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neuses. Les textes soulignent cette relation. « Habitus orantium sic est ut manibus extensis in coelum precemur », dit Apulée. << Preces diras manibus sublatis ad coelum fundentes », dit Tacite en parlant des Druides'. Et Saint Clément Romain : << Elevons nos mains vers le Dieu tout puissant ».

Les monuments vont en témoigner, eux qui unissent divers emblèmes cosmiques et ignés à cette attitude rituelle.

Le geste des deux bras levés au ciel, associé aux symboles de la voûte céleste, du disque, de la roue solaire.

En Egypte, des dieux soutiennent de leurs deux bras levés le firmament, ou le globe, le disque céleste. Shou, prototype de l'Atlas grec et de l'Héraklès soutenant le monde, soulève la voûte du ciel, et sépare ainsi Nouit, le ciel conçu sous la forme humaine ou sous celle de la vache, de Sibou, le dieu de la terre ; il porte de la même façon le disque où la barque du soleil, et il est aidé par les dieux-étais, à l'attitude identique'. Le dieu acéphale, dont M. Delatte a expliqué le sens solaire', tient à bras tendus le disque du soleil", comme font les deux bras levés qui apparaissent seuls sur des stèles"; parfois Râ,

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1) Cf. Rev. hist. des rel., 1916, LXXIII, p. 195.

2) Roller, op. l., I, p. 297.

le

3) Le thème des dieux soutenant le monde est universel, Tylor, Civilisation primitive, I, p. 418 sq.; Cumont, Recherches sur le manichéisme, I, p. 69.

4) Roscher, Lexikon, s. v. Schow, p. 573; Maspero, op. ., I, p. 127, note 4; Rev. hist. des rel., 1885, XII, p. 131, note 2.

5) Maspero, Hist, ancienne des peuples de l'Orient, I, p. 127, p. 129, p. 169; Roscher, Lexikon, s. v., Schow, p. 577, 572; s. v. Nut, p. 487, fig. 2, p. 490, fig.

6) Maspero, op. l., I, p. 169, fig.

7) Roscher, s. v. Schow, p. 673.

8) 'Axépaλo; 0ɛós, Bulletin de Correspondance hellenique, 1914; id., Etudes

sur la magie grecque, Musée belge, 1914, p. 39-40 (du tirage à part).

9) Jéquier, Le Livre de ce qu'il y a dans l'Hadès, p. 5, fig.; Deonna, Etudes d'arch, et d'art, 1914, p. 19, fig. 3.

10) Revue hist, des religions, 1915, LXXII, p. 217, pl. I, p. 220..

soleil, à quadruple tête de bélier, occupe le centre du globe'. Nouit, dont le corps est parsemé d'étoiles, de disques et de croissants, et dont la chevelure se hérisse comme des rayons, soutient avec le même geste un pilier rectangulaire'. Les deux bras levés sont l'hiéroglyphe dn mot Kâ, double ou génie protecteur, qui souvent surmonte la tête des statues, et qui tient parfois, comme Nouit, un plan rectangulaire contenant un qualificatif. La notion qu'exprime cet hiéroglyphe semble être celle de force et de vie, et peut-être que les deux bras répètent le geste magique qui confère la vie '.

Exprimant d'abord l'idée de soulever le fardeau céleste, comme le prouvent les monuments cités, et, dans l'hieroglyphe, étant déterminatif des mots qui signifient « lever, élever », le geste divin de l'exaltation est devenu celui de l'adoration', que répètent les dieux et les mortels sur les monuments égyptiens, spécialement quand ils vénèrent le soleil.

La Chaldée connaît ce thème. Sur un cylindre babylonien, Schamasch, le dieu du soleil, sort des portes du ciel que surmontent deux lions; à côté de lui, on aperçoit les deux bras levés qui tiennent une étoile à huit rais'. Dès maintenant,

1) Revue hist, des religions, 1915, LXXII, p. 217, pl. I, p. 220.

2) Maspero, op. l., I, p. 86, fig.

3) Moret, Le Ká des Egyptiens est-il un ancien totem? Rev. hist. des religions, LXVII, 1913, p. 181 sq.; id., Mystères égyptiens, p. 199 sq.; id., Du caractère religieux de la royauté pharaonique, p. 225 sq.; p. 227, fig. 65; Maspéro, Guide du visiteur au Musée du Caire (3), 1914, p. 93, fig.; Rev. hist. rel., 1913, LXVIII, p. 10: Dussaud, Civilisations préhelléniques (2), p. 378. 4) Moret, Mystères égyptiens, p. 205, fig. 41, 207, fig.42.

5) Ibid., p. 218, note 2.

6) Moret, op. l., p. 218. note 2.

7) Ibid., pl. VII, 2, p. 200. etc.

8) Máspero, op. l., I, p. 103, fig.; 109 fig.; 129, fig. ; id., Egypte, p. 276, pl. II ; p. 281, fig. 527; Roscher, s. v. Schow.

9) Roscher, Lexikon, s. v. Schamasch. p. 546, fig. Comparer avec l'hiéroglyphe égyptien, Moret, op. I., p. 205, fig. 41.

on notera l'association du dieu solaire à forme humaine, des lions, des signes aniconiques, et du geste, qu'on retrouvera sur d'autres monuments. Les divinités féminines, comme les adorants, lèvent les bras au ciel sur les cylindres'.

On sait que la sculpture hittite a subi la double influence de l'Egypte et de la Chaldée. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à voir le relief d'Eflatoun-Bounar couvert de personnages qui lèvent les bras au ciel; les deux plus grands, que leur position centrale, leur taille, le chapeau pointu de l'un', désignent comme des divinités, tiennent au-dessus d'eux, à bras tendus, le globe ailé du soleil, et, de plus, un immense globe ailé plane sur toute la composition'. C'est assurément un couple de dieux mâle et femelle, que montre encore étroitement unis un relief d'lasilikaia où le dieu à haut bonnet pointu enlace la déesse à bonnet rond. C'est le couple babylonien du dieu solaire et de sa parèdre, qui apparaît aussi sur des moules en serpentine du Cabinet des Médailles et du Louvre; ce dernier, provenant de Thyatire, et sans doute d'origine mésopotamienne, entoure le couple divin des symboles que nous continuerons à lui voir associés pendant des siècles, les disques crucifères et radiés, le geste des bras levés, et le lion.

M. Poulsen a publié une figurine en ivoire du Musée du Louvre', qu'il rattache à l'art hittite. Une femme vêtue, debout, lève les bras en l'air et soutient un bloc rectangulaire incisé d'ornements. Détail curieux, que M. Poulsen ne sait comment

1) La déesse Sala, Contenau, La déesse nue babylonienne, p. 117, fig. 121; adorants, p. 38 sq., passim ; une grande main levée sur un piedestal accompagne un personnage levant les bras en signe d'adoration, p. 41, no 23.

2) Cf. le relief de Iasilikaia, Perrot, op. I., IV, p. 637, fig. 313.

3) Ibid., p. 731, fig. 356; 737, fig. 358; Poulsen, Der Orient und die frühg ichische Kunst, p. 58.

4) Perrot, op. l., IV, p. 645, fig. 321.

5) Ibid., V, p. 302, fig. 210; dieu au bonnet pointu, et déesse tenant ses

seins.

6) Ibid., V, p. 300, fig. 209.

7) Der Orient und die frühgriechische Kunst, p. 56, fig. 57.

expliquer, il n'y a point de tête, et le bloc en occupe la place. Ici encore, l'inspiration égyptienne est évidente. Le bloc rectangulaire est celui que porte Nouit sur ses cheveux hérissés; l'hieroglyphe des bras levés sans tête, l'acéphalie sont aussi ceux du dieu solaire tenant le disque. Une statuette d'ivoire de l'Acropole d'Athènes, reproduit cette curieuse attitude. et M. Poulsen la rapproche avec raison de la précédente. Nous signalerons plus loin un autre monument, peut être hittite lui aussi, qui est une variante de ce thème.

Sur un moule crétois trouvé à Sitia, un énorme disque crucifère, le soleil, est accosté par un personnage féminin. qui, debout, le bas du corps vêtu, tient des fleurs dans ses bras levés'. Des figurines syriennes répètent ce type': c'est en cette attitude, et avec ces attributs, que l'art égyptien représente la déesse Qadesh, montée sur le lion,'; elle n'est autre que la déesse babylonienne, l'Astarté, l'Anaïtis des Grecs. Il est souvent difficile de dire si c'est la déesse ou ses servantes, puisque les deux types se confondent. Sur une gemme minoenne d'lsopata, des femmes levant les bras, dont les unes tiennent des fleurs, semblent être des prêtresses; et c'est peut-être encore une servante de la déesse que cette femme aux fleurs, sur une bague de Mycènes, bien que la position assise convienne plutôt à une divinité".

1) Poulsen, op. l., p. 112, fig. 118.

2) Dussaud, Les civilisations préhelleniques (2), p. 391, fig. 289; Déchelette, Manuel d'arch, préhistorique, II, p. 40, fig. 191.

3) Contenau, La déesse nue babylonienne, p. 95, fig. 107.

4) Perrot, Hist. de l'Art, I, p. 713, fig. 480; Contenau, op. l., p. 72, fig. 72; Maspéro, Hist. ancienne des peuples de l'Orient, II, p. 159, fig.; Roscher, s. v. Juno, p. 613, fig. ; s. v. Astarté, p. 653, fig.

5) Dussaud, op. l. (2), p. 375, fig. 280.

6) Ibid., p. 387, fig. 287.

7) Lagrange, La Crète ancienne, p. 68 69, reconnaît une déesse. Cf. Sargon en adoration devant l'arbre sacré, levant une main et tenant une branche de fleurs dans l'autre, Perrot, Hist. de l'art, II, p. 513, fig. 235.

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Qu'elle lève les bras tenant des fleurs, qu'elle les allonge contre le corps, qu'elle porte ses mains à ses seins féconds ou à son sexe exubérant, qu'elle soit montée sur les fauves ou les brandisse, qu'elle relève sa draperie', c'est toujours la même déesse, la grande déesse babylonienne, dont on peut suivre les avatars dans la Tanit punique, l'Aphrodite céleste des Grecs', et dont les traits caractéristiques subsisteront jusque dans l'art gallo-romain'. Sur le moule en serpentine de Thyatire, déjà cité', de style babylonien, elle apparaît debout, les mains sur la poitrine, entourée des symboles qui l'accompagneront bien des siècles plus tard encore, les disques crucifères et radiés, le lion, et, en plus, d'un emblème dont on a méconnu le sens, rectangle surmonté de deux tiges aux bouts dentelés, qui est en réalité le signe des deux bras levés, déjà vu sur un cylindre babylonien du dieu Schamasch.

Dans l'art punique, le symbole de Tanit, qui est l'Aphrodite orientale, lève au ciel les deux bras; il continue à être accompagné des emblèmes solaires et lunaires, croissants, disques rayonnants, rosaces, et de la colombe d'Astarté et d'Aphrodite';

1) Contenau, op. l., p. 88 sq., ci-dessus, p. 34.

2) Cf. bijou d'or lydien, la déesse nue, aux bras allongés contre le corps, est accompagnée de disques à rosaces, de têtes de taureaux et de béliers, animaux que nous rencontrerons plus loin encore, Perrot, Hist. de l'Art, V, p. 295, fig. 203.

3) Cf. p. 33.

4) Rev. arch., 1885, V, 54 sq.; Perrot, Hist. de l'Art, V, p. 300, fig. 209; ci-dessus, p. 44.

5) Perrot, op. l., III, p. 78-9; Roscher, s. v. Saturnus, p. 443; Sittl, op. l., p. 307; coffret en terre cuite de Carthage, Comptes-rendus Académie, 1899, p. 98.

6) Cf. déesse aux colombes de Mycènes, Dussaud, op. l. (2), p. 373, fig. 278, la colombe, attribut d'Aphrodite, accompagne parfois les figurines de la déesse aux bras levés, support de miroir (cf. p. 47); elle accoste aussi le symbole de Tanit, Gaz. arch., 1880, VI, pl. 3; Perrot, op. l., III, p. 253, fig. 192; dans l'art chrétien des catacombes, l'orante aux bras levés est accompagnée de deux colombes, Roller, op. ., II, pl. LXXVII, 6; p. 213; pl. LXXVIII, 5, p. 222; Rev. hist. des religions, IX, 1884, p. 125. A travers toute l'antiquité, on retrouve donc aussi l'association de l'animal avec le geste des bras levés.

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