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REVUE

DE

L'HISTOIRE DES RELIGIONS

PUBLIEK SOUS LA DIRECTION DE

MM. RENÉ DUSSAUD ET PAUL ALPHANDÉRY

AVEC LE CONCOURS DE

MM. E. AMÉLINEAU, A. BARTH, R. BASSET, A. BOUCHE-LECLERCQ, J.-B. CHABOT, E. CHAVANNES, FR. CUMONT, E. DE FAYE, G. FOUCART, A. FOUCHER, COMTE GOBLET D'ALVIELLA, I. GOLDZIHER, H. HUBERT, L. LÉGER, ISRAEL LÉVI, SYLVAIN LEVI, G. MASPERO, M. MAUSS, A. MEILLET, ED. MONTET, A. MORET, P. OLTRAMARE, F. PICAVET, C. PIEPENBRING, M. REVON, J. TOUTAIN, A. VAN GENNEP, TC.

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L'ORIGINE DU THYRSE

En préparant l'article THYRSVS pour le Dictionnaire des Antiquités, j'ai été frappé de la complexité et de l'incertitude que présentait tout ce qui touchait à l'origine de cet emblème dionysiaque. Ne pouvant y traiter avec le développement nécessaire des questions qui n'avaient jamais encore fait l'objet d'un travail d'ensemble, j'ai cru qu'il ne serait pas inutile de grouper ici, en une étude spéciale, les notes réunies sur les points qui intéressent le plus l'histoire religieuse.

Dès le milieu du vie siècle, le thyrse, sous sa forme naturelle, celle d'une branche d'arbre, apparaît dans la céramique attique à figures noires. Au début du ve siècle, avec la céramique à figures rouges, il prend une forme artificielle : une hampe formée par un roseau ou par un rameau, un couronnement fait de feuilles de lierre ou de vigne'. Le plus ancien exemple du mot 0úpsos se trouve dans le Dionysalexandros de Kratinos, représenté en 430. Quand Euripide lui donna, par ses Bacchantes, droit de cité dans la littérature grecque, il

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1) Pour tout ce qui a trait à l'archéologie figurée je me permets de renvoyer une fois pour toutes à mon article THYRSVS.

2) C'est en décrivant l'accoutrement de Dionysos qu'il le nomme : eúprov, xpoxwτóv, πoixiλov, xapyńotov, Com. Gr. Fragm. de Kock, I, p. 23. Cf. M. Croiset, Rev. d. Ét. grecques, 1904, p. 303.

3) Voici les principaux passages : 25 : θύρσον τε δοὺς ἐς χεῖρα, κίσσινον βέλος ; 78 : ἀνὰ θύρσον τε τινάσσων; 176 : θύρσους ἀνάπτειν; 188 : θύρσῳ κροτῶν γῆν; 240 : παύσω κτύποντα θύρσον ; 254; 454 : χρυσῶπα τινάσσων ἄνα θύρσον; 704; 710 : ἐκ δε κισσίνων θύρσων ; 733 : θύρσους ἐξανιεῖσαι χερῶν; 798; 835 ; 941 : θύρσον δεξιᾷ λαβὼν; 1054 : αἱ μὲν γὰρ αὐτῶν θύρσον ἐκλελοιπότα κισσῷ κομήτην αὖθις ἐξανέστερον; 1099 : ἄλλαι δὲ θύρσους ἵεσαν δι' αἴθερος; 1141 : πήξας ἐπ ̓ ἄκρον θύρσον ; 1156 :

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paraît avoir eu un certain caractère exotique; en 411, Aristophane se raillait des βακχῶν θυρσαδδωᾶν καὶ παδωᾶν'. Or, on sait qu'Euripide composa ses Bacchantes en 407 à la cour d'Archélaos, roi de Macédoine, pour aider, semble-t-il, au succès en Grèce des rites orgiaques de Dionysos qui n'étaient encore reçus, hors de Thrace et de Macédoine, qu'à Delphes et, peut-être, à Thèbes. Nous voici déjà orientés vers le Nord de la Grèce pour l'origine du thyrse.

L'étude du mot 0úpcos en lui-même va nous permettre de préciser.

Le mot n'a guère dû entrer avant le milieu du ve siècle dans le grec d'Athènes. S'il s'y était acclimaté en perdant son aspect étranger, le groupe -pc- s'y serait assimilé en -pp. Ainsi, en 452, quand les Athéniens envoient leur clérouquie en Chersonèse, ils appellent les habitants Xepoovycitat. Dans "Aιdav ¤λa6ev εúðupcov (Penthée reçut la mort à coup de thyrse). D'après un fr. conservé dans les Grenouilles d'Aristophane (Ranae 1211 = Nauck 752) Euripide avait déjà montré Atóvugos fúpaotσ xαлтòs dans l'Hypsipyle. Mais cette pièce, qui fait partie de la trilogie représentée en 408, a pu être achevée en Macédoine (cf. Grenfell, Oxyr. Pap., vi). L'année précédente, dans les Pheniciennes, Euripide emploie Oupooμavýs (par exemple au v. 792); peu auparavant, dans le Cyclope, Báxya Oupaopópor (v. 64). Dans les Adespota de Nauck, on rencontre une fois le καλλίκαρπον θύρσον (406) et une fois le θύρσος Βακχείου (397). Il est possible que le mot fúpsos ait déjà été porté sur la scène attique par Eschyle dans son Penthée ou ses Hédoniens.

1) Dans le v. 1313 de Lysistrata, représenté en 411. Le scholiaste explique : θυρσαδδωᾶν ὥσπερ αἱ τῶν Βακχῶν· ἀντί τοῦ θυρσαζουσῶν καὶ παίζουσῶν, παρὰ τὸ δονεῖν Tous Oúpoous. Ce sont des Laconiens qui parlent, d'où le & pour . Un des émules d'Aristophane, Lysippos, écrivit une comédie intitulée : & upooxóuos. Peut-être est-elle identique à ses Bazzal qui, postérieures à 409 (cf. Wilhelm, Attische Theaterurkunden, p. 199), sont sans doute une caricature de celles d'Euripide.

2) Pour Delphes, bien que le premier témoignage relatif aux Thyiades appartienne au ive s., tout paraît indiquer que les rites orgiaques s'étaient introduits de Thrace en même temps que le culte de Dionysos, dès les 1x ou vin® s. Pour Thèbes, on doit surtout invoquer, comme à Delphes, l'ancienneté du culte de Dionysos qui y est encore adoré sous forme de colonne (cf. Dionysos Kadmos et Périkionios), la tradition qui faisait de vix la fille de Képhissos et l'affabulation même des Bacchuntes. Selon Farnell, ce seraient les Minyens qui auraient introduit, dès le xu° siècle, le culte de Dionysos en Béotie d'où il aurait gagné d'une part Delphes et Élis, de l'autre Ikaria en Attique (Cults of the Greek States, V, p. 111-3).

les rôles du tribut fédéral, on ne trouve plus que Xeppovyoita:; la forme en preparaît au ir° siècle; sans doute, depuis que la Thrace faisait partie du royaume macédonien, la forme thraco-macédonienne avait prédominé dans le grec hellénistique; la koiné l'avait réimposée à l'attique. De même, les inscriptions et les auteurs attiques n'écrivent que Tuppyvol, Tuppиxós, tandis que ceux qui écrivent en ionien ou en koiné se servent plutôt de Τυρσηνοί, τυρσηνικός '. Cette assimilation n'épargne, dans le grec attique, que des noms de personnes et des noms propres étrangers consacrés par l'usage. Examinons ces noms de plus près.

Comme noms de personnes attiques, on ne trouve à citer que ceux qui commencent par 'Eps- 'Ops- ou Oεpa-. Ces noms doivent être mis en rapport avec les noms thraco-macédoniens semblables, noms de lieu comme Καρσιδάνα, Ονόκαρσις", noms de personnes comme Κερσοβλέπτης ου Κάρσις, comme

1) Cf. Meisterhans-Schwyzer, Grammatik der attischen Inschriften, 3o éd. 1900, pp. 99 et G. Mayer, Gr. Gramm., 3o éd. p. 103. Ces ouvrages donnent toutes les références pour Xeppovnoita: mais sans l'explication proposée ici pour la réapparition de Xepoovnoita. Pour Tuppnvot, la règle n'est pas absolue. Thucydide emploie Tuponvía; mais l'exemple d'Hérodote a pu l'y amener; de même a pu y contribuer ce fait établi par R. Haeckl (Merkantile Inschriften auf Attischen Vasen dans Münchener arch. Studien, 1910) que le commerce des vases, même attiques, avec l'Étrurie, était jusque vers 470 dans la main des Ioniens. Huppós, le nom d'homme est, dès le ve s. av., la seule forme usitée dans les inscriptions attiques tandis que Ilupoós reste employé en poésie au sens de l'adjectif « rouge feu ». L'homérique et l'ionien tapoós (d'où notre terme anatomique tarse) devient de même tappóc en attique.

Le cas est plus complexe pour les quatre fillettes athéniennes bien connues sous le nom d' ἀῤῥηφόροι, ἐῤῥηφοροι ου ἐρσηφόροι. Les inscriptions attiques qui les nomment, toutes postérieures à l'archontat d'Euclide, plusieurs de l'époque im périale, donnent pinpopo (par contre dans l'éolienne Mytilène on connait une ¿paopópos, IG., XII, 2, 255); les textes adoptent l'une de ces graphies selon qu'ils veulent expliquer le nom de ces jeunes prêtresses par l'äpptxos ou apoyos, qui serait la corbeille qu'elles portaient sur leur tête, par les äppta qui y seraient contenus, ou par "Epoŋ, la rosée (cf. l'Ersilia latine) ou celle des trois Cécropides qui la personnifie; on sait que la rosée elle-même était dite pen, ppn ου Έρση; ἄρση, pour Fάρση, est sans doute la forme la plus ancienne puisqu'on dérive avec raison ce mot du sanscrit varshas, mouiller. L'explication des Errhéphores comme «< celles qui portent la rosée » paraît toujours la plus vraisemblable. 2) Voir Tomaschek, Die Alten Thraker, II, p. 47, 84, qui rapproche ces noms

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