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merveilleuses et les récits relatifs aux religieux et aux dévots musulmans, qu'Ibn Batoutah rencontra dans le cours de ses voyages. D'ailleurs, les noms propres de lieux sont écrits dans son livre d'une manière souvent peu correcte. La version de M. Lee manque quelquefois d'exactitude, même dans des passages fort simples et très-faciles. Les vers y sont rendus très-librement, et le mètre que le traducteur leur attribue n'est pas toujours le véritable. Mais M. Lee a enrichi sa traduction d'un grand nombre de notes, dont plusieurs complètent ou expliquent utilement l'abrégé sur lequel il travaillait.

Un religieux portugais, feu le P. José de Santo-Antonio Moura, avait entrepris une version portugaise de la relation originale, dont l'académie de Lisbonne a publié, en 1840, le premier volume1. Cette traduction a été faite sur un manuscrit que le P. Moura avait acheté pendant son séjour à Fez, en 1797 et 1798. Le seul volume publié jusqu'à ce jour correspond à la première partie de l'original, et finit à l'arrivée d'Ibn Batoutah dans le Pendjab. Dans sa préface (p. 1 et vi), le P. Moura assure qu'il a traduit fidèlement son manuscrit, lequel, ajoute-t-il (p. v), est d'une belle écriture et d'une excellente conservation, à de rares exceptions près. Il le croit même copié sur un manuscrit d'Ibn Djozay, qu'il appelle Ibn Djazi. Il ne commence sa traduction qu'au départ d'Ibn Batoutah de Tanger, « parce que, dit-il, les deux premiers feuillets du tome I de sa copie ont souffert, et qu'il y manque plusieurs mots, cachés par le papier blanc qui rejoint les déchirures. » La version du P. Moura est loin d'être

1

Viagens extensas e dilatadus do celebre Arabe Aba Abd Allah, mais conhecido pelo nome de Ben Batuta, Lisboa, petit in-4° de vir

et 533 pages.

B

A

toujours exacte, ce religieux étant, selon toute apparence, plus familiarisé avec l'idiome parlé qu'avec la langue savante. Mais le plus grand défaut de sa traduction, c'est de présenter de très-nombreuses suppressions. A la vérité, l'interprète portugais en a quelquefois averti son lecteur, mais, le plus souvent, il a négligé de le faire. Il ne s'est pas contenté de passer sous silence, sans le moindre avertissement, tous les vers qu'offre l'original et dont plusieurs sont, il est vrai, des hors-d'œuvre, comme il l'a fait aussi pour toutes les citations d'Ibn Djobeïr, etc., etc. Mais il a souvent omis des chapitres entiers, tels que celui relatif aux savants d'Alexandrie (p. 33 à 44 ci-dessous), se bornant à dire dans une note (p. 12): «L'écrivain arabe fait ici une énumération étendue et ennuyeuse des kâdhis, savants et docteurs existant alors à Alexandrie. Comme je l'estime sans profit pour l'histoire, je l'omets. » Il a également passé, sous le même prétexte, l'article des émirs du Caire, celui des kâdhis, des savants et des notables de cette métropole (p. 85 à 93 ci-dessous). Enfin, il y a çà et là des omissions, même dans la description de Médine et dans celle de la Mecque. Calcul fait, les suppressions opérées par Moura, dans les chapitres de l'Egypte et de la Syrie seulement, équivalent à plus d'un quart de la relation originale de ces deux contrées. Il résulte d'une note sur les pages 14 et 15 de Moura, que son manuscrit indiquait souvent la prononciation des noms propres et de ceux des localités. Malgré cela, la plupart des noms d'hommes et surtout de lieux sont fort incorrectement écrits dans la traduction portugaise, ainsi que MM. Reinaud et Dozy en ont déjà fait l'observation.

Plusieurs morceaux importants de la relation originale

ont été traduits en français dans ces dix dernières années. Le premier, contenant le voyage dans le Soudân, est dû à M. le baron de Slane, qui y a joint des notes, et l'a fait suivre d'une lettre à M. Reinaud, sur le manuscrit autographe1. Get extrait a été l'objet de plusieurs observations, de la part de M. Fulgence Fresnel 2.

M. Édouard Dulaurier a donné, dans le Journal asiatique3, le texte et la traduction, accompagnés de notes savantes, du chapitre relatif aux îles de l'archipel indien.

L'un de nous a traduit, à plusieurs reprises, des portions étendues de l'ouvrage original. Il a publié, en premier lieu, les Voyages d'Ibn Batoutah dans la Perse et dans l'Asie centrale; puis, le Récit du voyage en Crimée et dans le Kiptchak; puis encore, les Voyages dans l'Asie Mineureo; et, enfin, le chapitre relatif au sultan mongol des deux Irâks et du Khoràçân, Abou Sa'îd'. Tous ces extraits sont accompagnés de notes; ils seront reproduits dans le second volume de la présente publication, avec les changements que pourront nécessiter la suppression

1 Journal asiatique, numéro de mars 1843, p. 181-246. Ibid. janvier 1849, p. 61-63.

3 Février, mars 1847. Il y en a eu des exemplaires tirés à part. Paris, Imprimerie royale, mai 1847, in-8°, de 86 pages.

4

* Nouvelles annales des voyages, janvier, avril, juillet 1848. Il en a été fait un tirage à part. Paris, E. Thunot, 1848, in-8°, de 162 pages. 5 Journal asiatique, juillet et septembre 1850. (Reproduit dans l'ouvrage intitulé : Fragments de géographes et d'historiens arabes et persans, inédits, relatifs aux anciens peuples du Caucase et de la Russie méridionale, par M. Defrémery, p. 137-208.)

Annales des voyages, décembre 1850, janvier, mars, avril 1851. Il y en a eu des exemplaires tirés à part. Paris, E. Thunot, 1851, in-8° de 96 pages.

'Journal asiatique, février-mars 1851. Reproduit dans les Fragments de géographes, etc., p. 255-264.

B.

du commentaire et une nouvelle étude du texte arabe, faite sur un plus grand nombre de manuscrits.

Enfin, au commencement de l'année dernière, M.Cherbonneau, professeur d'arabe à Constantine, a donné une traduction libre et un peu abrégée du commencement de l'ouvrage, jusqu'au départ d'Ibn Batoutah pour la Syrie, moins toutefois la préface1. M. Cherbonneau n'a eu à sa disposition qu'un seul manuscrit, très-moderne et assez peu correct. Aussi sa version laisse-t-elle quelquefois à désirer; mais il y a joint des notes, dont plusieurs offrent de l'intérêt. Cette version a été revue en quelques endroits sur l'original arabe et augmentée d'un petit nombre de notes, par l'un des auteurs de la présente traduction.

II.

Dans les pages précédentes nous avons essayé d'apprécier l'importance de l'ouvrage que nous publions, et nous avons énuméré tous les travaux dont il a été jusqu'ici l'objet, tant sous sa forme originale que dans les deux rédactions abrégées qui l'ont d'abord fait connaître à l'Europe savante. Nous devons maintenant exposer quels secours nous avons eus à notre disposition pour établir notre texte.

La Bibliothèque impériale possède cinq manuscrits d'Ibn Batoutah, dont deux seulement renferment tout l'ouvrage; deux autres peuvent, par leur réunion, former un troisième exemplaire, enfin, le cinquième présente plusieurs lacunes considérables.

Le premier de ces manuscrits porte le n° 907 du fonds supplémentaire arabe, mis en ordre par M. Reinaud. Il

Nouvelles annales des voyages, février, mars, avril, mai 1852. Il y en a eu des exemplaires tirés à part. Paris, Arthus Bertrand, 1852, in-8° de 88

pages.

nous offre, comme l'a démontré M. le baron de Slane, l'autographe d'Ibn Djozay. On a vu plus haut que tel était le nom, ou plutôt la désignation patronymique du rédacteur des Voyages d'Ibn Batoutah. Cet écrivain, dont le vrai nom était Abou Abd Allah Mohammed, fils d'Abou'lkacin Mohammed, avait vu le jour à Grenade, en l'année 721 de l'hégire (1321 de J. C.). Il appartenait à une branche de la tribu arabe de Kelb, qui s'était établie en cette ville, lors de la conquête de l'Espagne par les musulmans. Son père, Mohammed ibn Ahmed, mort en l'année 741 (1340-1341), s'était fait remarquer par son savoir et ses écrits1. Notre auteur entra au service d'Abou'lhaddjâdj Yoûcef, roi de Grenade, et fut employé dans les bureaux du gouvernement. Mais ayant été puni injustement par son maître et déchiré même à coups de fouet, il abandonna sa patrie et passa à la cour du sultan de Maroc, Abou Inân, qui le nomma son câtib (secrétaire). C'était un homme d'une grande érudition et un calligraphe du premier ordre. Il se distingua dans plusieurs branches de la littérature: poésie, histoire, philologie et théologie. Ces divers titres le désignèrent au choix d'Abou Inân, pour rédiger les voyages d'Ibn Batoutah, tâche qu'il acheva en moins de trois mois, à l'aide des notes dictées par notre voyageur. Il ne survécut que huit mois à ce travail, et mourut en 1356. Quant à Ibn Batoutan, il prolongea sa carrière jusqu'en l'année 779 (1377-1378) 2.

Ledit manuscrit 907 est de format in-4°, et revètu

1 Un de ces écrits se trouve dans la bibliothèque de l'université de Leyde, sous le n° 601 du Catalogue de M. R. Dozy, t. II, p. 79.

note.

2 Journal asiatique, mars 1843, p. 183 et 244-246.

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