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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

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MARIO MEUNIER, Chants X, XI et XII des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis, traduction nouvelle avec avant-propos et notes, Paris, E. Figuière et Cie. Les chants X, XI et XII des Dionysiaques de Nonnos, que Mario Meunier a choisis dans l'œuvre du poète de Panopolis pour les traduire en français, racontent l'épisode d'Ampelos, le héros légendaire qui fut, après sa mort violente, métamorphosé en vigne. Longuement développé, selon la mode de l'école Alexandrine, cet épisode témoigne de la fantaisie créatrice de Nonnos; mais on n'y retrouve l'écho d'aucune croyance populaire, d'aucune superstition primitive. Il s'y révèle plus de rhétorique que d'inspiration. La traduction qu'en a donnée Mario Meunier se lit avec agrément. Elle est précise; elle donne bien l'impression du style, à la fois aisé et recherché, de l'original; elle en reproduit la souplesse, l'éloquence, parfois la préciosité.

Dans la jolie plaquette imprimée par l'éditeur Figuière, cette traduction est précédée d'un Avant-propos, où sont exposées la vie et l'œuvre de Nonnos. Peut-être Mario Meunier exagère-t-il un peu, lorsqu'il y parle du « génial auteur des Dionysiaques », lorsqu'il lui décerne le titre de «< grand poëte », lorsqu'il met en parallèle son génie et sa fantaisie avec « l'imagination luxuriante et grandiose.qui rève et chante dans le Ramayana ». Non, Nonnos est. un poëte de la décadence, habile, copieux, maître de son métier, mais sans originalité ni relief. Il n'est même pas comparable à un Apollonius de Rhodes, à un Callimaque, à un Ovide.

Ch. ANDLER.

J. T.

Nietzsche, sa vie et sa pensee. I. Les précurseurs de Nietzsche. Paris, Bossard, 1920, un volume 8o de 384 pages. Ce beau volume est le premier d'une série consacrée à Neitzsche et dont les tomes suivants sont déjà annoncés sous les titres : II. La jeunesse de Nietzsche jusqu'ici l'affranchissement: III. Nietzsche et le pessimisme esthétique. L'étude sur les précurseurs de Nietzsche permet déjà de se rendre compte de ce que sera l'ensemble, admirablement informé et lucide, de l'ouvrage de M. Andler. L'éminent directeur des études germanistes en Sorbonne discerne chez Nietzsche la part de l'«< héritage allemand » (Goethe, Schiller, Holderlin (Empedokles),

Kleist (Prinz von Homburg), Fichte et Schopenhauer), l'influence des moralistes français (Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, Fontenelle, Chamfort, Stendhal), l'action du cosmopolitisme contemporain (Jacob Burckhardt, Emerson).

La conception de l'histoire religieuse telle que se l'était faite l'auteur de l'Origine de la Tragedie, était, cela va sans dire, entachée de multiples a priori; encore est-elle chez lui assez cohérente et surtout d'un assez grand poids dans l'équilibre de son système pour qu'on n'en néglige pas l'analyse génétique. Le livre de M. Andler fournira des documents de premier ordre sur L'image que se faisait des mythes anciens l'ami d'Erwin Rhode, le disciple de Jacob Burckhardt. C'est à Burckhardt qu'il doit sa théorie du pessimisme dans la mythologie grecque primitive les fables du monde préhomérique lui apparaissent comme remplies d'une amertume, d'une tristesse ténébreuse que recouvre mal la « sérénité », acquise par les Grecs de l'époque péricléenne grâce à un immense effort de leur volonté. M. A. montrera (sans doute dans le volume consacré aux «< années d'apprentissage » de Nietzsche) en quoi a consisté l'influence de Creuzer sur l'étudiant de Bonn et de Leipzig, comment elle a préparé son idée d'une Grèce des origines féroce, funèbre, très voisine de l'Orient antique et de ses cultes sanglants.

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De ce point

L'influence d'Emerson a été l'une de celles « très vieilles et qui affleurent rarement à la conscience de Nietzsche, et qui pourtant furent très durables, quoique très méconnues ». C'est à Emerson qu'il a pris ce principe de critique appliqué au christianisme traditionnel qui le lui fait voir comme «< un pur résidu historique, où est éteinte la flamme du sentiment originel ». de vue la doctrine nietzschéenne favorise par ses négations même un réveil du sens religieux dans le monde. M. Andler poursuit d'ailleurs plus loin encore son analyse de l'influence émersonienne : « L'extase dionysiaque, dont Nietzsche fera l'analyse en parlant des Grecs, est-elle sans analogie avec l'extase chrétienne et avec cet énivrement artiste dont parle Emerson? Nietzsche n'a besoin, pour être tout près de son devancier, que de renoncer à son rationalisme d'un temps et de retourner, en finissant, à sa croyance illusionniste des premiers jours (p. 365) ».

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P. A.

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L. H. JORDAN. Comparative religion. A survey of its recent literature. Vol. I. 1900-1905. Oxford University Press. 1920. Un vol. in-8 de VIII-160 pages. M. L. H. Jordan est l'auteur d'un volume intitulé « Comparative Religion its Genesis and Groroth » qui a très utilement servi la cause de l'histoire comparée des religions en prouvant par l'éloquence des noms et des dates qu'elle n'est pas tard-venue, qu'elle peut se réclamer de toute une lignée de philosophes et de savants, puisque bien plus haut que John Spencer ou Alexander Ross, M. Jordan retrouve chez Origène (Пept Apxwv) ou dans l'opus majus de Roger Bacon les linéaments de la méthode compara

tiste. Le livre dont il nous donne aujourd'hui uue seconde édition montre les résultats au moins autant que les méthodes, et pour une période (1900-1901) qui a été exceptionnellement féconde, car c'est dans ce laps de temps qu'ont paru quelques-unes des œuvres les plus caratéristiques des Frazer, des Reinach, des Farnell, des Marett. En ce même decennium, plusieurs chaires d'histoire des religions ou des séries de lectures ont été instituées dans de grandes universités d'Europe et d'Amérique. En 1908 s'est tenu à Oxford le troisième Congrès d'histoire des religions qui a pris pour la méthode anthropologique appliquée aux origines religieuses tout l'aspect d'une sorte de solennité jubilaire, de consécration quasi unanime. Etant admis que M. Jordan envisage en même temps le gain spirituel et le gain scientifiqué de ce succès d'une méthode, son livre est utile, car il fournit des bilans ingénieux et précis. P. A.

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Chanoine Jules CHARRIER. Histoire du jansénisme dans le diocèse de Nevers. Paris, librairie Ed. Champion, 1920, in-8, 167 p. Prix : 4 fr. L'auteur de cet ouvrage, publié avec l'imprimatur, ne manifeste aucune sympathie pour les partisans du jansénisme. Il les appelle sans cesse << secte», «< cabale », « révoltés ». Jamais il n'invoque, en leur faveur, de circonstances atténuantes. Par exemple, quand il montre les anciens Ordres (bénédictins, chartreux, dominicains) enclins au jansénisme, il ne rappelle pas, ce qui n'eût été que justice, que la doctrine de saint Augustin était traditionnelle chez eux et, par conséquent, devait les rendre adversaires des tendances nouvelles représentées par les jésuites. Il ne rappelle pas non plus que pour beaucoup de gens, prêtres ou laïques, le jansénisme était moins une théorie sur la prédestination qu'un idéal de religion austère, différent de celui des Casuistes. Sans jamais se lancer sur le terrain des idées, l'auteur, en prêtre orthodoxe, admet purement et simplement le fait que les jansénistes étaient des hérétiques, fauteurs d'une hérésie particulièrement odieuse.

Mais, se tenant toujours sur le terrain des faits, l'auteur représente ces hérétiques tels qu'ils furent, c'est-à-dire, en dépit de leur théologie bornée, fort estimables. «Au demeurant, dit-il, les jansénistes étaient pour la plupart de saintes gens. »>

Après avoir raconté très agréablement, quoique d'une manière fort documentée, toutes les phases et tous les incidents du jansénisme dans ce diocèse, l'auteur consacre quelques pages particulièrement intéressantes à ses conséquences. Celle qui lui semble la plus claire de toutes, c'est que, sous l'influence du rigorisme janséniste, les fidèles cessèrent de fréquenter les sacrements. D'étape en étape, dit-il, l'abandon des sacrements conduisit à l'abandon de toute pratique religieuse. » « La diminution et la perte de la foi devaient fatalement suivre celles des pratiques religieuses. » L'auteur étudie spécialement à

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ce propos la circonscription auxerroise du diocèse actuel de Nevers, en notant que l'ancien diocèse d'Auxerre est un des pays de la France le plus profondément déchristianisés. Comme conclusion générale de son étude, M. Charrier reproduit en l'approuvant le jugement de M. Desdevises du Dézert : « Les interminables querelles des molinistes et des jansénistes, des acceptants et des appelants, des visionnaires et des convulsionnaires, la chasse aux billets de confession finirent par tuer la foi dans le cœur d'un grand nombre d'hommes. Le bien réalisé par l'Église restait considérable dans le corps ecclésiastique, mais passait inaperçu, tandis que la niaiserie et l'extravagance s'étalajent au grand jour, et plus d'un homme raisonnable haussait les épaules devant les invectives des deux partis en se disant: Ces gens-là sont aussi fous les uns que les autres. >>>

A. HOUTIN.

George TYRRELL'S Letters, selected and edited by M. D. Petre. Londres, Fisher Unwin, 1920, in-8, XIX-301 pages; prix: 16 sh. net. Après avoir rendu à tous ceux qui s'intéressent aux questions religieuses ou philosophiques le service de publier l'Autobiographie du Père Tyrrell et de la compléter par une biographie, Miss Maude Petre met à leur portée une anthologie de sa correspondance. Les lettres qu'elle édite sont au nombre d'environ cent cinquante et furent adressées à une soixantaine de correspondants. Elles s'espacent de juillet 1897 à juillet 1909, couvrant ainsi les douze dernières années de la vie de l'auteur. Miss 'etre a réparti ces documents sous une quinzaine de rubriques religion, mysticisme, morale, littérature, etc. Comme divers sujets sont souvent traités dans une seule lettre, cette division semble arbitraire. D'autre part, l'ordre chronologique aurait eu l'avantage de mieux montrer l'évolution psychologique de l'auteur. Un index des matières et des noms propres aurait pu aussi faciliter avantageusement les recherches.

Les lettres publiées sont remarquables au point de vue philosophique et littéraire. Par certaines coupures qui y sont pratiquées, on devine qu'elles présenteraient aussi un grand intérêt pour l'histoire ecclésiastique contemporaine. On ne peut que souhaiter que Miss Petre prépare une édition de la correspondance générale de Tyrrell, quitte à ne la publier que beaucoup plus tard. Avec son autobiographie si curieuse, les lettres de Tyrrell seront son plus solide titre de gloire devant la postérité. Ses livres, gênés d'abord par la nécessité d'obtenir l'imprimatur et plus tard par des procédés de tactique, sont quelque peu obscurs et ne dureront guère. Il vivra dans des pages écrites seulement pour quelques amis.

A. HOUTIN

CHRONIQUE

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Enseignement de l'Histoire des Religions à Paris en 1920-1921.

Suivant l'habitude de la Revue, nous signalons ici les cours et conférences qui, dans les Écoles ou Facultés de Paris, se rapportent à nos études.

I. A l'Ecole des Hautes-Etudes, Section des Sciences religieuses.

M. Mauss: Les formes primitives de la poésie religieuse, les lundis à 10 heures 1/4. - Etudes sur l'organisation politique et religieuse en Mélanésie, les mardis à 10 heures 1/4.

M. G. Raynaud La religion et la magie en Moyenne Amérique, les vendredis et samedis à 4 heures 1/2.

M. Zeitlin fera quelques leçons sur les antiquités du Vénézuela.

M. Granet: Le deuil dans l'ancienne Chine, les mardis à 4 heures. - Textes relatifs aux deuils, les mardis à 5 beures.

Tes

M. Masson-Oursel: Explication du Vimçakakârikâprakarana de Vasabandhu, mardis à quatre heures. Études de philosophie indienne, les mardis à

3 heures.

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M. Moret Textes relatifs à l'extension des droits religieux aux différentes classes sociales en Égypte, les mardis à 2 heures. Exercices pratiques, les

mardis à 3 heures.

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M. Fossey La cosmogonie babylonienne. Explication de textes, les mardis et les jeudis à 5 heures.

M. M. Vernes: Examen comparatif des quatre évangiles, les mercredis à 3 heures 1/4. Recherches sur l'introduction des rites étrangers en Israël et en Judée au temps des rois. Explication du livre d'Ezechiel, les lundis à 3 beures 1/4.

M. M. Liber Le Christianisme et les chrétiens dans la littérature rabbinique, les lundis à 10 heures. Explication critique du traité Aboda Zara (Des

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Païens) dans le Talmud palestinien, les lundis à 11 heures.

M. Cl. Huart: Explication du Coran à l'aide du Commentaire de Tabarî (ch. VII), les lundis à 4 heures 1/2. La mystique persane d'après le Methnewi de Djelal-eddin-Roumi 3o livre), les mercredis à 4 heures.

M. Toutain: Les plus anciens culles romains et leurs principaux rites, d'après les découvertes et les publications récentes, les jeudis à 3 heures.

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