ancien téménos connu. 4. Il est probable que les tombes à coupole dérivent de l'ancienne coutume d'entourer d'un mur circulaire les tombes seigneuriales.

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La survivance des bétyles dans les cultes grecs est assez nette pour qu'on soit autorisé à en chercher l'origine dans la religion mycénienne. M. Evans en a trouvé des exemples certains. En particulier, il a signalé des autels dressés sur le bétyle. On doit, cependant, éviter d'étendre cette notion à tout support.

1) Ainsi les autels représentés dans Evans, MTP C, p. 18; cf. notre figure 1.

Ainsi, il faut retrancher des représentations bétyliques les fameux piliers gravés de bipennes et dressés au milieu de deux pièces contigues du palais de Knosse. Comme l'a proposé M. Doerpfeld, et comme l'a judicieusement accepté M. Evans, ces piliers ont pour fonction de supporter les colonnes de l'étage supérieur. Quant aux bipennes gravées sur ces piliers et dont le nombre est vraiment insolite (ce signe est répété dix-sept fois sur l'un, treize fois sur l'autre), nous inclinons à penser qu'elles avaient une valeur magique, qu'elles étaient destinées à assurer l'équilibre des éléments superposés pilier, colonne et charpente du toit. Ces bipennes ont probablement été gravées lors de l'accomplissement des rites de construction.

Puisqu'on s'est appuyé pour établir le caractère religieux des piliers de Knosse sur les monuments de Palestine, il nous sera permis de dire quelques mots de ces derniers. On a trouvé en divers points, à Tell eş-Şâfi, à Gézer, à Tell Ta'annek, à Tell el-Moutesellim, des monolithes dressés dans des constructions et on y a reconnu des bétyles. En particulier, pour Tell Ta'annek, on ne manque pas d'appeler en témoignage les trouvailles de Kuosse. Nous ne repoussons pas la comparaison, car, dans la plupart des cas, il nous semble que la confusion est la même.

En effet, ces monolithes lorsqu'ils sont liés à un ensemble architectonique, paraissent jouer simplement le rôle de support.

A Tell eş-Şâfi, trois monolithes à peine dégrossis, divisent en deux parties une salle qui est peut-être un sanctuaire. « Les hauteurs des trois pierres diffèrent, mais les sommets sont presque dans le même plan horizontal '. >>

Par contre, nous doutons de l'exactitude de la restauration présentée, ibid., p. 16, fig. 7, d'une table à libation de la grotte du mont Dicté. Sur une trentaine de ces tables découvertes en ce point par M. Hogarth aucune ne se rapproche de ce type; cf. BSA, VI, p. 94 et s. Cette restauration a un autre défaut le dessinateur, traitant le bétyle en colonne, aurait dù amincir la base suivant le modèle mycénien.

1) Bliss et Macalister, Excavations in Pulestine, p. 32, pl. 8 et 9.

Il est donc douteux que nous soyons en présence de bétyles. Par contre, à Gézer, une série de monolithes dressés sur une ligne ne fait partie d'aucune construction. Il n'y a pas là de temple, mais une esplanade avec des bétyles dressés. L'un d'eux, le n' II, a été poli par les attouchements et les onctions des fidèles. Dans les maisons de la mème époque, on trouve fréquemment une rangée de pierres, en général trois, dressées dans une pièce. Bien que l'équidistance ne soit pas

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Gemme de Crète. Lions affrontés, posant sur un autel bétylique (2:1).

observée, M. Macalister regarde justement ces pierres comme des bases de colonnes en bois.

Tous les piliers ou colonnes relevés en grand nombre par M. Sellin dans des constructions à Tell Ta'annek sont signalés par lui comme des objets de culte. Le savant archéologue s'appuie sur les découvertes de M. Evans et sur sa restauration d'une table à libation du mont Dicté montée sur quatre supports et une colonne au centre'. L'hypothèse est donc justifiée.

M. Sellin qualifie d'Opfersaülen les colonnes trouvées au

1) Macalister, PEF, Q. st., 1903, p. 28. D'après les observations de M. Blanckenhorn, ibid., 1904, p. 195 et 355, un des monolithes proviendrait de Jérusalem, d'où l'hypothèse qu'il aurait été rapporté comme trophée.

2) PEF, Q. St., 1904, p. 117.

3) Cf. plus haut p. 32, n. 1.

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