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monia adversus Judaeos du Pseudo-Cyprien. Dans le second livre de ces Testimonia (livre qui est consacré à la christologie) l'identification du Christ à la Sagesse se trouve dans les deux premiers chapitres alors que l'identification avec le Logos n'apparait que dans le troisième. M. Rendel Harris estime que c'est la marche qu'a suivie l'évolution de la christologie. Jésus a été identifié à la Sagesse avant de l'être au Logos. L'hypothèse est en effet très vraisemblable et confirmée par le fait que dans les textes cités la notion de la Sophia ne parait guère être autre chose qu'une survivance.

On peut accorder à M. Rendel-Harris qu'il y a eu une phase dans le développement de la christologie où le Christ a été identifié à la Sagesse divine et que cette phase est antérieure à celle où il a été identifié au Logos.

Mais cette constatation, qu'il était fort utile de mettre en lumière, pose un problème sur lequel l'attention de M. Rendel Harris ne s'est pas portée quand on examine le prologue johannique on ne peut manquer d'observer que le terme de Sagesse ne se trouve pas dans ce morceau qui est incontestablement, de tout le Nouveau Testament, celui dans lequel on rencontre le plus grand nombre, sinon des citations, du moins des réminiscences des livres sapientiaux.

On a l'impression que le quatrième évangélistes a systématiquement évité l'emploi des termes cópcs et copíz. Grill' a invoqué à l'appui de cette idée un argument curieux: dans Luc, 2, 40 il est dit de Jésus qu'il croissait en sagesse et en grâce, dans Jean 1, 14 (cf. 1 17) que Jésus était plein de grâce et de vérité. Le rapprochement des deux textes permet de conjecturer qu'il y a eu une transposition à la suite de laquelle la vérité est venue occuper la place qui était primitivement remplie par la Sagesse.

S'il y a eu aussi élimination du terme de copia il se pourrait que le motif en ait été, comme l'a pensé Grill, une préoccupation polémique contre le gnosticisme.

Maurice GOGUEL.

1) Cela est vrai du quatrième évangile tout entier. On n'y trouve ni le substantif copía ni l'adjectif cópos alors que ces termes sont d'un emploi relativement fréquent dans le Nouveau Testament (copia: 51 fois; cópoc, 20 fois).

2) Julius Grill, Untersuchungen über die Entstehung des vierten Evangeliums, I, Tubingen, Leipzig, 1902, p. 201.

3) Ouvrage cité p. 200.

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TH. MAINAGE, des Frères Prêcheurs. Les Témoins du Renouveau Catholique. Introduction par le R. P. Sertillanges. - Paris, Beauchesne, 1917, in-12, 247 pages. - 3 francs

Deux dominicains, professeurs à l'Institut catholique de Paris, publient dans ce volume dix récits de conversions contemporaines, écrits par les convertis eux-mêmes « Georges Dumesnil, Paul Claudel, Francis Jammes, Charles de Bordeu, René Salomé, Louis Bertrand, Léontine Zanta, André de Bavier, Pierre de Lescure, Lucien Puel de Lobel. »

Les deux plus importants de ces convertis, du moins jusqu'à présent, sont deux poètes qui « ont du génie », assure M. Fortunat Strowski, professeur à la Sorbonne : MM, Claudel et Jammes.

M. Claudel fut touché par la grâce à l'âge de dix-huit ans, le 25 décembre 1886, en la cathédrale de Paris, aux vêpres, où il était allé chercher « la matière de quelques exercices décadents », et pendant qu'on était « en train de chanter ce qu'il sut plus tard être le Magnificat». Il s'exprime ainsi : « En un instant mon cœur fut touché et JE CRUS1. Je crus d'une telle force d'adhésion, d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante, d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J'avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l'innocence, de l'éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable. »

Parmi les autres détails intéressants de la conversion de M. Claudel, on peut encore noter qu'elle a été influencée par «< ún grand poète » auquel il garde « une éternelle reconnaissance », Arthur Rimbaud, et par un autre poète qu'il préférait à tous les Français », Baudelaire. Jusqu'à présent, ces deux auteurs ne figuraient pas sur les listes de convertisseurs.

M. Jammes entre dans moins de détails sur son évolution spirituelle, Il semble avoir été touché vers l'âge de trente sept ans, en 1905, Quoi qu'il en soit de la date, nous savons le principal du fait «Une matinée, étendu sur un lit », « neurasthénique », il eut une prostration qui dura vingt minutes » et de laquelle il

1) Les capitales sont de M. Claudel,

sortit en disant : « Il faut que cela soit, ou il n'y a rien !» — « Céla quoi? L'Église catholique, apostolique et romaine qu'avait recommencé à m'enseigner, malgré la séparation des mers, mon deuxième ange gardien, Paul Claudel. >>

Après les poètes, les prosateurs. Le plus distingué de la série est sans doute M. Louis Bertrand, écrivain de la Revue des Deux Mondes. Il s'est converti en 1906, à l'âge de quarante ans.

Au fond, dit-il, j'ai toujours été catholique et conservateur ». Voilà un aveu qui rend l'événement moins miraculeux. Néanmoins M. Bertrand confesse avoir vécu « dans un grand désordre intellectuel » et s'y être complu, pendant «< plus de vingt cinq ans ». « Après la grande secousse de l'Affaire Dreyfus, un véritable travail de reconstruction intérieure » s'accomplit peu à peu en lui. « La Nation et le Roi m'apparurent comme les deux grandes réalités qui conditionnent toute vie française. » Quand on éprouve de tels sentiments, la logique contemporaine veut qu'on rentre dans l'Église. C'est la tradition française intégrale. « La tradition, dit le R. P. Mainage, n'a de soutien que dans le catholicisme. Est-il concevable que ce soutien soit une erreur, et que l'erreur ait enfanté quatorze siècles d'harmonie, d'ordre et de beauté morale ? »>

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Avant de faire le saut, M, Bertrand exposa à un « éminent » dominicain les embarras que lui causaient « les contradictions apparentes des « Livres saints ». La réponse fut-elle convaincante? M. Bertrand se contente de dire avec l'humilité discrète qui sied à un néophyte « Sur ce domaine de l'exégèse, comme sur celui de la philosophie, je sentais mon incompétence devant les spécialistes. De nouveau j'étais donc rejeté vers l'acte de foi éprouvé et légitimé par ma raison. Je me disais avec le pénitent des Confessions : « Seigneur, on ne va point à toi sur des vaisseaux, ni sur des quadriges! Pour aller à toi et pour parvenir jusqu'à toi, il ne faut que le vouloir... >

Nous ne sommes pas renseignés sur l'âge des trois derniers confesseurs de la foi. Ils semblent encore bien jeunes.

M. de Bavier, né calviniste, mérite une attention spéciale. «< Mes difficultés d'ordre intellectuel, dit-il, étaient parmi les plus sérieuses. Trois années de théologie protestante m'avaient imbu de cette idée que la religion du Nouveau Testament était différente de celle du Concile de Trente. » M. de Bavier parle avec assurance de beaucoup

de choses qu'il ne connaît pas. C'est sans doute par habitude qu'il affirme si fortement le grand sérieux de ses « difficultés d'ordre intellectuel ». Il oublie qu'il a eu l'honnêteté de nous raconter sa. conduite à la Faculté de théologie protestante de Paris. « Uniquement épris de questions sociales, j'abandonnai ma Bible pour les apôtres de la Révolution, les Lamennais, les Michelet, les Quinet. » S'il avait accordé plus d'attention aux méthodes de ses maîtres, M. Adolphe Lods, M. Maurice Goguel et M. de Faye, nos collaborateurs, n'aurait-il pas donné à sa vie une autre direction? En tout cas, son affaire parait fort claire : il avait besoin d'une autorité.

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Ce qui semble caractériser la plupart de ces convertis, c'est non seulement le besoin d'une autorité pour soi ou pour les autres non seulement l'indifférence pour la critique historique, mais encore chez les uns, la crédulité voulue, chez les autres, une véritable fringale de merveilleux. Les légendes évangéliques ne leur suffisent pas. Il leur faut, comme dit M. Paul Claudel, « les 'admirables récits de la sœur Emmerich ». Un jour, M. Francis Jammes lut à M. Charles de Bordeu, dans les visions de Catherine Emmerich, l'histoire divine: la naissance, le Gloria in excelsis dans la nue, et la paix signifiée du ciel à la terre, dans la crèche, les langes de pauvreté et les bergers adorant l'Enfant... la Mère et saint Joseph, la nuit d'étoiles, où celle des Mages va se lever... » Une exclamation échappe à M. de Bordeu: « Quel imbécile que Renan! » M. de Bordeu, qui nous rapporte cette histoire ajoute glorieusement: Je ne m'en dédis point... » Et le R. P. Mainage juge que c'est le « mot exact ».

Ces quelques notes feront comprendre, je l'espère, le grand intérêt psychologique que présente ce petit livre. Puissent ses éditeurs nous donner plusieurs séries de confessions analogues! Ils ne doivent avoir que l'embarras du choix; les conversions sont, parait-il, actuellement si nombreuses. Et, comme le remarque l'éloquent P. Sertillanges: « N'est-il plus dit dans l'Evangile : On n'allume pas la lampe pour la mettre sous le boisseau ? »

A. HOUTIN,

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

FRANZ CUMONT.

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Gaionas, le deipnokrites (Extrait des Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1917, p. 275). — Un texte provenant des environs du temple des dieux syriens, construit sous l'Empire romain dans le lucus Furrinae où Caius Gracchus trouva la mort, avait résisté jusqu'ici à la sagacité des épigraphistes qui en avaient tenté l'interprétation. M. Fr. Cumont en présente une explication qui paraît definitive et qui offre un grand intérêt pour les cultes orientaux ainsi transplantés à Rome. Il part de la traduction littérale : « Pour qu'un lien puissant (desmos krateros), que Gaïonas, juge des repas (deipnokritès), a établi, fournisse une victime (ou : un sacrifice) aux dieux ». S'appuyant sur le sens que la langue poétique donne à desmos, il suggère qu'il s'agit d'une captation des eaux destinée à constituer un vivier où les poissons sacrés étaient conservés jusqu'au jour où ils devaient servir aux repas sacrés. La dalle, sur laquelle le texte est gravé, a. certainement servi à la construction d'un bassin. Le long de la dalle on reconnaît la trace d'une conduite de décharge et en son milieu se trouve un orifice qu'il suffisait d'ouvrir pour vider le bassin à moitié afin de s'emparer aisément de la victime dont parle l'inscription et qui serait alors Lichthys d'Atargatis. Ces repas liturgiques semblent faire parti des cérémonies d'initiation et le juge pouvait avoir pour fonction de juger quels néophytes étaient dignes d'être admis. Galonas, connu par une série de textes grecs et bien qu'ayant des fonctions. (cistiber Augustorum) qui lui donnaient rang dans la police des quartiers de la rive gauche du Tibre, porte un nom sémitique, probablement GaïonBa'al ou Gaïon-Hadad qu'il aura grécisé en le contractant.

R. D.

A. GRATRY, prêtre de l'Oratoire, professeur de théologie morale à la Sorbonne, membre de l'Académie française. De la connaissance de Dieu. Neuvième édition, 2 vol. in-12 de 372 et 360 pages. Paris, Téqui, 1918. Prix :

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8 francs. L'ouvrage fut publié, en 1853, dans des conditions qui lui permirent d'obtenir l'imprimatur de l'archevêque de Paris et même les encouragements du pape, « quoique les continuelles occupations de la charge apostoliques ne lui eûssent pas permis de le lire ». Maintenant, l'éditeur nous envoie sa neuvième édition. Un tel succès de librairie n'est pas un phénomène très

1) Gauckler, Le sanctuaire syrien du Janicule, p. 6 et suiv.; Nicole et Darrier, Le sanctuaire des dieux orientaux au Janicule, p. 64.

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