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ayant été faite en Pologne, il serait intéressant de la comparer aux versions polonaises mentionnées par Murko et dérivant, au moins celle de Jan z Koszyczek, d'un texte latin qui pourrait être celui qu'a suivi Yakob de Thokhat. A la suite de sa notice, M. Chauvin a complété les indications données par lui dans le t. Vill de la Bibliographie des ouvrages arabes. Pour les rapprochements, je rappellerai ceux que j'ai ajoutés dans mon compte-rendu de ce dernier volume et aussi un conte chinois venu de l'Inde {traduit par Chavannes, Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois et l'article de M. G. Huet, Le conte du Trésor pillé, le trésor du roi Rampsinite dins le roman de Berinas *.

Quoique la version arménienne n'occupe qu'une place secondaire dans l'histoire de ce cycle, M. Macler a rendu un service signalé en la rendant accessible aux folkloristes à qui la connaissance de l'arménien est étrangère et il a droit à tous nos remercîments. René BASSET.

A. RENAUDET. Erasme. Euvres choisies. Préface, traductions et notes. Paris. La Renaissance du Livre, s. d. 1 vol. in-12 de 202 p. - M. A. Renaudet, qui a publié récemment un livre considérable qui renouvelle ou plutôt institue la connaissance du préhumanisme français, nous donne dans la collection des Cent chefs-d'œuvre étrangers dirigée par M. Wilmotte un excellent petit volume; il fournit sur Erasme et son œuvre l'essentiel de ce qu'en doit savoir un homme cultivé et en outre bien des choses qu'un érudit devrait connaître. Il renferme une traduction nouvelle de l'Eloge de la Folie qui redresse sur bien des points celles de Nisard et de Develay, une traduction des Colloques que trop modestement M. Renaudet présente comme une simple correction de celle de Gueudeville; une bibliographie où n'a été conservé que le meilleur de la Bibliotheca Er ismiana; enfin une vie d'Erasme où, en 19 pages, M. Renaudet fait tenir à peu près tout ce qu'on sait de précis sur les faits de cette vie studieuse, sur les étapes de cette pensée toute de nuances. Le semipélagianisme modéré d'Erasme, l'incertitude de sa position philosophique, sa morale également éloignée du renoncement mystique et de l'orgueil stoïcien «< et qui laisse pressentir Montaigne et l'honnête homme du xvn siècle v sont présentées en quelques lignes, mais avec une parfaite précision, dans leur conflit avec certaines solutions violentes de la réforme luthérienne, M. Renaudet fait des Colloques le sommet de l'œuvre d'Erasme, la réalisation la plus complète de son génie de moraliste et de son art supérieurement pondérě. – P. A. 1) Die Geschichte von den sieben weisen Meister bei den Slaven, Vienne, 1890, in-8, p. 70-87.

2) Revue des Traditions populaires, t. XX. 1905, p. 328-333.

3) Paris. 1910-1911, 3 vol. in-8, t. II, no 379, p. 380 388. Un autre conte chinois est mentionne dans l'article ci-après de M. Huet.

4) Revue des Traditions populaires, t. XXXI, septembre-octobre 1916, p. 208-217; novembre-décembre, 1916, p. 261-274.

CHRONIQUE

NECROLOGIE

G. Bonet-Maury. Nous avons appris avec émotion, au moment où notre dernier numéro était en cours de tirage, la mort d'un ancien collaborateur de notre Revue qui en était resté l'un des plus fidèles et des plus précieux amis. M. Gaston Bonet-Maury, professeur à la Faculté libre de théologie protestante, est mort le 20 juin 1919. Il était né en 1842, à Paris.

Toute sa pensée, toute sa vie laborieuse étaient commandées par un ardent libéralisme religieux on ne pourrait guère citer que sa thèse de doctorat sur G. A. Burger et les origines anglaises de la ballade littéraire en Allemagne (1889) qui ne fût pas consacrée à quelque précurseur ou à quelque époque de la libre pensée depuis le Moyen Age. Sa thèse de licence en théologie (1878) étudiait les sources néerlandaises du livre De Imitatione Christi, sa thèse latine de doctorat (1889) les « Frères de la vie commune >>> (il avait déjà publié en 1878 un livre sur leur fondateur, Gérard de Groot): le mysticisme orthodoxe ou hétérodoxe du Moyen-Age dans les Pays-Bas lui apparaissait comme un effort inconscient vers le libre esprit, et il devait reprendre cette explication, quelque peu unilatérale, dans ses Précurseurs de la réforme et la liberté de conscience dans les pays latins du XIIe au XIVe siècle (1904). Il apportait cette sympathie généreuse à ses études sur tous les héros de cette histoire souvent tragique : la Revue de l'Histoire des Religions publia de lui (t. XI, p. 133 sq.) un article sur Akbar, initiateur de l'étude comparée des religions et précurseur de la tolérance dans l'Inde; les destinées du groupe « vieux-catholique » et surtout la pensée de Döllinger n'ont pu être utilement connues que grâce aux travaux de G. Bonet-Maury (trad. française des Lettres et déclarations d'Ignaz v. Döllinger (1893), préface de La Papauté d'I. v. Döllinger (trad. GiraudTeulon rééditée). Toute a évangélisation », si légitime qu'elle fût, devait selon lui, rendre justice aux doctrines qu'elle rencontrait et qu'elle entendait remplacer (v. ses deux livres : l'Islamisme et le Christianisme en Afriqu' (1906), France, christianisme et civilisation (1907), sa communication sur les Confréries musulmanes et les ordres monastiques chrétiens au Congrès d'Oxford en 1908). Dans son Histoire de la Liberté de conscience en France de l'Edit de Nantes à Juillet 1870 (1900), il proclamait sa foi dans une harmonie possible des

croyances philosophiques et religieuses « par la recherche sincère de la vérité et le respect des consciences ». Il fut un des plus enthousiastes adhérents du Congrès des religions à Chicago en 1893, en exprima chaleureusement les tendances spirituelles, en consigna sans amertume les résultats surtout verbaux dans un intéressant volume paru en 1895. D'ailleurs, G. Bonet-Maury salua nos Congrès d'Histoire des Religions comme un prolongement pratique du Congrès de Chicago (v. son Discours comme délégué du Ministre de l'Instruction publique au Congrès d'Histoire des Religions à Paris en 1900, dans R. H. R., t. XLII, p. 195). Le honteux manifeste des 93 «< intellectuels » allemands dut, par quelques-unes de ses signatures, surprendre cruellement cet esprit très sincère, cette bonté toute cordiale.

P. A.

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PUBLICATIONS DIVERSES

Le P. Scheil a publié (Ecole pratique des Hautes-Etudes. Sect. des sciences hist, et philol. Annuaire 1918-1919) sous le nom de poème d'Agušaya une œuvre poétique des plus curieuses du roi Hammourabi, tentative de syncrétisme pleinement réussie puisque jusqu'ici on admettait l'identité des trois déesses Istar, Agušaya et Şaltu (Anuşaltu). Non seulement il y avait là trois déesses distinctes, mais primitivement elles étaient ennemies. «Istar d'Uruk avait comme rivale Şaltu, qui est Istar de Sippar Anuşaltu. Agušaya était l'Istar de quelque groupe ethnique, nouveau venu dans le monde babylonien. Les poètes, qui furent dans l'antiquité les théologiens du peuple, enseignèrent donc que ces trois Beltis s'étaient accordées entre elles au séjour des dieux, comment nulle incompatibilité ne les opposait l'une à l'autre. »

et

Dans le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1918, p. 118, M. Eusèbe Vassel discute l'Ancienneté de la crémation à Carthage. Il semble bien qu'on ait constaté quelques cas anciens d'incinération, notamment pour un carthaginois du nom de Ger-Ba'al et M. Vassel a raison de mettre les archéologues en garde contre des théories trop absolues. Il n'en reste pas moins que la crémation était une coutume étrangère aux Phéniciens et aux Israélites, et un emprunt à des civilisations étrangères. L'exemple du corps de Saül et de ses fils ne nous paraît pas devoir rentrer dans les rites d'incinération, mais répondre aux honneurs qu'on rendait aux rois. Il ne faut pas perdre de vue que l'incinération, les rites d'inhumation, les ensevelissements secondaires, sont des pratiques qui ont toutes le même objet les soins donnés à l'âme du défunt, l'aide qu'on lui prête pour se séparer du corps, pour s'installer dans la tombe, en même temps qu'on l'entoure de soins,' on se gare

de ses retours offensifs et on se libère de toute attache avec elle. La préférence donnée suivant les cas, les milieux, la position sociale, à l'un ou à l'autre de ces rites n'a rien qui doive surprendre.

A l'occasion de l'entrée au musée du Louvre du buste de Mélitiné, prẻtresse du Métroon du Pirée, M. Étienne Michon (Mémoires de la Société Nationale des antiquaires de France, t. LXXV) rappelle l'intérêt des fouilles pratiquées en 1855 par le général marquis de Vassoigne. Il en sortit non-seulement ce buste qui conserve sa dédicace, mais aussi une statuette, depuis longtemps au Louvre, montrant la mère des dieux assise sur un trône, la tête coiffée du modius, un lion accroupi au côté droit du trône. M. P. Foucart en fit état pour définir la nature de la déesse adorée dans le temple du Pirée. « Le Me-troon du Pirée, résume M. Michon, n'était pas un sanctuaire d'Etat. Il appartenait à des Orgéons dont les décrets nous font suivre l'existence depuis le commencement du m° siècle av. J.-C. jusqu'à l'époque impériale. Seuls ces Orgéons, à la différence de ce qui se passait au Métroon d'Athènes, associaient à la déesse elle-même son compagnon des cérémonies phrygiennes, Attys, dont ils célébraient la fête et pratiquaient les mystères. Il y a là la donnée capitale que les textes dus aux fouilles de 1855 ont permis à M. Foucart de dégager, en même temps qu'ils l'autorisaient à retrouver dans la déesse deux autres traits de la Mère des Dieux, la croyance à ses guérisons miraculeuses et son assimilation au moins partielle à l'Aphrodite syrienne ou Astarté. Mais celte confrérie, quel en était le fonctionnement, quels en étaient les dignitaires? Les textes encore rendent possible de répondre. Le premier rang revenait à une prêtresse désignée par le sort pour un an, qui avait le temple sous sa dépendance, présidait à son entretien, l'ouvrait aux jours fixés, veillait à tout ce qui concernait le service religieux et en particulier aux sacrifices offerts au nom de la communauté. Il existait aussi un prêtre, mais dont l'importance était secondaire. Les prêtresses hors de charge, de plus, ne perdaient pas toute autorité elles formaient une sorte de collège qui jouait également un rôle. »

Le Dr Carton a fait connaître à l'Académie des Inscriptions (Comptesrendus, 1918, p. 338) les découvertes dues au capitaine Fradet à Bir-Derbal, dans la région de Ghardimaou (Tunisie). Nous signalerons plus particulièrement deux ou trois édicules ayant constitué un sanctuaire de Saturne et renfermant un grand nombre de statues et de statuettes en terre cuite, accumulées comme des ex-voto dans des chambres munies de niches, de colonnes et d'autels. Ce sanctuaire antique, du 11° siècle de notre ère, a livré des fragments d'une statue en terre cuite de grandeur naturelle, analogue à celles déjà rencontrées dans le sanctuaire de Tanit et Baal à Siagu, corps de femme et mufle de lion. M. Merlin a proposé de reconnaître dans cette sorte de Sekhet, le Genius Terrae

Africae. Ce vocable n'est encore fondé que sur une ingénieuse lecture proposée par M. Babelon pour les lettres G. T. A. qui figurent sur une monnaie romaine auprès de la représentation de la même déesse léontocéphale; mais il est fort vraisemblable. Toutefois, ce n'était là que l'appellation latine, la déesse devait avoir un autre nom indigène. Il ne serait pas difficile d'avancer une conjecture; mais il vaut mieux attendre de nouveaux éléments d'information.

Sous le titre Ecrits hermétiques, M. Fr. Cumont (Revue de Philologie, 1918, p. 63 et suiv.) étudie d'abord « les douze lieux de la sphère ». Il aborde ainsi l'explication d'un groupe d'écrits relatifs à l'astrologie et à la médecine astrale dont on s'était abstenu de traiter jusqu'ici. D'après M. C. l'opuscule Peri tón dodeka topon remonte à l'époque des Ptolémées. Il en examine la doctrine et cherche à en déterminer la source. Dès l'époque perse, d'ailleurs, l'astrologie introduite de Babylone en Egypte y trouva un terrain favorable; mais la caste sacerdotale de la vallée du Nil fit honneur de l'invention au grand dieu Thot. Il n'est point aisé de se reconnaître dans des théories astrales qui ne manquent pas d'arbitraire et il faut toute l'expérience et la science de M. Cumont pour mettre quelque logique dans cette confusion. Il arrive ainsi à expliquer comment la vieille division du ciel en huit parties est devenue la dodécade d'Hermès Trismegiste. Élaborée dans l'Égypte des Ptolémées, la doctrine des douze lieux s'est imposée à toute l'astrologie romaine et médié vale.

Dans la seconde partie de son étude sur les Ecrits hermétiques, M. Fr. Cumont retrouve dans Thessalus, un des maîtres de l'école dite «< méthodique »>, l'auteur d'une lettre à un empereur et d'un petit traité sur les plantes astrales dont Charles Graux s'était occupé dès 1878. Gomme il s'agit vraisemblablement d'une œuvre de jeunesse, l'auteur n'y parlant que de sa vie d'étudiant, le traité en question remonterait à l'époque de Claude. La doctrine de Thessalus s'inspire d'un traité médico-magique attribué à Nechepso et qui datait de l'époque des Lagides. « L'action de l'astrologie égyptienne sur la médecine fut un épisode particulier d'un phénomène historique beaucoup plus vaste ». Dès le règne d'Auguste « les nouvelles institutions politiques s'inspirèrent de l'administration des Lagides, la religion accueillit les mystères d'Isis, les lettres et les arts imitèrent des modèles alexandrins, les sciences traduisirent les œuvres des savants du Musée ».

L'ancienne liturgie des églises orientales est certainement riche en survivances des cultes antiques. Etudiant la triple commémoration des morts célébrée par l'Église byzantine les 3, 9° et 40 jours après le décès, M. Franz Cumont (Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions, 1918, p. 278) aboutit à d'intéressants résultats. Avec le 9e jour, c'est la vieille ennéade des

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