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missionnaires qui vinrent au Paraguay y trouvèrent une croix à laquelle ils supposèrent une origine chrétienne, aussi donnèrent-ils à la contrée où elle fut découverte le nom de Sainte-Croix'. Chez les Indiens du Chaco, en particulier chez les Chans et les Chiriguanos, on trouve parfois d'anciens sifflets aujourd'hui sans usage qui, employés jadis dans les expéditions guerrières, passaient sans doute pour avoir une puissance magique. Ils pòrtaient exté

rieurement un dessin en forme de croix'.

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Fig. 15. Danseuse patagone.

Des séries parallèles et alternées de croix grecques décorent une ancienne étoffe péruvienne' ainsi que des grains de collier'. On retrouve d'ailleurs cette même décoration sur la coiffure ou le diadème d'une fort belle tête en terre cuites. Une autre étoffe péruvienne est ornée d'une croix grecque cantonnée de deux motifs hiéroglyphiques représentant vraisemblablement un oiseau et un serpent'. La grande croix pectorale en or repoussé, provenant de Pachacamac, a certainement reçu une utilisation liturgique. Les sépultures du Pérou que l'on qualifiait de Huacas comme les génies et comme les dieux, en raison de leur caractère sacré, recevaient une forme cruciale";

1) Ruiz, Conq. esp. del Paraguay, § 23 et 35, cité par Bedin, Traditions Messianiques, p. 448.

2) E. Nordenskiold, La vie des Indiens dans le Chaco, P.. 1912, in-8°, p. 149 et fig. 80.

3) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, P., 1880, in-4°, p. 767, fig. M,

4) Marquis de Nadaillac, L'Amérique préhistorique, P., 1883, in-8°, p. 453, fig. 197.

5) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, p. 620.

6) Ch. Wiener, Perou et Bolivie, p. 640.

7) H. Beuchat, Manuel d'Archéologie Américaine, P., 1912, fig. 237, p. 686, d'aprés Baeseter, Ancient Peruvian Art.

8) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, p. 527,

des tombeaux nommés chulpas avaient la forme de tours carrées enduites de stuc et peintes, en blanc et rouge, de façon à produire des dessins variés parmi lesquels d'immenses croix de Saint-André qui en couvraient des faces entières'. Une véritable cité funéraire nommée coillur ou l'étoile, en raison de sa forme, était divisée en quatre quartiers par des murs disposés

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en croix de Saint-André'. A leur tour des vases funéraires sont ornés d'une double rangée de cette espèce de croixs et des momies portent cette même croix au milieu de la poitrine *. Les Vestales péruviennes Mama-Sipas, dans certaines céré

1) Marquis de Nadaillac, L'Amérique préhistorique, p. 426, fig. 173. 2) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, pp. 132-133.

3) Marquis de Nadaillac, L'Am. prehis., p. 443, fig. 182 et Ansault, Album, fig. 396, p. 272.

4) Marquis de Nardaillac, L'Am. préhis., p. 432, fig. 178 et Ansault, Album, fig. 383, p. 268.

monies religieuses, portaient une crosse ornée d'une double croix. Ces mêmes vestales se servent encore pour la divination d'une baguette d'un mètre cinquante qui ressemble beaucoup à cette crosse cruciforme. Elles emploient en outre une autre baguette beaucoup plus courte. C'est une double croix comme on en voit quelques-unes sur les étendards anciens de certains bas-reliefs. Elle est composée de quatre baguettes d'environ quarante centimètres qui se croisent deux à deux à angles droits. La Mama-Sipas applique les pouces aux extrémités opposées des deux baguettes, fait plusieurs fois le tour d'un bûcher où brûlent des parfums, si la baguette tourne, le pronostic est favorable. Notons enfin que chez les anciens Péruviens, une croix de jaspe ou de marbre recevait un culte. Garcilasso de la Véga, péruvien descendant des rois et né à Cuzco écrivait :

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Fig. 17. Vase funéraire provenant d'un tombeau péruvien.

«Les rois Incas eurent dans Cuzco une croix de marbre fin qu'on nomme encore jaspe cristallin et l'on ne sait pas depuis quel temps elle pouvait y être. Quoiqu'il en soit, l'an 1560, je la laissai à la Sacristie de la grande église (cathédrale) où elle était attachée à un clou et percée par le haut. Je me souviens qu'elle était attachée avec une lisière de velours noir avec apparence qu'au temps où les Indiens la possédaient, elle était munie d'une boucle d'or ou d'argent remplacée depuis par une autre de soie. Elle était longue d'environ trois quarts d'aune, large de trois doigts, épaisse presque d'autant toute d'une pièce et d'un grain extrêmement luisant et poli; ses angles qui

1) D H. Girgois, L'Occulte chez les Aborigènes de l'Amérique du Sud, P., 1897, in-12, p. 149, 221-222.

étaient fort bien taillés et ses branches de forme carrée ne présentaient aucune aspérité. Ils la gardaient dans une de leurs maisons royales, dans une chambre qu'ils appellent Huaca qui est un lieu tenu pour sacré Bien qu'ils ne l'adoraient pas ; ils l'avaient néanmoins en très grande vénération, soit qu'ils le fissent pour la beauté de son aspect ou pour quelque raison que nous ignorons. Ils la gardèrent toujours en ce lieu-là jusqu'à ce que le Marquis Dom Fr. Pizarre entra dans la vallée du Teompiz, où, pour une chose fort mémorable qui arriva à Pierre de Candie, ils commencèrent à l'adorer et l'eurent en plus grande vénération qu'avant.

<< Après que les Espagnols se furent rendus maîtres de cette ville impériale, et qu'ils eurent bâti un temple à notre grand Dieu, ils mirent, comme nous avons dit, cette croix en la sacristie de l'Église cathédrale de Cuzco, bien qu'à mon avis, ils eussent eu plus de raison de la mettre sur le maître-autel, après l'avoir enrichie d'or et de pierreries. Ils commencèrent dès lors à se servir des choses mêmes qu'ils trouvèrent dans l'Inde et particulièrement de cette croix, pour rendre ceux du pays affectionnés à notre sainte religion'. >>

Si nous en croyons Zamorra' « c'était dans les temples de l'ancien culte de Kun que le Sua-Kun ou prophète de Kun, apprit au peuple du Kundinamarka à se peindre des croix sur leurs manteaux afin de vivre sanctifiés dans leur dieu ».

Parmi les Indiens de nos jours qui peuplent les Pampas, les sorcières guérisseuses ou machis tracent une croix de sang au front des patients qui se soumettent à leurs exorcismes 3. En Guyane, les Indiens Galibis ornent leurs ustensiles avec la croix. Le panier long des Oyampis est décoré d'une sorte de 1) Garcilasso de la Vega, Le Commentaire Royal ou l'Histoire des Incas, rois du Pérou, I. II, 3, trad, Baudoin, Paris, 1633, in-4, p. 140-141.

2) Zamorra, Hist. de la Nouvelle Grenade, cité par le Dr H. Girgois, loe, cit., p. 194-195.

3) D H. Girgois, loc. cit., p. 208.

4) J. Crevaux, Voyage d'exploration dans l'intérieur des Guyanes dans Tour du Monde, 1879, 1 sem., fig. p. 344, repr. par Ansault, Memoire, p. 56,

croix grecque couverte d'une croix de Saint-André et flanquée de cette même croix disposée par groupe de quatre'. Toujours en Guyane, les Indiens Emérillons portent des pagnes de sexe, décorés d'une croix grecque cantonnée de quatre signes 2. Qu'il s'agisse là d'un signe mystique et probablement d'une sorte de talisman, on ne peut en douter.

Les Espagnols de la colonisation rencontrèrent également la croix au Vénézuela. «Entres plusieurs idoles que les habitants de Cumana adorent pour dieux, écrit Gomara, ils avaient une

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croix faicte comme celle de Saint-André, et un signe faict comme ceux des notaires, principalement apostolique, qui sont quarrez, serrez et faicts avec des croix bourguignonnes, traversantes les unes dans les autres: Par le moyen de cette croix, ils se munissaient contre les visions nocturnes et la mettaient sur les enfants qui naissaient »>'.

Parmi les ruines qui se trouvent dans l'île de Zaputéro, dans le lac de Nicaragua, on a trouvé de vieilles croix révérées par les Indiens. Les fouilles que l'on a faites dans le cimetière de Juigalpa ont fait découvrir une très grande quantité de statues

1) H. Coudreau, Chez nos Indiens. Quatre années dans la Guyane française, P., Hachette, 1893, p. 358.

2) Tour du Monde, 1892, 1" sem., p. 92. H. Coudreau, loc. cit., p, 606.

3) Fr. Lopez de Gomara, Histoire générale des Indes Orientales et Terres Neuves qui iusques à present ont été découvertes, trad. Fumée, Paris, 1577, in-8°, 1. II, ch. LXXXI, p. 128.

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