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J. CAPART, J.-B. CHABOT, FR. CUMONT, E. DE FAYE, G. FOUCART, A. FOU-
CHER, COMTE GOBLET D'ALVIELLA, MAURICE GOGUEL, H. HUBERT, ISRAEL
LÉVI, SYLVAIN LÉVI, AD. LODS, FR. MACLER, M. MAUSS, A. MEILLET,
P. MONCEAUX, ED. MONTET, A. MORET, P. OLTRAMARE, C. PIEPENBRING,
A. RÉBELLIAU, S. REINACH, P. SAINTYVES, J. TOUTAIN, A. VAN GENNEP,
ETC.

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HT

1313 P48

A PROPOS D'UNE ÉTUDE

SUR LE RÉGIME

DE LA LIBERTÉ DES CULTES DANS LE CALVADOS PENDANT LA PREMIÈRE SÉPARATION

(1795-1802)1

Jusqu'alors le problème de la première séparation des Églises et de l'État a été négligé par les érudits et les historiens. Peu de travaux lui ont été consacrés spécialement et les auteurs des monographies révolutionnaires le traitent sommairement dans des chapitres fort rapides. La chose s'explique. Les documents qui permettent de l'élucider ne sont pas groupés. Il faut avoir la patience d'aller les chercher dans les fonds considérables de la police.

L'effort de M. Raoul Patry qui l'a étudié méthodiquement et scientifiquement dans le Calvados est très méritoire et, sous bien des rapports, son travail a droit à des éloges. Il a vu les sources essentielles. Toutefois, il ne s'est pas suffisamment préoccupé des documents financiers qui sont extrêmement révélateurs. Il aurait gagné à explorer, si ce n'est les archives londoniennes, du moins le riche dépôt du Ministère de la Guerre.

Incontestablement le parti qu'il a tiré des matériaux qu'il a rassemblés est excellent. Il a écrit, entre autres, des pages substantielles et précises sur l'état des édifices du culte après les lois du 3 ventôse an III, du 11 prairial an III et du 7 vendémiaire an IV, ainsi que sur les rétractations qui eurent licu. principalement en 1795 et 1796.

1. Cette étude est due à M. Raoul Patry. 1 vol., 1921. Alcan, 289 pp.

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Mais son plan manque de rigueur et entraîne des confusions et des répétitions regrettables. L'organisation des divers cultes, dont il narre l'histoire, est superficiellement décrite ou tout simplement passée sous silence. La psychologie des personnages qui entrent en scène dans son récit ou dans ses discussions est à peine esquissée. Surtout, et c'est le reproche le plus grave que je ferais à ce travail, le culte révolutionnaire n'est pas étudié avec toute l'ampleur que comporte cet important sujet, trop souvent dédaigné et injustement ridiculisé.

Je suis ainsi amené à faire, à propos de l'ouvrage de M. Raoul Patry, des remarques générales et des remarques particulières relatives au culte révolutionnaire et à indiquer par là-même comment il faut aborder le problème de la première séparation des Églises et de l'État.

I

Le plan me paraît tout indiqué. Si je ne me trompe, la séparation des Églises et de l'État traverse trois périodes à peu près distinctes la première va jusqu'en fructidor an V, la seconde s'achève en brumaire an VIII, et le Concordat met fin à la troisième. Sans doute, pendant ces diverses périodes, il y eut des fluctuations multiples qui empêchent de leur donner une physionomie nette. Cependant elles sont caractérisées par des traits indéniables.

Au lendemain du terrorisme qui jeta l'épouvante générale, on sentit le besoin de secouer les chaînes qui pesaient lourdement sur le pays et on songea à l'ancienne forme du gouvernement de la France. Le mouvement qui se dessina en faveur du libéralisme et du royalisme prit de telles proportions qu'il inquiéta les révolutionnaires. Il fut brutalement interrompu en fructidor an V. La liberté fut restreinte, de nouvelles chaînes furent forgées et on essaya d'étouffer dans les cœurs l'amour de la monarchie. Mais les idées de tolérance n'étaient point mortes et le désir d'un gouvernement fort s'avivait de jour en jour. Le coup d'État de

brumaire parut donner satisfaction à ces aspirations contradictoires.

Pendant ces trois périodes, trois cultes évoluèrent sous le régime de la séparation des Églises et de l'État : le culte catholique, le culte constitutionnel et le culte révolutionnaire. Ils subirent les conséquences des idées prédominantes et reflétèrent à leur manière l'état de l'opinion.

Le nouveau régime fut favorable au culte catholique. N'ayant point cessé pendant la terreur, il avait gagné du terrain et avait acquis l'estime des fidèles à cause de la courageuse attitude de ses prêtres, dont le nombre grossit immédiatement par suite des rétractations nombreuses des constitutionnels; puis des instructions lui étaient parvenues de ses chefs et avaient aplani nombre de difficultés pendantes. Cependant en règle générale il garde son caractère de clandestinité. La prudence n'était pas hors de saison. La persécution recommença. Néanmoins, au sein du culte catholique, se glissèrent des divisions. L'autorité épiscopale perdit de son prestige. Plusieurs prêtres s'attribuèrent des droits excessifs et certains se fourvoyèrent dans la chouannerie.

Ces causes de faiblesse ne cessèrent point avec le retour des exilés qui prit une grande extension à partir de 1800. Toutefois, le culte catholique, à cette date, s'enhardit et se manifesta publiquement dans des édifices du culte dont il s'empara principalement dans les villes.

Au début du nouveau régime, le culte constitutionnel se présentait dans de mauvaises conditions. Il n'avait plus son caractère de religion officielle. Il avait été discrédité en l'an II. Ses meilleurs soutiens l'abandonnaient de jour en jour. Il gardait néanmoins quelque vitalité. Comme il était habitué à se plier aux exigences légales, il s'empressa de se réfugier dans les églises, qui lui étaient ouvertes, au risque de les partager avec le culte révolutionnaire. Malgré les vexations qui ne lui furent pas épargnées, il poursuivit son action et opéra une œuvre intéressante dans les synodes et les Conciles. Mais il demeurait impopulaire. Le nombre

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