Slike strani
PDF
ePub

mieux vaudrait abandon er un mot lié indissolublement à des idées et à des croyances que dépasse l'esprit moderne. Cependant, je ne pouvais pas me cacher un fait la conscience contemporaine commence à employer ce mot d'une manière plus libre et plus créatrice. Elle a apprécié l'élément de dévouement et de loyauté qu'a entretenu la religion, malgré ses nombreuses insuffisances. On dit fréquemment qu'un homme s'est fait une religion d'une chose qui l'intéresse, On dit le socialiste se fait une religion du socialisme; le réformateur social, une religion de son œuvre de philanthropie; l'artiste, une religion de son art. Par là nous voulons dire que chacun d'eux s'est jeté de tout son cœur sur l'un de ces terrains. Et, positivement, cela signifie qu'il a trouvé ce salut concret et vivant qu'un effort idéal apporte toujours à un homme. Il est rempli de l'esprit d'une ardente loyauté envers ce qu'il apprécie. Il a laissé derrière lui les choses purement conventionnelles, le cours des us et coutumes; il s'est exalté avec un dessein vivant qui illumine et concentre son être. On en viendra, je pense, à qualifier de religieux cet esprit et cette attitude, quels que soient les objets auxquels ils se rattachent. N'avons-nous pas là une marque d'identité qui justifie la conservation de ce vieux mot? Le terme de moralité est trop froid pour les oreilles de la plupart des hommes. En outre, les valeurs morales ne sont qu'une partie de l'immense foule d'appréciations auxquelles l'homme répond. Il faut un terme général, capable d'employer tous ces intérêts et activités qui donnent à la vie sa variété et sa gloire. Y a-t-il un mot meilleur que celui de religion? » (P. 221.)

[ocr errors]

Telle est l'argumentation de M. Sellars. Ne présente-t-elle pas des points douteux? Si le mot religion est employé dans certaines expressions comme « la religion du socialisme », « la religion de la musique ou même la religion du dandysme », y a-t-il là une création de la conscience contemporaine »? Ne serait-ce pas plutôt une fantaisie de néologisme? De plus, les religions existantes se laisseront-elles dépouiller si facilement de leur vocabulaire? Le christianisme catholique, en particulier, abandonnera-t-il l'adjectif qui le détermine et que M. Sellars emploie volontiers dans son sens étymologique d'universel? M. Sellars affirme que « la solution du problème du corps et de l'esprit est imminente ». Est-ce bien sûr? Quand même cette découverte se réaliserait prochainement,

ruinerait-elle, comme il le prétend, « le dernier rempart du surnaturalisme»? Un savant français, M. Charles Nordmann, écrit: << Quand on aura réduit les phénomènes de la matière vivante à ceux de la matière inorganique, et on n'en est pas là, je ne vois pas en quoi on aura supprimé le domaine de l'inaccessible et du rêve. Dans les myriades d'électrons qui gravitent éperdûment dans l'acier d'une tête d'épingle, n'y a-t-il pas autant de mystère et d'harmonie inexplicable que dans uu fragment de muscle? »

M. Sellars termine son livre sur ces lignes : « Si la religion doit survivre elle doit être humaine et sociale. Ce sont ceux qui insistent sur ses fondement et objet surnaturels qui sont ses ennemis. La vie de l'homme est spirituelle de son plein droit. Aussi longtemps qu'il rêvera de beauté, de bonté et de vérité, sa vie ne manquera pas de religion. »

A. HOUTIN.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

19 p.

AXEL MOBERG.

[ocr errors]

-

[ocr errors]

EDV. LEHMANN, . Skabt i Guds billede. » Lund, Gleerup, 1918. In-8°, Babels Torn, en oversikt. Lund, Gleerup, 1918. In-8°, 75 p. MARTIN P. NILSSON. Die Entstehung und religiöse Bedeutung des Griechischen Kalenders. Lund, Gleerup, 1918. In-8°, 65 p. Ces trois travaux sont extraits de la Festskrift, publiée par l'Université de Lund pour célébrer la 250° année de son existence. Dans la première étude, M. E. Lehman examine le récit biblique d'après lequel l'homme fut créé « à l'image de Dieu. » En étu fiant les passages de la Genèse (I, 26, 27; V, 1) et en les comparant aux anciens mythes babyloniens, l'auteur arrive à ce résultat que le récit de la création de l'homme est devenu de plus en plus conforme au monotheisme les anges (elohim) créent l'homme à leur image ou d'après un autre modèle corporel (Gen. I, 26); 2. Dieu crée l'homme à l'image des anges (Gen. I, 27 b, 51); 3. Dieu crée l'homme à sa propre image (I, 27 a). L'auteur examine ensuite le développement de cette idée de la création « à l'image de Dieu » dans le Nouveau-Testament et chez Philon; il note des analogies dans la philosophie platonicienne.

:

[ocr errors]

La seconde étude, sur la « Tour de Babel », est surtout archéologique. Dans la légende sur la tour de Babel et la confusion des langues (Genèse, ch. x), l'auteur, M. Moberg, distingue deux éléments: un récit relatif à la construction d'une villé et à la confusion des langues et un récit sur la construction d'une tour s'élevant jusqu'au ciel, Dans la suite, après un coup d'œil sur les efforts plus ou moins singuliers des savants des xvi et XVI siècles pour se faire une idée précise de la « Tour de Babel », en se servant d'un passage d'Hérodote, M. Moberg retrace les premières observations et fouilles des voyageurs du siècle dernier, relatives aux «< tours » babyloniennes; il analyse en détail les fouilles plus récentes et examine particulièrement la tour Etemenanki près de Babylone, étudiée récemment par le P. Scheil et M. Dieulafoy. Selon lui, c'est cette construction énorme, tombée d'assez bonne heure en ruines (p. 70) qui aurait donné lieu à la légende de la « tour de Babel ». Quelques conjectures sur l'origine de ces singulières tours à terrasses (zikkurat) des anciens Babyloniens terminent le mémoire.

Le dernier travail, de M. Nilsson, connu par ses travaux sur la chronologie antique, est une étude sur l'origine et la signification religieuse du calendrier grec. Une étude de ce genre se prête mal à l'analyse, surtout par un profane :

nous nous bornons à signaler ce mémoire, rempli de faits et de rapprochements, à ceux que ces études intéressent.

G. HUET.

J. TIXERONT. Précis de patrologie. Paris, J. Gabalda éditeur, 1918, in-12, 1x+514 p. Les ouvrages relatifs à la patrologie et à la patristique ne faisaient pas défaut jusqu'à présent. Mais les uns etaient vieillis ou épuisés; d'autres visaient un public d'érudits trop spécial, pour qu'on pùt les mettre entre les mains de tout le monde.

Il fallait avoir, en un exposé clair et facile à consulter, une maniere de manuel qui tînt compte des derniers travaux de la critique, qui ne fût pas hérissé de notes, et qui n'apparût pas trop rebarbatif aux personnes que la patrologie est susceptible d'intéresser, mais qui ne sont pas initiées aux éditions critiques et aux recherches spéciales à ce canton de la'primitive littérature chrétienne.

Tel fut le propos de M. Tixeront et il me semble avoir pleinement atteint son but. Ce nouveau manuel de patrologie rendra de bons services, permettra une orientation facile et économisera du temps pour des recherches ultérieures.

L'ouvrage est réparti en trois périodes. Dans la première, on s'occupe des pères des trois premiers siècles, et l'on traite successivement des pères apostoliques, des apologistes du e siècle, de la littérature dite hérétique et apocryphe du 11° siècle; un chapitre est consacré aux adversaires de l'hérésie au siècle; le chap. v traite des écrivains orientaux du siècle, et le chap. vi envisage les écrivains occidentaux de la même époque.

La deuxième période marque l'apogée de la littérature patristique et va de l'an 313 à l'an 461. On y traite de la littérature grecque hétérodoxe, des écrivains d'Alexandrie et de l'Egypte, d'Asie-Mineure et de Thrace, d'Antioche et de la Syrie. Un chapitre, trop court à notre avis, s'occupe des écrivains de langue syriaque, en particulier d'Aphraate et d'Ephrem. Puis on arrive aux écrivains de l'Occident, Hilaire, Ambroise, Rufin, Jérôme, etc.

Avec la troisième période, on envisage la décadence et la fin de la littérature patristique (461-750). Tour à tour passent devant les yeux du lecteur les Grecs (Sévère d'Antioche, Pseudo-Deny l'Areopagite, Léonce de Byzance. Evagrius, etc.), les Syriens et les Arméniens (Barsauma, Narsès, Henana, Jacques de Saroug, Grégoire l'Illuminateur, Sahak le Grand, David l'Arménien, Jean Mandakouni, etc.) et enfin les Latins (Césaire d'Arles, Grégoire de Tours, Apollinaire, etc.).

Telle est, dans son ensemble, l'économie de ce manuel, qui rendra de bons services aux débutants, leur facilitera une première initiation et les incitera peut-être à continuer leurs études dans un domaine qui est loin d'être dépourvu d'intérêt.

Frédéric MACLER.

[ocr errors]

net.

Bernard L. MANNING, B. A. The People's Faith in the Time of Wyclif. Cambridge, University Press, petit in-8°, 1919, xvi-196 p. Prix :7 s. 6, Ce petit livre est une thèse qui a remporté le prix Thirlwall, en 1917. Après avoir exposé la place tenue dans la vie chrétienne par la messe, le sermon et le confessionnal, l'auteur explique ce qu'était la dévotion anglaise au XVI siècle et quelles y furent les principales opinions au sujet de la pauvreté, du libre arbitre et de la prière. Bien que le titre de l'ouvrage soit général, l'essai ne prétend traiter que des principales croyances et pratiques du peuple. Les témoignages, tirés des auteurs du temps,, présentent beaucoup de renseignements en peu de mots. Ça et là, l'auteur exprime des remarques. En voici un exemple :

Il se peut que l'Angleterre catholique ait été une Angleterre joyeuse. << Merrie England ». Mais si quelques plaisirs existèrent à cause de l'Église, il y en eut au moins tout autant qui existèrent malgré elle. Comme au sujet des superstitions, l'Église prit une attitude critique au sujet des plaisirs du peuple : elle en approuva, parce qu'ils pouvaient être utiles à elle-même ; elle en désapprouva, parce qu'ils ne la servaient pas. Représenter l'Église comme une force tendant à accroître la joie, ce n'est montrer qu'un côté du tableau. »

A. HOUTIN.

F. MACLER. · La version arménienne de l'histoire des Sept Sages de Rome. Introduction par V. CHAUVIN. Paris, 1 vol. in-18 jés. xxx11-217 pages (T. X de la Petite bibliothèque arménienne).

On sait qu'une des branches du Livre de Sindibâd porte le nom d'Histoire des Sept Sages de Rome: elle n'existe que dans les littératures occidentales'. Le plus ancien texte connu, comme l'a démontré G. Pâris, est une rédaction française sur laquelle a été faite l'Historia septem Sapientum. Une comparaison de cette version latine avec la traduction arménienne, euvre du curé Yakob de Thokhat à Zamostra en Pologne, en novembre 1613, et la déclaration du traducteur, montre que c'est la version latine et une des recensions françaises qui a été mise en arménien, probablement sur un texte imprimé.

L'introduction due à M. Chauvin et placée en tête du volume, est un chapitre qui complète, au point de vue de la version arménienne, les travaux antérieurs de Lerch', de F. Müller3 et de Murko. La version arménienne

1) Cf. le tableau, d'ailleurs incomplet, du rapport de ces versions dans l'édition du Libro de los engaños y los asamientos de los mugeres par Bouillo et San Martin, Barcelone, 1904, in-16, p. 15.

2) Ueber die armenische Bearbeitung der sieben weisen Meister,Orient und Occident, t. II, Göttingen, 1864, p. 369-374.

3) Ueber die armenische Bearbeitung der sieben weisen Meister, Winer Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes. Vienne, t. IV, 1890, p. 213-216. 4) Beiträge zur Textgeschichte der Historia septem Sapientum, Zeitschrift für vergleichende Litteraturgeschichte, t. L. Berlin, 1892, p. 27-33.

« PrejšnjaNaprej »