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Corinthe on faisait pour lui des prières : « Infiniment au-delà des forces nous fûmes accablés, au point de n'avoir plus aucune chance même de vivre. Ah! nous avons eu sur nous mêmes la sentence de la mort... C'est Dieu qui d'une si grande mort nous tira! »1. A l'émotion qui vibre, on sent que l'évènement est encore proche.

Réconcilié avec les Corinthiens et, par eux, avec les apôtres palestiniens, il ne rêve plus qu'à un grand dessein porter à Jérusalem, comme il l'avait promis2, le tribut en argent des nouvelles provinces qu'il a conquises pour la foi: la Galatie, la Macédoine et l'Achaïe. Il renvoie Titus à Corinthe, avec deux autres frères, pour préparer une belle collecte.

La dernière lettre aux Corinthiens, ou Corinthiens F, (I Cor. XV-XVI, 7) est la réponse à un doute des Corinthiens sur la résurrection des corps. Les Actes de Paul racontent que deux délégués des Corinthiens portèrent une demande de cette sorte à Paul, qui était à Philippes3. Il est possible que comme en d'autres cas le roman brode sur un fait réel.

Paul, maintenant, se range modestement après les apôtres palestiniens, qu'il n'appelle plus avec ironie les suréminents envoyés, les soi-disant colonnes1. Il rappelle d'un mot précis son martyre d'Ephèse : « Si c'est humainement que je combattis les fauves à Ephèse, où fut pour moi le profit ? » Il donne des instructions pour la grande quête, semblables à celles qu'il avait adressées aux Galates, dans une lettre aujourd'hui perdue. Il écrit pendant une tournée en Macédoine. C'est celle que mentionnent les Actes; elle mena Paul jusqu'en Illyricum'. Il annonce sa prochaine arrivée à Corinthe où il veut ne pas passer, comme la dernière fois, mais séjourner et peut-être hiverner ".

1. II., Cor., 8-10 (Corinthiens E).

2. Gal., I, 10.

3. L. Vouaux, Les Actes de Paul, Paris, 1913, p. 247, 253.

4. II Cor., xi, 5 ; x11, 11 (Corinthiens D); Gal., II, 9.

5. II Cor., xvi, 5 : Μακεδονίαν διέρχομαι

6. Act. XX, 2.

7. Rom., XV, 19.

8. I Cor., XVI, 6-7 (Corinthiens F).

Ce projet se réalisa. Paul resta trois mois à Corinthe1. C'est à la fin de ce séjour qu'il dicta sa dernière lettre, la grande lettre aux Romains. Il la confia à une bonne patronne des chrétiens, Phœbé, diakonos de l'église de Kenkréae.

Fort de son accord avec les premiers apôtres, il compose le manifeste chrétien. Il termine en disant qu'il part maintenant pour Jérusalem, où il va porter la collecte de la Macédoine et de l'Achaïe. De Jérusalem il compte aller cette fois jusqu'en Espagne, en passant par Rome. Il ne connaît pas encore Rome mais il connaît déjà beaucoup de frères qui y demeurent, ceux, en particulier, qui ont été chassés d'Ephèse, en même temps que lui ou peu après : Prisca et Aquila, qui, pour le sauver, «< offrirent leur gorge »; Epaenétos, qui fut le premier chrétien de la province d'Asie, Andronikos et Junia, ses parents, apôtres avant lui, qui furent ses compagnons de prison, et d'autres. La réunion de ces noms a fait croire quelquefois, bien à tort, que le post-scriptum de la lettre aux Romains était un billet aux Ephésiens.

Il serait précieux d'avoir une date approximative pour la dernière lettre de Paul, comme on en a une pour la première. On l'aura si une découverte épigraphique fixe l'année où Antonius Félix fut remplacé par Porcius Festus comme procurateur de Judée. C'est deux ans plus tôt que Paul fut arrêté à Jérusalem et gardé à la disposition de l'autorité romaine2. Et la lettre aux Romains est antérieure de quelques mois à cette capture.

La date du rappel de Félix n'est pas sûre. La chronique d'Eusèbe le place la deuxième année de Néron, en 563. On ne peut ni accepter fermement cette donnée, dont la source n'est pas connue, ni la rejeter absolument, car Félix n'a pas dû rester très longtemps en fonctions après la disgrâce de son frère Pallas qui survint en 55. Si on fixe le rappel de Félix vers 56-57, la lettre aux Romains a été dictée vers 54-55.

1. Act., XX, 3.

2. Act., XXIV, 22, 27. Voyez A. Loisy, Les Actes des Apôtres. Paris, 1920, p. 867-868.

3. Eusèbe, Chronicon (texte latin) éd. Schone, II, p. 155.

Les lettres conservées de Paul couvrent donc une période de quatre à cinq ans, entre 50 et 55. Ce furent dans sa vie les années les plus agitées et les plus fécondes. Son âge n'est pas connu. Au moment de l'emprisonnement à Ephèse il s'appelle lui-même un vieillard1. Il devait avoir franchi la cinquantaine. Voici le résumé de cette période et comment se répartissent les lettres.

Séjour à Corinthe d'environ dix-huit mois, vers 50-51 (Thessaloniciens). Pèlerinage à Jérusalem et retour par Antioche, la Galatie et la Phrygie.

Séjour à Ephèse d'environ deux ans (Corinthiens A, B, C et D, Philippiens A). Emprisonnement (Philippiens B, Colossiens, Philémon). Condamnation ad bestias et supplice.

Voyage d'Ephèse en Macédoine (Galates, billet à Titus). Tournée en Macédoine (billet à Timothéos, Corinthiens E et F). Séjour à Corinthe de trois mois (Romains).

Paul-Louis COUCHOUD.

1. Philém. 9 peσbúτys

UN SANCTUAIRE DE TANIT A CARTHAGE

C'est par milliers qu'en divers points de la Carthage punique on a recueilli des stèles offrant à la fois des représentations figurées et des dédicaces à Tanit Péné Baal et à Baal Hammon, ou seulement une image ou une inscription. Les découvertes ont été particulièrement nombreuses dans le quartier qui s'étend entre la colline de Saint-Louis et la mer2 principalement au voisinage des ports antiques3. Malheureusement la plupart de ces monuments ont été trouvés dans des terrains profondément remués par les occupants romains ou byzantins et par les chercheurs de pierres. Il n'est pas douteux cependant qu'on était en présence des restes de sanctuaires qui, de ce côté, formaient à la cité comme une enceinte sacrée (fig. 1).

Dans le courant du mois de décembre 1921, de nouvelles stèles furent déterrées par des Arabes à Salammbô1, non loin du port rectangulaire. Des sondages, aussitôt entrepris sur le lieu de la découverte par MM. Icard et Gielly, ramenèrent au jour un champ de stèles, surmontant chacune des poteries enfouies dans le sol. La trouvaille était d'importance pour la première fois à Carthage, un heureux hasard permettait d'entreprendre le déblaiement d'un lieu de culte punique dans un terrain non bouleversé, où chaque monument, autel ou stèle, chaque gargoulette se trouvait in situ3. Commencées au mois

1. Mémoire communiqué au Congrès des Orientalistes (juillet 1922) et à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres (11 et 18 août 1922).

2. Gsell, Histoire anc. de l'Afr. du Nord, II, p. 80-81; IV, p. 416-417; - C. I. S., nos 180-3225.

3. Gsell, op. cit., IV, p. 417, n. 3.

4. Salammbo (ou Salambô), nom donné récemment à la partie de l'agglomé→ ration carthaginoise située au nord du Kram, à l'est de Douar-ech-Chott, au sud des collines de St-Louis et de Junon, désignées conventionnellement sous le nom de Carthage.

5. Jusqu'à ce jour, on n'avait découvert à Carthage qu'une seule stèle surmontant une poterie enterrée au pied. Cf. Gsell, op. cit., II, p. 81, n. 4.

de janvier 1922, les fouilles entreprises par la Direction des Antiquités et Arts de la Tunisie ont été poursuivies méthodique

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ment avec le concours de MM. Icard et Gielly, les propriétaires du terrain. Le chantier est situé à 40 mètres de la rive occiden

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