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BAT (TU)

AVERTISSEMENT.

A la fin du tome premier de cette publication, nous avons laissé Ibn Batoutah sur le point de quitter la ville de Mechhed 'Aly, située dans le canton de Nedjef. Le présent volume commence par la description des célèbres villes de Wâcith et de Bassora; puis il nous montre le voyageur s'embarquant sur le golfe Persique, pour passer dans les provinces méridionales de la Perse. La relation entre ici dans les détails les plus circonstanciés sur le Loûristân, la partie sud de l'Irâk persique et le Fars, ou Perse proprement dite. L'auteur entremêle au récit de ses courses des anecdotes historiques sur les princes du Loûristân et de Chirâz. Cette portion de l'ouvrage offre un vif intérêt pour l'histoire orientale. On remarquera surtout (p. 57 à 61) un récit détaillé des tentatives que fit le sultan des Mongols de la Perse, Mohammed Khodhâbendeh (Oldjâïtoû), pour porter ses sujets à embrasser la doctrine des Chiites ou sectateurs d'Aly. Ibn Batoutah nous apprend quelle résistance opposèrent aux volontés du sultan les populations de Baghdad, de Chîrâz et d'Ispahân. C'est un point d'autant plus digne d'attention, qu'il a échappé aux recherches du savant historien des Mongols, feu M. le baron d'Ohsson. Mais la vérité nous ordonne de faire observer 1 Conf. l'Histoire des Mongols, t. IV, p. 540.

que, contrairement à ce que dit notre voyageur (p. 65), l'émir Mahmoud châh Indjoû, qu'Ibn Batoutah appelle Mohammed, ne mourut pas sous le règne du sultan Abou Sa'id il fut mis à mort par Arpå khân, successeur de ce prince. (Voyez Mirkhond, t. V, manuscrit persan de la Bibliothèque impériale, fonds Gentil, n° 55, fol. 118 recto; et cf. d'Ohsson, op. supra laud. t. IV, p. 721.)

:

Après avoir visité à Cazéroûn le mausolée du cheïkh Abou Ishak, notre auteur rentra dans l'Irak par la célèbre ville de Coûfah, d'où il se rendit à Hillah, située près de l'emplacement de Babylone, et dont toute la population était composée de sectateurs des douze imâms; puis à Kerbélâ, où repose le corps du troisième imâm; enfin, il arriva à Baghdad, qui était alors la résidence d'un simple émir mongol. Cette ancienne capitale des khalifes arrête longtemps Ibn Batoutah; il en décrit complaisamment les colléges, les mosquées, les mausolées, les bains, et elle lui fournit le sujet d'une intéressante digression historique, consacrée au sultan des Mongols de la Perse alors régnant, Abou Sa'îd Béhâdur khân. Ibn Batoutah quitte Baghdâd avec le camp du sultan; puis il fait une excursion à Tibrîz ou Tauris; mais ce double voyage, qui dura cependant vingt jours, ne lui a laissé d'autre souvenir que celui de l'ordre qui était observé par le souverain mongol dans ses marches et ses campements.

Le pèlerinage que notre auteur avait fait à la Mecque n'avait pas suffi à satisfaire l'active dévotion d'un aussi pieux musulman et d'un aussi infatigable voyageur : il résolut donc de retourner dans le Hidjâz; mais pour mettre à profit le temps qui devait encore s'écouler avant le départ de la caravane de Baghdâd, il visita le

Djezîreh, le Diârbecr et la partie septentrionale de l'Irak. Son second pèlerinage terminé, Ibn Batoutah s'établit à la Mecque, dans le collége dit Mozhafférien, afin de s'y livrer aux exercices de piété; il accomplit encore trois autres fois les cérémonies du pèlerinage, et quitta enfin la Mecque, après un séjour de trois ans, pour parcourir le Yaman. Il s'embarque à Djouddah (Djidda), sur le golfe Arabique ou mer Rouge. La tempête l'ayant forcé de relâcher dans un port appelé Rás Dawair (le cap des Tourbillons), situé sur le littoral africain, entre 'Aïdhâb et Sawâkin, il se rend, en l'espace de deux jours, dans cette dernière localité.

A Sawâkin, Ibn Batoutah reprend la mer, et après une traversée de six jours, il arrive au port de Hali, qu'il aurait peut-être dû distinguer de la ville du même nom, située à quelque distance dans l'intérieur des terres, et connue sous la dénomination de Hali Ibn Ya'koûb. Notre voyageur ne parle que de celle-ci. On pourrait lui reprocher encore une légère erreur (partagée, du reste, par Abou'lféda 1), en induisant de son récit qu'il regardait Sardjah ou Chardjah comme un port de mer, tandis que, d'après Niebuhr, cette localité est assez éloignée du rivage 2. On doit observer, toutefois, comme une atténuation de cette inexactitude, que, d'après des explorateurs récents, la mer ne cesserait pas de se retirer vers l'ouest, sur la côte du Téhamah ou partie maritime du Yaman. Ibn Batoutah décrit avec complaisance la ville de Ze

2

Géographie, trad. de M. Reinaud, t. II, p. 122.

Voyage en Arabie, traduction française, t. I, p. 284; conf. la Description de l'Arabie, édit. de 1774, p. 197; Rommel, Abulfedea Arabie Descriptio, Gottinge, 1802, p. 51, et la belle carte du sudouest de l'Arabie, par H. Kiepert, Berlin, 1852.

bid, une des principales places du Yaman; il mentionne ensuite les villes de Djoblah et de Ta'izz, dont la dernière était alors la résidence du roi de cette contrée, et il consacre plusieurs pages à retracer le cérémonial suivi par ce souverain dans ses audiences. De Zebîd il se rend à San'à, l'ancienne capitale du Yaman, puis à 'Aden, dont le port était alors très-fréquenté par les marchands indiens. C'est là qu'il s'embarqua pour la ville de Zeila', située sur la côte de l'Abyssinie, et d'où il entreprit cette excursion à Makdachaou (Magadoxo), à Mombase et à Quiloa, dont nous avons déjà parlé dans la préface du premier volume.

A Quiloa, Ibn Batoutah s'embarque pour la ville de Zhafar, à laquelle il attribue un surnom que nous n'avons rencontré dans aucun autre ouvrage, celui d'Alhoumoûdh (aux plantes amères). D'après notre auteur, Zhafâr était située à l'extrémité du Yaman. Mais c'est donner à cette province une trop grande extension du côté de l'est, et Zhafàr était, en réalité, placée dans la province de Mahrah, souvent comprise elle-même dans celle de Hadhramaout. Ce qu'ajoute notre voyageur, touchant la distance de seize journées de marche qui séparait Zhafar de Hadhramaout, doit s'appliquer à la ville de Chibâm, encore actuellement capitale du Hadhramaout, et qui, à ce titre, et d'après un usage trèsrépandu dans les pays musulmans, a pu être désignée par le nom de cette province. Selon Ibn Batoutah, les habitants de Zhafàr nourrissaient leurs bêtes de somme et leurs brebis avec des sardines, lesquelles, en ce pays, sont extrêmement grasses. Édrîci dit de même 1 que la

1

Géographie, trad. de M. Jaubert, t. I, p. 150. Cf. aussi Marco Polo, édition de la Société de géographie, p. 243.

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