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à l'influence mycénienne; 2° Une période dans laquelle cette influence domine; 3° Une période où cette influence disparaît; 4o Une période grecque. MM. Bliss et Macalister distinguent ces quatre périodes sous les noms de 1° Préisraélite ancien; 2° Préisraélite récent'; 3° Époque juive; 4° Époque séleucide.

Cette stratification est particulièrement nette dans les restes de Tell el-Ḥesi dont le site fut abandonné après l'époque grecque. La couche la plus basse formée des deux premières villes (désignées comme sub I et I) ne témoigne d'aucune influence mycénienne. Celle-ci commence à se manifester dans la ville II; les villes III et IV sont dominées par cette influence. Or, dans la ville III on a trouvé une tablette gravée de caractères cunéiformes qui appartient à la série des tablettes de Tell Amarna. La ville III se place donc vers 1450-1350 avant notre ère :

Gézer (Palestine).

c'est précisément la date indiquée Fig. 8. Plaque de terre cuitepar la céramique de cette couche.

Étant donné les mouvements de peuples égéens et l'installation de certaines de leurs tribus en Philistie du xv au XIII° siècle avant notre ère, on est en droit d'attribuer à cette immigration l'apport de la plupart des vases mycéniens trouvés dans les fouilles modernes et aussi la direction nouvelle que subirent les céramistes locaux en imitant la poterie mycénienne.

Il est donc permis lorsqu'un objet trouvé en Palestine, dans la couche mycénienne, n'a pas d'équivalent connu dans

1) Les découvertes dans le tell de Gézer inclinent maintenant M. Macalister à considérer la céramique du préisraélite récent comme une céramique de transition qui descend jusqu'à la division de la monarchie juive en deux royaumes; cf. PEF, Q. St., 1904, p. 123.

le milieu sémitique, de chercher son explication dans le monde égéen. Ainsi, à Gézer, les quatrième et cinquième niveaux sont caractérisés par la céramique mycénienne. Dans le quatrième niveau, il a été trouvé une amulette ou idole primitive (fig. 8) des plus curieuses. M. Macalister a reconnu le caractère religieux de cette petite plaque de terre cuite, haute de 13 centimètres, large d'un peu plus de 9 centimètres. Il y voit une représentation d'Astarté1.

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Fig. 9.

Fresque sur tablette de Mycènes.

D'après Perrot et Chipiez, Hist. de l'art, t. VI, fig. 440.

Malheureusement, nous ne connaissons aucune représentation similaire en Syrie. Par contre, elle rappelle une silhouette divine fréquente en Crète et dans la Grèce mycénienne, dérivée du bouclier en forme de 8. Le bouclier prend une allure anthropomorphe par l'adjonction d'une tête et, dans nombre de peintures (fig. 9) ou de pierres gravées, le bouclier est caractérisé par une longue et large bande centrale. La décoration en points de la tablette accuse ces détails. On a bien une représentation anthropomorphe dérivée du bouclier échancré.

Quelle influence a pu avoir sur la civilisation phénicienne 1) Macalister, PEF, Q. St., 1904, p. 16, fig. 4.

l'installation en Palestine d'un fort contingent de populations égéennes ? On sait que la tendance actuelle est de chercher l'origine de l'alphabet phénicien dans les écritures égéennes. La question est encore fort obscure. Dans une étude à laquelle nous renvoyons', nous essaierons de montrer que l'alphabet phénicien ne peut être le prototype de tous les alphabets. En effet, il y a plusieurs alphabets sémitiques irréductibles les uns aux autres et on ne peut expliquer ces alphabets sémitiques (phénicien et sabéen) et même l'alphabet libyque qu'en supposant qu'ils dérivent de plusieurs alphabets grecs très anciens. Nous nous en tiendrons ici à l'influence possible sur les cultes phéniciens et syriens. En l'état actuel de nos connaissances, cette influence paraît nulle.

Nous laisserons de côté la ville de Gaza, toujours plus égyptienne que syrienne, ville essentiellement cosmopolite, peuplée d'Égyptiens, d'Arabes, de Philistins, de Phéniciens et de Grecs. Dès que nous sommes renseignés sur les cultes de la Philistie, sur ceux d'Ascalon en particulier, ces cultes nous apparaissent comme purement phéniciens. Dagon et sa parèdre Astarté sont l'un et l'autre phéniciens'. Atargatis, Hadad et leurs enfants Simios et Simia-Sémiramis ne sont introduits que plus tard sous l'influence araméenne1. On a suggéré que le culte de la colombe en Syrie devait être importé des pays mycéniens. Il y a là, à notre avis, la même erreur qui entraînait jadis à attribuer une origine orientale à Aphrodite. Nous avons affaire à des développements paral

1) Cf. Journal Asiatique, séance du 10 mars 1905.

2) Cf. Revue Archéologique, 1904, I, p. 210-213; II, p. 257. 3) Ibid., 1904, II, p. 243 et s.; p. 259-260.

4) A Knosse, idole de déesse portant une colombe sur la tête; à Mycènes, plaques d'or montrant une déesse avec des colombes. Les bractées d'or de Mycènes, représentant un palais comme la fresque de Knosse reproduite figure 3, portent des colombes posées sur les cornes de consécration. Souvent il est difficile de distinguer la nature de l'animal. Parfois, comme sur le fameux sarcophage peint de Haghia Triada encore inédit, on s'est demandé si ce n'étaient pas des aigles.

lèles qui, jusqu'à une époque relativement basse, n'ont rien emprunté l'un à l'autre. Le culte de la colombe en pays sémitique remonte à la plus haute époque. Le mythe de Simia-Sémiramis changée en colombe en est une explication ancienne. A Babylone, M. Koldewey a trouvé, sous les portes du temple de la déesse Nin-magh, des coffrets en brique dont les uns contenaient des colombes en argile crue, les autres des ossements de ces mêmes animaux'.

La comparaison entre les cultes mycéniens et les cultes sémitiques culte des bétyles, des arbres etc., est du plus haut intérêt pour l'histoire des religions; mais il ne faut pas la poursuivre dans le but de déduire les uns des autres. De même que la colombe était sacrée de part et d'autre, de même le taureau est un attribut divin chez les Mycéniens comme chez les Syriens et les Assyro-babyloniens. Tout au contraire, les anciens cultes phéniciens paraissent l'ignorer', ce qui ne saurait surprendre puisque la Phénicie n'est pas un pays d'élevage pour le gros bétail. Le lion est l'attribut de la grande déesse mycénienne et également celui d'Ichtar et de la déesse syrienne. On constate donc, au point de vue des animaux-attributs, des analogies entre les cultes mycéniens et les cultes syro-babyloniens. Par contre, il y a comme une incompatibilité entre cultes mycéniens et cultes phéniciens. Nous n'avons pas besoin d'insister sur l'importance de cette constatation.

On peut donc conclure que les tribus égéennes fixées dans le sud de la Syrie se sont fondues dans la population locale et cela explique que, dans les fouilles pratiquées par la Palestine Exploration Fund, on n'ait pu distinguer une couche philistine'.

1) A. Boissier, Rev. Arch., 1904, I, p. 124. 2) Cf. Rev. Arch., 1904, II, p. 230 et s.

3) A propos de Gézer, M. Macalister, PEF, Q. St., 1904, p. 122, déclare : << There is nothing that I can point to as definitely Canaanite, definitely Hebrew, or definitely Philistine. This is especially disappointing in the case of the latter people, about whom I had hoped to be able to learn something from the excavation of a city, that for some time at least stood within their territory. »

Si les cultes phéniciens paraissent fort éloignés des cultes mycéniens, nous avons vu quelques analogies entre ceux-ci et les cultes assyro-babyloniens. Il n'est donc pas surprenant que, dans certaines régions d'Asie Mineure, le contact ait produit des figures dans lesquelles ces influences se sont fondues. Ainsi sous le Jupiter Dolichenus, et par l'intermédiaire du dieu hittite Techoup, on retrouve l'ancien dieu asianique au taureau et à la double hache. L'influence assyro-babylonienne du dieu Adad-Ramman ne se trahit que dans l'attitude du dieu posé sur le taureau.

VI. BRONZES MYCÉNO-CHYPRIOTES.

On a recueilli en Syrie et en Grèce quelques bronzes attribués aujourd'hui aux Mycéniens après avoir été qualifiés de phéniciens. Ils représentent un personnage coiffé d'un haut bonnet, vêtu d'un pagne, levant le bras droit comme pour frapper avec une arme et paraissant tenir de la main gauche un bouclier. Ces bronzes représentent-ils un dieu ou un guerrier? Quel a été leur centre de diffusion? La liste de ceux qu'on a publiés est assez courte pour être donnée ici avec de brèves références:

1. Mycènes. Perrot et Chipiez, Hist. de l'Art, t. VI, p. 758, fig. 354; Helbig, Sur la question mycénienne, p. 18, fig. 10; Salomon Reinach, Répertoire de la statuaire grecque et romaine, III, 178, 5.

2. Tirynthe. P. et Ch., VI, p. 757, fig. 353; Helbig, l. c., p. 18, fig. 11; S. Reinach, Rép., III, 178, 7.

3. Sybrita (Crète), actuellement à l'Ashmolean Museum. Evans, MTPC, p. 27, fig. 15; S. Reinach, Rép., III, 59, 5.

4. Nezero (Thessalie). Argent, à l'Ashmolean Museum. Evans, MTPC, p. 27, fig. 16; S. Reinach, Rep., III, 59, 9.

5. Chypre, au Cabinet des médailles. Babelon et Blanchet, Catalogue des bronzes antiques de la Bibl. Nat., n° 898.

6. Chypre. Cab. des médailles. Catal., no 899.

7. Chypre, Cab. des médailles. Catal., no 900.

8. Chypre, Cab. des médailles. Catal., no 901.

9. Phénicie. Collection de Clercq. De Ridder, Catal., Les Bronzes, no 207. 10. Phénicie du nord, au Louvre. Helbig, l. c., p. 17, fig. 8.

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