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antiquités provenant des fouilles. Quand elles seront prêtes pour être exposées, MM. Reinach et Weill comptent en publier un Catalogue qui complétera les Rapports. Avec la publication des stèles par le capitaine Weill et avec les inscriptions grecques relevées en explorant la route isthmique qui va de Koptos à Kocéir que M. A. J.-Reinach commente dans le Bulletin de la Société archéologique d'Alexandrie, no 13 (1910), on pourra se mettre au courant, moins d'un an après leur achèvement, des résultats atteints par cette belle campagne. Espérons qu'elle pourra être poursuivie avec autant de profit pour la science.

Rectification à une dédicace de Délos. En signalant (RHR, 1909, II, p. 129-130) la dédicace « à Zeus Ourios, à Astarté Palestinienne et à Aphrodite Uranie » trouvée à Délos et publiée par M. Clermont-Ganneau, nous remarquions que, si la lecture n'offrait aucune difficulté, l'interprétation ne laissait pas d'être difficile. Or, la lecture fondée sur une première copie rapide est à rectifier. La préposition kai entre Astarté Palestinienne et Apbrodite Uranie n'existe pas sur la pierre, comme l'a constaté M. G. Leroux et à sa suite M. Clermont-Ganneau dans une lettre à l'Académie dont la conclusion s'impose : « Nous n'avons donc plus affaire qu'à une seule et même déesse, la grande déesse d'Ascalon, désignée ici par le vocable multiple et complexe Astarté Palaistiné Aphrodité Ourania. Il est superflu d'insister sur l'importance des conséquences qui découlent de là. La question mythologique s'en trouve singulièrement simplifiée et éclaircie, et celle des sacrifices interdits en l'espèce se présente sous un aspect très différent de celui que, sur la foi du texte reçu, j'avais été amené à envisager ».

Textes religieux de Turfan. M. F. C. Andreas, de Göttingen, a communiqué d'intéressants renseignements (Sitzb. Berl. Akad., 1910, p. 869-872) sur une douzaine de feuillets d'un petit livre donnant en pehlewi, du temps des Sassanides, la traduction des psaumes. Ces feuillets ont été découverts par M. von Le Coq dans ses fouilles aux environs de Turfan (Turkestan chinois). Le manuscrit date du milieu du vi siècle, c'est-à-dire du temps de Chosroès I. Après chaque premier verset, on a introduit les canons (répons) composés par Mar-Abba qui, de 540 à 552, fut le chef de l'Église syriaque en Perse. La traduction des psaumes, qui nous est conservée ici en persan moyen, est plus ancienne que le manuscrit car, établie sur la version syriaque, elle révèle un état de la Peschito qui n'offrait pas les corruptions et les négligences des plus anciens manuscrits, qui remontent au vi siècle. D'après M. Andreas, la traduction, représentée par les fragments de Turfan, daterait au moins au premier quart du ve siècle, probablement de l'époque intermédiaire entre le synode de Séleucie et la mort de Yezdegerd I, c'est-à-dire entre 410 et 420. L'attitude du roi de Perse fut alors particulièrement favorable aux chrétiens qui purent librement pratiquer

leur culte dans lequel les psaumes tenaient une grande place. Le fait même de cette traduction des psaumes, qui ne pouvait servir qu'aux besoins de l'Église, prouve que les Zoroastriens, convertis à l'époque des Sassanides, usaient de leur propre langue dans le service divin et, par suite, leur nombre doit être plus grand qu'on ne l'avait pensé jusqu'ici. On voit l'intérêt de la découverte pour l'histoire du texte de la Peschito et pour celle du christianisme dans l'empire des Sassanides. Ajoutons que l'importance de ces fragments est également grande pour l'histoire de l'écriture et de la langue persanes.

D'autre part, M. von Le Coq publiera dans les Abhandlungen de l'Académie de Berlin plusieurs textes manichéens sous le titre : Chuastuanift, ein Sündenbekenntniss der manichäischen Auditores, gefunden in Turfan. En dehors des prières de pénitence, on y trouve mention de quelques dogmes importants de l'Église manichéenne.

R. D.

PUBLICATIONS DIVERSES

M. Emmanuel Cosquin a publié une importante Etude de folk-lore comparé. Le conte de « la Chaudière bouillante et la feinte Maladresse dans l'Inde et hors de l'Inde (extr. de la Revue des Traditions populaires, janv.-avr. 1910) où il pose, par la force même des rapprochements, la question de transmission des contes. L'exemple choisi est celui du râdjâ Vikramâditya qui, en route pour conquérir la main d'une noble reine et traversant une plaine jonchée de crânes humains, voit l'un d'entre eux éclater de rire et s'écrier: « Je ris en pensant que, dans quelques heures, ton crâne viendra tenir compagnie aux nôtres ». Et le crâne de raconter que près de là est un div, sous l'apparence d'un yoghî, qui attire les voyageurs et les fait tourner trois fois autour d'une chaudière d'huile bouillante, en leur promettant mille choses merveilleuses. Pendant que le voyageur tourne, le div le jette dans la chaudière, le dévore et n'en laisse que le crâne. Il faudra que le râdjâ demande au yoghi comment on doit faire, et tandis que ce dernier tournera, le râdjâ le saisira et le jettera dedans. Alors Vikramâditya prendra un peu d'huile bouillante et en aspergera le crâne qui lui parle pour le rendre à la vie.

Un des traits les plus remarquables de ce récit et de ses similaires est le rite de circumambulation, et le distingué correspondant de l'Institut se demande « si ce n'est pas directement du feu sacré et de la circumambulation rituelle que procède la chaudière bouillante autour de laquelle le héros de plusieurs de ces contes ci-dessus doit tourner ». Cette hypothèse très séduisante a dû s'imposer avec une force singulière à l'esprit du savant folkloriste car elle complique beaucoup sa tâche. En effet, ce trait si important et qui pourrait être un fil conducteur ne saurait spécialiser le récit dans l'Inde puisque les rites

de circumambulation se retrouvent dans le monde entier. M. Cosquin remarque, il est vrai : « Nous n'avons pas ici à vérifier ces faits, si curieux qu'ils puissent être; car, fussent-ils cent fois reconnus exacts, cela n'apporterait même pas un commencement de solution au problème que pose l'existence des mêmes contes populaires dans tant de pays ». Le rite lui-même n'a pas ici d'importance, car il s'agit d'envisager «la combinaison de ce trait de circumambulation avec d'autres traits bien caractérisés : le trait de la feinte maladresse et aussi le trait de la chaudière bouillante ou du coup de sabre, combinaison qui certainement est beaucoup trop particulière pour avoir pu se faire à la fois dans plusieurs pays, même si ces pays avaient tous, à un moment donné, pratiqué la circumambulation rituelle ». Sans méconnaître le poids de l'argument et en faisant une large part à la transmission, on ne peut cependant se défendre de penser que, puisque les rites de circumambulation sont nés de façon indépendante en divers points du globe, il n'est pas impossible qu'il en soit de même de certaines affabulations qui les reflètent et qui rappelent, peut-être, des mises à mort rituelles. Cette réserve faite, on ne peut qu'adınirer l'érudition de l'auteur, sa connaissance profonde du folk-lore, et souscrire à ses conclusions très sages quand il note que l'utilité de son travail «< n'est pas seulement de montrer l'existence de courants, véhicules des contes indiens; c'est aussi de faire comprendre ou, du moins, entrevoir que les contes du grand répertoire asiaticoeuropéen ne sont pas ce qu'on pourrait appeler des individus isolés ; que nonseulement ils forment des familles, mais qu'entre ces familles elles-mêmes, malgré leurs différences, il y a parfois, comme entre les familles zoologiques, des analogies marquées. Aux esprits réfléchis de tirer de ces faits, quant à la question de l'origine des contes populaires asiatico-européens actuels, les conséquences qu'ils comportent; d'examiner notamment si l'on peut concilier avec l'existence de ces familles et de ces affinités la théorie préconçue qui voit dans notre répertoire de contes un amas incohérent de récits plus ou moins disparates, ne présentant aucune analogie de facture et qui auraient été fabriqués un peu partout »>.

-Les Peregrinazioni Mitologiche, contributo alla Mitologia comparata, de M. G. V. Callegari (Feltre, 1909, 28 p.) nous conduisent de Babylonie en Amérique. L'auteur ne cherche pas à dériver les cultes du Mexique de ceux de Mésopotamie, mais il veut montrer que l'esprit humain a représenté sous des drames mythologiques pareils les phénomènes de la végétation. Seler avait déjà signalé l'analogie de certain mythe mexicain avec le rapt de Proserpine. M. Callegari insiste sur les similitudes avec le mythe d'Ichtar et de Tammouz, mais au lieu de la descente de la déesse aux enfers à la recherche du dieu, nous avons la descente du dieu (Piltzintecutli) à la recherche de la déesse (Xochiquetzal). On ne saurait dans ces comparaisons trop veiller à l'exactitude. Pourquoi, par exemple, désigner un bronze d'Isis allaitant Horus comme représentant Ichtar tenant dans ses bras le jeune Tammouz et fonder sur cela un

rapprochement entre les représentations d'Ichtar et les terres cuites figurant. Xochiquetzal tenant dans ses bras son fils Xochipilli?

Le Juste souffrant babylonien (Journal asiatique, 1910, II, p. 75-143) est le prototype babylonien de Job. M. François Martin, qui publie le texte des tablettes conservées avec traduction et commentaire, l'attribue au temps d'Hammourabi, c'est-à-dire, vers 2000 avant notre ère. Mais il est possible que cette rédaction, comme celle de la Création, soit le remaniement d'un modèle plus ancien. On peut estimer que le poème entier couvrait quatre ou cinq tablettes; il n'en subsiste que trois plus ou moins fragmentées. Voici l'analyse de ces morceaux d'après le savant assyriologue : « Le titre, que reproduit la suscription, se compose, comme pour tous les ouvrages assyro-babyloniens, des premiers mots du poème. Il est assez vraisemblablement à restituer en «< Je veux célébrer le maître de la sagesse ». Au début, le héros de la pièce devait donc annoncer en quelques mots son intention de chanter les louanges du dieu qu'il appelle « le maître de la sagesse », évidemment le dieu auquel il devait son salut. Puis il entrait, et sans doute presque aussitôt, dans le récit des épreuves qu'il avait traversées. Il est tombé dans un piège, dans un puits que son ennemi a creusé. De quelque côté qu'il se tourne, partout c'est l'infortune et la souffrance. Il est traité comme un impie. Et, cependant, il a conscience d'avoir rempli tous ses devoirs envers les dieux au ciel, envers le roi sur la terre. Mais qui peut connaître les voies des dieux, qui peut savoir ce qui leur est agréable? Ce n'est pas l'homme; il est si faible et si changeant! Son mal à lui, le juste, c'est un mauvais démon, c'est un esprit des morts sorti de son repaire, qui l'a causé, en le frappant de paralysie, en le condamnant à rester étendu et immobile sur une couche souillée, en le conduisant aux portes du tombeau. Le juste finit par être délivré de ses maux par un dieu, Mardouk dans la rédaction actuelle; cette intervention se produit, semble-t-il, à la suite d'un songe dans lequel notre héros a vu Our-Baou, qualifié d'« homme puissant, ceint de la tiare ». Il adresse donc en terminant un hymne d'actions de grâces à son libérateur, et énumère en détail toutes les infirmités, toutes les souffrances auxquelles le dieu l'a arraché. »

Dans le fasc. 2 du tome IV (1910) de Babyloniaca, M. Alfred Boissier examine les chapitres que M. Jastrow a consacrés à la divination (Die Religion Babyloniens und Assyriens). M. Jastrow a localisé exactement quelques-uns des centres divinatoires et montré définitivement que la discipline du bârú comportait avant tout l'examen du foie. Mais M. Boissier discute nombre de lectures nouvelles et maintient ses positions antérieures. Voici sa conclusion : « J'admire l'érudition de l'auteur, et il est très possible qu'il ait réussi à reconstituer en grande partie la topographie de l'haruspicine. S'il est prouvé un jour que DAN est la veine porte et que d'autres lieux fatidiques du foie correspondent exactement, au point de vue anatomique, aux termes techniques dont la signi

fication est encore incertaine, l'auteur pourra se féliciter du résultat de ses recherches. Je considère que l'étude des livres célèbres, dans lesquels les Babyloniens nous ont transmis la discipline de l'arcane, a révélé des choses plus importantes: 1o) Les haruspices ont fondé la science du droit; leur langage est celui de la jurisprudence; 2o) Plusieurs branches de la mantique, chiromancie, physiognomonie, ont leur point de départ dans la science du bárú; 3o) Les Etrusques sont venus d'Asie Mineure, d'où ils ont rapporté un système d'extispicine, apparenté étroitement à celui des Babyloniens. >>

Notre distingué collaborateur, M. Ed. Montet, recteur de l'Université de Genève, étudie dans la Revue d'Ethnographie et de Sociologie (1910, p. 93-98) les sacrifices dans l'antique Israël. Il s'attache à définir la signification primitive, et par suite, à retrouver les origines du sacrifice chez les anciens Israélites. Cette étude touche à une foule de questions fort difficiles qui ont donné lieu aux solutions les plus diverses. On lira avec intérêt et profit les conclusions du savant théologien et sémitisant : « Sans doute, il y a, à la base du sacrifice, l'idée d'une offrande volontaire, d'une privation que l'adorateur s'impose au profit et en l'honneur de la divinité, d'un cadeau qu'il fait à son Dieu particulier. Mais cette notion n'est ni la seule, ni la principale. L'idée fondamentale du sacrifice est celle d'un repas offert à la divinité, et d'une communion par le repas entre la divinité et l'adorant qui présente le sacrifice... La divinité est reconnaissante à l'homme du repas que celui-ci lui offre, et où l'homme est le commensal de son Dieu. De là l'idée du repas-sacrifice. »>

La distinction entre animaux purs et impurs serait la conséquence des goûts très limités des primitifs en fait de nourriture. On n'offrirait à la divinité que des aliments et des boissons de choix; l'homme écarte donc comme impur tout animal pour lequel il a lui-même de la répugnance. Mais cette définition impose qu'on démontre que le sentiment physique de la répugnance est à l'ori gine des notions d'impureté. Les résidus de cuisine des hommes préhistoriques, en Syrie notamment, attestent au contraire l'extraordinaire variété de leur alimentation. Et en ce qui concerne le porc, les fouilles récentes en Palestine semblent donner raison à Robertson Smith totem, à part quand il pensait que cet animal avait été écarté d'abord de l'alimentation courante en tant qu'animal sacré spécialement réservé à la divinité.

M. Montet définit la fraternisation par le sang et la circoncision comme une communion; le sacrifice humain comme une autre forme de communion directe de l'homme avec la divinité. Il reconnait que « le sacrifice humain était unanimement accepté, dans l'antique Israël, comme une nécessité religieuse, absolue dans certains cas ». Le khérém, sacrifice de consécration absolue, se range difficilement sous la définition du savant sémitisant bien qu'il l'y rattache ingénieusement par l'intermédiaire du sacrifice humain. Aussi tout en tombant d'accord avec lui sur la grande importance du sacrifice-communion, pourra-t-on estimer encore que ce dernier n'est qu'une des formes du sacrifice

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