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péremptoirement que l'animal sacré de Set était plutôt un sanglier qu'un canidé. Quant à avancer que dans la nécropole d'Assiout, entre autres momies de canidés, on a trouvé celle du Canis lupaster, M. Daressy n'en sait rien, n'ayant vu, comme il me l'a affirmé lui-même, ces monies que dans une caisse au moment de leur emballage; il ne pouvait guère se livrer à un travail d'identification; c'est, dit-il, parce qu'il y avait des momies de toutes grosseurs, procédé d'identification aussi nouveau qu'inattendu et ne pouvant donner de résultat sérieux. D'ailleurs y aurait-il eu des momies de Canis lupaster, que cela ne prouverait rien contre ma thèse.

Continuons: « Le collier, dit. M. Daressy, n'est pas un signe de domestication; à ce compte le chacal d'Anubis ne devrait pas le porter'; s'il n'est pas purement ornemental et mis pour rompre la longueur démesurée du cou, ou simplement pour obéir à la règle de parer d'un collier toutes les divinités, il peut avoir été placé tel un carcan, pour montrer que Set a été vaincu et enchaîné, et au lieu d'une parure on n'aurait là que l'attache de ses liens. >>

Ainsi le collier, qui dans le chacal d'Anubis serait une parure, se métamorphose en carcan chez l'animal typhonien.

Après avoir donné toutes ces raisons pour prouver que l'emblème de Set n'est pas un chien, M. Daressy déclare qu'il s'en tient à ce qu'il a déjà dit, il y a quelques années, et que c'est un sanglier. <«< On n'a pas voulu le représenter au naturel, dit-il, pour ne porter point atteinte à la susceptibilité d'Horus. »>

On comprendra que des arguments de cette valeur n'aient convaincu et ne pussent convaincre personne. Aussi dans le compte-rendu qu'il a fait de cette communication, le correspondant du Journal du Caire s'exprime-t-il de la façon sui

1) Le chacal d'Anubis ne porte pas de collier. Pour bien marquer son caractère sacré, on place habituellement sur son cou une étroite bandelette dont les extrémités flottent en avant; elles ne sont même pas attachées ensemble; la partie antérieure du cou reste nue.

vante: « En un mot l'animal sacré de Set-Typhon est un Canis lupaster maquillé. Ce problème qui, depuis bientôt un siècle, n'a cessé d'exercer la sagacité des savants peut aujourd'hui, semble t-il, être considéré comme définitivement résolu. »> P. HIPPOLYTE BOUSSAC.

APPENDICE

Dans les lignes qui précèdent, M. Hippolyte Boussac a montré avec beaucoup de méthode et de clarté les raisons qui forcent la grande majorité des archéologues et des zoologistes qui ont étudié cette question sans prévention, à admettre que l'animal sacré du dieu Set était un Chien domestique. M. Boussac dit avec raison que les artistes égyptiens ont << styisé », suivant l'expression consacrée, une conformation naturelle que cet animal présente toujours, et qu'ils ont peu à peu exagérée je veux parler de la saillie qui surmonte la glabelle, région de la face qui réunit le front aux os du nez, saillie devenue, par son exagération voulue, ce chanfrein busqué qui étonne dans les images du dieu Set. En outre, plusieurs de ces représentations montrent la queue frêle et recourbée << en trompette » qui est la caractéristique du Chien domestique. Quant à la saillie du front elle est très marquée sur un crâne de momie de Chien que Lortet et Gaillard figurent dans leur bel ouvrage sur la Faune momifiée de l'ancienne Égypte 1.

Dans un travail publié il y a quelques années, j'ai montré quelle était la signification de cette saillie du front chez le Chien domestique, tandis qu'elle est très rare, ou peu accen

1) Lortet et Gaillard, Faune momifiée de l'ancienne Egypte (Archives du Musée d'Hist. nat. de Lyon, t. X, 1909). Voyez p. 285, fig. 205, Crâne de Spitz égyptien d'Assiout, no 101; le « Spitz » des Bédouins est un Chien « Loulou ».

2) Trouessart, L'origine préhistorique du Chien domestique (Revue des Idées, 15 juin 1911, p. 389), avec figures.

tuée, chez les Loups, les Chacals, et presque tous les Canidés sauvages.

Quant à la «< stylisation » à laquelle je fais allusion plus haut, elle est habituelle chez les artistes de toutes les époques. « Il est certain, disent Lortet et Gaillard, que les artistes anciens donnaient aux figurations des animaux sacrés la physionomie qu'ils devaient avoir d'après la tradition, plutôt que celle qu'ils avaient réellement » (loc. cit., p. 293).

Les artistes modernes n'ont pas renoncé à cette coutume. Je n'en citerai qu'un seul exemple. Vers 1840, en Angleterre, on confiait à des peintres de talent le soin de faire le « portrait >> du Cheval de course vainqueur du Derby, la principale épreuve du turf en Grande-Bretagne. Des reproductions de ces peintures, en lithographie coloriée, se voient encore de temps en temps à l'étalage des marchands d'estampes. Or, toutes ces images représentent un Cheval grêle et efflanqué dont on chercherait vainement le modèle sur un champ de course, car elles rappellent plutôt la silhouette d'un Lévrier que celle d'un Pur

sang.

Dr E. TROUESSART.

Professeur au Muséum National

d'Histoire Naturelle de Paris.

REVUE DES LIVRES

ANALYSES ET COMPTES-RENDUS

EDWARD CHIEra.

Lists of Sumerian personal Names (University of Pennsylvania. The University Museum. Publications of the babylonian section. Vol. XI. Lists of personal Names from the Temple School of Nippour, n° 3, pp. 179-278; pl. LXXF-CIV. — Philadelphie, 1919.

Soixante-dix textes de Niffer et huit de Djoha, répartis en 35 planches, telle est la matière de ce troisième fascicule du onzième volume de l'Université de Pennsylvanie, consacré à la publication des listes de noms de personnes provenant des fouilles de Nippour. Les nouveaux documents contiennent tous des noms propres sumériens auxquels s'ajoutent parfois un syllabaire, un texte historique, une liste de mois ou une tablette mathématique (p. 270 et suiv.). L'auteur en a extrait une suite à peu près continue, maintes fois mutilée, d'environ 1.751 noms qu'il transcrit suivant le système adopté par Delitzsch.

Les noms propres sumériens sont tous, sans exception, de caractère religieux, soit qu'ils marquent une relation entre le fidèle et la divinité, soit qu'ils se présentent sous forme de louange exaltant un attribut spécial de quelque dieu. Les scribes de Nippour comme ceux de Lagash n'ont pas adopté de règles bien fixes dans l'établissement de leurs listes; dans les noms théophores, par exemple, les dieux ne se suivent pas selon un ordre déterminé. Cependant, il existe une certaine tentative de classification et Chiera a remarqué des groupements par association d'idées, identité des premiers ou des derniers signes, figure des signes, construction grammaticale.

Dans l'introduction l'auteur discute une assertion de Langdon d'après qui, dans les textes anciens, il n'est pas toujours facile de décider si un nom est à lire en sémitique ou en sumérien. Selon lui, au contraire, le problème est pratiquement résolu et le nombre dest noms pour lesquels un doute peut subsister est extrêmement réduit. En principe, tout nom dont un des composants est akkadien doit se ire en akkadien ce qui dans ce nom paraît être sumérien n'a qu'une valeur phonétique adoptée par les sumériens comme représentant le mieux le son à transcrire. Dans les noms formés d'un génitif, le premier élément est, en général, écrit idéographiquement, le génitif est dans la plupart des cas le nom d'un dieu ou d'un objet divinisé : ce nom divin est parfois exclusivement employé par les sumériens Enki, Nanna, ou par les akkadiens: Ištar, Dagan, d'autres fois par les deux peuples: AN, EN-LIL, EN-ZU, mais il semble que, dans ce dernier cas, les anciens scribes avaient eu l'intention d'éviter toute confusion car les formules verbales akkadiennes sont toujours écrites phonétiquement et elles précèdent généralement le nom, tandis qu'en sumérien elles le suivent dans tous les cas.

Langdon avait constaté que certains noms sumériens sont matériellement extraits de la littérature et nombre d'entre eux d'ordinaire abrégés. Les tablettes de Niffer en apportent de nouvelles preuves. Parfois, c'est une sentence contenant un attribut d'un dieu, choisie telle quelle dans une liturgie ou un texte historique, et l'on hésite à y reconnaître un nom de personne; parfois, on l'a fait précéder de ur « serviteur » ou de nin « dame » : Ur-ni-bi-túg`azag-zua-lugal-bi-ir-sa-ra(?)-ra?... « Serviteur de celui qui est revêtu de terreur, le pur qui à son roi... » Ce nom dont les derniers signes font défaut se trouve dans une tablette (27) dont un double (29) présente des formes abrégées: Ur-ni-bi-túg, dans ce cas-ci. Les abréviations, parfois multiples, ne reposent sur aucune règle, ce qui rend 'très difficile l'interprétation. Chiera cite en exemple sib šàazag-gi-pad-da qui a donné lieu à sib, sib-ša azag-gi, šā-azag-gi, azag-gi, gi-pad-da et pad-da. Un nom tel que šeš-šeš « le frère, le frère... », assez fréquent, est certainement incomplet; šeš-lú-ra <«<le frère à l'homme... » suppose un verbe sous-entendu et Lugalmu ne signifie pas « mon Roi », mais c'est une abréviation dans aquelle mu est le substantif « nom » car l'on trouve aussitôt après

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