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excellemment M. Henry lui-même. « Non seulement l'Inde possède la littérature sacrée la plus vaste, l'une des plus anciennes et des plus intéressantes qu'il nous soit donné de pénétrer; mais le terme même de littérature profane, tel que nous l'entendons, n'a point de sens pour elle et n'y trouve d'application que par contraste..... Dans l'Inde la grande épopée nationale, bien postérieure aux Védas, passe couramment pour l'œuvre du compilateur mythique des Védas et jouit auprès des croyants d'une autorité presque égale; il n'est aucun livre, ancien ou moderne, qui ne se place expressément sous les auspices d'une divinité; toute représentation dramatique, quelques légèretés qu'on y exhibe, commence et finit par une prière, et les recueils classiques de sentences épanouissent de précieux bouquets de stances où la beauté féminine triomphe sous ses traits les moins voilés, pour se clore sur une section consacrée à la gloire de l'ascétisme et à la méditation de l'Ame suprême. Étrange pays où la Morale ne se sépare point de la Religion et où l'érotisme fait partie de la Morale! » (p. 2). Aussi dans ce livre l'étude des avatars de la pensée religieuse Hindoue et la description des monuments littéraires inspirés par elle marche parallèlement, du moins dans toute la première partie; cette littérature sacrée et mythique est visiblement celle qui intéresse le plus l'auteur, et on s'explique ainsi la part tout à fait large qu'il lui a faite (204 pages sur 324). L'œuvre reste pourtant proportionnée, et il faut savoir gré au védisant qu'est M. Henry de ne pas s'être laissé entraîner à des détails inutiles pour la partie relative à la littérature védique. L'auteur a sagement laissé de côté les querelles entre les différentes écoles dans la difficile question des origines des religions de l'Inde, querelles où l'historien littéraire est dispensé de prendre parti. Sans s'étendre longuement sur l'origine verbale des mythes, il montre avec exemples à l'appui les amplifications de toutes sortes dont la mythologie a été le point. de départ, dès les époques les plus reculées que nous puissions atteindre.

Ces premiers chapitres rendront un réel service au grand public, à qui s'adresse le livre, et qui en général n'a que des idées très vagues et très fausses sur les Védas. I! y apprendra par exemple le peu de cas qu'on doit faire des romans historiques ou préhistoriques fondés sur le Rig-Véda considéré comme le récit des migrations aryennes. M. H. est même à mon avis trop indulgent encore pour ces dangereuses fantaisies.

En résumé ce petit volume de 330 pages comble une lacune dans l'histoire littéraire; désormais tout le monde pourra se faire une idée nette de ce que fut la littérature Hindoue, avec un guide à la fois bien informé et d'un goût

très sûr.

Ch. RENEL.

S. KURODA.

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Das Licht des Buddha. Autorisierte deutsche Ausgabe nach dem englisch-japanischen Originale von K. B. Seidenstücker. Leipzig, Buddhistischer Verlag, 1904. in-16, vi-103 p., 1 photogravure.

ANTON HARTMANN.
Leipzig,
Das Evangelium der Freiheit.
Theosophische Centralbuchhandlung, 1904. In-16, 66 p.

M. S. Kuroda a publié à Tokyo en 1903, en japonais avec une traduction anglaise, un court Manuel du Buddhisme. C'est une édition allemande de cet ouvrage, adaptée au goût européen, que vient de faire paraître M. K. B. Seidenstücker. Son livre, simplement écrit, débute par l'introduction obligée du traducteur, suivie d'un petit texte sur la figure du Buddha, tiré du Khuddakanikâya. La préface de l'auteur vient après : il y rappelle que le Buddhisme fondé par Çakyamuni, fut introduit de Corée au Japon la 13° année du règne du mikado Kimmel, c'est-à-dire l'an 552 de J.-C. et que cinquante ans plus tard, le prince Umayado ou Shôtoku était un fervent propagateur de la nouvelle foi. Ses édits, la fondation de nombreux temples, contribuèrent grandement à l'implanter dans le pays. Aussi le Buddhisme ne cessa d'y prospérer; treize siècles se sont écoulés depuis : l'arbre a poussé de profondes racines et partout étendu ses branches... Quelques mots sur les Saintes Écritures, les deux grandes Écoles du Grand et du Petit Véhicule, conduisent le lecteur jusqu'à l'exposé théorique du Buddhisme divisé en quatre chapitres. La deuxième partie est tout entière consacrée à l'histoire du Buddha et à sa prédication. La troisième partie au Buddhisme pratique, car rien ne vaut que les œuvres. Elle comprend trois divisions: la doctrine et sa mise en action, les pratiques religieuses comme développement de vie supérieure, les diverses voies vers un même but. En résumé cet opuscule, soigneusement édité, marque un progrès sur les essais de ce genre. Mais la jolie statuette du Buddha qui orne le frontispice aurait gagné à ne pas être flanquée de deux chandeliers garnis de vraies bougies qui détonent d'une façon peut-être trop occidentale.

La Theosophische Central Buchhandlung poursuit activement le cours de ses publications. Buddha et Christ, les Enseignements de la Bhagavad Gita, la Bhagavad Gita elle-même «< in poetischer Form » ont successivement paru. Aujourd'hui elle nous offre l'Evangile de la Liberté où l'indispensable parallèle entre le Buddha et le Christ, cher aux Théosophes, est en bonne place. Malgré le contraste implacable, selon le mot d'Oldenberg, qui sépare les deux religions, l'auteur semble croire que de leur alliance naîtra le salut du monde. Ce n'est pas le lieu de le discuter. Si la valeur scientifique du livre de M. A. Hartmann est assez contestable, il n'est pas sans portée morale. Illustré de citations bien choisies, il est agréable à lire et, ce qui ne gâte rien, bien imprimé.

ANTOINE CABATON.

GIOVANNI SCHIAPARELLI.

- Die Astronomie im Alten Testament, übersetzt von Willy Lüdtke, mit 6 Abbildungen im Text. Gieszen, J. Rickersche Verlagsbuchhandlung, 1904, in-8° de 137 pages.

Cet ouvrage est une étude à la fois concise et complète des connaissances astronomiques que possédaient les écrivains de la Bible. L'auteur est au courant des travaux exégétiques modernes, et il a adopté les vues moyennes de la critique. Nous n'avons pas la compétence nécessaire pour juger son livre au point de vue de l'astronomie, mais on doit reconnaître tout au moins que M. Schiaparelli s'est très bien assimilé les questions philologiques et exégétiques que soulèvent les textes qu'il a utilisés. Son œuvre méritait à tous égards d'être traduite de l'italien en allemand et nous regrettons qu'elle ne le soit pas aussi en français. Le traducteur, M. Lüdtke, ne s'est pas borné à rendre fidèlement le texte original, mais il a ajouté des renseignements supplémentaires sur la littérature concernant les sujets traités et a indiqué les opinions les plus récentes quand elles s'écartent de celles que l'auteur a citées.

Dans un premier chapitre d'introduction, M. S. montre que les Hébreux ont su observer la nature, quoiqu'ils ne soient pas arrivés à des conceptions scientifiques très approfondies. Le monothéisme a dû nuire au développement des idées cosmographiques; par contre, comme M. S. le remarque ailleurs, il a préservé le peuple d'Israël des aberrations astrologiques communes à toute l'antiquité. M. S. caractérise ensuite les sources qui permettent d'étudier les notions des Hébreux sur l'astronomie et les difficultés qu'on rencontre pour en fixer les textes exacts et pour les dater.

Dans le second chapitre l'auteur expose les idées des écrivains bibliques sur la forme du monde, sur le ciel, la terre et l'enfer (scheol). Dans le 3o il parle des principaux astres, le soleil, la lune et les planètes, des éclipses, des comètes et des météorites. Le 4 et le 5e sont consacrés à l'identification des noms hébreux des astres et M. S. arrive à des résultats qui paraissent très vraisemblables. L'armée du ciel ne désignerait pas l'ensemble des astres mais les planètes. Les chapitres 6 à 9 traitent du calendrier et des questions qui s'y rattachent. M. S. examine comment les Hébreux délimitaient le jour et la nuit. Il explique ingénieusement ce qu'il faut entendre par l'expression entre les deux soirs et croit que les degrés d'Achaz n'étaient pas un cadran solaire mais un escalier qui pouvait en tenir lieu. Puis il recherche comment les Hébreux déterminaient les mois et les années, conciliaient les fêtès agricoles avec le système de mois purement lunaires et à quelle époque ils commençaient l'année dans les différentes périodes de leur histoire. Le dernier chapitre traite des semaines, des jours et des années, de l'année sabbatique et du jubilé. - Des gravures représentent la forme du monde d'après les auteurs bibliques, la position de certains astres et l'image babylonienne des planètes.

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Il y a peu à reprendre, croyons-nous, dans le livre très instructif de M. Schiaparelli. Voici quelques observations que nous soumettons à l'auteur: P. 20. L'idée que le monde est carré a subsisté très tard chez les Juifs, car le livre de la Création (vi° siècle?) est basé sur cette idée. On a pu se repte. senter la terre comme un cube avec une coupole céleste dans le genre des mosquées musulmanes. P. 27. La racine rq' s'emploie en parlant d'objets laminés; le sens est donc plutôt étendre que consolider. - P. 31 le sens de ed (Gen., 11, 6) est contesté. M. Halévy y voit une trombe d'eau sortant de terre. – P. 35. L'explication de schémèsch « soleil » par «< merveilleux » n'est plus guère admise. On y voit le « serviteur », sans doute de la lune. — Ibid., note 1. I n'est pas du tout démontré que les Hébreux plaçaient les astres au-dessus do firmament. Encore au 11° siècle de l'ère vulgaire des docteurs de la Mischa croient l'un que le soleil passe le jour sous la voûte céleste et la nuit par dessus cette voûte, l'autre, que le soleil tourne la nuit latéralement autour de cette voûte (v. Baba Batra, 25 a). La voûte du ciel était considérée comme opaque. Rien n'empêche de se représenter les astres comme circulant sous voûte céleste en y restant suspendus, et c'est le sens naturel du récit de a Genèse. P. 81. M. S. admet, avec raison croyons-nous, que dès les premiers temps les Hébreux commençaient le jour au soir. Mais cette opinion n'est pas celle de Dillmann et d'autres, qui soutiennent que les auteurs anciens commençaient le jour au lever du soleil. - P. 99. Le nom talmudique (Meguilla,1, 4) du treizième mois est Adar schéni « second Adar et non pas Vaader (forme plus correcte que Veadar), qui paraît un nom beaucoup plus moderne. - P. 122. L'assertion que la rémission des dettes dans la septième année n'est plus mentionnée après Néhémie est inexacte. Hillel l'Ancien (er siècle avant l'ère vulgaire) institua un acte, appelé prozbol, grâce auquel les dettes n'étaient plus abolies mais seulement suspendues (Schebiit, x, 3). L'année de rémission était donc à cette époque confondue avec l'année sabbatique.

MAYER LAMBERT.

The Century Bible: JOB. - Edited by A. S. Peake. Chez Jack, Edimbourg et Londres. Prix, 2/6 net.

Le livre de Job occupe une place tout à fait à part dans l'Ancien Testament: son auteur n'appartient ni aux historiens d'Israël, ni à ses prophètes, ni à ses psalmistes. C'est un poète, le plus grand probablement de toute l'antiquité sémitique, tant par la richesse incomparable de son style que par l'ampleur du sujet qu'il aborde; mais c'est aussi une âme profondément religieuse, que tour mente un conflit douloureux entre ses convictions et les réalités brutales de l'existence. «< Comment accorder la justice de Dieu avec les souffrances imme ritées du juste?», voilà le problème qui l'étreint et qu'il expose dans les dia

logues de Job et de ses amis. Dans les paroles enflammées de son héros, c'est sa propre plainte qui s'exhale, et M. Peake a bien raison de dire que nous trouvons plus dans ce poème que la discussion d'un problème : l'histoire d'une âme luttant avec Dieu (p. 16).

Plus qu'un autre, le livre de Job a besoin, pour être compris à sa valeur, d'être lu sous la direction d'un guide expérimenté; c'est ce qui donne un prix particulier à l'ouvrage que nous annonçons, qui remplit très bien ce but. Sous un format élégant et presque coquet, en une langue riche et précise, scientifique à la fois et accessible à tous, il met en lumière les grandes lignes et les pensées maîtresses du poème, il marque avec grand soin les étapes successives du raisonnement, et chemin faisant, il élucide un grand nombre de versets obscurs.

Le livre de M. Peake se compose de trois parties: 1o Une très intéressante Introduction qui traite des points suivants : Dieu et l'univers; le problème du livre; l'intégrité et la conservation du texte; le style; la date; l'auteur; 2o le Texte, traduit en anglais, d'après la « Version Revisée »; 3o enfin d'abondantes Notes critiques et exégétiques, accompagnant ce dernier. Très souvent, elles l'amendent sur la base des variantes marginales de la Bible anglaise, ou d'après les corrections des critiques actuels, que notre auteur tantôt se borne à indiquer, tantôt adopte délibérément. M. Peake est en effet très au courant de la littérature du sujet et en fait largement usage, sans permettre cependant à ces remarques critiques d'encombrer son exposé. Avec la plupart des commentateurs modernes de Job, il sépare du grand poème les discours d'Elihu, le Prologue, et l'Epilogue et divers fragments de moindre étendue, en l'indiquant par des capitales au haut des pages. Tel qu'il est, son ouvrage est admirablement approprié pour faire connaître à quiconque s'intéresse au problème de la souffrance humaine dans l'histoire des religions, la manière tragique dont un croyant d'il y a vingt-quatre siècles l'a ressenti et résolu; ce qui est vrai du livre de Job, qu'il déborde l'horizon de la religion israélite, est vrai aussi de ceux auxquels s'adresse ce petit volume; il mérite de trouver accès bien au-delà des frontières de la science biblique ou sémitique.

Ch. MERCIER.

GUSTAV HOELSCHER. Die Quellen des Josephus für die Zeit vom Exil bis zum Jüdischen Kriege. In-8°, 86 pages; Leipzig, B. G. Teubner, 1904.

L'auteur n'éprouve aucune peine à justifier son propos : « Sans les écrits de Flavius Josèphe, dit-il, il serait impossible d'écrire une histoire des Juifs dans la période gréco-romaine. Abstraction faite du Ier livre des Macchabées, Josèphe est pour toute l'époque qui s'étend de Néhémie à la destruction de Jérusalem, généralement la source principale, souvent la source unique où peut puiser l'historien. Aussi inconnue que l'est pour nous l'histoire juive après la

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